Or nué

Elle suivait ce dessin, cousait les fils d'or de points de soie en travers, qu'elle assortissait aux nuances du modèle. Dans les parties d'ombre, la soie cachait complètement l'or; dans les demi-teintes, les points s'espaçaient de plus en plus; et les lumières étaient faites de l'or seul, laissé à découvert. C'était l'or nué, le fond d'or que l'aiguille nuançait de soie, un tableau aux couleurs fondues, comme chauffées dessous par une gloire, d'un éclat mystique.

Émile Zola, Le Rêve.

Une des technique de broderie au fil d'or utilisée dans la broderie de Judith est la technique de l'or nué. Je vous propose un zoom sur cette technique spectaculaire.

Broderie des 2 personnages : Judith et sa servante. Les 2 personnages sont brodés au fils de soie colorés. La robe de dessus de Judith est brodé à l'or nué, c'est à dire avec de l'or partiellement recouvert de soie colorée. Détail de la broderie de Judith et sa servante. J'ai choisi de broder uniquement la robe de dessus de Judith à l'or nué.

Définition

Le principe de l'or nué est de recouvrir entièrement le tissu de fils d'or en rangées parallèles et resserées et de broder au fur et à mesure avec des fils colorés des petits points de couchure sur l'or pour rapporter le dessin.

Le terme nué a la même racine que nuancer et signifie assortir les couleurs en nuances dégradées. Pour broder à l'or nué on va donc utiliser du fil d'or mais aussi plusieurs fils de couchures, traditionnellement en soie.

Cette technique, poussée à l'extrême se rapproche d'une forme de peinture à l'aiguille, avec des dégradés très subtils où l'or va apparaître de manière plus ou moins intense. Dans cet exemple très spectaculaire, à part le fond brodé en couchures à bâtons rompus, toute la scène est brodée à l'or nué. Les fils d'or sont couchés d'un bout à l'autre de la broderie et c'est les fils de soies colorés utilisés pour la couchure qui vont créer le motif. Broderie médiévale réalisée au fil d'or partiellement recouvert de soie colorées. Dans un intérieur domestique, la Vierge Marie s'agenouille devant un prie-Dieu sur lequel repose son livre de prières. L'archange Gabriel, à gauche, la salue avec l'annonce évangélique de la naissance prochaine de Jésus. Broderie de l'Annonciation. Flandres, milieu du 15e siècle, MET.

Technique

L'or nué se travaille comme une grande partie de la broderie d'or : en remplissage au point de couchure. Mais au lieu d'utiliser un seul fil de soie pour la couchure, on va utiliser autant de fils que de couleurs et de nuances nécessaires. Le fil d'or n'est dont pas visible sur l'envers. Comme on peut le voir sur le détail de la couverture du lit de cette broderie de la fin du moyen-âge : Détail de broderie de femme devant un lit. Sur le lit une couverture verte brodée au fil d'or recouvert de soie verte
Envers de la même broderie. On distingue la couverture verte mais aucun fil d'or. La naissance de Saint Jean-Baptiste, Design attribué à Benozzo Gozzoli (Benozzo di Lese di Sandro), Italie, 1460–1480, MET

Le résultat de la broderie à l'or nué ne dépend pas uniquement de la quantité de couleur et de nuances de fils de soie utilisés pour la couchure.

En effet, l'écartement entre les points de couchure va donner toute sa subtilité à la broderie à l'or nué. Dans les zones les plus sombres, les points seront serrés au point de cacher complètement le fil d'or et en espaçant un peu les points, on fera apparaître le fil d'or parfois de manière à peine perceptible selon l'éclairage, et l'or viendra illuminer la couleur par en dessous. Enfin dans les zones très lumineuses, le fil d'or peut être laissé sans fils colorés.

Ce procédé est particulièrement impressionnant dans les broderies de drapés, comme on peut le voir sur la manche de l'officiant sur cette scène de l'enfance de Jésus : Détail d'une broderie médiévale entièrement réalisé au fil d'or. Un homme se tient debout, un couteau à la main pour la circoncision de Jésus. Circoncision de Jésus, détail d'une croix de chasuble, Amsterdam, 1490, Musée des tissus de Lyon.

Pour broder à l'or nué, on travaille en lignes de couchure d'or parallèles et rapprochées en brodant au fur et à mesure chaque couleur sur le fil d'or en suivant le dessin tracé sur le tissu. Lorsque le fil d'or n'est pas recouvert par des fils colorés, il est parfois nécessaire de le fixer par des points de couchure espacés avec un fil jaune de la même teinte. GIF animé de la broderie d'un crane sur fil d'or. On voit la broderie qui avance ligne de fil d'or par ligne de fil d'or avec le dessin en noir par dessus. Quelques lignes de broderie d'or nué sur ce crane monochrome. Broderie : Hémiole et le chas. Dans les zones où il n'y a pas de fil noir, l'or est couché au fil de soie jaune selon un motif traditionnel de brique.

Histoire

Bourse brodée représentant la Nativité. Bourse de corporal, aire germanique 13e siècle, Musée de Cluny.

La plus ancienne trace d'or nué en occident est parfois attribuée à cette broderie, sur la couverture de Marie.

En observant bien, on peut être surpris de l'identification en or nué pour cette broderie. En effet, on a un simple motif géométrique qui se répète, une seule couleur et aucune nuance ni dégradé. Pour autant, à la différence du remplissage au point de Boulogne classique, ici, la majeure partie de la zone est recouverte de soie colorée et l'or ne parait que dans certaines zones, ce qui rappelle fortement l'or nué qui vient éclairer les couleurs. Détail de la couverture de la bourse précédente Bourse de corporal, détail, aire germanique 13e siècle, Musée de Cluny.

Or nué ou non, je ne suis pas certaine qu'on puisse trancher de manière définitive. Suite à une discussion avec Jessica Grimm, je proposais le terme de proto or nué et elle celui de pseudo or nué (pour signifier que cette technique a pu perdurer après l'apparition de l'or nué tel que nous le connaissons).

Il est effectivement difficile de déterminer où démarre l'or nué quand une couchure géométrique monochrome représente le motif qu'on veut broder, comme pour le dallage de cette broderie du milieu du 15e siècle : Détail d'une broderie. Le sol est brodé au fil d'or avec une couchure rouge en forme de losanges. Détail, Panneaux brodés, Florence, milieu du 15e siècle.
Ici, je ne qualifierai pas la technique d'or nué, pourtant on se situe encore entre la couchure géométrique et la couverture de la Vierge ci-dessus.

Est-ce que la ligne ne se situerait pas au rôle que tient le fil d'or dans la lecture du motif ? Si la couchure est un remplissage doré, comme le serait une pose de feuille d'or sur un fond, on parlera de couchure. Mais si le fil d'or apporte les touches de lumière aux fils colorés, on pourrait alors le considérer comme de l'or nué ou du proto or nué ? (c'est une proposition)

Usages

On retrouve l'or nué en petites touches dans des zones bien particulières de la broderies, zones à mettre en valeurs, et associée à d'autres techniques de broderie d'or.

Sur beaucoup d'orfrois représentants des saints ou des saintes, il est limité aux vêtements de dessus, comme les capes. C'est le choix que j'ai fait pour la broderie de Judith. En effet, le fil d'or dans les broderies aux techniques mixtes, est utilisé pour mettre en valeur et accentuer certaines zones, pour orienter le regard, de la même manière que l'or est utilisé dans la peinture ou l'enluminure.

Sur cette broderie de Sainte Catherine, le fil d'or est présent par touches (notamment sur ses attributs et son auréole, éléments importants de son identification) mais en ce qui concerne sa tenue, seul son manteau est brodé à l'or nué. Broderie médiévale. Une sainte brodée en or et soie. Orfrois, Sainte Catherine, Utrecht, 1504.

Au cours du 15e siècle, l'or nué prend une place plus importante dans certaines broderies. Le travail sur les nuances et les dégradés devient de plus en plus fin, et des broderies très impressionnantes dont essentiellement brodée à l'or nué comme sur ce détail du manteau de la Vierge, un des vêtements de la toison d'or. La scène est entièrement brodée à l'or nué rehaussé de rangs de perles. Détail de broderie. La vierge vêtue d'un manteau bleu assise sur un blanc entouré de colonnades et de rideaux. Détail du manteau de la vierge, Flandres, 1425/1440.

L'or nué est une technique impressionnante mais très couteuse et qui prend beaucoup de temps à broder.

Au 18e siècle, dans son Art du Brodeur, Saint-Aubin décrit la technique de l'or nué mais précise en fin de section qu'il est de moins en moins employé et remplacé par l'or nué batard. Cette technique consiste à recouvrir le tissu des nuances de soie puis de coucher le fil d'or par dessus à intervalles réguliers mais espacés, en utilisant les nuances de soie correspondantes au fond.

Sur la broderie des ailes de cet ange datant de la fin du moyen-âge, on devine l'utilisation d'une technique qui pourrait correspondre à ce que Saint-Aubin décrit quelques siècles plus tard. Détail d'une broderie un ange avec les ailes déployées. Fragment de croix de chasuble, pays germaniques, fin 15e siècle.

Cette technique ressemble pourrait s'apparenter à une forme de point de Bayeux ou point d'orient où le fond est brodé en soie nuancées et les barrettes perpendiculaires, au fil d'or. Dans ce même traité, Saint-Aubin décrit d'ailleurs, un point similaire au point de Bayeux ou point d'orient pour broder plus rapidement en nuances, c'est à dire en peinture à l'aiguille[1]. Le point de Bayeux ou point d'orient est effectivement une technique assez rapide pour recouvrir de grande surface de tissu.

Détail de la broderie de Jutdith : le sol de la tente avec un damier coloré sur lequel sont couchés des fils d'or. Sur la broderie de Judith, le sol de la tente, en damier, pourrait s'apparenter également à ce type de point de broderie.

Variations

Il existe des variations autour de l'or nué. Notamment lorsque le fil d'or n'est pas couché en lignes droites, on parle plus volontiers de point d'ombre italien. Ceci concerne les broderies réalisées en cercle (ou en spirales) ou d'autres broderies où la couchure va suivre les mouvements du motif.

petit médaillon brodé au fil d'or représentant un poisson tropical Poisson tropical inspiré de gravures du 18e siècle, broderie en point d'ombre italien, Hémiole et le chas

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Note

[1] Nous reviendront sur ses usages dans un article ultérieur.

Fils d'or : quelques explications

Gros plan d'une broderie au fil d'or

Gros plan d'une broderie au fil d'or Pour la broderie Judith et sa servante, je vais beaucoup parler de techniques de broderies au fil d'or. De quoi on parle quand on parle de fil d'or ?

Je ne vais pas parler de tous les matériaux que l'on peut utiliser en broderie d'or de manière générale, mais d'un type bien particulier : le filé or qu'on nomme souvent par le terme générique de fil d'or.

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Broderie d'or : Judith et Holopherne

Broderie d'or Judith et Holopherne.png, janv. 2023

Voici un projet broderie sur lequel je travaille depuis quelques temps déjà : une broderie d'or inspiré des broderies de la fin du moyen-âge.

Broderie d'or Judith et Holopherne.png, janv. 2023 Cette broderie au long cours a pour but d'explorer et de travailler les techniques de broderie avancées de cette époque, mais aussi de servir de support de communication et de démonstration sur la broderie historique et ces techniques.

J'en ai d'ailleurs brodé une grande partie en direct sur twitch et j'en ai profité pour discuter broderie, techniques, matériaux et histoire de la broderie sur différentes plateformes. Il est temps de commencer à mettre tout ça au propre ici.

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Broderies germaniques à points comptés : les broderies polychromes à grille

Nous nous étions arrêtés dans l’article précédent, sur cette bordure de la couverture d'un coussin d'autel du XVe siècle.

Contrairement au reste de la pièce, sur les zones abîmées de la bordure, il n'y a aucun trait d'encre sur le tissu, le motif n'est pas tracé et se répète à l'identique, au point près, sur toute la bordure. Il s'agit d'une broderie à grille.

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Les broderies polychromes figuratives à points comptés

Deuxième partie de mon tour d'horizon des broderies médiévales germaniques à points comptés. Vous pouvez, si ce n'est déjà fait, lire la première partie, consacrée à l'opus teutonicum.

Je vous propose aujourd'hui de nous intéresser aux broderies germaniques à points comptés où la couleur a une place prépondérante.

Tenture brodée, fin XIVe siècle, MET.

Dans les ouvrages sur l'histoire de la broderie, il y a souvent peu de distinction faite entre ces deux ensembles. Si on revient à la définition de Kay Staniland, on pourrait déduire que les broderies polychromes ne sont qu'une évolution de la broderie blanche à laquelle on aurait ajouté de la couleur petit à petit. Nous avons pourtant vu que l'opus teutonicum ne saurait être réduit à la définition de broderie blanche et que la couleur semble avoir toujours fait partie de ce type d'ouvrage.

Les broderies polychromes ne sont-elles qu'une évolution logique de la broderie à dominante blanche ou ont-elles coexisté ?

Il existe un large corpus de broderies polychromes, contemporain de l'opus teutonicum qui ne répond pas à sa définition. Le problème reste leur hétérogénéité. Si l'observation de broderies et les travaux de plusieurs historiens nous ont permis de proposer une définition de l'opus teutonicum, comment définir les autres broderies à points comptés ? En négatif ?

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Pour en finir avec le syndrome de Pénélope

Réception des broderies médiévales au moyen-âge et aujourd'hui

Cet article m'a été inspiré par quelqu'un qui, à propos de la broderie de Bayeux, a fait la remarque suivante : « (…) elle a été brodée par une personne qui n’a guère vu le champ de bataille... ».

Il est vrai que la légende veut qu'elle ait été brodée par la reine Mathilde et ses dames de compagnie. Les historiens sont aujourd'hui d'accord sur le fait que cette idée relève du mythe. La tapisserie a probablement été brodée dans un monastère mais on n'en sait pas plus sur sa provenance. Cependant, l'étude de la manière de travailler des brodeuses et des brodeurs au moyen-âge peut probablement nous éclairer sur la réception que l'on peut avoir de l’œuvre.

Mais il y a un un autre point qui devrait nous amener à nous interroger sur la fiabilité des représentations qu'on retrouve sur cette broderie : son commanditaire, Odon, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume le Conquérant. En mettant en lumière ce fait, on change totalement la réception que l'on peut avoir de l’œuvre et s'interroger sur son caractère politique.

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Les points de couchure au moyen-âge

Les points de couchures sont une famille de points de broderie, très utilisés dès le moyen-âge. Il en existe plusieurs types qui ne se travaillent pas tous exactement de la même façon et s'intègrent à différentes techniques et différents styles de broderie de l'époque.

Dans cet article, je vous propose de découvrir ces différents points à travers des exemples de broderies médiévales.

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Broderies à point comptés : l'Opus Teutonicum

vue-d-ensemble.png, fév. 2020

English readers : you can find a translation of this article on Le temps de broder.

Les broderies médiévales à points comptés de l'aire germanique constituent un ensemble de broderies très variées. Du 12e au 15e siècle, ces broderies ont en commun l'utilisation de points comptés, c'est à dire que chaque point est réalisé de manière précise en comptant les fils du support de la broderie (tissu).

En dehors de cette caractéristique technique, le corpus est fort hétérogène. Pourtant bien souvent, les ouvrages relevant de cette période et de cette zone géographique sont désignés par une appellation générique, comme « german brick stitch » (point de brique allemand) ou « opus teutonicum ». Ces deux appellations posent problème. En effet, l'appellation point de brique ne reflète pas la diversité technique. Quant à l'opus teutonicum , il a une définition historique bien précise qui s’accommode assez mal de cette généralisation.

Je vous propose un petit tour d'horizon de ces différentes broderies pour décrire leurs caractéristiques techniques et graphiques et tenter de les désigner de manière satisfaisante.

  • Est-ce que ce corpus peut être considéré comme un grand ensemble cohérent ?
  • Est-ce que les différences techniques et graphiques nous permettent de discriminer des sous ensembles stylistiques et de les relier aux définitions existantes ?

Ce travail va également me permettre d'introduire la notion de style de broderie.

En effet, dans le cadre de la reconstitution de broderie médiévale, il est important de comprendre ces notions de style de broderie afin d'obtenir un résultat le plus crédible possible qui respecte à la fois les contraintes techniques et graphiques. Grâce à une meilleure description et des définitions claires, j'espère permettre à chacun de mieux comprendre les ouvrages de ce type, de les relier entre eux et de faire des choix éclairés en terme de reconstitution.

vue-d-ensemble.png, fév. 2020 Vue d'ensemble des broderies germaniques à points comptés sélectionnées sur mon tableau pinterest.

Étant donné l'ampleur du sujet, je vous propose de découvrir ces pièces en plusieurs articles afin d'éviter un article trop long :

  • L'opus teutonicum : exemples et définition.
  • Les broderies polychromes : corpus homogène ?
  • Techniques utilisées

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Jour de la quenouille

Aujourd'hui, 7 janvier, c'est le jour de la quenouille.

Gros plan sur ma quenouille pendant que je file au château du Turenne (Corrèze) avec l'association Historia Aquitanorum.

Traditionnellement, c'est le jour où les travaux domestiques reprennent, 12 jours après noël.

L'occasion de se pencher sur cet outil simple mais hautement symbolique.

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Le filage des femmes au moyen-âge

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Depuis quelques jours, est partagé sur les réseaux sociaux, un article (daté de l'an dernier) de France Culture visant à déboulonner quelques clichés sur le moyen-âge. Combattre les idées reçues, encore nombreuses, sur cette période, c'est bien. Le faire sans perpétuer d'autres clichés, c'est encore mieux.

Et là, une petite phrase m'a interpelée. Au détour du paragraphe consacré à la condition féminine , voici ce que je lis :

On est encore loin d'une égalité de droits pour l'homme et la femme, mais on aurait tort d'imaginer les femmes en train de filer la laine en attendant que leur époux revienne de sa journée de travail.

Des femmes, désœuvrées, qui filent pour passer le temps, en attendant le retour de leur époux, c'est un cliché. Mais les femmes qui filent la laine à domicile c'est une réalité essentielle de l'époque médiévale.

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Le tambour à broder

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(English readers : you can find a translation of this article on Le temps de broder.)

Après les métiers à broder qui semblent être la première forme d'outil pour tendre l'étoffe en broderie, je vous propose de nous intéresser au tambour ou cercle à broder.

Le tambour à broder est un métier circulaire en bois, généralement composé de 2 cercles qui s'emboîtent pour fixer l'étoffe. Le tambour a donc la même fonction que le métier à broder : tendre le tissu. Il diffère par sa forme et la manière dont on va tendre le tissu dessus.

Je vous propose de remonter à son apparition et son usage en occident. Une fois encore, nous utiliserons les ouvrages encyclopédiques mais également les tableaux et pièces d'époque pour cette étude. Enfin nous verrons comment en étudiant les broderies d'époques et l'évolution des styles de broderies, on peut suivre la trace de l'usage du tambour à broder au fil du temps.

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Pelote - surcot espagnol de la fin du XIIIe siècle

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Seconde pièce du costume de noble espagnol de la fin du XIIIe siècle que je vous présente : la pelote ou surcot.

Portée par dessus la tunique, le surcot espagnol a lui aussi une forme très typique. C'est un surcot sans manches dont l'ouverture sur les côtés est très échancrée. Il laisse largement voir la tunique portée en dessous. Cette forme de surcot, longueur mise à part, semble également portée aussi bien par les hommes que par les femmes.

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Point de bayeux

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Le point de Bayeux, ou point d'orient, ou point raché est une couchure dont l'exemple historique le plus célèbre est probablement la tapisserie de Bayeux, datée de la fin du XIe siècle.

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Mais si cet exemple est le plus connu, il a été utilisé pendant longtemps, en particulier pour la broderie de pièces liturgiques. Loin d'avoir été cantonné à la tapisserie au point d'aiguille (c'est à dire à la broderie de laine) il a également été utilisé pour remplir au fil de soie de grandes surfaces. Car c'est là son principal point fort en plus d'être une technique économe en fils. Saint-Aubin le décrit comme un point permettant de réaliser de la peinture à l'aiguille de manière rapide pour les ouvrages destinés à être regardés de loin.

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Métiers à broder

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(English readers : you can find a translation of this article on Le temps de broder.)

Les métiers à broder servent à tendre le tissu sur lequel on va appliquer une broderie. Si certains points de broderie peuvent s'effectuer sans tendre l'ouvrage, il en est pour lesquels c'est indispensable. Dans le cadre de broderie historique et de la reconstitution d'un atelier de brodeurs la question du métier s'est posée. Existaient-ils ? Quelle était leur forme ? Comment étaient-ils faits ?

J'ai donc exploré les sources, jusqu'au 18e siècle pour faire un tour d'horizon des types de métiers utilisés selon les périodes. J'ai arrêté mes recherches (même si je note les représentions plus récente pour archive) au 18e siècle car il semble correspondre à l'arrivée du tambour à broder rond. Je me suis contentée de dater son apparition et non d'étudier son évolution au cours du temps. Je consacrerai un article séparé sur l'apparition du tambour rond.

Les différentes sources que j'ai utilisées sont les représentations, bien sûr. Elles nous permettent d'attester de l'existence de l'outil à une date donnée. Mais celles-ci ne sont pas toujours suffisantes. Parce qu'on ne retrouve pas de représentation exhaustive de tous les outils ayant été utilisés pour les périodes anciennes mais également parce que le détail ne nous permet pas toujours d'identifier avec certitude la représentation, ni même les caractéristiques techniques de l'objet.

Nous étudierons également certains traités qui nous permettent d'avoir des précisions sur les us et coutumes de l'époque. Que se soit un traité de broderie ou un traité de peinture, ils vont venir en complément nous donner des informations supplémentaires.

Enfin, pour les périodes où l'on a aucune représentation ni texte évoquant les conditions matérielles, l'étude des broderies en elle-mêmes nous offre également quelques indices précieux sur leurs conditions de réalisation.

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Une tenue de femme noble 1630

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Ce costume est une proposition de reconstitution d'une tenue de femme noble dans les années 1630. Cette tenue est inspirée dans sa forme et sa construction par le corsage 1630 conservé au V&A et plusieurs tableaux et gravures d'époque pour l'ensemble.

Ce costume est composé d'une chemise en lin blanc, d'un cul, d'une jupe de dessous en lin doublée de lin, d'un corsage en soie fortement baleiné, d'une jupe assortie en soie doublée de soie, d'un col en lin orné de dentelle.

Des éléments de décoration en soie, dentelle et perles rehaussent cette tenue.

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Le point de croix natté

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Dans les points utilisés au Moyen-âge, si les couchures sont peut être les points les moins connus aujourd'hui, un point qui est peu connu voire mal interprété est le point de croix natté (ou long-arm cross stitch en anglais). Parfois confondu avec un point de chausson ou un point de croix serré.

Broderie à points comptés, le point de croix natté est un point de croix asymétrique. Il a été utilisé au moins dès le XIIIe siècle pour réaliser des bordures ou des frises géométriques ou bien seul pour son aspect décoratif, donnant un résultat à mi-chemin entre la tapisserie et le tricot.

Cette bourse à relique datée du XIVe siècle est également brodée au point de croix natté, le résultat en côtes parallèles fait penser à du tricot. b223582.jpg
Bourse à relique XIVe siècle, Musée d'art religieux et d'art Mosan.

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Nouvelle catégorie

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Un court message pour dire que j'ai ré-agencé les catégories du blog, pour en ajouter une spécifiquement dédiée à la broderie. Les tutoriels et explications sur des techniques historiques autre que la broderie resteront dans la catégorie techniques. Et la catégorie accessoire sera consacrée aux  […]

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Proposition de reconstitution d'un costume d'aviatrice du début du XXe siècle

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Suite et fin de la série d'articles sur le costume de pionnière de l'aviation pour la pour la compagnie Eutrapelia.

Dans les articles précédents nous avons vu les recherches effectuées dans le cadre de cette réalisation, nous allons donc, enfin voir la culotte réalisée pour le spectacle. Pour rappel les articles précédents :

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Tenue d'aviatrice : les nouvaux horizons de la féminité - Partie 3

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Troisième et dernière partie théorique sur les recherches effectuées pour la réalisation d'une tenue d'aviatrice vers 1910 pour la compagnie Eutrapelia. Après avoir étudié ensemble :

Nous allons porter notre attention plus particulièrement sur Harriet Quimby. En effet, lorsque l'on recherche des images de ces pionnières, elle retient rapidement l'attention.

D'abord au regard du nombre de documents, en particulier de photos d'elle, que se soit en civil ou en tenue de pilote.

Mais également, parce que sa médiatisation ainsi que son image révèle une véritable stratégie de gestion de sa célébrité.

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Tenue d'aviatrice : les nouvaux horizons de la féminité - Partie 2

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Après avoir fait un rapide tour d'horizon des tenues féminines liées aux activités physiques et sportives qui ont existé en ce début de XXe siècle, nous allons nous intéresser à l'aviation proprement dite.

L'aviation est une activité qui porte en elle les idées de danger, de vitesse, qui ne sont pas, à l'époque, du tout associé aux activités féminines.

Les principaux problèmes que l'activité pose en terme de tenue sont le froid, le vent, mais aussi la saleté, comme les projection d'huile ou la poussière. Les tenues d'aviations doivent donc à la fois permettre une certaine liberté de mouvements mais aussi avoir de bonnes capacités de protection.

Nous allons brièvement voir comment les hommes ont adapté leur tenue à ces problèmes. Nous détaillerons ensuite les tenues des aviatrices d'après leurs photographies.

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