Reconstitutions - Mot-clé - Fernando de la CerdaDémarche de reconstitition. Costume, broderie et parfois cuisine historiques2024-02-02T14:55:05+00:00Hémioleurn:md5:6f3e735670d65f09902a5655522d87c3DotclearPelote - surcot espagnol de la fin du XIIIe siècleurn:md5:56fb6abd862abad0b5e0685d2c22f76e2019-08-12T17:04:00+01:002023-06-01T10:19:30+01:00HémioleCostumesCantigas de Santa Mariacostumes historiqueEspagneFernando de la CerdalampasLivre des jeuxpelotesoieXIIIe<p>Seconde pièce du costume de noble espagnol de la fin du XIIIe siècle que je vous présente : la <em>pelote</em> ou surcot.</p>
<p>Portée par dessus la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle">tunique</a>, le surcot espagnol a lui aussi une forme très typique. C'est un surcot sans manches dont l'ouverture sur les côtés est très échancrée. Il laisse largement voir la tunique portée en dessous. Cette forme de surcot, longueur mise à part, semble également portée aussi bien par les hommes que par les femmes.</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/.saya-01-LOGO_m.jpg" alt="saya-01-LOGO.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<h3>Spécificités de la pelote</h3>
<h4>Sources</h4>
<p>Comme pour la tunique, les vêtements de la famille royale de Catsille, nous révèlent plusieurs pièces exceptionnelles.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/pelote-02.jpg" alt="pelote-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Surcot de Henri I de Catsille qui présente des bandes de décorations sur les ouvertures.</em></p>
<p>Mais on en trouve également de nombreuses représentations dans les peintures, manuscrits et sculptures espagnoles de cette période.</p>
<h4>Description</h4>
<p>De même longueur que la tunique (ou saya), la pelote est un surcot (porté sur la cotte) sans manches, très échancré. Les ouvertures laissent voir les côtés de la tunique jusqu'à la naissance des hanches et dévoile une partie des épaules et du torse. Le devant et le dos ne sont constitués que d'une bande relativement étroite.</p>
<p>Portée par les nobles, il semble qu'elle puisse être réalisée dans de tissus précieux et décorée de bandes contrastantes tout le long des ouvertures.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/pelote-05.jpg" alt="pelote-05.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Cantigas de Santa Maria, Codex E, MS B.I.2, Bibliothèque de l'Escurial.</em></p>
<h4>Comparaison</h4>
<p>Si le surcot sans manches se porte à cette époque, en France, il a cependant une forme nettement différente à cette époque. En effet, les ouvertures sur les côtés sont bien moins échancrées et ne laissent voir la plupart du temps que les manches. Sur quelques exemples XIIIe siècle, on peut deviner une ouverture qui descend plus bas vers la taille, cependant, le torse semble toujours couvert. Ce n'est qu'au cour du XIVe siècle que les surcots vont s'échancrer de la sorte et qu'une forme comparable va apparaître en France : le fameux <em>surcot à porte d'enfer</em>, ou plus simplement <em>surcot ouvert</em> dans les textes d'époque<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<h3>Réalisation</h3>
<h4>Choix du tissu</h4>
<p>Le tissu est différent de celui de la tunique. Si les vêtements qui ont été retrouvés dans les tombes des membres de la famille royale espagnole peuvent être réalisés, pour une même tenue dans le même tissu, parfois héraldique, on peut néanmoins observer de nombreuses représentations, où les tissus sont différents non seulement en ce qui concerne les couleurs mais aussi les motifs.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2_m.jpg" alt="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg, janv. 2017" /></a>
<em>Joseph d'Arimathie, Bois polychrome, Fondation Francisco Godia, Barcelone ; vers 1300.</em></p>
<p>Pour ce surcot, j'ai utilisé un lampas de soie à médaillons. Le lampas est un tissu de soie façonnée dont le décors est est obtenu par des flottés de trame. La différence entre le lampas et le brocard est que pour ce dernier, le fil de trame supplémentaire n'est tissé que sur la largeur des motifs. Dans le cas du lampas, le fil de trame constituant les motif court sur toute la largeur du lé.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/.flottes-details-01_m.jpg" alt="flottes-details-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Détails des décors flottés : les fils clairs qui forment le motif sont libres et n'apparaissent sur l'endroit que sur les zones de motifs.</em></p>
<p>Au XIIIe siècle, le travail de la soie et notamment le tissage de soieries façonnées est attesté en Espagne via l'Afrique du nord. Jusqu'au cour du XIIIe siècle, les circuits d'approvisionnement en soie et en fil d'or sont différents entre l'Espagne et l'Italie<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. A la fin du XIIIe siècle, l'Espagne, via la Sicile ouvre des voies de communication et des échanges techniques et commerciaux entre l'est et l'ouest du bassin méditerranéen. En outre, le déclin de l'empire Almohade au cours du XIIIe siècle va également influencer la qualité et les décors des soieries sur toute la péninsule ibérique. Ainsi, ce motif géométrique à petits rapports semble compatible avec les soieries façonnées tissées en Espagne au cours du XIIIe siècle<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> mais il aurait pu avoir été tissé aussi bien en Andalousie qu'en Sicile ou au proche Orient.</p>
<h4>Choix des broderies</h4>
<p>Que se soit sur certains vêtements de la famille royale ou sur les représentations, on remarque souvent des bandes de décorations sur les ouvertures latérales, l'encolure, parfois au bas, voir au milieu des pelotes. En ce qui concerne la pelote de Henri de Castille, la bordure semble être un galon doré. Sur certaines enluminures la représentation choisie fait penser à de riches fourrures telles que le vair ou l'hermine. Mais il est impossible de déterminer avec certitude la nature de ces décorations.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/decos-pelote-01.JPG" alt="decos-pelote-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" />
Sur ces 3 personnages des Cantigas de Santa Maria (Codex E, MS B.I.2, Bibliothèque de l'Escurial que j'ai présenté en entier dans mon <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle">article sur la saya encordada</a>), tous issu de la même enluminure, la bordure de la pelote est représentée différemment : à gauche le musicien a des bordure dorées qui semble unies, au centre, le costume le plus riche, la bordure blanche à points noirs fait penser à de l'hermine tandis qu'à droite, la bordure présente de petites décorations. Il est évidemment impossible de trancher définitivement sur la nature de celles-ci, mais ce décors m'a orienté vers les ajouts de perles.</p>
<p>Pour cette réalisation, j'ai donc décidé de border les ouvertures des côtés et l'encolure d'une bande de taffetas de soie orné de petites perles de culture agencées par 2. En effet de nombreuses pièces de cette époque, que se soit en Espagne ou en Sicile (dont on a évoqué les liens plus haut) présentent des broderies agrémentées de perles.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/.saya-02-LOGO_m.jpg" alt="saya-02-LOGO.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
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<h3>Bibliographie</h3>
<p>Vestiduras ricas: el Monasterio de Las Huelgas y su época 1170-1340 ; catalogue de l'exposition "VESTIDURAS RICAS: EL MONASTERIO DE LAS HUELGAS Y SU ÉPOCA 1170-1340" ; Patrimonio natcional ed. ; 2005.<br />
Renaudeau O. Les "vrais" costumes du XIIIe siècles d'après les découvertes de l'abbaye de Las Huelgas ; Histoire médiévale n°59, novembre 2004 ; n°60, décembre 2004.<br />
Desrosiers S. Draps d'areste (II). Extension de la classification, comparaison et lieux de fabrication ; Soieries médiévales ; Techniques et culture 34 ; 1999.<br />
Cardon D. De l'Espagne à l'Italie. Hypothèses concernant un groupe de soieries médiévales à fond de losanges liserés et bandes de samit façonné ; Soieries médiévales ; Techniques et culture 34 ; 1999.<br />
Martin i Ros R. M. ; Les vêtemens liturgiques dits de saint Valère. Leur place parmi les textiles hispano-mauresques du XIIIe siècle ; Soieries médiévales ; Techniques et culture 34 ; 1999.<br />
Burns E. J. Sea of silk, A textile geography of women's work in medieval french literature. University of Pennsylvania Press ; 2009.<br />
Yashodhara Agrawal ; Les brocards de soie ; Roli & Janssen BV, 2004.</p>
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<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Marie de Rasse ; Surcot et cotte-hardie ; Histoire et Images Médiévales, thématique n°30 ; 2012</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] La qualité des fils, leur sens de torsion, le type de motifs ainsi que le type de métier à tisser utilisé permet aux historiens d'essayer de déterminer l'origine des soieries anciennes. Desrosiers et Cardon montrent dans leurs articles comment l'analyse technique des tissus permet de déterminer ou d'émettre des hypothèses sur leur lieu de fabrication. voir bibliographie</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Martin i Ros, voir bibliographie</p></div>
L'usage de décors brodés dans l'habillement - introduction.urn:md5:2acec8da944d8586aaab6d9591db8acc2017-08-02T15:22:00+00:002023-04-17T14:35:56+00:00HémioleBroderieAtelier de brodeursaumônièrebroderiecoiffecouchurecouvrechiefFernando de la CerdaHerjolfnesSte Élisabeth de ThuringetouretXIIeXIIIeXIVe<p>Nous avons vu <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Broderies-%3A-points-utilis%C3%A9s">quelques points de broderie de l'époque</a>|, des<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/11/20/37-a-vos-marques-prets-brodez"> techniques appliquées à la broderie</a>, <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">les costumes</a> des <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/12/04/42-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeur-vers-1200">artisans</a> et <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/10/12/39-un-atelier-de-brodeurs-vers-1200-les-outils">les outils</a>.</p>
<p>La question de l'existence de la broderie n'est évidemment pas sujette à caution, il faut néanmoins s'intéresser <strong>aux usages de ces broderies</strong> : <em>Par qui</em> ? <em>Pour quoi ?</em> sont-elles utilisées. Est-ce que tous les décors brodés sont utilisés de la même manière ?</p>
<p>Ce premier article est une introduction aux différents usages des décors brodés au Moyen-âge dans l'habillement. J'ai écarté le mobilier (civil et liturgique) car la longueur de l'article me semblait déjà suffisante. En outre, je m'accorderai ainsi une pause pour me permettre de traiter ces usages de manière plus approfondie plus tard. Cet article était déjà en préparation depuis plusieurs années, le couper me permet d'enfin le publier sans pour autant en bâcler tout un pan.</p>
<p>Dans les articles à venir également, je vous présenterai quelques exemples de broderies (parfois terminées, parfois <em>en cours</em>) que nous réalisons dans le cadre de l'atelier de brodeurs. Nous évoquerons alors plus en détail les sources, les techniques et les matériaux.</p>
<p>Si <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?pages/Un-atelier-de-brodeurs-vers-1200">l'atelier de brodeurs</a> et les brodeurs eux-mêmes sont fixés dans une aire spatio-temporelle, les ouvrages proposés sont d'origine plus étendue. En effet, la variété des styles de broderies, des écoles, nous semblait aussi primordiale à évoquer pour illustrer la richesse de l'art de la broderie au Moyen-age et, à titre personnel, passionnant à découvrir et approfondir. Nous nous intéresserons donc aux broderies occidentales du XIIe au XIVe siècles !</p> <h2>Introduction : les décors brodés comme marqueur social et symbolique</h2>
<h3>Marqueur social</h3>
<p>A une époque où la <strong>pusillanimité</strong> (où <em>la timidité excessive</em>, que nous appellerions <em>fausse-modestie</em> aujourd'hui) fait partie des précurseurs de nos péchés capitaux aux côtés de l’orgueil (<em>la superbe</em>)<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, s'habiller et se parer conformément à son rang est une question débattue à la fois par les moralistes et par les législateurs. Au cours du XIIIe siècle, le prix et la nature des étoffes, les matières que chacun peut porter selon son rang sera légiféré, au travers de différentes <em>lois somptuaires</em><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Les décorations des vêtements sont, entre autre, un marqueur fort de l'appartenance sociale.</p>
<h3>Des motifs religieux ?</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Sources broderies/.rogerII_s.jpg" alt="rogerII.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="rogerII.jpg, mai 2015" />
<em>Manteau de cérémonie de Roger II de Sicile vers 1130.</em></p>
<p>Les motifs des décors apportés sur les vêtements et le mobilier répondent également à des habitudes. Si des broderies aux motifs religieux nous sont parvenues en très grand nombre, c'est que le mobilier religieux et les trésors ecclésiastiques ont bénéficié d'une meilleure conservation. D.A. Bidon<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, nous apporte des éclairages sur l'usage des motifs des décors laïcs et religieux.</p>
<p>En effet, les décorations des vêtements mais aussi des maisons et mobiliers des laïcs ne semblent que peu imprégnés de scènes religieuses. Ce n'est, semble-t-il, pas au travers de l'art et du décors que la religion imprégnait le quotidien. Les vêtements laïcs ne sont pas décorés de motifs religieux (mis à part quelques boucles ou fermaux gravés de l'inscription <q>Ave Maria</q> <sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>) et les tissus d’ameublement ne le sont que très rarement et encore, uniquement dans les demeures les plus riches (bien que les scènes profanes : chasse, scènes courtoises, aient eues plus de succès, y compris dans les châteaux.)</p>
<p>Entrent dans cette catégorie, certains vêtement royaux ou impériaux. En effet, les insignes royaux sont tout aussi chargés de symbolique que ceux de la liturgie. On peut le constater en partie dans le vocabulaire qui ne semble pas différencier certains ornements royaux des vêtement sacerdotaux (pour la dalmatique, par exemple). Dans ce cas, le vêtement du pouvoir est un vêtement dont la symbolique<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> est aussi chargée que celui du culte.</p>
<h3>Armoiries</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Sources broderies/.fortz_s.jpg" alt="fortz.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fortz.jpg, mai 2015" />
<em>Fragment de broderie héraldique anglaise aux armes de Guillaume de Fortz (décédé en 1260) et de sa seconde femme Isabelle (mariée en 1248). Kay Staniland, Les brodeurs, ed. Brepols, 1992.</em></p>
<p>Avec le développement de l'héraldique, la broderie de blasons se développe peu à peu. Si l'on pense aux cotte d'armes, les aumônières aux motifs héraldiques existent aussi. Elles permettent d'afficher les armoiries de sa maison (exemple l’aumônière XIIIe aux armes de Castille) mais aussi, plus tard, symbole d'union : lors d'un mariage, une aumônière avec les armes des deux familles peut être brodée (Par exemple, l'aumônière aux armes de Guillaume de Fortz et de sa femme Isabelle -mi-XIIIe).</p>
<p>Les vêtements de la famille royale espagnole, retrouvés à Burgos, (nous reviendrons dessus) sont en partie décorés avec les armoiries, mais là encore, il est probable que ces décors soient réservés à un usage purement solennel.</p>
<h2>Usages des broderies</h2>
<h3>Vêtements</h3>
<h4>Broderie directe et coutures décoratives</h4>
<p>Nombreux artefacts conservés ou exhumés lors de fouilles archéologiques, présentent des coutures de finition décoratives. La couture décorative, si elle n'est pas le fruit du travail d'un artisan brodeur est sans doute la principale source de décorations directe sur les vêtements. Selon la technique utilisée (point de boulogne par exemple) elle ne demande pas plus de ressources ni de temps qu'un simple ourlet.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/.encolure-02_s.jpg" alt="encolure-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="encolure-02.jpg, janv. 2013" />
<em>Exemple de reconstitution de coutures décoratives d'après les fouilles du Groenland. Une <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/02/09/26-une-robe-d-artisan-fin-xiie">robe d'artisan au XIIe siècle</a> réalisée en 2008.</em></p>
<p>Les vêtements retrouvés sur le site de Herofjnes<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> présentent ce genre de coutures : ourlets réalisés sur l'endroit du vêtement et fixés avec des rangés de points avant. La tunique de Ste Élisabeth de Hongrie présente un point de feston en lieu et place de l'ourlet<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/cale/.bonnetbrigitte3_m.jpg" alt="bonnetbrigitte3.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="bonnetbrigitte3.jpg, août 2017" />
<em>Bonnet de Ste Brigitte</em></p>
<p>Autre type de couture décoratives que l'on retrouve au moyen-âge sur les coiffes : les broderies ajourées. Un exemple de pièce parvenue jusqu'à nous est la <a href="http://www.medievalsilkwork.com/2008/11/womens-caps.html" hreflang="en" title="Ste Brigitta Coiff">coiffe de Ste Brigitte étudiée en 2008 par Isis Sturtewagen</a>, si elle est datée entre le 13e et le 16e siècle (!) elle correspond en forme aux représentations de coiffe simple que l'ont peut retrouver aux XIIIe et XIVe siècles. Mais d'autres sources viennent confirmer le fait que ce type de coiffe et de couture décorative a pu exister assez tôt, comme sur cette enluminure où le bonnet du baigneur semble avoir une couture décorative en <em>croix</em> en son centre.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/cale/.cale-10_m.jpg" alt="cale-10.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="cale-10.jpg, août 2017" />
<em>De arte venandi cum avibus. 1232 - 1266, Pal.lat.1071</em></p>
<h4>Vêtements brodés directement</h4>
<p>En dehors des coutures décoratives, il n'existe pas de trace de vêtements brodés directement de motifs ou de frises simples. Si les représentations de vêtements décorés sont difficile à interpréter en raison du manque d'information (polychromie sur les sculptures) ou de l'échelle de représentation (miniatures enluminées qui imposent de recourir à des raccourcis graphiques), il ne semble pas non plus que les décorations directes soient très présentes, en général, se sont des bandes de décoration qui semblent appliquées et, une fois encore, leur nature reste sujette à interprétation. On peut l'expliquer de plusieurs façons (qui ne s'excluent pas mutuellement).</p>
<p>La première, comme je tente de le rappeler à travers mes articles, si la broderie peut sembler très présente, elle est réservée à une élite (sociale et financière). Les vêtements ainsi que les matériaux ont des coûts très élevés.
La seconde, qui en découle en partie (mais pas seulement), c'est qu'un vêtement brodé directement est plus fragile et s'entretient moins facilement. Il est également moins durable. A une époque où les vêtements faisaient naturellement partie des héritages, on imagine difficilement jeter une cotte ou un manteau encore en bon état parce que la broderie est abîmée. Les solutions à ce problème sont de deux ordre : soit les vêtements ne sont pas décorés, soit les décorations sont amovibles.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Broderie/Sources/.0xC95FED06E45A6A539A55C4942C50FDC3_m.jpg" alt="0xC95FED06E45A6A539A55C4942C50FDC3.jpeg" style="display:table; margin:0 auto;" title="0xC95FED06E45A6A539A55C4942C50FDC3.jpeg, août 2017" />
<em><a href="http://www.mak.at/jart/prj3/mak-resp/main.jart?rel=en&reserve-mode=active&content-id=1343388632776&article_id=1339957565197&media_id=1342703965567&menu-id=1343388632776" hreflang="en" title="Vêtements de Göss, MAK">Vêtements de Göss, cape, 1260, Musée Autrichien des arts appliqués, Vienne</a>.</em></p>
<p>Néanmoins, des vêtements brodés directement nous sont parvenus. Se sont des pièces exceptionnelles et conservées à ce titre, il faut y voir un usage qui l'est tout autant : vêtements d'apparat que se soit dans le cadre liturgique ou royal (on en revient au manteau de Roger II roi de Sicile cité plus haut, ou le manteau impérial d'Otton IV). Un autre exemple exceptionnel est l'ensemble des vêtements dits de Göss conservés au Museum fur Angewandte Kunst, à Vienne.</p>
<h4>Appliques de galons et décors brodés</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Broderie/Sources/.Adlerdalmatika_01_small_m.jpg" alt="Adlerdalmatika_01_small.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Adlerdalmatika_01_small.jpg, août 2017" />
''Dalmatique aux aigles, regalia du St Empire Germanique, 1350.<br />
<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3AAdlerdalmatika_01.jpg" hreflang="en">Photo: Andreas Praefcke, via Wikimedia Commons.</a></p>
<p>Des médaillons brodés et appliqué se retrouvent essentiellement dans des contextes solennels (religieux, royaux, impériaux), comme par exemple sur la <em>Dalmatique aux aigles</em> (insigne du Saint Empire romain).</p>
<p>Des galons peuvent être appliqués sur certaines parties des vêtements des nobles. En se basant sur l'iconographie du costume il est difficile de déterminer la technique de fabrication de ces galons mais on peut supposer que certaines puissent être brodés. J'ai discuté de l'opportunité de réaliser de tels galons dans mon article sur le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260">costume noble au XIIIe</a>, les romans et autres textes littéraires médiévaux nous indiquent que des bandes d'orfrois pouvaient être appliquée sur les tenues les plus riches. Ces indications doivent toujours être remises dans le contexte de la production littéraire, en effet, comme je le notais dans mon article sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode féminine au XIIIe siècle</a>, <q>Un roman courtois au XIIe siècle était, dans une certaine mesure, une chronique de mode ; on attendait de lui la description de robes de grand luxe et de chefs-d'œuvre de haute couture.</q><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup></p>
<h3>Accessoires</h3>
<h4>Aumônières</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/aumoniere_1180.JPG" alt="aumoniere_1180.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="aumoniere_1180.JPG, mai 2013" />
<em>Aumônière en soie, fin XIIe conservée à Chelles.</em></p>
<p>Les aumônières, objet du quotidien chargé de sens, peuvent être brodées. Les exemples ne manquent pas, à ce sujet, je vous propose de vous reporter à mon <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere">article sur les aumônières</a>.</p>
<h4>Ceintures</h4>
<p>Si la plupart des ceintures précieuses qui nous sont parvenue sont plutôt décorée grâce à des techniques de tissages à carte sophistiquées ou des appliques de joaillerie, la ceinture semble faire partie des accessoires qui peuvent être brodés. Dans <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">mon article sur le costume de brodeuse fin XIIe</a>, je citais <em>le roman de la rose ou de Guillaume de Dole</em> :</p>
<blockquote><p>Savez vous de quele feture
Cele ceinture estoit ouvrée ?
El estoit de fin or broudée
a poissonez et a oisiaus.</p></blockquote>
<p>Le roman de la rose, Jean Renart, 1210</p>
<p>On peut s'interroger sur la réalité qui se cache derrière le mot <em>broudée</em> dans cet extrait du Roman de la rose ou de Guillaume de Dole.</p>
<p>En effet, est-ce que coudre des appliques sur une ceinture tissée peut être qualifié de broderie ?</p>
<p>Est-ce que la technique de brochage en tissage à carte peut être assimilé ou désigné poétiquement par ce terme ? Dans cette <a href="https://mickytissages.wordpress.com/2014/02/09/un-defi-broche-a-brocade-challenge/" hreflang="fr" title="Galon broché -L'atelier de Micky">reconstitution de galon, Micky a réalisé un motif de petits oiseaux</a>. Le <a href="https://mickytissages.wordpress.com/2016/02/13/tuto-video-le-tissage-aux-tablettes-broche/" hreflang="fr" title="Vidéo de tissage broché - L'atelier de Micky">va et viens du fil broché</a> peut ressembler à du point compté en broderie ?</p>
<p>Un autre exemple de ceinture brodée est la ceinture de Ferdinand de la Cerda. En soie tissée, elle est richement brodée de perles qui forment des motifs héraldiques.</p>
<h4>Chapeau, bonnets, cales</h4>
<p>Outre les bonnets masculins ou féminins que nous avons évoqué plus haut qui nous offrent de magnifiques exemples de coutures décoratives, la décoration des couvre-chef fait une fois partie de ces exemples difficiles à appréhender. En effet, les coiffes décorées qui nous sont parvenues sont celles de la famille royale espagnole avec la coiffe de l'infante de Castille et le chapeau de Ferdinand de la Cerda :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.4_m.jpg" alt="4.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="4.jpg, août 2017" />
<a href="http://www.museodeburgos.com/index.php?option=com_content&task=section&id=16&Itemid=149" hreflang="es">Bonnet de Fernando de la Cerda (1255-1275). Brodé de perles aux armes de Castille et Leon comme l'ensemble de ses vêtements, Museo de Telas Medievales de Burgos.</a></p>
<p>On le voit encore une fois, il s'agit d'une pièce entièrement brodée aux motifs symboliques. Difficile d'en tirer une généralité sur la décoration des coiffes car c'est justement sur l'<strong>extravagance</strong> de son chapeau que se concentrent le pire des moqueries dans Helmbrecht le fermier.</p>
<p>Dans les représentations, en dehors des frontels richement décorés de pièces d’orfèvrerie, le retable de l'Enfance du Christ de la chapelle de la Vierge de la Basilique de St Denis, présente une <a href="http://damesihame.canalblog.com/archives/2015/07/08/32329516.html" hreflang="fr" title="Touret d'après le retable de St Denis">femme au touret dont on peut deviner une trace de décoration en polychromie</a>. Ici encore, difficile de trancher sur la réalité matérielle qui se cache derrière cette sculpture, mais on devine encore une fois qu'il nous manque des informations pour tirer des conclusions définitives. S'il semble que les broderies de la coiffe de Ferdinand de la Cerda sont réservé à une élite et un usage solennel (ce qui est probablement l'erreur d'Helmbrecht), il ne faut probablement pas l'interpréter <q>l'idéal de simplicité</q><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup> comme une absence de décorations ou de broderies.</p>
<h2>Conclusion et perspectives de reconstitution</h2>
<p>Ce tour d'horizon est volontairement (une fois de plus) assez généraliste et les exemples que j'ai utilisés s'étendent sur 3 siècles et presque toute l'Europe ! Mais si, dans une optique plus fine de reconstitution, il faut prêter attention aux variations parfois subtiles, aux changements de mode, les grandes lignes dégagées ici me semblent toujours valables. Les décors brodés (mais pas uniquement) sont des marqueurs fort. A la fois économique, sociaux et symboliques.</p>
<p>Toutefois, comme souvent pour cette période, la documentation sur les catégories sociales intermédiaires nous fait cruellement défaut et les artefacts conservés souffrent probablement d'un grand biais de conservation. On l'a vu à plusieurs occasions, on peut se trouver face à des problèmes d'interprétation.</p>
<p><em>Est-ce que la ceinture brodée de la belle Liénor est un indice suffisant pour proposer des ceintures brodées pour la haute société en dehors de la famille royale espagnole ?</em></p>
<p><em>Est-ce qu'il faut impérativement bannir la broderie des bonnets et autres coiffes sous peine d'être la cible de moqueries comme Helmbrecht le fermier ou la mesure et la conformité aux usages de son rang permettent de s'autoriser à décorer son couvre-chef ?</em></p>
<p>Plutôt que d’énoncer des règles strictes d'usage, je préfère laisser à chacun le soin de se forger son opinion éclairée sur ce qu'il est raisonnable ou non de réaliser.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Carla Casagrande, Silvana Vecchio. Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge. Aubier, 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Heller, Sarah-Grace. Fashion of medieval France. Boydell & Brewer, Cambridge. 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Alexandre-Bidon, Danièle. Une foi en deux ou trois dimensions ? Images et objets du faire croire à l'usage des laïcs. Annales. Histoire, Sciences Sociales, Année 1998, Volume 53,</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Egan G., Pritchard F. ; Dress Accessories ; Boydel Press. p.255</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Alcamo, Jean-Claude. Le manteau de Roger II roi de Sicile, Réinterprétation de la symbolique de l'image. Histoire et Images Médiévales n°42. Février - Mars 2012.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] Ostergard, Else. Woven into the earth.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Anderlini, Tina. Le costume médiéval au XIIIe siècle, Heimdal.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] J. Frappier, Étude sur Yvain ou le chevalier au lion de Chrétien de Troyes, Paris, SEDES, 1969</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] Expression de Gil Bartholeyns dans : Bartholeyns G., L'enjeu du vêtement au Moyen-âge ; Le corps et sa parure, 2007.</p></div>
Saya encordada - tunique espagnole XIIIe siècleurn:md5:64cc395c1c05d46a0be543ffc73c06a22017-01-14T17:58:00+00:002023-04-17T14:36:22+01:00HémioleCostumesCantigas de Santa MariaEspagneFernando de la CerdaLivre des jeuxsaya encordadasoieXIIIe<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-03_t.jpg" alt="saya-03.JPG" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="saya-03.JPG, janv. 2017" />Dans le cadre d'une proposition de reconstitution d'un costume noble espagnol de la seconde moitié du XIIIe siècle, je vais vous présenter d'abord quelques pièces individuellement. Je réaliserai un article global sur l'ensemble du costume et des choix qui ont été faits ensuite.</p>
<p>La première pièce, très typique et spécifique à l'Espagne de cette période est la <em>saya encordada</em> ou tunique lacée. La saya est un vêtement intermédiaire (cotte, portée sur la chemise et sous le surcot ou le manteau) porté aussi bien par les hommes que par les femmes durant le XIIIe siècle.</p> <h3>Spécificités de la saya encordada</h3>
<h4>Sources</h4>
<p>Plusieurs sources exceptionnelles de saya sont parvenues jusqu'à nous. La première et la plus spectaculaire est la celle de Fernando de la Cerda (1225 - 1275) qui fait partie de l'ensemble des vêtements retrouvés sur la famille royale de Castille e de Léon au monastère de Santa Maria de Las Huelgas à Burgos.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/3.jpg" title="3.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.3_m.jpg" alt="3.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="3.jpg, janv. 2017" /></a>
Saya de Fernando de la Cerda (1255-1275). En brocard, décoré aux armes de Castille et Leon comme l'ensemble de ses vêtements, <a href="http://www.museodeburgos.com/index.php?option=com_content&task=section&id=16&Itemid=149" hreflang="es" title="Museos de Telas Medievales">Museo de Telas Medievales de Burgos</a>.</p>
<p>Autre source importante, dans les manuscrits cette fois, la saya encordada est fréquemment représentée dans le <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Libro_de_los_juegos" hreflang="es" title="Livre des jeux - wikipedia">livre des jeux</a>. Ce manuscrit de la seconde moitié du XIIIe siècle a été composé à la demande du roi de Castille et Leon, Alphonse X de Castille.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/F71R.jpg" title="F71R.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.F71R_m.jpg" alt="F71R.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="F71R.jpg, janv. 2017" /></a>
Livre des jeux ; ms. T.I.6, bibliothèque de l'Escurial (Madrid) ; fol.71r.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/F08R.jpg" title="F08R.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.F08R_m.jpg" alt="F08R.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="F08R.jpg, janv. 2017" /></a>
Livre des jeux ; ms. T.I.6, bibliothèque de l'Escurial (Madrid) ; fol.08r.</p>
<p>On retrouve ce vêtement représenté dans toute l'iconographie espagnole de cette période (Les <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Cantigas_de_Santa_Mar%C3%ADa" hreflang="es">cantigas santa Maria</a>, Les caissons peints de la <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Catedral_de_Santa_Mar%C3%ADa_de_Teruel" hreflang="es">Cathédrale de Teruel</a>). J'aurai l'occasion de revenir sur ces sources dans les articles à venir sur le reste du costume.</p>
<h4>Description</h4>
<p>La silhouette de la saya est très particulière : d'une longueur aux genoux ou légèrement au dessous, elle est très moulante sur le torse grâce au laçage latéral. Sur la partie <em>jupe</em> elle est évasée et tombe légèrement en plissant un peu, en particulier au niveau des godets.</p>
<p>Le laçage latéral n'est présent que d'un seul côté et la coupe n'est pas faite pour que l'ouverture créée ferme bord à bord. L'ouverture et le lacet descendent assez bas : jusque sur les hanches.</p>
<p>L'ampleur de la partie jupe de la tunique est obtenue par la présence de godets. De chaque côté ainsi que devant et derrière. Ces godets, y compris ceux de devant et derrière sont attachés bas, en dessous de l'ouverture du côté.</p>
<p>Les manches sont ajustées. L'emmanchure emboîtante est de forme carrée avec des angles biens marqués. Elles sont resserrées aux poignets.</p>
<h4>Comparaison</h4>
<p>A l'opposé de <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode française ou anglaise de cette période qui utilise de grandes quantités de tissus pour créer des drapés</a>, cette mode dévoile le corps de deux manières : en étant près du corps (en le moulant fortement grâce au lacet) et en présentant de grandes ouvertures (que se soit par le laçage dans le cas de la saya encordada ou par les ouvertures du surcot que nous verrons plus tard). En cela elle peut se rapprocher, dans l'esprit (si ce n'est dans les formes) de la mode qui fera son apparition au XIVe siècle qui dévoile et crée un corps moulé<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> : des cottes plus courtes, moins amples, proche du corps et présentant des ouvertures qui laissent voir les couches inférieures de vêtements.</p>
<p>Le laçage latéral, lui se rapproche de la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">mode XIIe des cottes lacées</a> dont nous avons quelques traces dans l'iconographie du costume ou dans les textes (romans, lois somptuaires<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>).</p>
<p>Les emmanchures emboîtantes carrées se retrouvent dans certaines pièces orientales (robe maronite trouvée au Liban, même si dans ce cas, l'effet est obtenu par le placement des godets latéraux<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>). Ce système est également probablement à la base du patron des garde-corps à manches plissées occidentaux<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h4>Par qui est portée la saya encordada ?</h4>
<p>Avec les vêtements retrouvé au monastère de Las Huelgas, nous avons une trace de ce type de vêtement dans une famille royale.</p>
<p>Les représentations nous montre la saya portée par des nobles. Dans le livre des jeux d'Alphonse X notamment, des hommes entourant le roi (vêtu de vêtements plus amples, plus solennels et surtout armoriés) portent fréquemment cette tunique.</p>
<p>On peut relever qu'elle est portée de manière plus ou moins <em>informelle</em> (sans autre vêtement par dessus) ou recouverte d'un surcot et/ou d'un mantel.</p>
<p>La tunique lacée n'est pas le seul type de tunique portée en Espagne à cette époque, y compris chez les nobles. Des tuniques amples sont largement représentées dans les sources dont j'ai parlé plus haut.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/instruments-cantiga50.jpg" title="instruments-cantiga50.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.instruments-cantiga50_m.jpg" alt="instruments-cantiga50.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="instruments-cantiga50.jpg, janv. 2017" /></a>
Sur cette enluminure extraite des Cantigas de Santa Maria<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>, on peut voir des personnages vêtus de l'ensemble tunique lacée et surcot et tunique ample et ce, dans plusieurs groupes de personnages. Si 3 des 4 musiciens portent une saya encordada, l'un d'entre eux a une tunique ample. Dans les personnages assis à gauche portant un bonnet, l'un porte une tunique près du corps tandis que le second non. On peut également noter que le roi portant des vêtements longs et amples, probablement plus conformes à la solennité du rang.</p>
<h3>Réalisation</h3>
<p>La saya est taillée dans un taffetas de soie bleue à rayures tissées<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup>. Elle est doublée de sergé de soie gris. Des godets trapézoïdaux sont ajoutés devant derrière et de chaque côté pour l'ampleur.</p>
<p>Les passementeries, bordures et rubans ont tous été réalisés en soie teintée naturellement<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> et tissés à la main.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/saya-03.JPG" title="saya-03.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-03_m.jpg" alt="saya-03.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="saya-03.JPG, janv. 2017" /></a></p>
<p>Les rayures sont placées toutes dans les même sens (horizontales) y compris sur les manches, comme on peut le remarquer sur les représentations :</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2_m.jpg" alt="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg, janv. 2017" /></a>
Joseph d'Arimathie, Bois polychrome, Fondation Francisco Godia, Barcelone ; vers 1300.</p>
<p>En revanche, il n'y a aucune volonté de raccorder les motifs. En effet, avec une largeur de lé de 45cm (ce qui est le cas de ce taffetas) essayer d'être le plus économe en tissu, comme c'était le cas pour des tissus précieux, impose de faire l'impasse sur ce genre de détail. En outre, sur les pièces d'époques conservées, il semble que le raccord des motifs ne faisait pas partie des préoccupations. Les exemples des vêtement royaux espagnols sont justement édifiants à cet égard : la pelote (ou surcot) d’Aliénor de Castille (1202 ? - 1244) présente des bandes horizontales sur le bas qui, si elles sont toutes placées au même endroit, ne raccordent pas. Dans le cas de la saya de Fernando de la Cerda, qui est réalisée dans un tissu armorié, les écus sont même à l'envers sur les godets latéraux. On le constate, le raccord des motifs n'était probablement pas une priorité à cette époque, l'économie de tissu semble avoir primé, y compris sur des vêtements de membres d'une famille royale.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/ajedrez1.png" title="ajedrez1.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/ajedrez1.png" alt="ajedrez1.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="ajedrez1.png, janv. 2017" /></a></p>
<p>Comme on peut le voir sur ce détail, pour souligner la forme des emmanchures, un galon de soie est cousu sur la couture. Un galon identique est utilisé comme parement à l'encolure.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/saya-galon-01.JPG" title="saya-galon-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-galon-01_m.jpg" alt="saya-galon-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="saya-galon-01.JPG, janv. 2017" /></a></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/17152_900.jpg" title="17152_900.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.17152_900_m.jpg" alt="17152_900.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="17152_900.jpg, janv. 2017" /></a>
Détail du laçage de la tunique d'Aliénor de Castille.</p>
<p>Le lacet, un fin ruban de soie tissé au peigne, est passé dans les brides formées par un galon (en soie, tissé aux tablettes) fixé de point en point tous les 2cm environ. Le laçage se fait en zig-zag.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/saya-lacet-01.JPG" title="saya-lacet-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-lacet-01_m.jpg" alt="saya-lacet-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="saya-lacet-01.JPG, janv. 2017" /></a></p>
<h3>Bibliographie</h3>
<p>Les "vrais" costumes du XIIIe siècles d'après les découvertes de l'abbaye de Las Huelgas ; Olivier Renaudeau, Histoire médiévale n°59, novembre 2004 ; n°60, décembre 2004.<br />
Vestiduras ricas: el Monasterio de Las Huelgas y su época 1170-1340 ; catalogue de l'exposition "VESTIDURAS RICAS: EL MONASTERIO DE LAS HUELGAS Y SU ÉPOCA 1170-1340" ; Patrimonio natcional ed. ; 2005.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Voir à ce sujet Odile Blanc, Parades et parures : l'invention du corps de mode à la fin du Moyen Age, Gallimard, 1997.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Un article sur le laçage au XIIe siècle est en préparation.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Robe de femme découverte dans la grotte d'Asi-L-Hadat, Nord Liban.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Je n'ai pas rédigé d'article à ce propos, mais vous pouvez retrouver un exemple de <a href="http://www.hemiole.com/index.php?mact=Gallery,me73c8,default,1&me73c8dir=XI-XIII%2Fbourgeois-xiii%2F&me73c8returnid=48&page=48#ae-image-3" hreflang="fr" title="Garde-corps à manches plissées">garde-corps à manches plissées avec quelques sources sur mon site professionnel</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Codex E, MS B.I.2, Bibliothèque de l'Escurial.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] Tissus <a href="http://forweavers.com/" hreflang="fr" title="ForWeavers - Tissus passionnés et passionnants.">ForWeavers</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Teinture par <a href="http://www.atelierdemicky.com" hreflang="fr" title="L'atelier de Micky - Tissages aux tablettes et teintures végétales">L'atelier de Micky</a>.</p></div>