Reconstitutions - Mot-clé - Livre des jeuxDémarche de reconstitition. Costume, broderie et parfois cuisine historiques2024-02-02T14:55:05+00:00Hémioleurn:md5:6f3e735670d65f09902a5655522d87c3DotclearPelote - surcot espagnol de la fin du XIIIe siècleurn:md5:56fb6abd862abad0b5e0685d2c22f76e2019-08-12T17:04:00+01:002023-06-01T10:19:30+01:00HémioleCostumesCantigas de Santa Mariacostumes historiqueEspagneFernando de la CerdalampasLivre des jeuxpelotesoieXIIIe<p>Seconde pièce du costume de noble espagnol de la fin du XIIIe siècle que je vous présente : la <em>pelote</em> ou surcot.</p>
<p>Portée par dessus la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle">tunique</a>, le surcot espagnol a lui aussi une forme très typique. C'est un surcot sans manches dont l'ouverture sur les côtés est très échancrée. Il laisse largement voir la tunique portée en dessous. Cette forme de surcot, longueur mise à part, semble également portée aussi bien par les hommes que par les femmes.</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/.saya-01-LOGO_m.jpg" alt="saya-01-LOGO.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<h3>Spécificités de la pelote</h3>
<h4>Sources</h4>
<p>Comme pour la tunique, les vêtements de la famille royale de Catsille, nous révèlent plusieurs pièces exceptionnelles.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/pelote-02.jpg" alt="pelote-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Surcot de Henri I de Catsille qui présente des bandes de décorations sur les ouvertures.</em></p>
<p>Mais on en trouve également de nombreuses représentations dans les peintures, manuscrits et sculptures espagnoles de cette période.</p>
<h4>Description</h4>
<p>De même longueur que la tunique (ou saya), la pelote est un surcot (porté sur la cotte) sans manches, très échancré. Les ouvertures laissent voir les côtés de la tunique jusqu'à la naissance des hanches et dévoile une partie des épaules et du torse. Le devant et le dos ne sont constitués que d'une bande relativement étroite.</p>
<p>Portée par les nobles, il semble qu'elle puisse être réalisée dans de tissus précieux et décorée de bandes contrastantes tout le long des ouvertures.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/pelote-05.jpg" alt="pelote-05.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Cantigas de Santa Maria, Codex E, MS B.I.2, Bibliothèque de l'Escurial.</em></p>
<h4>Comparaison</h4>
<p>Si le surcot sans manches se porte à cette époque, en France, il a cependant une forme nettement différente à cette époque. En effet, les ouvertures sur les côtés sont bien moins échancrées et ne laissent voir la plupart du temps que les manches. Sur quelques exemples XIIIe siècle, on peut deviner une ouverture qui descend plus bas vers la taille, cependant, le torse semble toujours couvert. Ce n'est qu'au cour du XIVe siècle que les surcots vont s'échancrer de la sorte et qu'une forme comparable va apparaître en France : le fameux <em>surcot à porte d'enfer</em>, ou plus simplement <em>surcot ouvert</em> dans les textes d'époque<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<h3>Réalisation</h3>
<h4>Choix du tissu</h4>
<p>Le tissu est différent de celui de la tunique. Si les vêtements qui ont été retrouvés dans les tombes des membres de la famille royale espagnole peuvent être réalisés, pour une même tenue dans le même tissu, parfois héraldique, on peut néanmoins observer de nombreuses représentations, où les tissus sont différents non seulement en ce qui concerne les couleurs mais aussi les motifs.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2_m.jpg" alt="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg, janv. 2017" /></a>
<em>Joseph d'Arimathie, Bois polychrome, Fondation Francisco Godia, Barcelone ; vers 1300.</em></p>
<p>Pour ce surcot, j'ai utilisé un lampas de soie à médaillons. Le lampas est un tissu de soie façonnée dont le décors est est obtenu par des flottés de trame. La différence entre le lampas et le brocard est que pour ce dernier, le fil de trame supplémentaire n'est tissé que sur la largeur des motifs. Dans le cas du lampas, le fil de trame constituant les motif court sur toute la largeur du lé.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/.flottes-details-01_m.jpg" alt="flottes-details-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Détails des décors flottés : les fils clairs qui forment le motif sont libres et n'apparaissent sur l'endroit que sur les zones de motifs.</em></p>
<p>Au XIIIe siècle, le travail de la soie et notamment le tissage de soieries façonnées est attesté en Espagne via l'Afrique du nord. Jusqu'au cour du XIIIe siècle, les circuits d'approvisionnement en soie et en fil d'or sont différents entre l'Espagne et l'Italie<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. A la fin du XIIIe siècle, l'Espagne, via la Sicile ouvre des voies de communication et des échanges techniques et commerciaux entre l'est et l'ouest du bassin méditerranéen. En outre, le déclin de l'empire Almohade au cours du XIIIe siècle va également influencer la qualité et les décors des soieries sur toute la péninsule ibérique. Ainsi, ce motif géométrique à petits rapports semble compatible avec les soieries façonnées tissées en Espagne au cours du XIIIe siècle<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> mais il aurait pu avoir été tissé aussi bien en Andalousie qu'en Sicile ou au proche Orient.</p>
<h4>Choix des broderies</h4>
<p>Que se soit sur certains vêtements de la famille royale ou sur les représentations, on remarque souvent des bandes de décorations sur les ouvertures latérales, l'encolure, parfois au bas, voir au milieu des pelotes. En ce qui concerne la pelote de Henri de Castille, la bordure semble être un galon doré. Sur certaines enluminures la représentation choisie fait penser à de riches fourrures telles que le vair ou l'hermine. Mais il est impossible de déterminer avec certitude la nature de ces décorations.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/decos-pelote-01.JPG" alt="decos-pelote-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" />
Sur ces 3 personnages des Cantigas de Santa Maria (Codex E, MS B.I.2, Bibliothèque de l'Escurial que j'ai présenté en entier dans mon <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle">article sur la saya encordada</a>), tous issu de la même enluminure, la bordure de la pelote est représentée différemment : à gauche le musicien a des bordure dorées qui semble unies, au centre, le costume le plus riche, la bordure blanche à points noirs fait penser à de l'hermine tandis qu'à droite, la bordure présente de petites décorations. Il est évidemment impossible de trancher définitivement sur la nature de celles-ci, mais ce décors m'a orienté vers les ajouts de perles.</p>
<p>Pour cette réalisation, j'ai donc décidé de border les ouvertures des côtés et l'encolure d'une bande de taffetas de soie orné de petites perles de culture agencées par 2. En effet de nombreuses pièces de cette époque, que se soit en Espagne ou en Sicile (dont on a évoqué les liens plus haut) présentent des broderies agrémentées de perles.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/.saya-02-LOGO_m.jpg" alt="saya-02-LOGO.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
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<h3>Bibliographie</h3>
<p>Vestiduras ricas: el Monasterio de Las Huelgas y su época 1170-1340 ; catalogue de l'exposition "VESTIDURAS RICAS: EL MONASTERIO DE LAS HUELGAS Y SU ÉPOCA 1170-1340" ; Patrimonio natcional ed. ; 2005.<br />
Renaudeau O. Les "vrais" costumes du XIIIe siècles d'après les découvertes de l'abbaye de Las Huelgas ; Histoire médiévale n°59, novembre 2004 ; n°60, décembre 2004.<br />
Desrosiers S. Draps d'areste (II). Extension de la classification, comparaison et lieux de fabrication ; Soieries médiévales ; Techniques et culture 34 ; 1999.<br />
Cardon D. De l'Espagne à l'Italie. Hypothèses concernant un groupe de soieries médiévales à fond de losanges liserés et bandes de samit façonné ; Soieries médiévales ; Techniques et culture 34 ; 1999.<br />
Martin i Ros R. M. ; Les vêtemens liturgiques dits de saint Valère. Leur place parmi les textiles hispano-mauresques du XIIIe siècle ; Soieries médiévales ; Techniques et culture 34 ; 1999.<br />
Burns E. J. Sea of silk, A textile geography of women's work in medieval french literature. University of Pennsylvania Press ; 2009.<br />
Yashodhara Agrawal ; Les brocards de soie ; Roli & Janssen BV, 2004.</p>
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<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Marie de Rasse ; Surcot et cotte-hardie ; Histoire et Images Médiévales, thématique n°30 ; 2012</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] La qualité des fils, leur sens de torsion, le type de motifs ainsi que le type de métier à tisser utilisé permet aux historiens d'essayer de déterminer l'origine des soieries anciennes. Desrosiers et Cardon montrent dans leurs articles comment l'analyse technique des tissus permet de déterminer ou d'émettre des hypothèses sur leur lieu de fabrication. voir bibliographie</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Martin i Ros, voir bibliographie</p></div>
Saya encordada - tunique espagnole XIIIe siècleurn:md5:64cc395c1c05d46a0be543ffc73c06a22017-01-14T17:58:00+00:002023-04-17T14:36:22+01:00HémioleCostumesCantigas de Santa MariaEspagneFernando de la CerdaLivre des jeuxsaya encordadasoieXIIIe<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-03_t.jpg" alt="saya-03.JPG" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="saya-03.JPG, janv. 2017" />Dans le cadre d'une proposition de reconstitution d'un costume noble espagnol de la seconde moitié du XIIIe siècle, je vais vous présenter d'abord quelques pièces individuellement. Je réaliserai un article global sur l'ensemble du costume et des choix qui ont été faits ensuite.</p>
<p>La première pièce, très typique et spécifique à l'Espagne de cette période est la <em>saya encordada</em> ou tunique lacée. La saya est un vêtement intermédiaire (cotte, portée sur la chemise et sous le surcot ou le manteau) porté aussi bien par les hommes que par les femmes durant le XIIIe siècle.</p> <h3>Spécificités de la saya encordada</h3>
<h4>Sources</h4>
<p>Plusieurs sources exceptionnelles de saya sont parvenues jusqu'à nous. La première et la plus spectaculaire est la celle de Fernando de la Cerda (1225 - 1275) qui fait partie de l'ensemble des vêtements retrouvés sur la famille royale de Castille e de Léon au monastère de Santa Maria de Las Huelgas à Burgos.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/3.jpg" title="3.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.3_m.jpg" alt="3.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="3.jpg, janv. 2017" /></a>
Saya de Fernando de la Cerda (1255-1275). En brocard, décoré aux armes de Castille et Leon comme l'ensemble de ses vêtements, <a href="http://www.museodeburgos.com/index.php?option=com_content&task=section&id=16&Itemid=149" hreflang="es" title="Museos de Telas Medievales">Museo de Telas Medievales de Burgos</a>.</p>
<p>Autre source importante, dans les manuscrits cette fois, la saya encordada est fréquemment représentée dans le <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Libro_de_los_juegos" hreflang="es" title="Livre des jeux - wikipedia">livre des jeux</a>. Ce manuscrit de la seconde moitié du XIIIe siècle a été composé à la demande du roi de Castille et Leon, Alphonse X de Castille.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/F71R.jpg" title="F71R.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.F71R_m.jpg" alt="F71R.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="F71R.jpg, janv. 2017" /></a>
Livre des jeux ; ms. T.I.6, bibliothèque de l'Escurial (Madrid) ; fol.71r.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/F08R.jpg" title="F08R.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.F08R_m.jpg" alt="F08R.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="F08R.jpg, janv. 2017" /></a>
Livre des jeux ; ms. T.I.6, bibliothèque de l'Escurial (Madrid) ; fol.08r.</p>
<p>On retrouve ce vêtement représenté dans toute l'iconographie espagnole de cette période (Les <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Cantigas_de_Santa_Mar%C3%ADa" hreflang="es">cantigas santa Maria</a>, Les caissons peints de la <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Catedral_de_Santa_Mar%C3%ADa_de_Teruel" hreflang="es">Cathédrale de Teruel</a>). J'aurai l'occasion de revenir sur ces sources dans les articles à venir sur le reste du costume.</p>
<h4>Description</h4>
<p>La silhouette de la saya est très particulière : d'une longueur aux genoux ou légèrement au dessous, elle est très moulante sur le torse grâce au laçage latéral. Sur la partie <em>jupe</em> elle est évasée et tombe légèrement en plissant un peu, en particulier au niveau des godets.</p>
<p>Le laçage latéral n'est présent que d'un seul côté et la coupe n'est pas faite pour que l'ouverture créée ferme bord à bord. L'ouverture et le lacet descendent assez bas : jusque sur les hanches.</p>
<p>L'ampleur de la partie jupe de la tunique est obtenue par la présence de godets. De chaque côté ainsi que devant et derrière. Ces godets, y compris ceux de devant et derrière sont attachés bas, en dessous de l'ouverture du côté.</p>
<p>Les manches sont ajustées. L'emmanchure emboîtante est de forme carrée avec des angles biens marqués. Elles sont resserrées aux poignets.</p>
<h4>Comparaison</h4>
<p>A l'opposé de <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode française ou anglaise de cette période qui utilise de grandes quantités de tissus pour créer des drapés</a>, cette mode dévoile le corps de deux manières : en étant près du corps (en le moulant fortement grâce au lacet) et en présentant de grandes ouvertures (que se soit par le laçage dans le cas de la saya encordada ou par les ouvertures du surcot que nous verrons plus tard). En cela elle peut se rapprocher, dans l'esprit (si ce n'est dans les formes) de la mode qui fera son apparition au XIVe siècle qui dévoile et crée un corps moulé<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> : des cottes plus courtes, moins amples, proche du corps et présentant des ouvertures qui laissent voir les couches inférieures de vêtements.</p>
<p>Le laçage latéral, lui se rapproche de la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">mode XIIe des cottes lacées</a> dont nous avons quelques traces dans l'iconographie du costume ou dans les textes (romans, lois somptuaires<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>).</p>
<p>Les emmanchures emboîtantes carrées se retrouvent dans certaines pièces orientales (robe maronite trouvée au Liban, même si dans ce cas, l'effet est obtenu par le placement des godets latéraux<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>). Ce système est également probablement à la base du patron des garde-corps à manches plissées occidentaux<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h4>Par qui est portée la saya encordada ?</h4>
<p>Avec les vêtements retrouvé au monastère de Las Huelgas, nous avons une trace de ce type de vêtement dans une famille royale.</p>
<p>Les représentations nous montre la saya portée par des nobles. Dans le livre des jeux d'Alphonse X notamment, des hommes entourant le roi (vêtu de vêtements plus amples, plus solennels et surtout armoriés) portent fréquemment cette tunique.</p>
<p>On peut relever qu'elle est portée de manière plus ou moins <em>informelle</em> (sans autre vêtement par dessus) ou recouverte d'un surcot et/ou d'un mantel.</p>
<p>La tunique lacée n'est pas le seul type de tunique portée en Espagne à cette époque, y compris chez les nobles. Des tuniques amples sont largement représentées dans les sources dont j'ai parlé plus haut.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/instruments-cantiga50.jpg" title="instruments-cantiga50.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.instruments-cantiga50_m.jpg" alt="instruments-cantiga50.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="instruments-cantiga50.jpg, janv. 2017" /></a>
Sur cette enluminure extraite des Cantigas de Santa Maria<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>, on peut voir des personnages vêtus de l'ensemble tunique lacée et surcot et tunique ample et ce, dans plusieurs groupes de personnages. Si 3 des 4 musiciens portent une saya encordada, l'un d'entre eux a une tunique ample. Dans les personnages assis à gauche portant un bonnet, l'un porte une tunique près du corps tandis que le second non. On peut également noter que le roi portant des vêtements longs et amples, probablement plus conformes à la solennité du rang.</p>
<h3>Réalisation</h3>
<p>La saya est taillée dans un taffetas de soie bleue à rayures tissées<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup>. Elle est doublée de sergé de soie gris. Des godets trapézoïdaux sont ajoutés devant derrière et de chaque côté pour l'ampleur.</p>
<p>Les passementeries, bordures et rubans ont tous été réalisés en soie teintée naturellement<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> et tissés à la main.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/saya-03.JPG" title="saya-03.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-03_m.jpg" alt="saya-03.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="saya-03.JPG, janv. 2017" /></a></p>
<p>Les rayures sont placées toutes dans les même sens (horizontales) y compris sur les manches, comme on peut le remarquer sur les représentations :</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2_m.jpg" alt="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg, janv. 2017" /></a>
Joseph d'Arimathie, Bois polychrome, Fondation Francisco Godia, Barcelone ; vers 1300.</p>
<p>En revanche, il n'y a aucune volonté de raccorder les motifs. En effet, avec une largeur de lé de 45cm (ce qui est le cas de ce taffetas) essayer d'être le plus économe en tissu, comme c'était le cas pour des tissus précieux, impose de faire l'impasse sur ce genre de détail. En outre, sur les pièces d'époques conservées, il semble que le raccord des motifs ne faisait pas partie des préoccupations. Les exemples des vêtement royaux espagnols sont justement édifiants à cet égard : la pelote (ou surcot) d’Aliénor de Castille (1202 ? - 1244) présente des bandes horizontales sur le bas qui, si elles sont toutes placées au même endroit, ne raccordent pas. Dans le cas de la saya de Fernando de la Cerda, qui est réalisée dans un tissu armorié, les écus sont même à l'envers sur les godets latéraux. On le constate, le raccord des motifs n'était probablement pas une priorité à cette époque, l'économie de tissu semble avoir primé, y compris sur des vêtements de membres d'une famille royale.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/ajedrez1.png" title="ajedrez1.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/ajedrez1.png" alt="ajedrez1.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="ajedrez1.png, janv. 2017" /></a></p>
<p>Comme on peut le voir sur ce détail, pour souligner la forme des emmanchures, un galon de soie est cousu sur la couture. Un galon identique est utilisé comme parement à l'encolure.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/saya-galon-01.JPG" title="saya-galon-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-galon-01_m.jpg" alt="saya-galon-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="saya-galon-01.JPG, janv. 2017" /></a></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/17152_900.jpg" title="17152_900.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.17152_900_m.jpg" alt="17152_900.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="17152_900.jpg, janv. 2017" /></a>
Détail du laçage de la tunique d'Aliénor de Castille.</p>
<p>Le lacet, un fin ruban de soie tissé au peigne, est passé dans les brides formées par un galon (en soie, tissé aux tablettes) fixé de point en point tous les 2cm environ. Le laçage se fait en zig-zag.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/saya-lacet-01.JPG" title="saya-lacet-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-lacet-01_m.jpg" alt="saya-lacet-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="saya-lacet-01.JPG, janv. 2017" /></a></p>
<h3>Bibliographie</h3>
<p>Les "vrais" costumes du XIIIe siècles d'après les découvertes de l'abbaye de Las Huelgas ; Olivier Renaudeau, Histoire médiévale n°59, novembre 2004 ; n°60, décembre 2004.<br />
Vestiduras ricas: el Monasterio de Las Huelgas y su época 1170-1340 ; catalogue de l'exposition "VESTIDURAS RICAS: EL MONASTERIO DE LAS HUELGAS Y SU ÉPOCA 1170-1340" ; Patrimonio natcional ed. ; 2005.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Voir à ce sujet Odile Blanc, Parades et parures : l'invention du corps de mode à la fin du Moyen Age, Gallimard, 1997.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Un article sur le laçage au XIIe siècle est en préparation.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Robe de femme découverte dans la grotte d'Asi-L-Hadat, Nord Liban.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Je n'ai pas rédigé d'article à ce propos, mais vous pouvez retrouver un exemple de <a href="http://www.hemiole.com/index.php?mact=Gallery,me73c8,default,1&me73c8dir=XI-XIII%2Fbourgeois-xiii%2F&me73c8returnid=48&page=48#ae-image-3" hreflang="fr" title="Garde-corps à manches plissées">garde-corps à manches plissées avec quelques sources sur mon site professionnel</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Codex E, MS B.I.2, Bibliothèque de l'Escurial.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] Tissus <a href="http://forweavers.com/" hreflang="fr" title="ForWeavers - Tissus passionnés et passionnants.">ForWeavers</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Teinture par <a href="http://www.atelierdemicky.com" hreflang="fr" title="L'atelier de Micky - Tissages aux tablettes et teintures végétales">L'atelier de Micky</a>.</p></div>