Reconstitutions - Mot-clé - coiffe
Démarche de reconstitition. Costume, broderie et parfois cuisine historiques
2024-02-02T14:55:05+00:00
Hémiole
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Dotclear
L'usage de décors brodés dans l'habillement - introduction.
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2017-08-02T15:22:00+00:00
2023-04-17T14:35:56+00:00
Hémiole
Broderie
Atelier de brodeurs
aumônière
broderie
coiffe
couchure
couvrechief
Fernando de la Cerda
Herjolfnes
Ste Élisabeth de Thuringe
touret
XIIe
XIIIe
XIVe
<p>Nous avons vu <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Broderies-%3A-points-utilis%C3%A9s">quelques points de broderie de l'époque</a>|, des<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/11/20/37-a-vos-marques-prets-brodez"> techniques appliquées à la broderie</a>, <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">les costumes</a> des <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/12/04/42-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeur-vers-1200">artisans</a> et <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/10/12/39-un-atelier-de-brodeurs-vers-1200-les-outils">les outils</a>.</p>
<p>La question de l'existence de la broderie n'est évidemment pas sujette à caution, il faut néanmoins s'intéresser <strong>aux usages de ces broderies</strong> : <em>Par qui</em> ? <em>Pour quoi ?</em> sont-elles utilisées. Est-ce que tous les décors brodés sont utilisés de la même manière ?</p>
<p>Ce premier article est une introduction aux différents usages des décors brodés au Moyen-âge dans l'habillement. J'ai écarté le mobilier (civil et liturgique) car la longueur de l'article me semblait déjà suffisante. En outre, je m'accorderai ainsi une pause pour me permettre de traiter ces usages de manière plus approfondie plus tard. Cet article était déjà en préparation depuis plusieurs années, le couper me permet d'enfin le publier sans pour autant en bâcler tout un pan.</p>
<p>Dans les articles à venir également, je vous présenterai quelques exemples de broderies (parfois terminées, parfois <em>en cours</em>) que nous réalisons dans le cadre de l'atelier de brodeurs. Nous évoquerons alors plus en détail les sources, les techniques et les matériaux.</p>
<p>Si <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?pages/Un-atelier-de-brodeurs-vers-1200">l'atelier de brodeurs</a> et les brodeurs eux-mêmes sont fixés dans une aire spatio-temporelle, les ouvrages proposés sont d'origine plus étendue. En effet, la variété des styles de broderies, des écoles, nous semblait aussi primordiale à évoquer pour illustrer la richesse de l'art de la broderie au Moyen-age et, à titre personnel, passionnant à découvrir et approfondir. Nous nous intéresserons donc aux broderies occidentales du XIIe au XIVe siècles !</p> <h2>Introduction : les décors brodés comme marqueur social et symbolique</h2>
<h3>Marqueur social</h3>
<p>A une époque où la <strong>pusillanimité</strong> (où <em>la timidité excessive</em>, que nous appellerions <em>fausse-modestie</em> aujourd'hui) fait partie des précurseurs de nos péchés capitaux aux côtés de l’orgueil (<em>la superbe</em>)<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, s'habiller et se parer conformément à son rang est une question débattue à la fois par les moralistes et par les législateurs. Au cours du XIIIe siècle, le prix et la nature des étoffes, les matières que chacun peut porter selon son rang sera légiféré, au travers de différentes <em>lois somptuaires</em><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Les décorations des vêtements sont, entre autre, un marqueur fort de l'appartenance sociale.</p>
<h3>Des motifs religieux ?</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Sources broderies/.rogerII_s.jpg" alt="rogerII.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="rogerII.jpg, mai 2015" />
<em>Manteau de cérémonie de Roger II de Sicile vers 1130.</em></p>
<p>Les motifs des décors apportés sur les vêtements et le mobilier répondent également à des habitudes. Si des broderies aux motifs religieux nous sont parvenues en très grand nombre, c'est que le mobilier religieux et les trésors ecclésiastiques ont bénéficié d'une meilleure conservation. D.A. Bidon<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, nous apporte des éclairages sur l'usage des motifs des décors laïcs et religieux.</p>
<p>En effet, les décorations des vêtements mais aussi des maisons et mobiliers des laïcs ne semblent que peu imprégnés de scènes religieuses. Ce n'est, semble-t-il, pas au travers de l'art et du décors que la religion imprégnait le quotidien. Les vêtements laïcs ne sont pas décorés de motifs religieux (mis à part quelques boucles ou fermaux gravés de l'inscription <q>Ave Maria</q> <sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>) et les tissus d’ameublement ne le sont que très rarement et encore, uniquement dans les demeures les plus riches (bien que les scènes profanes : chasse, scènes courtoises, aient eues plus de succès, y compris dans les châteaux.)</p>
<p>Entrent dans cette catégorie, certains vêtement royaux ou impériaux. En effet, les insignes royaux sont tout aussi chargés de symbolique que ceux de la liturgie. On peut le constater en partie dans le vocabulaire qui ne semble pas différencier certains ornements royaux des vêtement sacerdotaux (pour la dalmatique, par exemple). Dans ce cas, le vêtement du pouvoir est un vêtement dont la symbolique<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> est aussi chargée que celui du culte.</p>
<h3>Armoiries</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Sources broderies/.fortz_s.jpg" alt="fortz.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fortz.jpg, mai 2015" />
<em>Fragment de broderie héraldique anglaise aux armes de Guillaume de Fortz (décédé en 1260) et de sa seconde femme Isabelle (mariée en 1248). Kay Staniland, Les brodeurs, ed. Brepols, 1992.</em></p>
<p>Avec le développement de l'héraldique, la broderie de blasons se développe peu à peu. Si l'on pense aux cotte d'armes, les aumônières aux motifs héraldiques existent aussi. Elles permettent d'afficher les armoiries de sa maison (exemple l’aumônière XIIIe aux armes de Castille) mais aussi, plus tard, symbole d'union : lors d'un mariage, une aumônière avec les armes des deux familles peut être brodée (Par exemple, l'aumônière aux armes de Guillaume de Fortz et de sa femme Isabelle -mi-XIIIe).</p>
<p>Les vêtements de la famille royale espagnole, retrouvés à Burgos, (nous reviendrons dessus) sont en partie décorés avec les armoiries, mais là encore, il est probable que ces décors soient réservés à un usage purement solennel.</p>
<h2>Usages des broderies</h2>
<h3>Vêtements</h3>
<h4>Broderie directe et coutures décoratives</h4>
<p>Nombreux artefacts conservés ou exhumés lors de fouilles archéologiques, présentent des coutures de finition décoratives. La couture décorative, si elle n'est pas le fruit du travail d'un artisan brodeur est sans doute la principale source de décorations directe sur les vêtements. Selon la technique utilisée (point de boulogne par exemple) elle ne demande pas plus de ressources ni de temps qu'un simple ourlet.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/.encolure-02_s.jpg" alt="encolure-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="encolure-02.jpg, janv. 2013" />
<em>Exemple de reconstitution de coutures décoratives d'après les fouilles du Groenland. Une <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/02/09/26-une-robe-d-artisan-fin-xiie">robe d'artisan au XIIe siècle</a> réalisée en 2008.</em></p>
<p>Les vêtements retrouvés sur le site de Herofjnes<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> présentent ce genre de coutures : ourlets réalisés sur l'endroit du vêtement et fixés avec des rangés de points avant. La tunique de Ste Élisabeth de Hongrie présente un point de feston en lieu et place de l'ourlet<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/cale/.bonnetbrigitte3_m.jpg" alt="bonnetbrigitte3.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="bonnetbrigitte3.jpg, août 2017" />
<em>Bonnet de Ste Brigitte</em></p>
<p>Autre type de couture décoratives que l'on retrouve au moyen-âge sur les coiffes : les broderies ajourées. Un exemple de pièce parvenue jusqu'à nous est la <a href="http://www.medievalsilkwork.com/2008/11/womens-caps.html" hreflang="en" title="Ste Brigitta Coiff">coiffe de Ste Brigitte étudiée en 2008 par Isis Sturtewagen</a>, si elle est datée entre le 13e et le 16e siècle (!) elle correspond en forme aux représentations de coiffe simple que l'ont peut retrouver aux XIIIe et XIVe siècles. Mais d'autres sources viennent confirmer le fait que ce type de coiffe et de couture décorative a pu exister assez tôt, comme sur cette enluminure où le bonnet du baigneur semble avoir une couture décorative en <em>croix</em> en son centre.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/cale/.cale-10_m.jpg" alt="cale-10.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="cale-10.jpg, août 2017" />
<em>De arte venandi cum avibus. 1232 - 1266, Pal.lat.1071</em></p>
<h4>Vêtements brodés directement</h4>
<p>En dehors des coutures décoratives, il n'existe pas de trace de vêtements brodés directement de motifs ou de frises simples. Si les représentations de vêtements décorés sont difficile à interpréter en raison du manque d'information (polychromie sur les sculptures) ou de l'échelle de représentation (miniatures enluminées qui imposent de recourir à des raccourcis graphiques), il ne semble pas non plus que les décorations directes soient très présentes, en général, se sont des bandes de décoration qui semblent appliquées et, une fois encore, leur nature reste sujette à interprétation. On peut l'expliquer de plusieurs façons (qui ne s'excluent pas mutuellement).</p>
<p>La première, comme je tente de le rappeler à travers mes articles, si la broderie peut sembler très présente, elle est réservée à une élite (sociale et financière). Les vêtements ainsi que les matériaux ont des coûts très élevés.
La seconde, qui en découle en partie (mais pas seulement), c'est qu'un vêtement brodé directement est plus fragile et s'entretient moins facilement. Il est également moins durable. A une époque où les vêtements faisaient naturellement partie des héritages, on imagine difficilement jeter une cotte ou un manteau encore en bon état parce que la broderie est abîmée. Les solutions à ce problème sont de deux ordre : soit les vêtements ne sont pas décorés, soit les décorations sont amovibles.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Broderie/Sources/.0xC95FED06E45A6A539A55C4942C50FDC3_m.jpg" alt="0xC95FED06E45A6A539A55C4942C50FDC3.jpeg" style="display:table; margin:0 auto;" title="0xC95FED06E45A6A539A55C4942C50FDC3.jpeg, août 2017" />
<em><a href="http://www.mak.at/jart/prj3/mak-resp/main.jart?rel=en&reserve-mode=active&content-id=1343388632776&article_id=1339957565197&media_id=1342703965567&menu-id=1343388632776" hreflang="en" title="Vêtements de Göss, MAK">Vêtements de Göss, cape, 1260, Musée Autrichien des arts appliqués, Vienne</a>.</em></p>
<p>Néanmoins, des vêtements brodés directement nous sont parvenus. Se sont des pièces exceptionnelles et conservées à ce titre, il faut y voir un usage qui l'est tout autant : vêtements d'apparat que se soit dans le cadre liturgique ou royal (on en revient au manteau de Roger II roi de Sicile cité plus haut, ou le manteau impérial d'Otton IV). Un autre exemple exceptionnel est l'ensemble des vêtements dits de Göss conservés au Museum fur Angewandte Kunst, à Vienne.</p>
<h4>Appliques de galons et décors brodés</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Broderie/Sources/.Adlerdalmatika_01_small_m.jpg" alt="Adlerdalmatika_01_small.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Adlerdalmatika_01_small.jpg, août 2017" />
''Dalmatique aux aigles, regalia du St Empire Germanique, 1350.<br />
<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3AAdlerdalmatika_01.jpg" hreflang="en">Photo: Andreas Praefcke, via Wikimedia Commons.</a></p>
<p>Des médaillons brodés et appliqué se retrouvent essentiellement dans des contextes solennels (religieux, royaux, impériaux), comme par exemple sur la <em>Dalmatique aux aigles</em> (insigne du Saint Empire romain).</p>
<p>Des galons peuvent être appliqués sur certaines parties des vêtements des nobles. En se basant sur l'iconographie du costume il est difficile de déterminer la technique de fabrication de ces galons mais on peut supposer que certaines puissent être brodés. J'ai discuté de l'opportunité de réaliser de tels galons dans mon article sur le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260">costume noble au XIIIe</a>, les romans et autres textes littéraires médiévaux nous indiquent que des bandes d'orfrois pouvaient être appliquée sur les tenues les plus riches. Ces indications doivent toujours être remises dans le contexte de la production littéraire, en effet, comme je le notais dans mon article sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode féminine au XIIIe siècle</a>, <q>Un roman courtois au XIIe siècle était, dans une certaine mesure, une chronique de mode ; on attendait de lui la description de robes de grand luxe et de chefs-d'œuvre de haute couture.</q><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup></p>
<h3>Accessoires</h3>
<h4>Aumônières</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/aumoniere_1180.JPG" alt="aumoniere_1180.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="aumoniere_1180.JPG, mai 2013" />
<em>Aumônière en soie, fin XIIe conservée à Chelles.</em></p>
<p>Les aumônières, objet du quotidien chargé de sens, peuvent être brodées. Les exemples ne manquent pas, à ce sujet, je vous propose de vous reporter à mon <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere">article sur les aumônières</a>.</p>
<h4>Ceintures</h4>
<p>Si la plupart des ceintures précieuses qui nous sont parvenue sont plutôt décorée grâce à des techniques de tissages à carte sophistiquées ou des appliques de joaillerie, la ceinture semble faire partie des accessoires qui peuvent être brodés. Dans <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">mon article sur le costume de brodeuse fin XIIe</a>, je citais <em>le roman de la rose ou de Guillaume de Dole</em> :</p>
<blockquote><p>Savez vous de quele feture
Cele ceinture estoit ouvrée ?
El estoit de fin or broudée
a poissonez et a oisiaus.</p></blockquote>
<p>Le roman de la rose, Jean Renart, 1210</p>
<p>On peut s'interroger sur la réalité qui se cache derrière le mot <em>broudée</em> dans cet extrait du Roman de la rose ou de Guillaume de Dole.</p>
<p>En effet, est-ce que coudre des appliques sur une ceinture tissée peut être qualifié de broderie ?</p>
<p>Est-ce que la technique de brochage en tissage à carte peut être assimilé ou désigné poétiquement par ce terme ? Dans cette <a href="https://mickytissages.wordpress.com/2014/02/09/un-defi-broche-a-brocade-challenge/" hreflang="fr" title="Galon broché -L'atelier de Micky">reconstitution de galon, Micky a réalisé un motif de petits oiseaux</a>. Le <a href="https://mickytissages.wordpress.com/2016/02/13/tuto-video-le-tissage-aux-tablettes-broche/" hreflang="fr" title="Vidéo de tissage broché - L'atelier de Micky">va et viens du fil broché</a> peut ressembler à du point compté en broderie ?</p>
<p>Un autre exemple de ceinture brodée est la ceinture de Ferdinand de la Cerda. En soie tissée, elle est richement brodée de perles qui forment des motifs héraldiques.</p>
<h4>Chapeau, bonnets, cales</h4>
<p>Outre les bonnets masculins ou féminins que nous avons évoqué plus haut qui nous offrent de magnifiques exemples de coutures décoratives, la décoration des couvre-chef fait une fois partie de ces exemples difficiles à appréhender. En effet, les coiffes décorées qui nous sont parvenues sont celles de la famille royale espagnole avec la coiffe de l'infante de Castille et le chapeau de Ferdinand de la Cerda :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.4_m.jpg" alt="4.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="4.jpg, août 2017" />
<a href="http://www.museodeburgos.com/index.php?option=com_content&task=section&id=16&Itemid=149" hreflang="es">Bonnet de Fernando de la Cerda (1255-1275). Brodé de perles aux armes de Castille et Leon comme l'ensemble de ses vêtements, Museo de Telas Medievales de Burgos.</a></p>
<p>On le voit encore une fois, il s'agit d'une pièce entièrement brodée aux motifs symboliques. Difficile d'en tirer une généralité sur la décoration des coiffes car c'est justement sur l'<strong>extravagance</strong> de son chapeau que se concentrent le pire des moqueries dans Helmbrecht le fermier.</p>
<p>Dans les représentations, en dehors des frontels richement décorés de pièces d’orfèvrerie, le retable de l'Enfance du Christ de la chapelle de la Vierge de la Basilique de St Denis, présente une <a href="http://damesihame.canalblog.com/archives/2015/07/08/32329516.html" hreflang="fr" title="Touret d'après le retable de St Denis">femme au touret dont on peut deviner une trace de décoration en polychromie</a>. Ici encore, difficile de trancher sur la réalité matérielle qui se cache derrière cette sculpture, mais on devine encore une fois qu'il nous manque des informations pour tirer des conclusions définitives. S'il semble que les broderies de la coiffe de Ferdinand de la Cerda sont réservé à une élite et un usage solennel (ce qui est probablement l'erreur d'Helmbrecht), il ne faut probablement pas l'interpréter <q>l'idéal de simplicité</q><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup> comme une absence de décorations ou de broderies.</p>
<h2>Conclusion et perspectives de reconstitution</h2>
<p>Ce tour d'horizon est volontairement (une fois de plus) assez généraliste et les exemples que j'ai utilisés s'étendent sur 3 siècles et presque toute l'Europe ! Mais si, dans une optique plus fine de reconstitution, il faut prêter attention aux variations parfois subtiles, aux changements de mode, les grandes lignes dégagées ici me semblent toujours valables. Les décors brodés (mais pas uniquement) sont des marqueurs fort. A la fois économique, sociaux et symboliques.</p>
<p>Toutefois, comme souvent pour cette période, la documentation sur les catégories sociales intermédiaires nous fait cruellement défaut et les artefacts conservés souffrent probablement d'un grand biais de conservation. On l'a vu à plusieurs occasions, on peut se trouver face à des problèmes d'interprétation.</p>
<p><em>Est-ce que la ceinture brodée de la belle Liénor est un indice suffisant pour proposer des ceintures brodées pour la haute société en dehors de la famille royale espagnole ?</em></p>
<p><em>Est-ce qu'il faut impérativement bannir la broderie des bonnets et autres coiffes sous peine d'être la cible de moqueries comme Helmbrecht le fermier ou la mesure et la conformité aux usages de son rang permettent de s'autoriser à décorer son couvre-chef ?</em></p>
<p>Plutôt que d’énoncer des règles strictes d'usage, je préfère laisser à chacun le soin de se forger son opinion éclairée sur ce qu'il est raisonnable ou non de réaliser.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Carla Casagrande, Silvana Vecchio. Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge. Aubier, 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Heller, Sarah-Grace. Fashion of medieval France. Boydell & Brewer, Cambridge. 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Alexandre-Bidon, Danièle. Une foi en deux ou trois dimensions ? Images et objets du faire croire à l'usage des laïcs. Annales. Histoire, Sciences Sociales, Année 1998, Volume 53,</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Egan G., Pritchard F. ; Dress Accessories ; Boydel Press. p.255</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Alcamo, Jean-Claude. Le manteau de Roger II roi de Sicile, Réinterprétation de la symbolique de l'image. Histoire et Images Médiévales n°42. Février - Mars 2012.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] Ostergard, Else. Woven into the earth.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Anderlini, Tina. Le costume médiéval au XIIIe siècle, Heimdal.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] J. Frappier, Étude sur Yvain ou le chevalier au lion de Chrétien de Troyes, Paris, SEDES, 1969</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] Expression de Gil Bartholeyns dans : Bartholeyns G., L'enjeu du vêtement au Moyen-âge ; Le corps et sa parure, 2007.</p></div>
Coiffes féminines au XIIe siècle : les formes.
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2016-05-24T10:50:00+01:00
2023-04-17T14:37:01+01:00
Hémiole
Costumes
coiffe
guimpe
XIIe
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/baniere.png" title="baniere.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/.baniere_m.png" alt="baniere.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="baniere.png, mai 2016" /></a></p>
<p>Je vous propose un petit tour d'horizon sur les coiffes au XIIe siècle. Dans ce premier article, nous allons étudier les représentation de coiffes pour en dégager les formes générales ainsi que les fréquences de représentation.</p>
<p>La coiffure ainsi que la coiffe font partie intégrante d'un costume aussi bien masculin que féminin. En effet, la mode ainsi que les usages sociaux concernent aussi bien la manière de coiffer ses cheveux que les accessoires que l'on peut y ajouter.<strong> La coiffe peut être une protection, une contrainte sociale et/ou religieuse, un accessoire de mode.</strong></p>
<p>J'ai étudié un corpus de 2500 représentations (enluminures, statuaires, émaux) pour relever les différents type de coiffes sur les personnages féminins.</p>
<p>J'ai commencé par réaliser une typologie simple pour les différentes coiffes observées. Je n'ai pas essayé de différentier à tous prix les modèles de coiffe sur le moindre petit détail mais plutôt de créer de grandes familles dans le but de proposer des tutoriels sur la manière de les réaliser.</p> <p>Le corpus peut sembler grand mais sur ces 2500 enluminures, toutes ne représentent pas de personnages féminin. Si l'on enlève les personnages trop particuliers pour être pris en compte, le chiffre baisse encore. Voici un petit résumé de la méthode employée :</p>
<ul>
<li>Je n'ai utilisé que des sources françaises ou anglaises (pas de sources espagnoles, ni italienne, ni allemande, ni orientale).</li>
<li>J'ai exclu les représentations de la Vierge ainsi que de toutes les saintes.</li>
<li>J'ai également exclu les personnages fabuleux (sirènes) et les allégories (Église, luxure ...).</li>
<li>Sont également exclues les personnages entièrement ou en partie déshabillés.</li>
</ul>
<p>On le voit, ceci limite déjà beaucoup le nombre de représentations rentrant dans le champ de l'étude.</p>
<p>Un autre biais est apparu pendant mes recherches : lorsque l'on utilise un manuscrit complet représentant de nombreuses scènes, les coiffes sont non seulement similaires mais on peut, sur des enluminure différentes observer le même personnage (Les exemples les plus frappants sont les comédies de Terence, dans le manuscrit de l'Abbaye Saint Albans en Angleterre et celui de Tours : BM Tours ms0924). Cela va créer une augmentation du nombre d’occurrence d'une même coiffe sans que se soit nécessairement représentatif. J'ai donc fait le choix, pour tenter de limiter ce biais, de ne compter qu'une seule fois chaque personnage dans le même manuscrit et de limiter le comptage dans une foule à une occurrence par coiffe. En effet, de la même manière, dans les représentations de foule, les coiffes sont souvent strictement identiques et peuvent parfaitement relever plus de la simplification de la représentation que de la réalité.</p>
<p>Voici les grandes familles de coiffes relevées ainsi que leur fréquence de représentation dans le corpus étudié sur l'ensemble du XIIe siècle :</p>
<ul>
<li>guimpe ovale : 24.5%</li>
<li>voile/guimpe rectangulaire : 20.5%</li>
<li>tête nue : 17%</li>
<li>grand voile drapé : 15.5%</li>
<li>voile et couronne : 5.5%</li>
<li>écharpe/étole : 4.5%</li>
<li>guimpe nouée : 3%</li>
<li>couronne sans voile : 2%</li>
<li>autre : 7.5%</li>
</ul>
<p>La catégorie <q>autre</q> correspond aux représentations où la tête est couverte mais où le détail ne permet pas de déterminer avec certitude le type de coiffe. Je les ai comptabilisées dans le but de comparer la proportion entre les représentations de tête non couverte et de tête couverte.</p>
<p>J'ai finalement regroupé toutes les coiffes à base de voile rectangulaire. Il semble, en effet, que le même voile puisse s'utiliser différemment selon les circonstances. C'est une hypothèse que j'avais déjà évoquée dans mon article sur le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">costume d'une artisan brodeuse</a>.</p>
<p>J'ai volontairement écarté par la suite le cas des coiffes avec couronnes qui me semblaient relever de cas trop particuliers.</p>
<p>J'ai également coupé le siècle en deux. Nous verrons que l'on peut noter des évolutions. Je n'ai pas réduit la fourchette temporelle davantage pour des raison de facilité. Libre à chacun de faire une étude plus poussée sur la période précise qui l'intéresse. Comme toujours, le meilleurs moyen d'arriver à un résultat cohérent en reconstitution est de réaliser ses propres recherches,<strong> mon but étant de proposer un rapide aperçu des sources avant de vous proposer des tutoriels</strong>.</p>
<p>Intéressons-nous de plus près aux coiffes. Voici quelques exemple de représentations de ces types de coiffes :</p>
<h3>Le grand voile drapé</h3>
<p>Le grand voile drapé semble relever autant du manteau que de la coiffe. Très long, au minimum aux fesses, la plupart du temps jusqu'aux genoux, il semble être de forme ronde ou ovale. Il est représenté coloré.</p>
<ul>
<li>6.75% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>22.75% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>15.5% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/grand-voile/Vendome-ms0061-256.jpg" title="Vendome-ms0061-256.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/grand-voile/.Vendome-ms0061-256_m.jpg" alt="Vendome-ms0061-256.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Vendome-ms0061-256.jpg, mai 2016" /></a>
Petrus Lombardus : Sententiae ; Couple ; Vendôme - BM - ms. 0061 - f. 256 ; 1160.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/grand-voile/Moulins-ms0001-288v-04.jpg" title="Moulins-ms0001-288v-04.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/grand-voile/.Moulins-ms0001-288v-04_m.jpg" alt="Moulins-ms0001-288v-04.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Moulins-ms0001-288v-04.jpg, mai 2016" /></a>
Bible de Souvigny ; Guérison de Tobit ; Moulins, Bibl. mun., ms. 0001, f. 288v ; fin XIIe.</p>
<h3>Guimpe ovale</h3>
<p>Il s'agit d'une coiffe qui entoure le visage, couvre la gorge et ne présente pas d'angle sur la ligne d'épaule ni de pan libre.</p>
<ul>
<li>27% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>22.75% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>24,5% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-ovale/Paris-BNF-Latin15675-004.jpg" title="Paris-BNF-Latin15675-004.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-ovale/.Paris-BNF-Latin15675-004_m.jpg" alt="Paris-BNF-Latin15675-004.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Paris-BNF-Latin15675-004.jpg, mai 2016" /></a>
Moralia in Job ; BNF, Lat. 15675 ; 1175.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-ovale/Troyes-ms0028-108v-01.jpg" title="Troyes-ms0028-108v-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-ovale/.Troyes-ms0028-108v-01_m.jpg" alt="Troyes-ms0028-108v-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Troyes-ms0028-108v-01.jpg, mai 2016" /></a>
Bible ; Initiale historiée, Noémi filant ; Troyes - BM - ms. 0028 - fol.108 ; vers 1155-1165.</p>
<h3>Voiles rectangulaires</h3>
<h4>Guimpe drapée</h4>
<p>Un voile porté en guimpe drapée où l'on peut distinguer les angles du voile et où un pan a pu rester libre.</p>
<ul>
<li>33.75% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>9% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>20.5% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-rectangulaire/Tours-ms0924-f16v.jpg" title="Tours-ms0924-f16v.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-rectangulaire/.Tours-ms0924-f16v_m.jpg" alt="Tours-ms0924-f16v.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Tours-ms0924-f16v.jpg, mai 2016" /></a>
Terence, Comédies ;Gnathon, amenant une esclave ; Tours - BM - ms. 0924 - fol.16 ; vers 1100.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-rectangulaire/Dijon-ms0014-158-01.jpg" title="Dijon-ms0014-158-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-rectangulaire/.Dijon-ms0014-158-01_m.jpg" alt="Dijon-ms0014-158-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Dijon-ms0014-158-01.jpg, mai 2016" /></a>
Bible de saint Etienne Harding ; Festin d'Holopherne ; Dijon - BM - ms. 0014 - fol.158 ; vers 1109-1111.</p>
<h4>La guimpe nouée</h4>
<p>La <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee">guimpe nouée est un long voile rectangulaire</a> qui fait plusieurs fois le tour de la tête et passe sous le menton. Elle est fixée par un nœud sur le côté.</p>
<ul>
<li>3% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>3.5% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>3% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p>Sa fréquence augmente à la fin du siècle.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/guimpe-nouee/Le_retour_du_Croise_8866.jpg" title="Le_retour_du_Croise_8866.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/guimpe-nouee/.Le_retour_du_Croise_8866_m.jpg" alt="Le_retour_du_Croise_8866.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Le_retour_du_Croise_8866.jpg, mai 2016" /></a>
Le Retour du Croisé ; 3e quart du XIIe siècle © Musée Lorrain, Nancy.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/guimpe-nouee/man-01.jpg" title="man-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/guimpe-nouee/.man-01_m.jpg" alt="man-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="man-01.jpg, mai 2016" /></a>
Bible de Manerius ; Osée et Gomer ; Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 0009, f. 125v, 1185.</p>
<h4>La guimpe portée en étole</h4>
<p>Long voile rectangulaire, comme la guimpe nouée, il est porté en étole qui fait le tour de la tête et dont les pans semblent se croiser devant la gorge.</p>
<ul>
<li>6.75% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>2% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>4.5% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/echarpe/Paris-BNF-Latin16743-036.jpg" title="Paris-BNF-Latin16743-036.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/echarpe/.Paris-BNF-Latin16743-036_m.jpg" alt="Paris-BNF-Latin16743-036.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Paris-BNF-Latin16743-036.jpg, mai 2016" /></a>
Bible ; BNF, MS Lat. 16743 ; fol.36 ; seconde moitié du XIIe siècle.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/echarpe/Paris-BNF-Latin16745-178v.jpg" title="Paris-BNF-Latin16745-178v.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/echarpe/.Paris-BNF-Latin16745-178v_m.jpg" alt="Paris-BNF-Latin16745-178v.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Paris-BNF-Latin16745-178v.jpg, mai 2016" /></a>
Bible ; Judith et Holopherne ; BNF, MS Lat. 16745 ; fol.178 ; seconde moitié du XIIe siècle.</p>
<h3>Conclusions et perspectives de reconstitution</h3>
<p>Cet article n'est qu'un bref aperçu sur le sujet des coiffes au XIIe siècle, mais il permet d'appréhender l'étendue du travail à réaliser pour mieux cerner la question.</p>
<p>En effet, définir des formes générales est une première étape. Les statistiques que j'ai réalisées rapidement pourraient être affinées. Le statut social des personnages portant chaque coiffe doit également être approfondit ainsi que le contexte. Les textes, même s'ils ne nous permettent pas toujours de relier les descriptions aux représentations, sont une aide utile pour comprendre la manière de porter ces coiffes ainsi que leur usage social.</p>
<p>Enfin, même si j'ai tenté de regrouper les coiffes par forme, dans certains cas, il est difficile de déterminer précisément à quel groupe appartient une représentation. De fait, certains de mes choix sont arbitraires et certaines coiffes pourraient être rattachées à d'autres groupe.</p>
<p>J'ai déjà traité de la guimpe nouée dans deux articles (l'un sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee">les sources</a> et l'autre sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Nouer-sa-guimpe">la manière de la mettre</a>) en tentant d'approfondir de la manière décrite plus haut, de nouveaux articles viendront compléter cette série, le premier à venir étant sur la guimpe ovale qui est la coiffe la plus souvent rencontrée dans cette étude.</p>
Nouer une tresse
urn:md5:d4bc819bb8a114d6c063c75689938bcb
2015-10-24T17:13:00+01:00
2023-04-17T14:37:44+01:00
Hémiole
Techniques
coiffe
<p>En attendant de nouveaux <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?pages/La-saga-des-coiffes" hreflang="fr" title="Coiffes">tutoriel de coiffes</a> (XIIe siècle à venir) voici une petite astuce qui peut servir pour la suite.</p> <p>Plutôt que d'utiliser un élastique (moderne, forcément) qu'il va falloir camoufler. Ou de nouer la tresse avec un cordon qui tiendra maximum 58 secondes montre en main avant de glisser, il suffit de tresser le cordon avec les cheveux pour le rendre solidaire.</p>
<p>Vers la fin de la tresse, prenez le cordon en son milieu, placez chaque bout avec chacun une mèche et tressez-le avec les cheveux.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/tresse/tress-01.JPG" title="tress-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/tresse/.tress-01_m.jpg" alt="tress-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="tress-01.JPG, oct. 2015" /></a></p>
<p>Une fois au bout de la tresse, nouer les deux bouts du cordon autour de la tresse. De cette manière il ne bougera plus.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/tresse/tress-03.JPG" title="tress-03.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/tresse/.tress-03_m.jpg" alt="tress-03.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="tress-03.JPG, oct. 2015" /></a></p>
<p>Si vous prenez un cordon de la couleur de vos cheveux, ce sera tout à fait discret !</p>
Une coiffe XIIe et XIIIe : la guimpe nouée.
urn:md5:01c3a8f93adab340eff7e24ce4009b53
2015-04-15T10:21:00+00:00
2023-04-17T14:38:09+00:00
Hémiole
Costumes
coiffe
guimpe
touaille
XIIe
XIIIe
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mi00750b05a_s.jpg" alt="mi00750b05a.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="mi00750b05a.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>La <strong>guimpe</strong> (<em>ginple</em>, <em>gimple</em>) <strong>nouée</strong> (ou <strong>touaille</strong> -<em>toelle</em>-) est une coiffe drapée et entortillée plusieurs fois autour de la tête qui passe sous le menton. Elle est réalisée dans une grande bande de tissu fin. Elle était utilisée par les paysannes et les servantes pour les travaux physiques mais également pour les voyages. On l'observe sur les sources du troisième quart du XIIe siècle au premier quart XIVe.</p>
<p>Si la guimpe désigne, au cours de la période médiévale y compris au XIIIe siècle différents types de coiffes, nous allons nous intéresser à un seul type d'entre elles : la guimpe liée ou nouée.</p>
<p>Cette coiffe est représentée sur des personnages de la fin du XIIe siècle (bible de Manerius) à la mi-XIIIe (vitraux de la cathédrale de Chartres et bible de Maciejowski).</p>
<p>Dans cette première partie, j'évoquerai la coiffe dans les sources, dans une seconde partie, je présenterai ma routine simple qui permet de draper cette coiffe facilement même sans miroir.</p> <p><ins>Guimpe</ins> : de l'allemand <em>wimpel</em> : bande de tissu (aujourd'hui : fanion).</p>
<p><ins>Touaille</ins> : du francique <em>thwahlja</em> serviette.</p>
<p>La lecture des textes des XIIe et XIIIe siècles, nous révèle que la guimpe peut être portée nouée<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Une scène clé du <em>roman de la rose ou de Guillaume de Dole</em> (Jean Renart, 1210) est particulièrement révélatrice car l'auteur change de terme pour désigner la coiffe de l'Héroïne entre le début et la fin de la scène (quelques pages plus loin) :</p>
<p>Liénor, s’apprête à rencontrer le roi afin de laver son honneur et confondre son accusateur. Elle s'habille avec soin dans ce but, la touche finale étant la guimpe nouée et la ceinture :</p>
<blockquote><p>Por sa gorge parembelir<br />
mist un fermail a a chemise,<br />
ouvré par grande maiestrise,<br />
riche d'or et bel de feture,<br />
basset, et plain doi d'overture,<br />
et si que la poitrine blanche<br />
assez plus n'est noif sor branche<br />
li parut, qui mout l'amenda.<br />
Que q'ele se ceint et lia<br />
de sa guimple et de sa ceinture,<br />
dont li ors de la ferreüre<br />
valoit plus de.xx.v. livres,<br />
li vallés, qui n'est fous ne ivres,<br />
ne s'est en nul lieu delaiez.</p></blockquote>
<p>...</p>
<p>Pendant son trajet, elle croise de nombreux badauds éblouis par sa beauté, encore un détail sur sa coiffe qui découvre son visage :</p>
<blockquote><p>Et savez qui mout l'abeli ?<br />
qu'el ot descovert son visage.</p></blockquote>
<p>...</p>
<p>Enfin, la rencontre avec le roi, en ôtant son manteau, elle accroche par erreur sa coiffe dévoilant ainsi sa chevelure et sa coiffure. Ici la coiffe est appelé touaille :</p>
<blockquote><p>Por l'usage, qui tex estoit,<br />
ele prent dou mantel l'atache ;<br />
que qu'el l'oste dou col et sache,<br />
si l'enconbrasi li mantiaus<br />
qu'ele hurte as premiers cretiaus<br />
qu'ele avoit fet en sa touaille.<br /></p></blockquote>
<p>Si dans ce cas, l'emploi du mot <em>touaille</em> est probablement lié au besoin de rime (le vers suivant se termine par <em>ventaille</em>), on ne peut pas s'empêcher de noter le glissement d'un terme à l'autre entre le début et la fin de la scène.</p>
<p>Jean de Joinville, dans ses chroniques, décrit avec un certain dédain pour ceux-ci, la touaille portée par les bédouins, elle est enturbannée et, de la même manière que dans la coiffe qui nous intéresse, un pan passe sous le menton :</p>
<blockquote><p>Presque tuit sont vestu de seurpeliz, aussi comme li prestre; de touailles sont entorteillées leur testes, qui leur vont par desous le menton: dont laides gens et hydeuses sont à regarder, car li chevel des testes et des barbes sont tuit noir.</p></blockquote>
<p>Dans <em>Erec et Enide</em> de Chrétien de Troyes, la guimpe est utilisée pour le voyage car elle permet de se couvrir le visage afin de le protéger des éléments (mais aussi de la vue !) :</p>
<blockquote><p>Et la dame par grant veisdie,<br />
Por ce qu'ele ne voloit mie<br />
Qu'il la coneüst ne veïst,<br />
Aussi con s'ele le feïst<br />
Por le hasle et por la poudriere,<br />
Mist sa guinple devant sa chiere.</p></blockquote>
<p>Dans <em>Le Conte du Graal</em>, Chrétien de Troyes, la guimpe de la jeune fille qui est utilisée pour faire des bandages :</p>
<blockquote><p>Puis n’avroit garde de morir,<br />
ma dameisele, vostre amis,<br />
qui ceste herbe li avroit mis<br />
sor ses plaies et bien liee.<br />
Mes une guinple deliee<br />
por bien lier i covandroit.<br />
— Je vos baillerai orandroit,<br />
fet cele cui il n’est pas grief,<br />
celi meïsmes de mon chief,<br />
qu’autre n’ai ge ci aportee. »<br />
La guinple a de son chief ostee,<br />
qui mout fu deliee et blanche ;<br />
et messire Gauvains la tranche,<br />
qu’ainsi fere li covenoit,<br />
et de l’erbe que il tenoit<br />
sor totes ses plaies li lie,<br />
et la pucele li aïe<br />
au mialz qu’el set et qu’ele puet.</p></blockquote>
<p>Les représentations de l'époque nous renseignent sur ce que peuvent être ces différentes façons de porter la coiffe :</p>
<p>Une représentation intéressante afin de cerner l'usage du port de cette coiffe se trouve dans les <a href="http://www.medievalart.org.uk/chartres/21_pages/Chartres_Bay21_key.htm" hreflang="en" title="Vitraux de la baie illustrant la vie de St Julien l'Hospitalier">vitraux du chœur de la cathédrale de Chartres :</a>.</p>
<p>On peut se référer à Jacques de Voragine dans <em>La Légende Dorée</em> (1266)<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> pour plus de détails sur la légende de St Julien l'Hospitalier.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.st-ju-11_m.jpg" alt="st-ju-11.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="st-ju-11.jpg, déc. 2014" /></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.st-ju-21_m.jpg" alt="st-ju-21.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="st-ju-21.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Sur le vitrail de la Cathédrale de Chartres, la femme de St Julien porte un touret pendant toute la période antérieure à leur fuite. A partir du moment de leur pénitence, elle porte la guimpe nouée.</p>
<p>Le Retour du Croisé, 3e quart du XIIe siècle © Musée Lorrain, Nancy :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.Le_retour_du_croise-Prieure_de_Belval_m.jpg" alt="Le_retour_du_croise-Prieure_de_Belval.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Le_retour_du_croise-Prieure_de_Belval.jpg, déc. 2014" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.Le_retour_du_Croise_8866_m.jpg" alt="Le_retour_du_Croise_8866.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Le_retour_du_Croise_8866.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Bible de Manerius, Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 0009, f. 125v, 1185
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.man-01_m.jpg" alt="man-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="man-01.jpg, déc. 2014" /></p>
<p><a href="http://www.themorgan.org/collection/crusader-bible/1" hreflang="en" title="Bible de Maciejowsky">Maciejowski Bible ; MS M.638 ; France, Paris 1240s</a></p>
<p>-fol 17v : Boaz rencontre Ruth et des fermiers.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mac-f17v_m.jpg" alt="mac-f17v.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mac-f17v.jpg, déc. 2014" />
-fol4r : Rebebeca présente son Fils Jacob à son père.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mac-f4r_m.jpg" alt="mac-f4r.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mac-f4r.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Gustorf, Eglise Ste Marie de l'assomption, choeur, les 3 femmes au tombeau, 13es :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mi00750b06a_m.jpg" alt="mi00750b06a.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mi00750b06a.jpg, déc. 2014" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mi00750b08a_m.jpg" alt="mi00750b08a.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mi00750b08a.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Images de la vie du Christ et des saints ; Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, NAF 16251 :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.ConsulterElementNum_m.jpg" alt="ConsulterElementNum.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ConsulterElementNum.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Une coiffe similaire semble être portée par les femmes dans ce manuscrit du début du XIVe siècle :
« GUILLAUME DE MACHAU(T), Nouviaus dis amoureus ». volume 1 ; Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 22545 ; fol 72r.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.ms-fr-22545_m.jpg" alt="ms-fr-22545.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="ms-fr-22545.png, mar. 2015" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Voir à ce sujet l'article sur ma <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">proposition de reconstitution d'un costume de brodeuse fin XIIe siècle</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Il y eut encore un autre saint Julien. Celui-là, qui était de famille noble, se trouvait un jour à la chasse, dans sa jeunesse, et poursuivait un cerf, lorsque soudain le cerf, sur un signe de Dieu, se retourna vers lui et lui dit : « Comment oses-tu me poursuivre, toi qui est destiné à être l’assassin de ton père et de ta mère ? » Et le jeune homme, à ces paroles, fut si épouvanté, que, pour empêcher la prédiction du cerf de se réaliser, il s’éloigna secrètement, traversa d’immenses régions, et parvint enfin dans un royaume où il entra au service du roi. Il se conduisit avec tant d’éclat dans la guerre et dans la paix que le roi le créa chevalier, et lui donna pour femme la veuve d’un très riche seigneur. Cependant, les parents de Julien, désolés de sa disparition, erraient à travers le monde, en quête de leur fils, jusqu’à ce qu’ils arrivèrent, un jour, au château qui était maintenant la demeure de Julien. Mais celui-ci, par hasard, n’était pas au château, et ce fut sa femme qui reçut les deux voyageurs. Et quand ils lui eurent raconté toute leur histoire, elle comprit qu’ils étaient les parents de son mari : car celui-ci, sans doute, lui avait souvent parlé d’eux. Aussi leur fit-elle l’accueil le plus tendre, par amour pour son mari ; et elle les fit coucher dans son propre lit. Le lendemain matin, pendant qu’elle était à l’église, voici que Julien rentra. Il s’approcha du lit pour réveiller sa femme ; et, voyant deux personnes qui dormaient sous les draps, il crut que c’était sa femme avec un amant. Sans rien dire, il tira son épée et tua les deux dormeurs. Puis, sortant de la maison, il rencontra sa femme qui revenait de l’église, et il lui demanda, stupéfait, qui étaient les deux personnes qui dormaient dans son lit. Et sa femme lui répondit : « Ce sont tes parents, qui longtemps t’ont cherché ! Je les ai fait coucher dans notre lit. » Ce qu’entendant, Julien pensa mourir de chagrin. Il fondit en larmes, et dit : « Que vais-je devenir, misérable que je suis ? Ce sont mes chers parents que j’ai tués ! J’ai accompli la prédiction du cerf, pour avoir essayé d’y échapper ! Adieu donc, ma douce petite sœur, car je n’aurai plus de repos jusqu’à ce que je sache que Dieu a agréé mon repentir ! » Mais elle : « Ne crois pas, mon frère bien-aimé, que je te laisse partir sans moi ! De même que j’ai participé à ta joie, je participerai à tes douleurs ! » Ainsi, s’enfuyant ensemble, ils allèrent demeurer au bord d’un grand fleuve dont la traversée était pleine de périls ; et là, tout en faisant pénitence, ils transportaient d’une rive à l’autre ceux qui voulaient traverser le fleuve. Et ils les recueillaient dans un hôpital qu’ils avaient construit. Et, longtemps après, par une nuit glaciale, Julien, qui s’était couché accablé de fatigue, entendit la voix plaintive d’un étranger qui lui demandait de lui faire traverser le fleuve. Aussitôt, se levant, il courut vers l’étranger, à demi mort de froid ; et il l’emporta dans sa maison, et alluma un grand feu pour le réchauffer. Puis, le voyant toujours glacé, il le porta dans son lit et le couvrit avec soin. Or voici que cet étranger, qui était rongé de lèpre et répugnant à voir, se transforma en un ange éclatant de lumière. Et tout en s’élevant dans les airs il dit à son hôte : « Julien, le Seigneur m’a envoyé vers toi pour t’apprendre que ton repentir a été agréé, et que ta femme et toi pourrez bientôt vous reposer en Dieu. » Et l’ange disparut, et, peu de temps après, Julien et sa femme s’endormirent dans le Seigneur, pleins d’aumônes et de bonnes œuvres.</p></div>
Un costume de bourgeoise vers 1490
urn:md5:3274dfdc4f858cfa1f0ea4867667cee4
2015-03-17T10:03:00+00:00
2023-04-17T14:38:17+01:00
Hémiole
Costumes
chemise
coiffe
cotte
Dürer
gefrens
postiche
XVe
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/.robe-01_s.jpg" alt="robe-01.JPG" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="robe-01.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>Le costume présenté est celui d'une bourgeoise allemande à la fin du XVe siècle d'après un tableau et une gravure d'Albrecht Dürer. Cependant, ce type de vêtement est couramment représenté dans les tableaux et enluminures germanique de la fin du XVe siècle et du début du XVIe siècle.</p> <p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/sources/durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50_.jpg" title="durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50_.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/sources/.durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50__m.jpg" alt="durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50_.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50_.jpg, avr. 2013" /></a>
<em>Albrecht Dürer ; Portrait de femme aux cheveux relevés ; 1496-1498 ; Huile sur toile, 56,5 x 42,5 cm. Staatliche Museen zu Berlin, Berlin.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/sources/.Mss.h.h.I.3-f58_m.jpg" alt="Mss.h.h.I.3-f58.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Mss.h.h.I.3-f58.jpg, mar. 2015" />
<em> Amtliche Berner Chronik, vol. 3 ; Bern, Burgerbibliothek, Mss.h.h.I.3 ; fol.58 ; Berne · 1478-1483</em></p>
<h2>Sous vêtements</h2>
<h3>Chemise</h3>
<p>La chemise est réalisé dans une toile de lin fin. Cette chemise, très ample, et largement froncée au col et aux poignets présente déjà une des formes spécifique aux chemises de la renaissance.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/chemise-02.JPG" alt="chemise-02.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="chemise-02.JPG, mar. 2015" /></p>
<h2>Robe</h2>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/robe-02.JPG" alt="robe-02.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="robe-02.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>La cotte est réalisé dans un drap de laine orangé, tissé en sergé 2/2. Elle est réalisée en 2 parties devant et derrière qui s'évasent à partir de la taille. Deux godets devant et derrière ajoute encore de l'ampleur.</p>
<p>Ces deux godets, qui démarrent sous la poitrine sont plissés et renforcés de cordes jusqu'à la taille. La corde permet de conserver le volume des plis et de renforcer cette partie.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/.plis_m.jpg" alt="plis.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="plis.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>La cotte est fermée sur le devant par un lacet en soie<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> passant dans des crochets métalliques<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/.crochets_m.jpg" alt="crochets.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="crochets.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>Le décolleté est très profond et en pointe. Deux boutons<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> en métal sont cousus sur le haut du décolleté et permettent au moyen d'un lacet de le retenir lorsque la cotte n'est pas fermée bord à bord (comme sur bon nombre de représentations de ce genre de cotte).</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/.boutons_m.jpg" alt="boutons.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="boutons.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>Les manches ont des emmanchures très serrée. Elles sont fendues sur l'arrière sur presque toute la longueur et une série d’aiguillettes passées dans des œillets permet de les maintenir fermées tout en laissant apparaître les manches amples de la chemise.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/robe-01.JPG" alt="robe-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="robe-01.JPG, mar. 2015" /></p>
<h2>Coiffe et coiffure</h2>
<h3>Coiffure</h3>
<p>La coiffure est réalisée sur une base de tresses remontées de chaque côté sur les oreilles. Sans postiche, cette coiffure est bien moins imposante que celle du tableau de Dürer, mais certaines enluminures nous montrent cette coiffure réalisée sans doutes avec seulement les <em>vrais</em>cheveux.</p>
<p>Pour agrémenter la coiffure, un galon de soie, tissé aux tablettes est ajouté. Ce galon présente une sorte de <em>frange</em> sur l'arrière (portée sur la nuque). Cette coiffure est appelée <em>gefrens</em><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>Un postiche et un voile sont en préparation.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Cordonnet de soie teinté à la garance :<a href="http://www.atelierdemicky.com/index.php" hreflang="fr"> l'Atelier de Micky</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Crochets fabriqués par <a href="http://www.labortemporis.com/">Labor temporis</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Boutons fabriqués par <a href="http://www.labortemporis.com/">Labor temporis</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Ce terme semble être un terme spécifique Allemand du moyen âge, si quelqu'un connait un équivalent français ou une traduction possible, n'hésitez pas à m'en faire part !</p></div>
Un costume de "fausse" courtisane vers 1250
urn:md5:1f188a9a7930e8a820b927b63f350272
2013-02-07T15:21:00+00:00
2023-04-17T14:40:04+00:00
Hémiole
Costumes
broderie
coiffe
cotte
Maciejowski
Ste Claire
touret
XIIIe
<p>Le costume présenté, daté vers 1250 est une proposition de reconstitution d'une <em>imitation</em> de costume noble. Le <em>courtisan</em> à cette époque est une personne évoluant dans la cour, il n'a pas le sens péjoratif que nous pouvons lui donner aujourd'hui. Il s'agit donc d'un costume de <em>fausse</em> courtisane dans la mesure où il s'agit d'une tentative de montrer par une richesse démesurée un rang supérieur dans la société.</p>
<p>En effet, la grande ampleur de la cotte, sa traine et ses décorations en font un vêtement plutôt exceptionnel. Cependant, le tissu et certaines matières utilisées (perles en nacre et non perles naturelles) montrent que la réalisation est au dessus des moyens réels du porteur.</p>
<p>Très fort marqueur social, le costume pouvait en effet essayer de faire passer son porteur pour plus riche qu'il n'était (et cette tendance a largement perduré au cours des siècles, bien au delà du Moyen-âge) c'est à ce genre de comportement que nous devons beaucoup de lois somptuaires : règlements qui déterminent ce qu'il est bienséant de porter selon son rang, sa richesse. Si les questions de morale liées au costume nous sont parvenus et que la bataille des représentations semble avoir été gagnée par ces moralistes, le fait que certaines garde-robes aient contenu plus que nécessaire semble indéniable. Les plus difficile lorsque l'on tente de proposer une reconstitution est de déterminer dans quelle mesure le vêtement ne respectait pas les codes et où précisément se situaient les infractions.</p>
<p>La pièce principale de ce costume, la cotte a été réalisée d'après la tunique de Ste Claire dans une approche d'étude et de compréhension des artefacts qui nous sont parvenus.</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/courtisane/.coud_m.jpg" alt="coud.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="coud.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Tenue portée lors de la reconstitution de la bataille de Muret</em></p>
<h2>Tunique de Ste Claire</h2>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/courtisane/sources/.ste-claire-autel_m.jpg" alt="ste-claire-autel.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ste-claire-autel.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Panneau peint représentant Ste Claire, daté de 1280.</em></p>
<p>La tunique est réalisée d'après les relevés de la tunique de Ste Claire. Conservée à Assise, cette tunique est réalisée dans une laine brune. C'est la robe d'une clarisse, ordre <em>pauvre</em> fondé par Ste Claire. Cependant Ste Claire était issue de famille noble. Par sa forme, sa tunique ample te longue reste conforme aux canons de l'époque et aux représentations. Elle est donc intéressante dans l'étude des attributs qui rendent un costume non conforme à son rang.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/sources/xti_0838p.jpg" alt="xti_0838p.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="xti_0838p.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Tunique et manteau de Ste Claire conservés à Assise.</em></p>
<h3>Tissu</h3>
<p>La cotte est réalisée dans une soie de très basse qualité et doublée de lin. La robe est réalisée selon les canons de mode les plus élégants mais dans un tissu qui laisse apparaître une richesse moindre.</p>
<p>La question de la présence de soieries de basse qualité, notamment fabriquée avec les déchets des cocons, en occident est récurrente. Voici un petit point sur les références que j'ai pu réunir à ce sujet :</p>
<p>La première mention de soie tissée à partir de déchets de filature est byzantine et date du Xe (un texte décrivant le détail du trousseau d'une jeune femme modeste) elle se nomme <em>koukoularikon</em>.</p>
<p>Avant le XIIIe siècle, les soieries étaient importées. Mais, loin de se limiter aux étoffes les plus chères, le commerce de la soie était très répandu et très lucratif. En effet, facile à transporter (ça ne casse pas), les auteurs ayant étudié ces échanges laissent entendre que les chargements contenaient plusieurs qualités de soies ainsi que de la soie brute (elle était filée et tissée en France avant d'y être cultivée).<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>Au XIIIe siècle, la fabrication de la soie s'implante en occident. D'abord en Italie et en Espagne puis assez rapidement dans le sud de la France. Il semblerait qu'à cette période, le Languedoc soit spécialisé dans la production de soieries de moindre qualité<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Une relique datée du XIIIe siècle, provenant de Comps-sur Artuby (Var) est une étoffe tissée avec les déchets des cocons de soie<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Pour conclure à partir de ces exemples de fragments de soie tissée à partir de déchets, la dispersion dans le temps (10eme au 14eme), les régions (Byzance, Venise, Provence, Anatolie) et des milieux sociaux et culturel différents tendraient à prouver que les soies de second choix sont assez largement diffusées.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></p>
<h3>Coupe</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/sources/macie-01.jpg" alt="macie-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="macie-01.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Bible de Maciejowki, f. 29R : David ramène la tête de Goliath est accueilli par des femmes chantant.</em></p>
<p>La cotte a été taillée d'après le relevé de la tunique de Ste Claire <a href="http://www.personal.utulsa.edu/~marc-carlson/cloth/clara.htm" hreflang="en" title="Relevé de la tunique de Ste Claire">proposé par Marc Carlson</a>. Il s'agit d'une robe, très longue, ample et présentant 6 godets latéraux (3 de chaque coté) :</p>
<ul>
<li>le premier partant de l'épaule sur l'arrière de la robe,</li>
<li>le deuxième s'insérant sous le gousset de la manche,</li>
<li>le troisième devant démarre sous l'emmanchure.</li>
</ul>
<p>Les godets latéraux sont cousus de sorte à projeter le volume et l'ampleur vers l'arrière : droit fil contre biais, le biais étant toujours cousu vers l'arrière du vêtement. Tout comme sur la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230">tunique de Ste Élisabeth</a>, aucun godet central n'est présent. Cependant, avec 6 godets latéraux, l'ampleur est largement suffisante.</p>
<p>Conformément à certaines représentation (voir bible de Maciejowski) la cotte présente une traine de 60cm environ sur l'arrière. Elle est le reflet de la mode de l'époque qui affiche sa richesse au travers des grandes quantités de tissu nécessaire à la réalisation d'une pièce de vêtement. Cette extravagance est fortement dénoncée et sera bien souvent règlementée au travers des lois somptuaires.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup></p>
<p>L'encolure est ronde, sans amigaut.</p>
<p>Les manches sont évasée à l'emmanchure et très resserrées aux poignets : il faut les coudre directement sur la personne pour pouvoir les refermer. Cette particularité des robes du XIIIe siècle nous est parvenue au travers de textes littéraires. On observe cependant des boutons aux poignets sur certaines représentations.</p>
<p>Le patron des manches en 4 parties est très économique en tissu : une parie pour le corps principal, qui se resserre aux poignets, deux triangles ajoutés en haut de la manche pour donner son ampleur à l'emmanchure et se termine sous le coude pour y donner l'aisance. Un petit gousset s'insérant dans un des godet latéral permet, non pas d'augmenter l'aisance comme sur certains modèles (celle-ci n'en n'a pas besoin), mais de <em>gommer</em> la jonction manche-corps : la manche s'insère ainsi dans le corps de la robe sans démarcation nette.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/deff.jpg" alt="deff.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="deff.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Cotte portée pour jouer de la musique : on observe que la manche s'intègre au corps sans démarcation nette. Techniquement, la manche s'insère au niveau de la ceinture.</em></p>
<h3>Décorations</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/broderie.jpg" alt="broderie.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="broderie.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Détail des broderies : les bandes de taffetas sont appliquée sur la robe au point de boulogne réalisé en soie blanche.</em></p>
<p>Des bandes brodées sont ajoutées à l'encolure et aux poignets. Ces bandes sont en taffetas de soie brodé de soie et de perles en nacre.</p>
<p>Ces broderies peuvent sembler excessives pour la période, l'iconographie du costume féminin au milieu du XIIIe siècle n'en montrant que très rarement. L'usage de broderies voyantes est même moqué dans certaines textes<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup>. Cependant, des représentations<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> nous laissent deviner quelques décorations sur les vêtements de la noblesse, mais uniquement aux poignets. L'ajout d'une bande brodée à l'encolure témoigne ici de la volonté d'afficher plus de richesse que les codes en vigueurs ne le suppose. Quoi qu'il en soit le choix de l'emplacement de ces bandes brodées : aux poignets et au col est fait dans le but de souligner et mettent en valeur deux éléments de la féminité et de la sexualisation du costume XIIIe féminin : les mains et le cou.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/Robe-temp/finition-bas-temp-01.JPG" alt="finition-bas-temp-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="finition-bas-temp-01.JPG, janv. 2013" />
<em>Bas de la robe : le cordon tissé à même se positionne sur la tranche de la robe réalisant la jointure entre le dessus et la doublure.</em></p>
<p>Les ourlets de la cotte sont remplacés par un cordon de soie tissé à même. Ce type de finition, très fréquent sur les vêtements de l'époque ajoute une touche décorative ainsi qu'une finition très propre à l'ensemble : le bas n'est ni alourdi ni épaissi par un ourlet cousu.</p>
<h2>Coiffe</h2>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/07/19/31-le-touret-et-la-barbette">La coiffe est un touret en lin</a>. Assez bas et sans plis, il est porté sur une simple tresse. Le touret se porte de différente manières à l'époque. Si le touret en lui même est un marqueur social, la manière de le porter l'est également. La barbette (bande de tissu passant sous le menton) il est probablement une coquetterie de femme cherchant à masquer les marques de l'âge (double menton ...), de même qu'un bonnet blanc plus covrant peut être porté sur une chevelure grisonnante.</p>
<p>Le touret est une coiffe noble ou riche. L'exemple illustrant le mieux ceci est la vie de <a href="http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/vitrail_vie_st_julien_hospitalier/index.htm" hreflang="fr" title="Vitraux de Chartres : la vie de St Julien l'Hospitalier">St Julien l'Hospitalier sur les vitraux de la Cathédrale de Chartres</a> : D'extraction noble, la mère puis la femme de St Julien portent le touret, jusqu'à ce qu'il fasse pénitence, vœux de pauvreté, sa femme porte alors une guimpe.</p>
<p>Ici, il est porté sur cheveux tressés. En effet sur les scènes de fêtes et de musique, les femmes (probablement jeunes) représentées sont <em>coiffées</em> mais la chevelure n'est pas dissimulée.</p>
<h2>Conclusion et perspectives</h2>
<p>Si, dans le texte du conte moral Helmbrecht le fermier, le costume décrit est décoré de manière quasi invraisemblable :</p>
<blockquote><p>Jamais sur une caboche paysanne on ne vit coiffure plus riche que celle d'Helmbrecht. Près de l'oreille droite du rustre, était brodé sur le bonnet le siège subi par Troie quand le téméraire Pâris eut ravi l'épouse des Grecs. <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/..." title="...">...</a> et devant, sur les épaules, on y voyait une danse de broderie de soie brillante. Et ailleurs encore une floraison d'alouettes et d'éperviers d'or <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/..." title="...">...</a>.</p></blockquote>
<p>il ne faut pour autant pas prendre cette description au pied de la lettre. On le voit, loin de proposer un vêtement tout à fait excentrique et très éloigné des représentations qui nous sont parvenues, c'est dans les détails (emplacement, nature des décorations, qualité du tissu) qu'il faut chercher les marques sociales du vêtement et leurs transgressions.</p>
<p>Ce costume est à mettre en perspective avec un autre costume mi-XIIIe, de la noblesse, respectant les codes qui sera présenté ultérieurement. Enfin, pour compléter cette série de costumes féminins du XIIIe siècle n’hésitez à lire l'article sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode féminine au XIIIe siècle</a>, qui propose un tour d'horizon de la mode et les difficultés à proposer des reconstitution cohérentes et complète de costumes.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] David Jacoby, Silk economoics and Cross-cultural Artistic Interaction : Byzantium, the Muslim World, and the Christian West, 2004, Dumbarton Oaks Papers 58, pp. 197-240.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] S. Desrosiers ; Draps d'Areste (II). Extension de la classification, comparaisons et lieux de fabrication ; Techniques & culture, juil.-déc. 1999, 34 : Soieries médiévales.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] D. Cardon ; Silk for saint Andrew : newly discovered relic wrappings from mountain churches in the south of France ; Textilien aus Archäologie und Geschichte , pp. 209-213 ; 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] D. Jacoby ; voir ci-dessus.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] S. G. Heller ; Sumptuary Legislation in France, Languedoc and Italy. </p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] par exemple dans Helmbrecht le fermier, conte moral ; G. Bartholeyns ; L'enjeu du vêtement au Moyen âge ; Le corps et sa parure ; SISMEL - EDIZIONI DEL GALLUZO ; 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] La statue en pied polychrome d'Ute de Ballenstedt, Cathédrale de Naumburg ou le portrait de Bernard V de Moreuil dans le livre d'heures de Yolande de Soisson ; The Pierpont Morgan Library, ms. 729, fol. I v. ou encore le portrait de Blanche de Castille dans la bible moalisée, The pierpont Morgan Library, MS M.240 (fol. 8)</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] C. Casagrande, S. Vecchio ; Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge ; Aubier ; 2003.</p></div>
La mode féminine au XIIIe siècle : aperçu et perspectives de reconstitution
urn:md5:8f575a036f16f43b594eb444b725a0a8
2012-12-29T15:23:00+00:00
2023-04-17T14:40:12+00:00
Hémiole
Costumes
aumônière
coiffe
costumes historique
cotte
Maciejowski
manteau
surcot
touret
XIIIe
<p>Entre l'excentricité de la mode du XIIe siècle fortement influencée par l'orient et Byzance et la révolution de la mode au XIVe siècle qui dévoile de multiples façons un corps modelé<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, le XIIIe siècle est souvent considéré comme une période de non mode. Une période où la parure serait absente des considérations de la haute société. C'est dû en grande partie au règne de Louis IX, St Louis, réputé pieux et austère (ceci au travers des témoignages de ses contemporains<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>) et l'on obtient le parfait cocktail pour une méconnaissance de la mode et des usages vestimentaires.</p>
<p>Alors le XIIIe siècle, règne du sac à navets ou de l'élégance ? Au delà de cette question de <em>look</em>, ce sujet nous amène également à nous interroger sur la démarche de reconstitution du costume au XIIIe siècle.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Odile Blanc ; Parades et parures, L'invention du corps de mode à la fin du Moyen Age ; Gallimard ; 1997.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Voir le témoignage de Jean de Joinville lors de la pentecôte à Corbeil.</p></div>
<p>Si réaliser, proposer ou reconstituer un costume d'une période donnée n'est pas faire ou écrire l'histoire du costume (puisque l'on se place dans le cas particulier, que le costume se veuille représentatif ou non), il faut néanmoins connaître un minimum cette histoire et au delà des formes et des silhouettes du costume, comprendre les usages et la sociologie du vêtement<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h2>Contexte économique, social, historique et politique</h2>
<p>Nous n'allons pas ré-écrire l'histoire du XIIIe siècle. Le XIIIe siècle est souvent considéré comme une période stable et florissante du Moyen Age. Citons le développement des cathédrales, des universités, des villes nouvelles. On pourrait s'attendre en parallèle à une explosion vestimentaire, une transposition dans la mode de cet <em>âge d'or</em>. Ce n'est pourtant pas ce qui saute aux yeux dans les représentations du vêtement.</p>
<h3>Et le textile dans tout ça ?</h3>
<p>La fin du XIIe siècle a vu une première révolution industrielle<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Le textile a même fait sa révolution vers 1165. La draperie (tissu de laine) a connu un essor à cette période et constitue toujours le textile le plus utilisé à cette période<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Les tissus luxueux, comme les soieries, sont importées massivement, du moyen-orient, mais également d'Italie et d'Espagne qui développent les ateliers copiant les techniques orientales. On retrouve ces tissus dans les foires de Champagne.
Le travail de la soie fait également ses premiers pas en France. La sériciculture apparait au XIIIe siècle en Ardèche et des ateliers de tissages sont implantés dans le Languedoc (Montpellier et Alès).<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></p>
<h2>Observations : l'iconographie du costume féminin</h2>
<h3>L'enluminure</h3>
<p>Les enluminures nous apportent une vision très uniforme de la mode de la haute société du XIIIe siècle, que l'on observe les costumes de l'inévitable bible dite de Maciejowski ou d'autres manuscrits (Vie de St Louis ...), se sont des cottes amples et longues, unies sans décorations apparentes hormis des liserés blanc, parfois interprétés comme des broderies ou des signes de doublures, mais qui ne sont probablement que des rehauts de peinture.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/abigail-1.jpg" alt="abigail-1.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="abigail-1.jpg, fév. 2013" />
<em>Bible de Maciejowski. The Pierpont Morgan Library MS M.638 fol. 33v. Abigaëlle rencontre David.</em></p>
<p>La première chose que l'on remarque sur cette enluminure, c'est la silhouette du personnage : allongée, elle n'est interrompue que par les plis formés à la taille et l'amas de tissu (la traine) qui repose sur le sol.</p>
<p>La seconde chose notable est la quasi absence de décorations : au plus un fermail pour orner la cotte, une ceinture longue, une aumônière et le double cordon qui maintient le manteau.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/liseres.jpg" alt="liseres.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="liseres.jpg, fév. 2013" />
<em>Bible de Maciejowski. The Pierpont Morgan Library MS M.638 fol.13v. Compagnes de la fille de Jephté. On note des liserés blancs le long des encolures et des poignets.</em></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/27.jpg" title="27.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/.27_m.jpg" alt="27.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="27.jpg, janv. 2013" /></a>
<em>Carnets de Villard de Honnecourt, MS. 19093 Français, BNF.</em></p>
<p>Sur ce dessin, c'est la quantité de plis qui ressort : chaque pièce de la <em>robe</em> en présente de nombreux, des manches au manteau, tout semble plissé, fluide. Encore une fois, aux pieds, un lourd amas de tissu ancre la silhouette.</p>
<h3>La statuaire</h3>
<p>La statuaire de l'époque nous propose une autre vision, en 3 dimensions cette fois bien qu'il nous manque encore une information primordiale dans la plupart des cas : la couleur. Cependant, ces représentations nous offrent une bonne vision des plis, des volumes et des drapés.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/.ThreeWiseVirginsMagdeburg_m.jpg" alt="ThreeWiseVirginsMagdeburg.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ThreeWiseVirginsMagdeburg.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Magdeburg : les vierges sages.</em></p>
<p>Les vierges sages nous montrent en 3 dimensions ces même silhouettes épurée. La quantité de plis, loin de masquer le corps l'habille et le met en valeur : la poitrine ainsi que les hanches sont soulignés par les plis.
La décoration est encore ici cantonnée aux accessoires : fermaux, ceintures, attaches de manteau. Néanmoins, les statues de la même région ayant conservé leur polychromie nous offrent un spectacle bien moins austère : couleurs vives et contrastées.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/reglindis-01.jpg" alt="reglindis-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="reglindis-01.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Naumburg, Reglindis.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/.Tentateur_et_vierge_folles_m.jpg" alt="Tentateur_et_vierge_folles.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Tentateur_et_vierge_folles.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Strasbourg, Tentateur et vierges folles.</em></p>
<p>Ici, les vierges folles montrent des corps déhanchés, presque dévoilé et ce, malgré les cottes amples et plissées. La fluidité des vêtements accentue cette mise en scène que l'on retrouve décrite chez certains moralistes critiquant la gestuelle des femmes cherchant à séduire<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<h3>Conclusions provisoires</h3>
<p>On l'a vu, loin de créer une masse informe les représentation du costume féminin du XIIIe siècle nous montrent une silhouette fluide et dynamique. Si le corps en lui même n'est pas mis en valeur de manière évidente (le corps n'est pas moulé, n'est pas formé par ces vêtements), on note malgré tout une mise en scène corporelle faisant appel à un certain sens esthétique. La robe du XIIIe siècle ne relève ni d'une non-mode, ni d'un vêtement qui cache le corps : elle dévoile subtilement une silhouette en mettant en valeur quelques éléments essentiels et bien choisis de la féminité.</p>
<h2>Informations complémentaires apportées par les textes</h2>
<p>Les textes de l'époque peuvent renseigner à divers degrés sur la mode de l'époque. Si, dans la discipline de l'histoire du vêtement, les inventaires règnent en maître, les autres formes de textes nous offrent des renseignements tout à fait appréciable lorsqu'il s'agit de proposer des re-créations de costumes historiques. Ces genres littéraires sont les romans et chroniques, les textes des moralistes et les lois somptuaires.</p>
<h3>Les romans</h3>
<blockquote><p>Un roman courtois au XIIe siècle était, dans une certaine mesure, une chronique de mode ; on attendait de lui la description de robes de grand luxe et de chefs-d'œuvre de haute couture.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup></p></blockquote>
<p>On le comprend facilement, les romans et les chroniques nous offrent une vision très <em>idéalisée</em> du costume. Si l'on regarde de près les romans et poèmes de l'époque, la plupart des protagonistes portent sur eux l'équivalent de plusieurs cadeaux diplomatiques ! Samit et brocard semblent être la norme. Bien entendu, on ne peut en tirer aucune conclusion généraliste, cependant, ces textes nous renseignent sur ce qui fait la mode à un instant.</p>
<p>Par exemple, dans les textes du XIIe siècle, la coupe du vêtement est mise à l'honneur<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> alors qu'au XIIIe les romans mettent en avant la qualité et la quantité de tissu utilisé pour leur confection<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>. De cette comparaison on peut déduire que la mode <em>informe</em> du XIIIe siècle est plus liée à une mode consistant à se parer de la plus grande quantité de tissu de qualité possible plutôt qu'à une <em>non mode</em> qui consisterait à cacher son corps.</p>
<p>Ce fait semble être confirmé part l'étude de certaines lois somptuaires.</p>
<h3>Les lois somptuaires</h3>
<p>Là encore, ces textes sont difficiles à utiliser dans le cadre d'une étude généraliste du fait de leur très forte localisation (Ces lois sont généralement applicable à une ville seulement). Cependant, elles peuvent nous aiguiller de plusieurs manières :</p>
<p>D'une part en nous indiquant encore une fois, où se situe l'objet de mode. Une étude sur les lois somptuaires<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup>, met en lumière que, contrairement aux lois somptuaires européennes plus tardives qui s'intéressent au type de vêtement, ces lois déterminent essentiellement la quantité de tissus pour un vêtement ainsi que le coût des tissus que les personnes de différents statuts peuvent porter.</p>
<p>D'autre part, en mettant en lumière des détails vestimentaires qui échappent par leur taille aux représentations (usage de perles dans les décorations, par exemple).</p>
<h3>Les moralistes</h3>
<p>Les textes des moralistes et les prédications peuvent renseigner sur l'usage et la mode d'un moment. Ces textes, de par leur vocation, ont parfois tendance à l'exagération (voir les critiques sur les traines exagérées qui nettoient les ordures). Mais ils mettent en lumière ce que les représentations gardent dans l'ombre (nous verrons plus loin des exemples concret de cette distorsion).</p>
<h2>Apport de l'archéologie</h2>
<p>Des vêtements datés du XIIIe siècle nous sont parvenus. Ils sont généralement plus instructifs d'un point de vue technique que d'un point de vue de l'histoire de la mode. En effet, leur nombre ne permet pas de tirer de grandes conclusions mais peut permettre de valider une théorie ou d'affiner la connaissance technique. D'un point de vue de la reconstitution, ils sont donc très précieux puisque nous pourront ré-utiliser les informations fournies de manière pratique.</p>
<p>Les vêtements retrouvés nous offrent un aperçu de la technique des tailleurs : comment étaient-ils coupés ? Comment étaient-ils assemblés ? De là, nous pouvons déduire la mécanique du vêtement : comment réaliser un drapé à la fois fluide et structuré ? La tunique de Ste Claire nous renseigne<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-10" id="rev-wiki-footnote-10">10</a>]</sup>.</p>
<p>Mais on peut également affiner des points de détails grâce à la connaissance de ces vêtements. Revenons sur les liserés blancs observés sur les enluminures. Il s'agit très vraisemblablement technique de peintre pour rehausser le dessin. Cependant, on note sur les vêtements conservés plusieurs types de finitions. Les ourlets peuvent être cousus sur l'endroit, ils peuvent être réalisés avec des points de couture décoratifs (couchure, points avant ...) ou même remplacés par des galons tissés à même<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-11" id="rev-wiki-footnote-11">11</a>]</sup>. Bien que les liserés observés sur les enluminures ne doivent pas être <em>surinterprétés</em>, il est possible de faire un vêtement qui en présentent d'après des sources fiables et non interprétables, il ne s'agit pas alors de reproduire fidèlement une observation faite à partir d'une peinture mais d'appliquer les techniques de finition attestées par l'archéologie.</p>
<h2>Exemples concrets</h2>
<p>J'ai choisi d'illustrer ce bref aperçu de la mode féminine au XIIIe siècle par deux exemples concrets des limites auxquelles nous sommes confrontés. Ces faits de mode qui nous ont été transmis au travers de témoignages écrits mais nous ne disposons pas, à ma connaissance de représentation. Comment les interpréter ? Faut-il les intégrer dans une démarche de reconstitution ?</p>
<h3>Guimpes safranées</h3>
<p>Plusieurs témoignages évoquent les <em>guimpes safranées</em>. Nous allons revenir dessus, mais tout d'abord intéressons-nous à ce que ce terme désigne.</p>
<p>La guimpe est une coiffe féminine entourant le visage, elle couvre généralement le cou et le menton. Le safran, est une épice importée du Moyen-Orient qui peut être utilisée en teinture. Elle donne un jaune <em>safran</em>, c'est une teinture fort chère qui connaîtra des imitations moins onéreuse.</p>
<p>Une <em>guimpe safranée</em> serait donc une coiffe entourant le visage teinte en jaune. Les représentations de coiffes féminines (de guimpes en particulier) sont blanches à cette époque. Où sont donc les <em>guimpes safranées</em> ?</p>
<p>Deux types de textes mentionnent cette mode :</p>
<p>Le premier est le dit du mercier (v.15) qui, au milieu d'une énumération de tout un tas d'accessoires destinés à la parure féminine :</p>
<blockquote><p>J'ai les guimples ensaffrenees</p></blockquote>
<p>Le second est le <em>sermon sur les vierges</em> d'Etienne Langton qui critique les femmes qui s’enorgueillissent de leur voile teint au safran alors que celui-ci leur a été donné en signe de péché.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-12" id="rev-wiki-footnote-12">12</a>]</sup></p>
<p>La nature différente de ces deux témoignages nous donne une bonne idée des forces qui s'opposaient en ce qui concerne la mode et la parure. En outre, le fait que ces deux textes soient de nature si opposée nous donne une certaine confirmation de l’existence de ces guimpes colorée qu'il eut été difficile de cerner avec une source d'une seule nature. Accessoire pour coquette sur l'étal du mercier qui en fait <em>l'article</em> et accessoire d'orgueil indigne de se retrouver dans un lieu de culte pour le sermonneur. On comprends mieux alors, pourquoi les manuscrits ne nous montrent pas ces voiles colorés !</p>
<p>La question demeure : peut-on reproduire cet accessoire, qui n'est jamais représenté ? Techniquement : oui. Nous savons quelle est la forme de cet accessoire et nous connaissons la technique de teinture. Il est donc possible de re-créer ce vêtement de manière crédible. Nous nous serons, dans ce cas éloigné des représentations habituelles et il sera difficile de justifier par l'image, comme nous le faisons souvent, cette particularité.</p>
<h3>Décolletés</h3>
<p>Le deuxième exemple que j'ai choisi pour illustrer ces limites est celui du décolleté. Les représentations de robes découvrant le cou et la gorge ne datent que du deuxième tiers du XIVe siècle. Cependant, les premières mentions de cette mode sont plus anciens.</p>
<p>Ainsi, vers, 1270, dans le célèbre <em>Roman de la rose</em>, Jean de Meung décrit le décolleté comme une des armes féminines dans les stratégies de séductions :</p>
<p>(v.13313 à v.133218)</p>
<blockquote><p>S'ele a beau col e gorge blanche,<br />
Gart que cil qui sa robe trenche<br />
Si tres bien la li escolete<br />
Que la char pere blanche e nete<br />
Demi pié darriers e devant,<br />
S'en iert assez plus decevant.<br /></p></blockquote>
<p>Bien sûr le texte de Jeand de Meung est à la fois grivois et misogyne mais il a également une vocation encyclopédique sur l'art de la séduction<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-13" id="rev-wiki-footnote-13">13</a>]</sup>. De fait, il est difficile de classer cette évocation du décolleté dans un contexte social bien identifié. Comment toucher la réalité de ce décolleté ?</p>
<p>60 ans écoulés entre ce texte et es premières représentations. 60 ans et une révolution dans la mode.</p>
<p>Même question que précédemment : peut-on reproduire cette mode même sans représentation ? A moins de le réaliser au hasard ou de se baser sur des représentations de robes d'une époque où elles sont radicalement différentes, la réponse est non. Dans ce cas, la limite qui s'impose à une réalisation est bien celle de la représentation.</p>
<h2>Conclusion</h2>
<blockquote><p>C'est dire si un vêtement, dès lors qu'il n'est plus porté ni pris en charge par un discours, autrement dit objet d'une représentation, cesse de
signifier autre chose qu'une pièce d'étoffe dont seule l'analyse technique, en effet, peut rendre compte. Ce constat devrait nous amener à
réfléchir, d'une part, sur notre actuelle manie de la reconstitution, qu'elle opère dans la muséologie comme dans le cinéma, dont l'efficacité est
pour le moins problématique.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-14" id="rev-wiki-footnote-14">14</a>]</sup></p></blockquote>
<p>Difficile de trouver la solution pour évoquer de manière crédible la mode de cette époque. Comme nous l'avons vu, au delà de la codification, les représentations à notre disposition semblent réellement souffrir d'une forte censure et certains détails sont donc hors de portée d'une évocation sérieuse.</p>
<p>Pour autant, dans le cadre de l’évocation de la vie au XIIIe et, qu'elle opère dans la muséologie ou dans le spectacle, il faut continuer à chercher des solutions crédibles et améliorer le rendu des costumes de cette période. Ceci ne peut se faire que dans le cadre d'une démarche rigoureuse, qui ne se laisse pas piéger par les diverses illusions citées par Odile blanc dans son article<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-15" id="rev-wiki-footnote-15">15</a>]</sup> :<br />
L'illusion descriptive, l'illusion nominale, l'illusion narrative, l’illusion figurative et l'illusion matérielle.</p>
<p>Il est d'autant plus important de ne pas s'en tenir à la première impression que nous laissent les représentations. Loin de l'effet <em>sac à navet</em> qui consisterait en une absence totale de sens esthétique, l'élégance des drapés demande une fine analyse et un travail minutieux de confection<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-16" id="rev-wiki-footnote-16">16</a>]</sup> ainsi que le choix de matières adaptées.</p>
<p>Il faut cependant garder à l'esprit que certaines subtilités et certains usages nous resteront inconnus jusqu'à de nouvelles découvertes. Proposer un vêtement d'après les textes sans avoir une seule représentation de ce qu'ils décrivent est un exercice très délicat et dont le résultat semble trop hasardeux pour pouvoir être validé dans le cadre d'une démarche sérieuse. Il faut donc se résoudre à cette vision parcellaire que nous avons et que nous rendons au travers de nos évocations, en gardant à l'esprit que oui, peut être nous contentons-nous de proposer de l'évocation de <em>grenouilles de bénitier</em>.</p>
<h2>Pour aller plus loin</h2>
<p>Je citerai quelques uns de mes travaux de reconstitutions qui ont amené à cette réflexion généraliste et qui illustrent chacun à leur manière une des particularité soulevée ici :</p>
<ul>
<li>Le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230">costume de paysanne d'après la tunique de Ste Élisabeth de Thuringe</a>.</li>
<li>Le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250">costume de courtisane d'après la tunique de Ste Claire d'Assise</a></li>
<li>Le costume noble d'influence germanique (à paraître).</li>
</ul>
<p>Enfin, je voudrai citer un très beau travail sur le costume XIIIe, loin des clichés : celui d'<a href="http://www.apud-angeron.de/html/frameset.html" hreflang="de">apud angeron 1250</a> qui a publié un article sur l'une de leur réalisation (costume d'une comtesse rhénane vers 1250) dans le magasine <a href="http://www.histoire-images-medievales.com/" hreflang="fr">Histoire et Images médiévales</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Rolland Barthes ; Histoire et sociologie du Vêtement ; Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 12e année, N. 3, 1957. pp. 430-441.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Jean Gimpel ; La révolution industrielle au Moyen Age ; Seuil ; 1975</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Dominique Cardon ; La draperie au Moyen Age, Essor d'une grande industrie Européenne ; CNRS éditions ; 1998.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Sophie Desrosiers ; Draps d'Areste (II). Extension de la classification, comparaisons et lieux de fabrication ; Soieries médiévales</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] C. Casagrande, S. Vecchio ; Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge ; Aubier ; 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] J. Frappier, Étude sur Yvain ou le chevalier au lion de Chrétien de Troyes, Paris, SEDES, 1969</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Christina Frieder Waugh, « Well-cut through the body : » fitted clothing in twelth-century Europe, DRESS, 1999, vol 26</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] Sarah-Grace Heller ; Fashion in medieval France ; D. S. Brewer, Cambridge ; 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] Sarah-Grace Heller ; Sumptuary Legislation in France, Languedoc and Italy.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-10" id="wiki-footnote-10">10</a>] Voir l'article sur<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250"> le costume d'une fausse courtisane vers 1250</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-11" id="wiki-footnote-11">11</a>] Else Østergaard ; Woven into the earth ; Aarhus University Press ; 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-12" id="wiki-footnote-12">12</a>] Frédérique Lachaud ; La critique du vêtement et du soin des apparences dans quelques œuvres religieuses, morales et politiques, XIIe-XIVe siècles, Le corps et sa parure ; SISMEL - EDIZIONI DEL GALLUZO ; 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-13" id="wiki-footnote-13">13</a>] Nathalie Coilly, Marie-Hélène Tesnière (dir) ; Le Roman de la rose, l'art d'aimer au Moyen Age ; BNF ; 2012.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-14" id="wiki-footnote-14">14</a>] Odile Blanc ; Histoire du costume : l'objet introuvable ; Médiévales, N°29, 1995. pp. 65-82.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-15" id="wiki-footnote-15">15</a>] voir ci-dessus</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-16" id="wiki-footnote-16">16</a>] « Belles robes et beaux garnements améliorent considérablement un homme, aussi dois-tu confier ta garde-robe à un tailleur qui sache couper, qui fasse des coutures bien situées, et manches seyantes et élégantes. » Guillaume de Lorris</p></div>
Le touret et la barbette
urn:md5:7b84d71d9652a2f0816b2a3dec09a707
2008-07-19T15:30:00+00:00
2023-04-17T14:41:48+00:00
Hémiole
Costumes
coiffe
Maciejowski
touret
XIIIe
<p>Le touret est la coiffe emblématique de la noblesse au XIIIe siècle. Mais il est un peu comme l'objet de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Zizi" hreflang="fr">l'une des chansons les plus connues de Pierre Peret</a>, il y en a des tas dans des styles assez différents, et portés de manière variable : <q>des hauts, des droits, des évasés, des plissés, des bas, des gaufrés ...</q></p>
<p>Je me suis arrêtée sur un modèles mi-XIIIe qui corresponde à ce que l'on peut voir dans la bible de Maciejowsky, puisque c'est le point de départ de mon futur costume mi-XIIIe : un touret peu haut, évasé en son sommet avec des plis. Porté avec une barbette, c'est à dire une bande de tissus qui passe sous le menton.</p>
<p>A partir de là, on peut le porter simplement avec les cheveux tressés, ou les cheveux retenus en chignon sur la nuque grâce à un filet ou bien une coiffe couvrante.</p> <h3>Le touret</h3>
<p>Il est réalisé en soie blanche.</p>
<p>Pour le patron, j'ai d'abord essayé de reproduire celui proposé dans le <em>medieval tailor assistant</em>. J'y ai cependant apporté quelques modifications.</p>
<p><strong>Un touret en deux parties.</strong></p>
<p>Le touret est composé de deux bandes : celle qui ceint le front et tient l'ensemble et la partie haute qui s'évase vers le haut.</p>
<p>La première bande est taillée dans le droit fil à la dimension du tour de tête (plus les valeur de couture). Elle fait 4 cm de large, valeurs de couture comprises, pour une largeur finale de 1cm (la bande sera pliée en 4). Elle est cousue en rond.</p>
<p>La seconde bande est taillée dans le biais. Sa longueur est supérieure à la première (de l'ordre de 5 ou 6cm), ceci lui permettra de créer un effet d'évasement lorsque les deux bandes seront cousues. Dans mon cas, elle fait 10 cm de large, valeurs de couture (1cm) comprises, et sera pliée en 2. Elle est également cousue en rond.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/coupe-touret.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>La bande du dessous est donc pliée en 4 : par le milieu puis en rabattant 1 cm de de chaque côté, et la bande du haut, une fois pliée en 2 viendra se loger au milieu.</p>
<p>Le dessin représente en coupe l'assemblage final du touret : la bande du dessous pliée en 4, dans laquelle s'insère la bande du haut pliée en 2.</p>
<p>L'assemblage des deux bandes est un peu délicat : les deux bandes ne faisant pas la même taille, il faut pourtant bien les coudre ensemble.</p>
<p><strong>Solution pour l'effet évasé</strong></p>
<p>Deux solutions s'offrent alors pour régler ce problème : soit coudre en place des petites plis sur la bande du haut, soit <strong>utiliser l'embu</strong> (c'est à dire coudre le surplus de tissus sans faire de plis). C'est cette dernière solution que j'ai utilisée car l'embu me permet d'obtenir l'effet évasé vers le haut que l'on observe sur certaines sources. En outre, cette technique est connue est utilisée dans d'autres vêtements (manches de la tunique <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/10/08/44-les-dessous-d-une-cotte">Kragelun</a>).</p>
<p>Pour ceci j'ai épinglé la partie haute sur la partie basse par <em>dichotomie</em> c'est à dire en épinglant à chaque fois par le milieu des 2 bandes, puis le milieu de chaque bande sur chaque section créée précédemment, puis le milieu ... jusqu'à obtenir des sections suffisamment petites pour coudre les bandes sans faire de plis.</p>
<p>L'assemblage est réalisé en deux fois :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/couture-touret.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<ul>
<li>La bande du bas est dépliée et collée bord à bord avec la bande du haut pliée en deux. On coud ainsi les deux bandes au point arrière à 1cmdu bord. Cette couture, une fois la bande du dessous repliée (sur la couture), sera invisible et permettra d'avoir une face de la coiffe très propre de l'extérieur. Cette couture est présentée sur le dessin.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une fois la bande du bas repliée selon la couture précédente, selon la pliure du milieu (qui sera le bas de la coiffe) et rentrée de 1cm sur l'intérieur de la coiffe, on peut la coudre sur la bande du dessus au point glissé de manière invisible.</li>
</ul>
<p>Cette photographie représente la vue de l'intérieur de la coiffe, avec, souligné en rouge la couture au point arrière et en bleu, le point glissé.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/coutures-dos.JPG" alt="" /></p>
<p>Si on regarde l'extérieur de la coiffe, aucune couture n'est visible :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/devant-01.JPG" alt="" /></p>
<h3>La mentonnière ou barbette</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/barbette-platte.JPG" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>J'ai choisi de réaliser une barbette large et non pas une simple bande fine.</p>
<p>Je l'ai donc réalisée sur la base d'un cale étroit en deux parties, cousu sur le sommet du crâne et au niveau du menton.</p>
<p>Pour ménager suffisamment d'ampleur pour passer la tête, en lieu et place d'un épinglage sur le dessus du crane (difficile à réaliser compte-tenu de la largeur de la barbette sur le crâne qui aurait nécessité l'emploi de plusieurs épingles et aurait pu créer de gros plis ou des interstices qui baillent), j'ai taillé la barbette dans le biais du tissus.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/mentonniere.JPG" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Pour la mise en place de la barbette, je crée artificiellement un plis parallèle à sa bordure pour recréer l'effet que l'on observe sur certaines sources. Ce plis ne nécessite pas d'être épinglé, car en pliant la mentonnière en 3, j'assure son maintient. Cependant, cet effet peut tout aussi bien être obtenu en réalisant une barbette en deux parties, certaines statues, plus détaillées iraient dans ce sens en représentant des plis dans différents sens pour la barbette<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/07/19/31-le-touret-et-la-barbette#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Et voici la coiffe :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/face-01.JPG" alt="" /></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/profil-01.JPG" alt="" /></p>
<p>Les plis sur le dessus du crâne peuvent être résorbés en prenant plus de soin à la mise en place de la barbette.</p>
<p>La coiffe peut être complétée par un filet pour tenir les cheveux en chignon, ou bien même par un voile posé par dessus le touret. Ces deux possibilités seront réalisées ultérieurement.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/07/19/31-le-touret-et-la-barbette#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Notamment la tête de femme conservée au mussée du Louvre datée du milieu du XIIIe et originaire de champagne.</p></div>
Coiffe simple XIIIe
urn:md5:afd62514ca573e82b491ae77fe1838ef
2008-06-07T11:09:00+00:00
2023-04-17T14:41:55+00:00
Hémiole
Costumes
coiffe
XIIIe
<p>La simplissime coiffe XIIIe : ultra fréquente, légère et pratique à porter pour bouger ou travailler. Je l'ai réalisée pour mon <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/11-un-costume-pauvre-d-apres-la-bile-de-maciejowski-1250">costume de servante mi-XIIIe siècle</a>.</p>
<p>Cette coiffe est très pratique, une fois installée, elle tient très bien, elle protège les cheveux, ne tient pas chaud du tout et on l'oublie très vite !</p> <h2>Le patron</h2>
<p>Un simple demi-cercle allongé dont le diamètre fait le tour de la tête (du front à la nuque), muni de 2 cordons : un court (juste assez pour faire un noeud) et un long (pouvant faire 2 ou 3 fois le tour de la tête).</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-01.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>La partie droite doit pouvoir faire le tour de la tête :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-02.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>On croise les 2 cordons sous la nuque en tenant toujours le petit côté qui ne bouge pas durant la mise en place :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-03.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Ensuite on va faire deux tours avec le grand cordon :</p>
<p>Un premier qui passe sur le front,</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-04.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>puis au dessus du chignon, juste sous la grosse bosse du crâne.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-05.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Puis on passe de nouveau sur le front,</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-06.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>et sur la nuque pour nouer le grand cordon au petit.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-07.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Une fois noué, il faut retrousser le tissus qui pend (la partie ronde du demi-cercle/ovale) sous les cordons en y mettant les cheveux :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-08.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Et ce, tout au tour de la tête ... je commence par le centre de la nuque, parce que sinon, mes cheveux s'enfuient très vite !</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-09-bis.JPG" alt="" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-09-ter.JPG" alt="" /></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-09.JPG" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>On arrange comme on peut en tirant les plis et voilà :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-dos-01.JPG" alt="" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/coiffe/coiffe-profil-01.JPG" alt="" /></p>
<p>... sur les sources, les cheveux dépassent sur le front, alors pas de complexes ....</p>
Une robe d'artisan fin XIIe
urn:md5:06347256fc57f58414b86d21c89fc61d
2008-02-09T12:34:00+00:00
2013-01-06T09:40:17+00:00
Hémiole
Costumes
artisans
coiffe
couvrechief
Kragelund
Moselund
touaille
XIIe
<p>J'ai voulu revoir entièrement <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2006/02/15/14-robe-modeste-fin-xiie-d-apres-la-bible-de-manerius">le costume fin XIIe de servante</a> que j'avais réalisé il y a quelques années. En effet, la première mouture ne me satisfaisait pas entièrement pour diverses raisons.</p>
<p>En outre, je désirai réaliser plus qu'une simple robe mais essayer de fabriquer un costume complet, utilisable en toute saison et en toute circonstance.</p>
<p>La première étape a donc été de faire une robe simple, chaude et pratique en essayant de rendre certains détails plus crédibles.</p> <h4>La robe</h4>
<p><img title="mini-robe-01.JPG, janv. 2013" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="mini-robe-01.JPG" src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/mini-robe-01.JPG" /></p>
<p>En gardant à l'esprit les questions d'utilisation quotidienne, pour le travail, le voyage, et en toutes saisons, j'ai voulu cette robe de conception simple respectant la silhouette que l'on observe fin XIIe sur les enluminures, à savoir : buste près du corps, la poitrine aplatie, et la jupe évasée, des manches resserrées, comme la majorité des sources fin XIIe.</p>
<p>J'ai voulu soigner la réalisation et les détails, pour créer une robe <em>élégante</em> mais sans décoration trop ostentatoire.</p>
<h5>Les sources</h5>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/sources/normandie 1180 (10).jpg" alt="Femme filant, manuscrit normand - 1180" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/sources/source-manerius-01.jpg" alt="Couple enlacé, Bible de Manerius" style="float:left; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>La reconstitution de cette robe est le résultat du croisement de sources iconographiques, telles que le manuscrit Normand 1186, la Bible de Manerius qui sont mes deux références principales pour cette réalisation, ou l'Hortus Deliciarum, la statuaire, les romans de l'époque, mais aussi les pièces archéologiques et leurs études, notamment, les <a href="http://personal.utulsa.edu/~marc-carlson/cloth/moselund.html" hreflang="en">tuniques Moselund</a> et <a href="http://personal.utulsa.edu/~marc-carlson/cloth/kraglund.html" hreflang="en">Kragelund</a><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/02/09/26-une-robe-d-artisan-fin-xiie#pnote-26-1" id="rev-pnote-26-1">1</a>]</sup> ainsi que les études textiles qui ont été réalisées suites aux fouilles archéologiques du Groenland.</p>
<h5>L'étoffe</h5>
<p>Le tissu utilisé est une toile de laine moyennement épaisse, rustique mais de bonne qualité.</p>
<p>Elle a été teinte dans un bain de garance<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/02/09/26-une-robe-d-artisan-fin-xiie#pnote-26-2" id="rev-pnote-26-2">2</a>]</sup>, mordancée à l'alun.</p>
<h5>Le patron</h5>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/robe-02.JPG" alt="Vue générale de la robe, manche moulante, bras plié" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Pour obtenir la silhouette : j'ai pris les mesures la poitrine bandée. Les deux lés principaux du buste sont coupé droit selon la largeur du tour de taille. Pour obtenir un peu d'aisance à la poitrine, j'ai fait descendre les godets situés sous les bras d'une bonne dizaine de centimètres.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/goussets-bras-01.JPG" alt="Vue du gousset placé à l'emmanchure sous le bras" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Les emmanchures, en revanche sont coupées selon un modèle moins archaïque pour l'époque, comme sur la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/12/04/42-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeur-vers-1200">tunique Moselund</a>. En effet, à cette période, il semble qu'il y ait cohabitation des deux types d'emmanchures : celles "en T" qui est le modèle ancien, les emmanchure arrondies font également leur apparition dans les coupes plus soignées. Se sont les prémices d'une mode qui va atteindre son point culminant avec les emmanchures à grandes assiettes.
J'ai donc choisi ce type d'emmanchure plutôt moderne pour l'époque car le vêtement, quoi que simple, est assez soigné, et ne correspond pas à un personnage des plus pauvres.</p>
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/manche-01.JPG" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<p>Les manches sont coupées selon le patron de la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/10/08/44-les-dessous-d-une-cotte">tunique Kragelund</a> : une pièce triangulaire (en forme de triangle rectangle) est ajoutée au niveau de l'avant-bras (en partant tout de même de haut dessus du coude) qui, grâce à l'embue, ajoute un peu d'aisance au niveau du coude pour plier le bras.</p>
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/manche-embu.JPG" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" />
<p>On voit sur la photo précédente la petite poche au niveau du coude, formée grâce à l'embue, permettant ainsi un confort de mouvement dans cette manche très moulante.</p>
<p>J'ai ajouté pour l'ampleur de la partie jupe quatre godets triangulaires : sur les côté, devant et derrière. Ils partent de la taille.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/robe-cote.JPG" alt="Vue de côté de la robe : le godet et ses plis se déroulent sur les hanches" style="display:block; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/sources/plis-hanches.jpg" alt="Plis sur les hanches selon l'Hortus Deliciarum" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
J'ai utilisé le type d'assemblage retrouvé sur les vêtements danois de la fin du XIIe siècle, où la couture est en <em>Z</em>. Ils permettent de créer un effet de relief en plaçant les godets sous les pans principaux et d'initier la mise en place des plis.</p>
<p>En outre, pour créer un effet encore plus marqué, j'ai cousu les plis sur le haut des godets, comme on le voit sur la tunique moselund. Le point pour mettre en place ces plis se fait sur l'avant de l'ouvrage.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/sources/The_Moselund_Tunic_XIIth.jpg" alt="La tunique Moselund" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>L'effet ainsi obtenu rappelle ce que l'on peut voir sur certaines enluminures de l'époque (comme sur l'extrait de l'Hortus Deliciarum présenté plus haut, on remarque bien l'effet de plis sur les hanches.) :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/detail-godets-01.JPG" alt="Détail des plis des godets latéraux sur le robe" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>On peut remarquer, sur les personnages de cette statue de la cathédrale de Modène, des plis formés sur la hanche. Il pourrait tout aussi bien s'agir d'un vêtement de dessus fendu de la taille aux pieds et laissant apparaître le vêtement porté en dessous, mais je n'ai pas choisi cette interprétation. En effet, il s'agirait alors de la seule représentation que je connaisse de ce type de vêtement pour l'époque, alors que les plis représentés sur la statue donnent un effet similaire à ceux que j'ai réalisés et qui sont attesté par l'étude des vestiges archéologiques présentés au dessus.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/sources/plis-hanches.jpeg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/sources/plis-hanches-detail.jpeg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>J'ai réalisé un amigau à l'encolure.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/encolure-02.jpg" alt="Amigau, encolure et poignets brodés" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Conformément à ce qui a pu être retrouvé sur les pièces de fouilles danoises, l'encolure ainsi que les poignets sont finis par quelques points à la fois décoratifs et de renforcement. Cette série de trois rangée de points avant est réalisée dans un fil laine bleue, à deux brins, teintée au pastel. Une lisière au point de boulogne (réalisée avec un fil jaune, teinté à la gaude, couchée à la laine bleue) masque la marque de l'ourlet.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/encolure-detail.jpg" alt="Détail des points de broderie de l'encolure et des poignets" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Cette finition discrète me paraissait tout à fait convenir à la richesse du costume que je voulais réaliser.</p>
<p>L'amigau est fermé par un fermail légèrement décoré.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/fermail-01.jpg" alt="Fermail" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>De même, pour réaliser l'ourlet du bas de la robe, j'ai utilisé une technique avérée par les pièces de fouilles : la bordure aux galon.</p>
<p>Cette technique permet d'ourler de manière décorative sans rencontrer le problème des ourlets cousus sur des bordures courbes.</p>
<p>Pour ceci, j'ai coupé proprement le bas de la robe. Puis, sans plus de préparation car mon tissus ne s'effiloche pas, j'ai tissé directement sur la bordure un petit galon.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/ourlet-bas-01.JPG" alt="Ourlet tissé aux cartons" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Ce galon est tissé sur la face extérieure avec 4 fils de laine bleue teintée au pastel enfilé sur 2 cartons (les cartons n'ont donc des fils que dans 1 trou sur 2). Sur la face intérieure du vêtement, j'ai simplement fait courir 2 fils de laine jaune (teintée au lichen) pris dans le tissage. Le fil de trame est un fin fil de laine beige teinté à la pelure d'oignon monté sur une aiguille.</p>
<p>Pour tisser, au lieu de faire des allés-retours dans ma foule, j'ai passé mon fil de trame de l'extérieur vers l'intérieur dans la foule créée par les cartons, j'ai piqué la trame dans le tissus. Le retour (passage de la trame de l'intérieur du vêtement vers l'extérieur) se fait sous le vêtement en prenant soin de faire passer les 2 fils jaunes dans la trame. Ainsi, le galon, n'est pas simplement juxtaposé ou cousu en bordure du vêtement, mais prend la bordure en <em>sandwich</em>.</p>
<h4>La ceinture</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/ceinture.jpg" alt="Vue générale de la ceinture" style="display:block; margin:0 auto;" />
La ceinture, en laine, est tissée au cartons. Le motif de losanges imbriqués est assez simple. Elle s'utilise sans boucle rapportée ni ardillon, puisque la boucle a été tissée. La laine marron est naturelle, la jaune a été teinte à la gaude.
Elle a été réalisée avec 10 cartes à 4 trous.</p>
<p>Dans le même esprit, j'ai voulu qu'elle se termine sans plaque ni mordant. Pour cela, j'ai tissé la fin en supprimant petit à petit les fils de chaîne en commençant par ceux du centre tout en essayant de respecter le motif.</p>
<p>J'ai terminé la ceinture par une tresse à 8 brins.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/ceinture-detail.jpg" alt="Ceinture : détails de la boucle tissée et du rétrécissement" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<h4>Les coiffes</h4>
<h5>Le couvrechief ou voile</h5>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/couvrechief-01.JPG" alt="Photo en buste avec le couvrechief" style="display:block; margin:0 auto;" />
La première coiffe que je propose est un simple voile en lin blanc drapé. On le pose en son milieu sur le dessus du crane et on laisse un pan pendre derrière l'épaule tandis que l'autre est passé par dessous le menton. On peu fixer quelques plis ou bien un des pan à l'aide d'épingles.</p>
<p>C'est loin d'être ma coiffe préférée. En effet, elle bouge sans arrêt et il est difficile de la faire tenir en place dès lors que l'on a la moindre activité. Peut être qu'avec un drapé mieux maîtrisé, cette coiffe deviendrait plus agréable à porter.</p>
<h5>Le touaille ou savanion</h5>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/touaille-01.JPG" alt="Photo en buste avec la touaille" style="display:block; margin:0 auto;" />
Cette coiffe d'origine orientale qui se porte à la façon d'un turban, semble assez commune à Byzance où elle est appelée <em>savanion</em> ou même en Sicile (c'est la coiffe représentée en majorité pour les femmes dans le <em>Liber ad honorem augusti</em>). On retrouve cette coiffe en France à la fin du XIIe siècle. Elle me semble être malgré tout, un élément orientalisant. Ainsi, dans l'iconographie on la retrouve dans le <em>Hortus Deliciarum</em>, sur une allégorie de la Superbe. Dans la littérature, cette coiffe semble être désignée sous le terme de <q>touaille</q> (qui traditionnellement désigne un torchon) que l'on <q>entortille</q> pour la mettre.</p>
<h4>Perspectives</h4>
<p>Le fait d'essayer de restituer plus finement les assemblages et les points de couture selon la couture à réaliser, m'a permis de mieux gérer le fait de vouloir rendre des effets que l'on peut observer sur les enluminures. Concernant ces effets, justement, ça m'a permis de réaliser que ce que l'on prend parfois pour des libertés artistiques de l'enlumineur, sont tout à fait réalisables et que le manque de technique et/ou l<em>'ignorance</em> devrait être pris en compte avant d<em>'accuser</em> l'artiste. Bien entendu les connaissances précises, basées sur l'étude approfondie de pièces de fouilles est assez rare et trop peu souvent accessible, je ne peux que le regretter car ça ouvre réellement de nouvelles perspectives pour la réalisation de nos costumes.</p>
<p>Ce que j'ai présenté ici, est la base du costume auxquels vont s'ajouter divers éléments, tels que de nouvelles chaussures, de nouvelles coiffes, divers manteaux et épaisseur de robes.</p>
<p>J'ai également prévu de l'utiliser comme costume de voyage cet hiver.</p>
<p>En attendant, je me tisse de nouvelles jarretières ...</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/robe-tissage-01.JPG" alt="La passementière au travail" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>... ou me détends avec un air de flûte au coin du feu.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/flutte-01.JPG" alt="Un peu de musique au coin du feu" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/02/09/26-une-robe-d-artisan-fin-xiie#rev-pnote-26-1" id="pnote-26-1">1</a>] Les études de ces vêtements ont montré que leurs tailleurs étaient d'origine anglaise ou continentale. De ce fait, ils peuvent nous renseigner malgré l'éloignement sur les techniques de couture et patrons qui ont pu être utilisés en France ou en Angleterre à la même époque.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/02/09/26-une-robe-d-artisan-fin-xiie#rev-pnote-26-2" id="pnote-26-2">2</a>]J'ai d'abord attribué la teinte orangée obtenue à l'âge et à la conservation de ma garance.<br />En fait, il s'agit de la qualité de l'eau !<br /> J'ai déménagé dans une région où l'eau est ... très pure : pas de chlore, pas de calcaire ni autre minéraux (oui, la volvic coule au robinet) et cette absence de calcaire dans l'eau pourrait expliquer (plus logiquement) le résultat obtenu (différent du rouge pétant que j'obtenais à Paris).<br />
La prochaine fois, si je veux du rouge pétant, j'ajouterai un peu de blanc de Meudon à mes bains ! (à moins que quelqu'un me fasse un gentil colis d'eau dégueu parisienne !).</p>
</div>
Une coiffe simple pour le XVe
urn:md5:32e85f28679198ce6bd729b8f3d0edbe
2007-11-01T18:19:00+00:00
2013-01-06T09:43:06+00:00
Hémiole
Costumes
coiffe
XVe
<p>Je vais tenter de montrer en images comment réaliser (surtout mettre en place) une simplissime coiffe pour le XVe. On la retrouve sur de nombreuses iconographies de l'époque.</p>
<p>Elle présente de nombreux avantages : elle est légère, elle convient tout à fait au travail (mis à part peut être en extérieur par grand vent), facile à réaliser et peut également protéger un peu des rayons du soleils ! C'est donc celle que j'ai choisi pour <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/09/10/19-costume-xve">mon costume XVe</a>.</p> <p>Pour réaliser cette coiffe :</p>
<p>Le patron est simple : un carré de tissus avec de petits cordons pour faire le nœud plus facilement. Les cordons ne servent vraiment qu'au nœud et ne doivent pas revenir sur le dessus de la tête, se sont les angles du carré qui le feront, c'est pourquoi ils (les cordons) doivent être courts !<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/11/01/20-une-coiffe-simple-pour-le-xve#pnote-15-1" id="rev-pnote-15-1">1</a>]</sup></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/patron.jpg" alt="patron de la coiffe" style="display:block; margin:0 auto;" title="Le patron de la coiffe : un simple carré de lin" /></p>
<ul>
<li>Je forme avec mes cheveux un chignon grossier qui tiendra le temps de mettre la coiffe ;</li>
</ul>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/chignon.jpg" alt="Chignon" style="display:block; margin:0 auto;" title="Chignon formé sans lien le temps de poser la coiffe" /></p>
<ul>
<li>La tête penchée en avant, je place le grand côté muni des cordons sur ma nuque en positionnant le reste du tissus vers l'avant de ma tête ;</li>
</ul>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/étape1.jpg" alt="Première étape" style="display:block; margin:0 auto;" title="Première étape : poser la coiffe sur la nuque" /></p>
<ul>
<li>Je noue les cordons sur le haut du crane en tirant bien les 2 angles de devant du carré ;</li>
</ul>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/etape2-01.jpg" alt="Deuxième étape, placer les angles" style="display:block; margin:0 auto;" title="Deuxième étape, placer en les tirants les angles avant de nouer" /><br />
<em>Je noue <strong>fermement</strong> les cordons.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/etape2-02.jpg" alt="Nouer les cordons" style="display:block; margin:0 auto;" title="Nouer les cordons fermement" /><br /></p>
<p><em>Puis je tire les angles de devant pour qu'ils ressortent bien et que les plis se disposent sur les côtés de la coiffe plutôt que sur le dessus du crâne.</em></p>
<ul>
<li>Je peux alors relever la tête placer le rabat sur le haut du crane ;</li>
</ul>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/etape3-01.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />
<em>On relève les rabats.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/etape3-02.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />
<em>En relevant les rabats deux constatations :</em><br /></p>
<ol>
<li><em>La coiffe est légèrement trop en arrière, je la tire alors de sorte à placer le nœud plus sur le devant du crane ;</em></li>
<li><em>J'ai des cornes et des plis sur l'arrière (à droite près de ma main sur la photo).</em></li>
</ol>
<ul>
<li>Il faut alors tenter de positionner harmonieusement les plis sur les côtés en les rentrants sous l'étoffe ;</li>
</ul>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/etape4-01.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />
<em>Je fais passer le surplus se trouvant vers l'arrière du crane (vers la nuque) sous le pan qui remonte sur le crâne ;</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/etape4-02.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />
<em>Je tire sur les côtés des cornettes vers le bas pour que les côtés de la coiffe soient réguliers.</em></p>
<p>C'est fini !</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/coiffe/fini-01.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p><em>L'air idiot est en option !</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/11/01/20-une-coiffe-simple-pour-le-xve#rev-pnote-15-1" id="pnote-15-1">1</a>] En réalité, comme me l'a signalé Gerdrud, reconstitueuse Québécoise, les cordons sont loin d'être indispensables. En effet, en agrandissant légèrement le carré de la coiffe il est parfaitement possible de réaliser le noeud avec les angles de la coiffe, voire d'utiliser des épingles pour la fixer. J'ai ajouté ces cordons car mon coupon de lin était trop petit pour nouer la coiffe avec les coins de la coiffe.</p></div>
Costume XVe
urn:md5:835f166cf68a203c41f6ebf5df53a3f8
2007-09-10T14:09:00+00:00
2013-01-06T09:46:07+00:00
Hémiole
Costumes
aumônière
chaperon
coiffe
tablier
XVe
<p>L'idée de base était de réaliser une tenue XVe simple pour aller jouer un peu avec les amis XVemistes, et, pourquoi pas faire un peu de prosélytisme pour le XIIe, qui sait ?</p>
<p>Allez, avouons-le, c'était aussi pour faire un peu d'espionnage industriel aux <a href="http://museohistoire.com/crevecoeur/ALBUM.html" hreflang="fr">médiévales de Crevecoeur-en-Auge</a> ! Du coup, même si j'ai essayé de respecter un peu un cahier des charges sur l'époque, le type de personnage pour lequel je souhaitais réaliser ce costume ... je suis restée sur quelque chose d'un peu passe-partout, rien de bien original, mais bon, peut-on être à chaque fois exceptionnel ?</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/robe/robe-accroupie-01.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<h3>Les sources</h3>
<p>Après un rapide tour de l'iconographie XVe, j'ai opté pour un modèle de robe ajusté lacée devant, à manches courtes (donc, effectivement : rien de super original !). On trouve ce genre de modèle assez fréquemment tout au long du XVe siècle :</p>
<p>Dans ce manuscrit daté de 1456 :<br />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/Sources/paysannes.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Ou encore dans celui-ci, daté 1473 :<br />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/Sources/anne-of-france_book-of-hours_1473_03_kirtle.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>L'étude plus détaillée des primitifs flamands (notamment les tableaux de Rogier van der Weyden) m'a également permis de me faire une idée de la construction et des détails de la robe que je voulais réaliser.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/robe/robe-01.JPG" alt="Costume XVe : cotte, coiffe, tablier" style="display:block; margin:0 auto;" title="Mon costume XVe en action : la cotte lacée, la coiffe en lin et le tablier replié" /></p>
<h3>Le patron</h3>
<p>Pareil que pour le modèle : simplicité avant tout ! Après avoir cherché ce qui pouvait se faire, robe à quatre pans, à six pans avec découpe princesse, couture à la taille, ou non ... J'ai opté pour le modèle à quatre pans ajustés, sans couture à la taille avec des godets triangulaires pour l'aisance<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/09/10/19-costume-xve#pnote-14-1" id="rev-pnote-14-1">1</a>]</sup> on peut trouver de <a href="http://cadieux.mediumaevum.com/frontlaced-kirtles1.html" hreflang="en">nombreuses références sur cette construction sur le site de Marie-Chantal Cadieux</a>.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/robe/robe-tablier-01.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Comme je voulais utiliser un coupon de laine verte que j'avais déjà, la taille du dit coupon m'a imposé des contraintes au niveau de la construction : les quatre pans ne pouvaient s'évaser à partir de la taille sans quoi je n'avais pas assez de longueur pour faire ma cotte. C'est ce qui m'a décidé à faire les godets. J'avais, à l'origine prévu d'en faire quatre également (devant, derrière et des deux côtés) mais après avoir cousu ceux des côtés et celui de derrière, l'ampleur me paraissait suffisante et je ne souhaitais pas avoir trop de plis sur l'avant. A la réflexion, j'aurai pu ajouter un godet légèrement plus étroit.</p>
<h4>Quelle finition pour l'encolure ?</h4>
<p>Pour la finition de l'encolure et de l'ouverture frontale, j'ai choisi de faire une parmenture pour les raisons suivantes :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/Sources/encolure-weyden.jpg" alt="Rogier van der Weyden, Descente de croix, détail" style="display:block; margin:0 auto;" title="Détail de la descente de Croixde Rogier van der Weyden, qui nous montre la couture large de la bordure de l'encolure." /></p>
<p>Se sont certains tableaux des primitifs flamands qui m'ont orientés vers la parmenture : en effet comme on distingue bien les détails des coutures, je trouvais que, la couture qui bordait l'encolure et / ou l'ouverture du laçage était assez espacée du bord (4 à 6 cm à vue de nez, même si je n'ai absolument pas le compas dans l'œil).</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/Sources/encolure-weyden-02.jpg" alt="Rogier van der Weyden, Les sept sacrements, détail" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Détail des sept sacrements de Rogier van der Weyden, qui nous montre la couture large de la bordure de l'encolure." /></p>
<p>Je me suis donc dit que, pour obtenir une bordure propre sur des courbes, un ourlet de cette largeur me semblait peu probable, de même qu'un biais ou une bande taillée dans le droit-fil ... d'où la parmenture<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/09/10/19-costume-xve#pnote-14-2" id="rev-pnote-14-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Voici le résultat :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/temp/parmenture.jpg" alt="Détail de la parmenture" style="display:block; margin:0 auto;" title="Rendu de la parmenture sur mon costume." /></p>
<p>J'avais également envisagé la solution de réaliser la finition en tissant la bordure aux tablettes directement sur le tissus mais je n'avais pas suffisamment étudié cette technique pour m'y lancer (une prochaine fois peut être).</p>
<p>Les œillets pour passer le cordon de laçage sont cousus. Le cordon a été réalisé à la lucette avec de la laine rouge teintée à la garance.</p>
<h3>La coiffe</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/images/Costume XV/Sources/1172492494.jpg" alt="Heures de Charles d’Angoulême, Tours vers 1482-1485, BNF, Manuscrits latins 1173, fol 5 v°-6" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Coiffe simple tirée du livre d'heures de Charles d'Angoulême." /></p>
<p>En plus du <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/02/15/7-un-chaperon-feminin-typiquement-xve">chaperon que j'avais réalisé l'hiver dernier</a>, j'ai réalisé une petite <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/11/01/20-une-coiffe-simple-pour-le-xve">coiffe simple en lin blanc</a>. Le modèle que j'ai tenté de reproduire est assez fréquent, m'a séduit par son côté pratique : avoir une visière en cas de soleil !</p>
<p>Sur le modèle que j'ai réalisé, j'ai donc <em>volontairement</em> augmenté la taille du rabat de la coiffe pour une plus grande protection<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/09/10/19-costume-xve#pnote-14-3" id="rev-pnote-14-3">3</a>]</sup></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/robe/robe-coiffe-dessus.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<h3>Le tablier</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/robe/tablier-02.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Pour pouvoir travailler sereinement, j'ai réalisé un tablier tout simple dans un vieux drap de lin bien épais.</p>
<p>Le modèle est basé sur certaines iconographie XVe (souvent fin XVe) qui montrent un angle sur le côté, j'avais envie de voir comment rendre cet effet.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/Sources/source-tablier-01.jpg" alt="" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/Sources/source-tablier-02.jpg" alt="" /></p>
<p>Pour obtenir ce résultat, j'ai simplement utilisé, pour la ceinture, une bande de lin rapportée que je n'ai pas cousu sur la totalité du bord : de chaque côté du tablier, le lien s'arrête à environ 15cm du bord du tablier. L'angle supérieur du tablier retombe alors naturellement par rapport à la ceinture. L'avantage de ce système est qu'il est naturellement couvrant lorsque l'on est assis ou accroupi.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/robe/tablier-01.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<h3>L'aumônière</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/aumoniere/aumoniere-02.jpg" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>La petite aumônière a été réalisée en toile de laine que j'ai tissée avec un métier à grille. La qualité du tissage est assez médiocre mais reflète bien mes compétences en la matière. Mais au final, l'aumônière a un aspect relativement correct, rustique mais correct.</p>
<p>Le patron de l'aumônière est (encore !) très classique : carré, avec 3 pompons en bas, les cordons, ont été réalisés à la lucette avec de la laine teintée à la garance.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/aumoniere/anthémis-aumoniere.jpg" alt="Laine teintée à l'anthémis utilisée pour l'aumônière" style="display:block; margin:0 auto;" title="Laine -toile et écheveaux- teintée à l'anthémis tinctoria" /></p>
<p>J'ai réaliser la teinture de l'aumônière avec l<em>'anthemis tinctoria</em><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/09/10/19-costume-xve#pnote-14-4" id="rev-pnote-14-4">4</a>]</sup> en mordançant simultanément à l'alun. J'ai utilisé de la laine teintée de la même manière pour réaliser les pompons.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XV/aumoniere/anthemis/recolte-automnale.jpg" alt="" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />
<em>Et voici ma récolte automnale d'anthémis !</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/09/10/19-costume-xve#rev-pnote-14-1" id="pnote-14-1">1</a>] et oui, je n'ai pas pris l'option <em>princesse</em> !</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/09/10/19-costume-xve#rev-pnote-14-2" id="pnote-14-2">2</a>] parmenture réalisée dans la même laine que la robe, ce que je ne referai pas si j'ai 48 œillets à coudre ensuite.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/09/10/19-costume-xve#rev-pnote-14-3" id="pnote-14-3">3</a>] oui, mes yeux craignent beaucoup le soleil, je dois bien trouver des subterfuges pour pouvoir renoncer aux lunettes de soleils !</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/09/10/19-costume-xve#rev-pnote-14-4" id="pnote-14-4">4</a>] également appelé œil de bœuf ou camomille des teinturiers</p></div>
Un costume de servante d'après la bible de Maciejowski (1250)
urn:md5:fffa304e3500facee24fe4fb2b4efdab
2007-05-02T17:39:00+00:00
2013-01-06T09:52:19+00:00
Hémiole
Costumes
chemise
coiffe
cotte
guimpe
Maciejowski
servante
touaille
XIIIe
<p>Pour mon premier costume XIIIe, j'ai voulu réaliser un costume de servante d'après la bible de Maciejowsky (1250). La principale caractéristique de ce type de vêtement sont les <strong>manches dépassées</strong>.</p> <h5>Les sources</h5>
<p>La <a href="http://www.medievaltymes.com/courtyard/maciejowski_bible.htm" hreflang="en" title="Bible de Maciejowski">bible dite de Maciejowski</a> est un manuscrit enluminé de l'ancien testament, commandé par St Louis et réalisée à Paris par différents enlumineurs aux alentour de 1250.</p>
<p>Elle présente des scènes de l'ancien testament, représentées avec une grande précision dans le détail, notamment pour les costumes civils et l'équipement militaire. A ce titre c'est une référence incontournable pour qui pratique la reconstitution française de cette époque.</p>
<p>De nombreux personnages de condition modeste sont représentés au fil des scène, nous permettant de déduire la reconstitution de leurs costumes et équipements.</p>
<p>Voici quelques personnages que j'ai sélectionnés pour la réalisation de ce costume :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/sources.jpg" alt="Extraits de la bible de maciejowski" title="Extraits de la bible de maciejowski" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/Diverses images tirées de la bible de Maciejowski qui ont servi pour la réalisation de ce costume." />
<em>Diverses images tirées de la bible de Maciejowski</em></p>
<p>J'ai sélectionné des personnages féminins présentant des robes à <strong>manches dépassées</strong>, c'est à dire cousues seulement sur une partie (dans le dos) de l'emmanchure permettant ainsi de retirer les manches et de les porter dans le dos (lâchées ou attachées) de sorte à être plus libre de ses mouvements. Ce type d'emmanchure me semblait particulièrement pratique pour un costume de travail.</p>
<h5>La robe</h5>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/photos/robe-passee-02.jpg" alt="Photo en pied de la robe" title="Photo en pied de la robe" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/Proposition de reconstitution d'une robe à manches dépassées" />
<em>Robe pauvre XIIIe d'après la bible de Maciejowski.</em></p>
<h4>Matières utilisées</h4>
<p>J'ai choisi pour ce vêtement de travail d'utiliser un tissus et une teinture ordinaires.
La robe est taillée dans une toile de lin épaisse et solide, <em>engallée</em><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/11-un-costume-pauvre-d-apres-la-bile-de-maciejowski-1250#pnote-11-1" id="rev-pnote-11-1">1</a>]</sup>, mordancée puis <strong>teinte aux pelures d'oignons</strong>. L'<strong>engallage</strong> sert ici à permettre à la fibre de lin de se mordancer et ainsi mieux tenir la teinture. Ce procédé est discutable d'un point de vue historique, non pour des raisons techniques, mais le coût de telles opérations (noix de galles, alun ...) me semble trop élevé pour le résultat obtenu<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/11-un-costume-pauvre-d-apres-la-bile-de-maciejowski-1250#pnote-11-2" id="rev-pnote-11-2">2</a>]</sup> et le statut du personnage.</p>
<h4>Patron</h4>
<p>Ne connaissant aucune relique ou pièce archéologique de ce type de vêtement, j'ai dû modéliser son patron à partir des connaissances que j'ai sur les costumes des siècles précédent et suivant ainsi que sur certains vêtements contemporains mais de facture bien plus riche.</p>
<p>J'en ai tiré un patron simple, à base de lés droits et de godets rapportés mais j'ai abandonné la traditionnelle forme en <em>T</em> utilisée bien souvent pour les emmanchures.</p>
<p>En effet, pour réaliser ce type de robe, semblable à celles de la bible, portées aussi bien manches portées ou dépassées, il faut tailler les emmanchures de manière plus ergonomique que nous le permet le patron en <em>T</em>. Elle sont donc creusées, comme nous le montrent certains patrons XIIe (tunique de travail <em>Moselund</em> par exemple) et sont taillées strictement comme si j'avais dû les coudre entièrement et les porter de manière <em>normale</em>. Pour le montage final, la couture part de la couture des épaules et s'arrête quelques centimètres avant la couture d'assemblage des pans de devant et dos. L'ampleur nécessaire pour passer ou dépasser les manches une fois la robe portée est ajoutée en stoppant la couture d'assemblage devant/dos une quinzaine de centimètre avant l'emmanchure à proprement parler. Le trou que cela forme sous l'emmanchure quand les manches sont passées, est semblable à celui que l'on peut observer sur la bible (ex : vignettes 4 et 5).</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/photos/emmanchure-01.jpg" alt="Détail de l'emmanchure" title="Détail de l'emmanchure" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/Détail de l'emmanchure où l'on voit l'espace nécessaire pour passer les bras sous l'aisselle." />
<em>Détail de l'emmanchure. On peut voir sous le bras, le trou permettant de passer ou dépasser les manches.</em></p>
<p>Pour la silhouette générale, j'ai opté pour une forme simple : lés rectangulaires et godets triangulaires sur les côtés. Les robes présentées sur la bible semblent assez longues et sont portées blousant à la taille. J'ai donc réalisé une robe tombant au sol, que je relève à la ceinture. De ce fait, les godets ne partent que de la taille, mais m'offrent un supplément d'ampleur sur les hanches quand la robe est relevée.</p>
<h5>La chemise</h5>
<p>La chemise est étudiée pour qu'elle convienne à des travaux manuels. J'ai donc réalisé des manches amples qui peuvent se remonter aux coudes. Elle est taillée dans une toile de lin écru.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/photos/robe-depasse-03.jpg" alt="Robe XIIIe portée manches dépassées" title="Robe XIIIe portée manches dépassées" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/Robe XIIIe portée manches dépassées : on voit les manches de la chemises qui sont relevées pour les travaux." />
<em>Robe XIIIe portée manches dépassées : on voit les manches de la chemises qui sont relevées pour les travaux.</em></p>
<h5>La Coiffe</h5>
<p>Sur les exemples tirés de la bible que j'ai proposé, on peut observer deux coiffes distinctes : l'une, vignette 5, prenant le menton et les autres enveloppant simplement la tête.</p>
<p>La première, est un type assez courant dès la fin du XIIe siècle (on l'observe dans la bible de Manerius) et encore utilisée au XIIIe siècle (vitraux de la cathédrale de Chartres par exemple) même si ce n'est pas la plus fréquemment rencontrée dans la bible de Maciejowsky.</p>
<p>Pour la réaliser, il faut un rectangle de tissus d'environ 40x250cm. Le reste n'est qu'une habile question de drapé. Certains considèrent que ce type de coiffe peut être assimilée à la <em>guimpe</em><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/11-un-costume-pauvre-d-apres-la-bile-de-maciejowski-1250#pnote-11-3" id="rev-pnote-11-3">3</a>]</sup></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/photos/robe-depasse-coiffe-01.jpg" alt="Coiffe couvrant le menton" title="Coiffe couvrant le menton" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/Proposition de reconstitution d'une guimpe de travail." />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/photos/robe-depasse-coiffe-cote.jpg" alt="Coiffe couvrant le menton vue de côté" title="Coiffe couvrant le menton vue de côté" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/Proposition de reconstitution d'une guimpe de travail." />
<em>Diverses vues de la coiffe couvrant le menton.</em></p>
<p>La seconde est très fréquente à partir du XIIIe siècle sur les personnages pauvres ou au travail. Je l'ai réalisée dans du lin blanc coupé en demi-cercle sur lequel est cousu un très long cordon en tissus permettant de faire plusieurs fois le tour de la tête. Sur le site de <a href="http://www.tempora-nostra.de" hreflang="de" title="Tempora nostra">Tempora Nostra</a>, <a href="http://www.tempora-nostra.de/tempora-nostra/index.php?id=377" hreflang="de" title="Coiffe simple : patron et explications">la fabrication et la mise en place de cette coiffe</a> est très bien expliquée (en allemand, certes, mais bien expliquée !).</p>
<p>Pour les francophone, voici une explication en images pour la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/06/07/22-coiffe-simple-xiiie">mise en place de cette coiffe simple mi-XIIIe</a>.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/photos/coiffe-simple-01.jpg" alt="Coiffe simple" title="Coiffe simple" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/coiffe simple pour les travaux." />
<em>Coiffe simple.</em></p>
<h5>Les chausses et chaussures</h5>
<p>Les chausses sont basses (aux genoux) et taillées dans une fine laine jaune.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XIII pecore/photos/assise.02.jpg" alt="Chausses et chaussures" title="Chausses et chaussures" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/Costume XIIIe : robe, chemise, coiffe, chausses et chaussures." />
<em>Robe, chemise, coiffe, chausses et chaussures.</em></p>
<p>Les chaussures sont un modèle ordinaire, fermées et basses, ce qui semble être la norme pour le costume féminin de cette période.</p>
<p>Elles sont réalisées selon la technique du <em><a href="http://www.fiefetchevalerie.com/fief/?2006/05/05/37-fabrication-de-chaussures" hreflang="fr" title="Fabrication de chaussures en cousu retourné">cousu-retourné</a></em> et ont été cousues avec une <em>trépointe</em> dont l'usage se démocratise à cette époque.</p>
<hr>
<h5>Pour aller plus loin ...</h5>
<p>Le rendu final de ce costume me semble satisfaisant. Il répond aux critères que je m'étais fixés à savoir : avoir un aspect général conforme à ce qui est visible sur l'iconographie, en utilisant des matériaux et techniques avérées. Il est rustique, solide, confortable et très pratique.</p>
<p>Je souhaite à l'avenir le compléter par quelques accessoires ou éléments de costumes le rendant utilisable dans différentes situations telles que le froid, le voyage ... J'ai donc prévu de le compléter en y ajoutant : tablier, chaperon, sacs et besaces et, peut être, manteau.</p>
<p>Enfin, pour compléter cette reconstitution, je vous invite à aller voir la <a href="http://guerriersma.free.fr/contenu/Persos_indep/berangere_servante/berangere_servante.htm" hreflang="fr" title="Bérangère la servante sur le site des GMA">proposition de reconstitution d'un costume de servante à manche dépassée par Alexandra</a> des <a href="http://www.guerriersma.com/" hreflang="fr" title="Association des Guerriers du moyen-âge">Guerriers du moyen-âge</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/11-un-costume-pauvre-d-apres-la-bile-de-maciejowski-1250#rev-pnote-11-1" id="pnote-11-1">1</a>] L'engallage est une étape préliminaire à la teinture qui consiste en une imprégnation de l'étoffe par du tanin ou de l'acide galligue.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/11-un-costume-pauvre-d-apres-la-bile-de-maciejowski-1250#rev-pnote-11-2" id="pnote-11-2">2</a>] J'espérais plutôt qu'un jaune, une teinte marron plus soutenu que j'ai obtenu selon le même procédé sur une autre toile de lin, plus fine.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/05/02/11-un-costume-pauvre-d-apres-la-bile-de-maciejowski-1250#rev-pnote-11-3" id="pnote-11-3">3</a>] E. Goddart, Women's costumes in french texts of the eleventh and twelfth centuries</p>
</div>
Un costume riche toute fin XIe siècle
urn:md5:606c8313b761cd54d486d0d90b5648ee
2007-04-06T18:06:00+00:00
2013-01-06T09:58:22+00:00
Hémiole
Costumes
aumônière
chemise
coiffe
robe
XIe
XIIe
Le but était de me constituer une tenue riche de la fin du XIe siècle. Cet article en présente les premiers éléments : chemise, robe et coiffe.
<p>Mes recherches iconographiques m'ont amenées à me pencher plus particulièrement sur les sources Aquitaine de la période. En effet, les vestiges fin XIe et début XIIe y sont nombreux et par là, je m'éloignais un peu du cliché associant systématiquement le XIe siècle à la Normandie.</p>
<p>Le costume, bien que décoré ne prétend pas représenter ce que la noblesse a pu avoir de plus riche à cette époque.</p> <h5>Conception générale du costume</h5>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XI/costume-11-04.jpg" alt="Robe XIe" title="Robe XIe" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/Vue générale du costume" /></p>
<p>La reconstitution que je propose est composée essentiellement de trois éléments de costumes : la chemise, la coiffe.</p>
<p>Ce qui caractérise, à mon sens, le costume de cette période, est qu'il présente les prémices des fastueux costumes du XIIe siècle roman, dont on peut voir l'apogée dans la statuaire de l'époque (Chartres, pour ne citer que l'exemple le plus connu). Les manches s'évasent, les robes présentent une ampleur grandissante et les galons se multiplies et s'élargissent.</p>
<p>Cependant, la silhouette n'est pas encore moulée dans des corsages lacés et l'ampleur des éléments semble encore raisonnables.</p>
<p>La difficulté de l'analyse de l'iconographie de l'époque, est d'écarter tout ce qui peut s'apparenter à l'art antique et à la renaissance Carolingienne dont le style imprègne encore les sources à la période qui nous occupe.</p>
<h5>La chemise</h5>
<p>La chemise, en lin blanc, ne présente aucune décoration particulière si ce n'est le plissage des manches. On observe déjà ce genre de manche (très courantes au XIIe siècle) à cette période comme sur le personnage du milieu de la scène du bas du manuscrit suivant.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XI/Sources/source-cambrais-01.jpg" alt="Manuscrit de Cambrais du XIe siècle" title="Manuscrit de Cambrais du XIe siècle" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/Manuscrit de Cambrais du XIe siècle : manches de chemises plissées" /></p>
<p>Pour réaliser ce plissage, j'ai choisi volontairement une méthode simple mais dont le résultat me satisfait pleinement : la manche est simplement rallongée et très ajustée au poignet. En la portant, les plis se forment naturellement présentant les même irrégularités que sur certaines sculptures.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XI/Sources/manche-plissée.jpg" alt="Manches plissées" title="Manches plissées" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/Manches plissées : source et proposition de reconstitution." /></p>
<p>En outre, sur certaines statuaires romanes, on peut observer des manches longues ajustées portées dépassant du poignet à la manière que j'ai proposé.</p>
<h5>La robe</h5>
<p>La robe est taillées dans un drap de laine pourpre, bien que riche par sa couleur et ses décorations, est de conception simple.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XI/costume-11-03.jpg" alt="Robe XIe" title="Robe XIe" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/Robe XIe : manches de la robe large et manches de la chemise plissées" /></p>
<h4>Le Patron</h4>
<p>Pour le patron, je me suis contentée d'un traditionnel patron en <em>T</em> évasé dès le dessous des aisselle, ceci afin de donner à la robe une ampleur très importante dès la taille pour faire blouser le vêtement ainsi qu'on peut observer sur différentes iconographies. Un godet supplémentaire a été rajouté dans le dos, partant de la taille pour ajouter encore un peu d'ampleur dans le bas. Les manches sont régulièrement évasées depuis l'emmanchure.</p>
<p>J'ai placé des galons brodés sur le bas des manches mais aussi sur le tour de l'encolure (ce qui ne se voit pas compte tenu de la coiffe et qui n'est pas non plus visible sur les sources ...<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/10-un-costume-noble-toute-fin-xie-siecle#pnote-10-1" id="rev-pnote-10-1">1</a>]</sup> les textes de l'époque font néanmoins mentions de broderies au col.)</p>
<p>Les sources qui m'ont servis pour la forme générale et la décoration sont tirée d'un manuscrit de Touraine daté de 1100<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/10-un-costume-noble-toute-fin-xie-siecle#pnote-10-2" id="rev-pnote-10-2">2</a>]</sup>, dont voici les quelques exemples que j'ai retenus :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XI/Sources/source-tours-01.jpg" alt="Manuscrit tourangeau de la fin du XIe siècle" title="Manuscrit tourangeau de la fin du XIe siècle" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/Source d'inspiration du costume : manuscrit tourangeau de la fin du XIe siècle" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XI/Sources/source-tours-02.jpg" alt="Source d'inspiration du costume : manuscrit tourangeau de la fin du XIe siècle" title="Manuscrit tourangeau de la fin du XIe siècle" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/Source d'inspiration du costume : manuscrit tourangeau de la fin du XIe siècle" /></p>
<h4>Les galons brodés</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XI/motif-broderie.JPG" alt="Motif de broderie" title="Motif de broderie" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/Motif de broderie aux médaillons en amande colorés" /></p>
<p>Les galons, sont réalisés sur de la toile de lin jaune pâle et brodés en fil de laine épais au <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/?2007/04/05/2-broderie-sources-et-points-aux-xie-xiie-et-xiiie-siecles#point-fendu" hreflang="fr" title="Le point fendu dans la broderie médiévale">point fendu</a>. J'ai choisi du fil de laine car c'est une excellente matière à broder qui soit à la fois accessible (en terme de coût mais aussi de disponibilité : la laine est un produit courant au moyen-âge) et qui permette un nuancier varié et chatoyant <sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/10-un-costume-noble-toute-fin-xie-siecle#pnote-10-3" id="rev-pnote-10-3">3</a>]</sup></p>
<p>Les fils sont teintés naturellement selon des procédés se rapprochant de ceux de l'époque :</p>
<ul>
<li>à la garance pour le rouge,</li>
<li>à la gaude pour le jaune (de même que pour le lin utilisé comme bande de galon),</li>
<li>au pastel pour le bleu</li>
<li>dans un bain successif de gaude et de pastel pour les fils verts<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/10-un-costume-noble-toute-fin-xie-siecle#pnote-10-4" id="rev-pnote-10-4">4</a>]</sup></li>
</ul>
<p>Pour le modèle, je me suis inspirée des frises d'un panneau de lin brodé de soie, XIe siècle - début XIIe exposé au Musée de Cluny. Le détail du motif est assez difficile à distinguer, j'ai alors opté pour quelque chose de simple qui s'en inspire : une croix en réserve dans des médaillons en forme d'amande.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XI/Sources/broderies-source-robe-11.jpg" alt="Toile brodée de la fin du XIe siècle" title="Toile brodée de la fin du XIe siècle" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/Source d'inspiration pour le motif de broderie : toile brodée de la fin du XIe siècle" /></p>
<h5>La coiffe</h5>
<p>La coiffe que je porte est un voile coupé dans de la laine jaune moutarde, teint à l'oignon. On observe en effet sur certaines enluminures des coiffes colorées. La laine pouvant être très légère permet d'obtenir des voiles colorés légers, isolants et très agréables à porter.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume XI/coiffe-01.jpg" alt="La coiffe" title="La coiffe" style="display:block; margin:0 auto;" longdesc="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/La coiffe en drap de laine moutarde" /></p>
<p>La forme du voile est un simple rectangle que je drape sur la tête en plaçant le bord du tissus au niveau de ma joue, puis en faisant le tour de la tête, passant d'abord par le haut et une fois revenu du premier côté, je fixe le voile sur lui même avec une épingle. Une ou deux épingles supplémentaires peuvent aider à arranger les plis sur le dessus du crâne.</p>
<p>Il existe cependant de nombreuses autres façons de draper ce genre de coiffe.</p>
<h5>Accessoires</h5>
<p>Le costume est complété par des chausses à pieds, traditionnelles qui montent aux genoux, des chaussures cousues retournées (celle des photos sont de conceptions plus tardives), une <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2006/03/05/4-aumnire-brode">aumônière brodée qui a déjà fait l'objet d'un article</a>. Quant à la ceinture, celle présentée est en cuir par défaut, n'ayant pas de source précise pour cette période.</p>
<h5>Perspectives et améliorations possibles</h5>
<p>Pour proposer cette reconstitution, j'ai essayé de me baser sur des connaissances variées, techniques de l'époque, iconographie ... Le résultat final est globalement satisfaisant d'un point de vue visuel.</p>
<p>Cependant, si pour certains aspects j'ai pu me montrer assez précise (motifs, matières et techniques de broderie, par exemple) certains éléments sont encore très approximatifs. Ainsi le patron de la robe est d'une conception simpliste qui tente de reproduire une silhouette générale observée sur les enluminures et est sûrement perfectible.</p>
<p>Ensuite, la composition du vêtement en elle-même mériterait d'être complétée : nous avons vu le cas de la ceinture, mais le sujet de la coiffe pourrait être complété. Enfin, un manteau pourrait finir l'ensemble de ce vêtement.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/10-un-costume-noble-toute-fin-xie-siecle#rev-pnote-10-1" id="pnote-10-1">1</a>] ou :<q>comment se rajouter des heures de travail pour un résultat invisible et incertain</q>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/10-un-costume-noble-toute-fin-xie-siecle#rev-pnote-10-2" id="pnote-10-2">2</a>] Je ne lancerai pas le débat pour savoir si l'an 1100 appartient encore théoriquement au XIe siècle.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/10-un-costume-noble-toute-fin-xie-siecle#rev-pnote-10-3" id="pnote-10-3">3</a>] oui, <em>chatoyant</em>, rien que ça !</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/06/10-un-costume-noble-toute-fin-xie-siecle#rev-pnote-10-4" id="pnote-10-4">4</a>] bien que cette dernière méthode soit discutée d'un point de vue historique, notamment par M. Pastoureau dans sont ouvrage <em>Jésus chez le teinturier</em>.</p>
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Robe de servante fin XIIe d'après la Bible de Manerius
urn:md5:72066ee79ceff68565029133da1f7a00
2006-02-15T18:44:00+00:00
2013-01-06T10:15:44+00:00
Hémiole
Costumes
broderie
chemise
coiffe
guimpe
point de tige
servante
XIIe
<p>J'ai voulu, à travers ce costume proposer un costume de servante de la fin du XIIe siècle, en me basant sur une image d'Eve filant tirée de la bible de Manerius.</p>
<p>Ce costume se devait d'être de facture simple mais pas grossier, et devait convenir à des travaux manuels.</p> <p>La robe de dessus est simple, courte mais présente des broderies. Une telle robe semble adaptée au travail qu'elle est en train d'effectuer même si les broderies et l'ampleur limitée détournent son usage des travaux des champs.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/eve-01.jpg" alt="Eve filant, bible de Manerius" title="Eve filant, bible de Manerius" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Pour réaliser cette robe simple mais soignée et ouvragée, j'ai utilisé un lainage assez fin, de couleur jaune pâle.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/costume-01.jpg" alt="Costume modeste fin XIIe" title="Costume modeste fin XIIe" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Le patron est assez simple. Sur la source, les manches sont relevées. J'ai interprété ceci comme des manches droites, ni évasées, ni ajustées qui se relèvent pour permettre de réaliser certains travaux sans être gênée.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/manches-01.jpg" alt="Manches relevées pour les travaux manuels" title="Manches relevées pour les travaux manuels" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>J'ai coupé la robe droite également, l'ampleur peu importante, ne limite pas les mouvements les plus simples puisque la robe est arrêtée à mi-mollet. Cette robe me permet aisément de marcher en campagne, y compris dans les herbes et hors chemin et d'enjamber de petits obstacles (un bancs sera la limite).</p>
<p>Pour l'encolure qui n'est pas visible de manière claire sur l'enluminure, j'ai opté pour un amigau assez court qui permet juste le passage de la tête. Il peut être fermé par une fibule ou un fermail.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/amigaud.jpg" alt="Amigau fermé par une fibule simple" title="Amigau fermé par une fibule simple" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>J'ai essayé de réaliser des broderies simples au point de tige. En laine épaisse, teintée de couleurs vives<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2006/02/15/14-robe-modeste-fin-xiie-d-apres-la-bible-de-manerius#pnote-14-1" id="rev-pnote-14-1">1</a>]</sup>, le motif du bas de la robe est un motif géométrique à losanges que l'on trouve assez fréquemment sur les sources de l'époque.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/broderie-bas.jpg" alt="Broderies simple du bas de la robe" title="Broderies simple du bas de la robe" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Les poignets et l'encolure n'étant généralement brodés que dans le cas de costumes visiblement plus riches, j'ai simplement rehaussé les coutures d'un liseré vert au point de tige.</p>
<p>Le voile entoure le visage et est attaché par une boucle, on trouve ce type de coiffe souvent dans ce manuscrit mais aussi sur d'autres sources, y compris plus tardives, comme les vitraux de la cathédrale de Chartres.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/voile-01.jpg" alt="Exemple de guimpe, bible de Manerius" title="Exemple de guimpe, bible de Manerius" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/voile-02.jpg" alt="Exemple de guimpe, bible de Manerius" title="Exemple de guimpe, bible de Manerius" /></p>
<p>J'ai réalisé des chausses basses dans la même étoffe. Elles sont tenues par des cordelettes en laine tressées à 4 brins. Cette méthode donne une certaine élasticité dans la cordelette, ce qui permet de serrer suffisamment pour que la cordelette tienne sans couper la circulation. Une autre solution intéressante pour l'attache est à chercher du côté des galons tissés.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/chausses-01.jpg" alt="Chausses et jarretières" title="Chausses et jarretières" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2006/02/15/14-robe-modeste-fin-xiie-d-apres-la-bible-de-manerius#rev-pnote-14-1" id="pnote-14-1">1</a>] La laine rouge est teintée à la garance et la verte par des bains successifs de gaude et de pastel.</p>
</div>