Bourse XIIIe en soie décorée d'un filet en or et perles

Le titre, comme ça, ça fait un peut recette de cuisine !

Voici la réalisation d'une petite bourse/aumônière en soie qui s'inscrit dans la reconstitution d'un costume noble mi-XIIIe.

J'ai essayé de proposer une aumônière qui réponde à la problématique des bourses en filet que l'on peut observer sur certaines enluminures. En m'inspirant d'une pièce archéologique qui m'y faisait penser. Ce n'est pas la seule pièce pouvant s'apparenter à ce genre de représentations et encore moins la seule proposition valable pour les reconstituer.

Sources et observations

L'idée de départ était de reproduire ce costume tiré de la bible de Maciejowsky.

Pour ce qui est de la bourse, la représentation en filet était quelque peu troublante, puisque l'on peut se poser la question de l'utilité et surtout du côté pratique d'un filet, même très fin, pour y déposer quelques pièces.

Une pièce archéologique datée du XIVe siècle m'a inspiré une autre interprétation.

Il s'agit d'une aumônière allemande en soie, rehaussée d'une sorte de filet réalisé en or et perles.

Pour le choix des perles, celles de la source étant relativement petites et régulières, on peut se demander si c'était de vraies perles (type perles de culture) ou des perles façonnées dans un autre matériau. En effet, sur les vêtements de Roger de Sicile, ouvrage d'une très grande qualité et d'une très grande richesse, les perles (type perles de culture) sont de forme bien moins régulière. J'en ai donc déduit (peut être abusivement) que les perles fines et régulières que l'on observe sur la pièce que j'ai utilisé étaient façonnées. Outre la facilité d'approvisionnement et le coût, les perles en nacres m'ont paru être une alternative crédible pour cette aumônière.

On observe également un cordon qui court sur tout le pourtour de l'aumônière. Les cordons pouvaient être tissés aux cartons à même les bordures du tissus, ou bien tressés à l'avance ou bien au fur et à mesure de l'assemblage.

Sur l'original, les pompons sont fixés à des cabochons en cristal. J'ai cherché des cabochons qui puissent convenir de par leur forme dans le commerce et n'ai malheureusement trouve que des formes trop modernes (quand ce n'était pas des petits cœurs roses !). J'ai finalement abandonné l'idée des cabochons pour me rabattre sur du pompon plus classique.

Réalisation

Matériaux

J'ai réalisé mon aumônière en soie, cousue au fil de soie. Le tissu utilisé pour le fond de l'aumônière est celui de la (future) robe, pour essayer de coller à l'enluminure présentée au dessus avec un filet sur base invisible. Les cordons sont réalisés en soie teinte à la garance. Pour le filet, j'ai utilisé de la cannetille d'or[1] et des perles en nacre que j'ai monté sur une âme[2] en soie.

Assemblage

J'ai d'abord réalisé la base en tissus de l'aumônière. C'est un simple rectangle de soie dont j'ai d'abord cousu tous les ourlets (intérieurs et extérieurs).

L'assemblage proprement-dit, est réalisé en cousant un long cordon à deux brins, tressé aux doigts, il court également sur les bordures (pliure du bas, ourlets du haut) de l'aumônière.

Fabrication du filet

Les nœuds du filet qui décore cette aumônière semblent être remplacés par les perles.

Pour le fabriquer, j'ai d'abord tendu horizontalement des fils à égales distances pour me servir de guide, déterminant ainsi l'espacement vertical entre les perles.

Puis j'ai travaillée horizontalement, rangée par rangée, en alternant cannetille et perles qui sont disposées en quinconces.

Finitions

Quelques points au fil de soie permettent de maintenir le filet ainsi obtenu au tissu de fond. Ceci, afin d'éviter que le filet ne retombe en un ventre lorsque l'aumônière est fermée.

Les pompons du bas de l'aumônière (ci-dessous) ont une boule en soie rehaussée de fil d'or couchés au fil de soie.

Pour les pompons des cordelettes de serrage, conformément à ce que l'on remarque sur différentes sources, j'ai conservé un aspect simple prolongeant simplement la cordelette.

Conclusions et perspectives

Au final, travailler des matériaux précieux (et non des substitutions moins onéreuses) a été un vrai plaisir. D'abord, on n'aborde pas le travail de la même manière quand on utilise des matériaux nobles et précieux. Le travail, se fait naturellement plus minutieux, plus soigné ... la conscience de ce que l'on réalise est plus aigüe.

En ce qui concerne la réalisation d'une bourse en filet, si cette hypothèse est séduisante, je compte également proposer une seconde interprétation, fondée sur le même principe du filet rapporté sur une aumônière en tissu, mais, en utilisant cette fois la technique du filet dont l'utilisation est confirmée par des vestiges archéologiques et qui pouvait en outre être brodé.

Notes

[1] L'usage de la cannetille (un fin ressors d'or) n'est pas avéré avant le XVIe siècle. Cependant, au moyen-âge, les tube d'or étaient utilisé pour réaliser des broderies. Ainsi, la cannetille m'a semblé être une bonne proposition pour la restitution des fils d'or médiévaux.

[2] L'âme est le fil utilisé comme base pour toute broderie de perles ou pour la fabrication des fils métalliques. Au moyen-âge, l'âme des fils métalliques était systématiquement en soie.

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