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Pour en finir avec le syndrome de Pénélope

Réception des broderies médiévales au moyen-âge et aujourd'hui

Cet article m'a été inspiré par quelqu'un qui, à propos de la broderie de Bayeux, a fait la remarque suivante : « (…) elle a été brodée par une personne qui n’a guère vu le champ de bataille... ».

Il est vrai que la légende veut qu'elle ait été brodée par la reine Mathilde et ses dames de compagnie. Les historiens sont aujourd'hui d'accord sur le fait que cette idée relève du mythe. La tapisserie a probablement été brodée dans un monastère mais on n'en sait pas plus sur sa provenance. Cependant, l'étude de la manière de travailler des brodeuses et des brodeurs au moyen-âge peut probablement nous éclairer sur la réception que l'on peut avoir de l’œuvre.

Mais il y a un un autre point qui devrait nous amener à nous interroger sur la fiabilité des représentations qu'on retrouve sur cette broderie : son commanditaire, Odon, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume le Conquérant. En mettant en lumière ce fait, on change totalement la réception que l'on peut avoir de l’œuvre et s'interroger sur son caractère politique.

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Le tambour à broder

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(English readers : you can find a translation of this article on Le temps de broder.)

Après les métiers à broder qui semblent être la première forme d'outil pour tendre l'étoffe en broderie, je vous propose de nous intéresser au tambour ou cercle à broder.

Le tambour à broder est un métier circulaire en bois, généralement composé de 2 cercles qui s'emboîtent pour fixer l'étoffe. Le tambour a donc la même fonction que le métier à broder : tendre le tissu. Il diffère par sa forme et la manière dont on va tendre le tissu dessus.

Je vous propose de remonter à son apparition et son usage en occident. Une fois encore, nous utiliserons les ouvrages encyclopédiques mais également les tableaux et pièces d'époque pour cette étude. Enfin nous verrons comment en étudiant les broderies d'époques et l'évolution des styles de broderies, on peut suivre la trace de l'usage du tambour à broder au fil du temps.

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Proposition de reconstitution d'un costume de brodeur vers 1200

Dans le cadre de l'atelier de brodeurs, voici le costume de l'artisan brodeur. J'ai déjà évoqué brièvement le contexte économique et social de ces [artisans dans l'article consacré au costume de brodeuse. Il s'agit donc du costume de son époux.

La cotte que nous avons choisi de faire est une reproduction de la tunique dite de Moselund (datée c14 1050-1155). Nous avons décidé de la décorer de broderie en s'inspirant des enluminures de la fin du XIIe siècle (Bible de Manerius). Les accessoires (chapeau, ceinture), de part leur facture, dénotent un statut aisé.

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Proposition de reconstitution d'un costume de brodeuse vers 1200.

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A la charnière entre les XIIe et XIIIe siècles, on connait peu de choses du statut des artisans en France. Mais il semblerait que leur statut subisse une profonde mutation. Petit à petit, les métiers sortent du cadre privé des ateliers seigneuriaux vers la sphère publique. La fin de cette mutation se retranscrit au travers du dépôt du statut des métiers par le préfet de Paris en 1268.

Le costume présenté est celui d'une brodeuse qui dirige un atelier travaillant essentiellement pour une maison noble. En plus du paiement de leurs ouvrages, les artisans travaillant au service de ces maisons perçoivent des gratifications pécuniaires ou les matières premières (étoffes, fourrures ...) nécessaires à la confection d'une garde-robe à la hauteur de leur rang. Les étoffes étant très chères il faudrait un peu moins d'un an de salaire à notre chef d'atelier pour s'offrir de quoi tailler une robe dans un drap de laine d'assez bonne qualité (et plus d'un an de salaire pour une ouvrière). On comprend alors mieux pourquoi les nobles habillaient leurs gens et pourquoi les vêtements entraient dans les inventaires et donations après décès. La robe de notre brodeuse est donc taillée dans un drap offert par son employeur.

Le costume est conforme à la mode de l'époque, telle que décrite dans les textes courtois, qui nous renseignent sur les usages des vêtements et éclairent l'iconographie en animant, en quelque sorte, les images figées que nous pouvons observer. Les textes des moralistes sont également étudiés de sorte à avoir un second éclairage sur la question.

Ainsi, le costume se compose d'une robe de fin sergé de laine lacée sur les côtés, d'une chemise de lin blanc finement plissée, d'une ceinture de laine tissée. Deux coiffes complètent cette tenue, l'une plus formelle et classique, l'autre en soie, comme les coquettes de l'époque.

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