Reconstitutions - Costumes
Démarche de reconstitition. Costume, broderie et parfois cuisine historiques
2024-02-02T14:55:05+00:00
Hémiole
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Dotclear
Pelote - surcot espagnol de la fin du XIIIe siècle
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2019-08-12T17:04:00+01:00
2023-06-01T10:19:30+01:00
Hémiole
Costumes
Cantigas de Santa Maria
costumes historique
Espagne
Fernando de la Cerda
lampas
Livre des jeux
pelote
soie
XIIIe
<p>Seconde pièce du costume de noble espagnol de la fin du XIIIe siècle que je vous présente : la <em>pelote</em> ou surcot.</p>
<p>Portée par dessus la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle">tunique</a>, le surcot espagnol a lui aussi une forme très typique. C'est un surcot sans manches dont l'ouverture sur les côtés est très échancrée. Il laisse largement voir la tunique portée en dessous. Cette forme de surcot, longueur mise à part, semble également portée aussi bien par les hommes que par les femmes.</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/.saya-01-LOGO_m.jpg" alt="saya-01-LOGO.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<h3>Spécificités de la pelote</h3>
<h4>Sources</h4>
<p>Comme pour la tunique, les vêtements de la famille royale de Catsille, nous révèlent plusieurs pièces exceptionnelles.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/pelote-02.jpg" alt="pelote-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Surcot de Henri I de Catsille qui présente des bandes de décorations sur les ouvertures.</em></p>
<p>Mais on en trouve également de nombreuses représentations dans les peintures, manuscrits et sculptures espagnoles de cette période.</p>
<h4>Description</h4>
<p>De même longueur que la tunique (ou saya), la pelote est un surcot (porté sur la cotte) sans manches, très échancré. Les ouvertures laissent voir les côtés de la tunique jusqu'à la naissance des hanches et dévoile une partie des épaules et du torse. Le devant et le dos ne sont constitués que d'une bande relativement étroite.</p>
<p>Portée par les nobles, il semble qu'elle puisse être réalisée dans de tissus précieux et décorée de bandes contrastantes tout le long des ouvertures.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/pelote-05.jpg" alt="pelote-05.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Cantigas de Santa Maria, Codex E, MS B.I.2, Bibliothèque de l'Escurial.</em></p>
<h4>Comparaison</h4>
<p>Si le surcot sans manches se porte à cette époque, en France, il a cependant une forme nettement différente à cette époque. En effet, les ouvertures sur les côtés sont bien moins échancrées et ne laissent voir la plupart du temps que les manches. Sur quelques exemples XIIIe siècle, on peut deviner une ouverture qui descend plus bas vers la taille, cependant, le torse semble toujours couvert. Ce n'est qu'au cour du XIVe siècle que les surcots vont s'échancrer de la sorte et qu'une forme comparable va apparaître en France : le fameux <em>surcot à porte d'enfer</em>, ou plus simplement <em>surcot ouvert</em> dans les textes d'époque<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<h3>Réalisation</h3>
<h4>Choix du tissu</h4>
<p>Le tissu est différent de celui de la tunique. Si les vêtements qui ont été retrouvés dans les tombes des membres de la famille royale espagnole peuvent être réalisés, pour une même tenue dans le même tissu, parfois héraldique, on peut néanmoins observer de nombreuses représentations, où les tissus sont différents non seulement en ce qui concerne les couleurs mais aussi les motifs.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2_m.jpg" alt="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg, janv. 2017" /></a>
<em>Joseph d'Arimathie, Bois polychrome, Fondation Francisco Godia, Barcelone ; vers 1300.</em></p>
<p>Pour ce surcot, j'ai utilisé un lampas de soie à médaillons. Le lampas est un tissu de soie façonnée dont le décors est est obtenu par des flottés de trame. La différence entre le lampas et le brocard est que pour ce dernier, le fil de trame supplémentaire n'est tissé que sur la largeur des motifs. Dans le cas du lampas, le fil de trame constituant les motif court sur toute la largeur du lé.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/.flottes-details-01_m.jpg" alt="flottes-details-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Détails des décors flottés : les fils clairs qui forment le motif sont libres et n'apparaissent sur l'endroit que sur les zones de motifs.</em></p>
<p>Au XIIIe siècle, le travail de la soie et notamment le tissage de soieries façonnées est attesté en Espagne via l'Afrique du nord. Jusqu'au cour du XIIIe siècle, les circuits d'approvisionnement en soie et en fil d'or sont différents entre l'Espagne et l'Italie<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. A la fin du XIIIe siècle, l'Espagne, via la Sicile ouvre des voies de communication et des échanges techniques et commerciaux entre l'est et l'ouest du bassin méditerranéen. En outre, le déclin de l'empire Almohade au cours du XIIIe siècle va également influencer la qualité et les décors des soieries sur toute la péninsule ibérique. Ainsi, ce motif géométrique à petits rapports semble compatible avec les soieries façonnées tissées en Espagne au cours du XIIIe siècle<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> mais il aurait pu avoir été tissé aussi bien en Andalousie qu'en Sicile ou au proche Orient.</p>
<h4>Choix des broderies</h4>
<p>Que se soit sur certains vêtements de la famille royale ou sur les représentations, on remarque souvent des bandes de décorations sur les ouvertures latérales, l'encolure, parfois au bas, voir au milieu des pelotes. En ce qui concerne la pelote de Henri de Castille, la bordure semble être un galon doré. Sur certaines enluminures la représentation choisie fait penser à de riches fourrures telles que le vair ou l'hermine. Mais il est impossible de déterminer avec certitude la nature de ces décorations.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/decos-pelote-01.JPG" alt="decos-pelote-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" />
Sur ces 3 personnages des Cantigas de Santa Maria (Codex E, MS B.I.2, Bibliothèque de l'Escurial que j'ai présenté en entier dans mon <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle">article sur la saya encordada</a>), tous issu de la même enluminure, la bordure de la pelote est représentée différemment : à gauche le musicien a des bordure dorées qui semble unies, au centre, le costume le plus riche, la bordure blanche à points noirs fait penser à de l'hermine tandis qu'à droite, la bordure présente de petites décorations. Il est évidemment impossible de trancher définitivement sur la nature de celles-ci, mais ce décors m'a orienté vers les ajouts de perles.</p>
<p>Pour cette réalisation, j'ai donc décidé de border les ouvertures des côtés et l'encolure d'une bande de taffetas de soie orné de petites perles de culture agencées par 2. En effet de nombreuses pièces de cette époque, que se soit en Espagne ou en Sicile (dont on a évoqué les liens plus haut) présentent des broderies agrémentées de perles.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/pelote/.saya-02-LOGO_m.jpg" alt="saya-02-LOGO.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
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<h3>Bibliographie</h3>
<p>Vestiduras ricas: el Monasterio de Las Huelgas y su época 1170-1340 ; catalogue de l'exposition "VESTIDURAS RICAS: EL MONASTERIO DE LAS HUELGAS Y SU ÉPOCA 1170-1340" ; Patrimonio natcional ed. ; 2005.<br />
Renaudeau O. Les "vrais" costumes du XIIIe siècles d'après les découvertes de l'abbaye de Las Huelgas ; Histoire médiévale n°59, novembre 2004 ; n°60, décembre 2004.<br />
Desrosiers S. Draps d'areste (II). Extension de la classification, comparaison et lieux de fabrication ; Soieries médiévales ; Techniques et culture 34 ; 1999.<br />
Cardon D. De l'Espagne à l'Italie. Hypothèses concernant un groupe de soieries médiévales à fond de losanges liserés et bandes de samit façonné ; Soieries médiévales ; Techniques et culture 34 ; 1999.<br />
Martin i Ros R. M. ; Les vêtemens liturgiques dits de saint Valère. Leur place parmi les textiles hispano-mauresques du XIIIe siècle ; Soieries médiévales ; Techniques et culture 34 ; 1999.<br />
Burns E. J. Sea of silk, A textile geography of women's work in medieval french literature. University of Pennsylvania Press ; 2009.<br />
Yashodhara Agrawal ; Les brocards de soie ; Roli & Janssen BV, 2004.</p>
<p><a href="https://utip.io/hemiole/" hreflang="fr" title="Soutenir Hémiole sur uTip">Vous pouvez soutenir le blog en faisant un don sur uTip.</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Marie de Rasse ; Surcot et cotte-hardie ; Histoire et Images Médiévales, thématique n°30 ; 2012</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] La qualité des fils, leur sens de torsion, le type de motifs ainsi que le type de métier à tisser utilisé permet aux historiens d'essayer de déterminer l'origine des soieries anciennes. Desrosiers et Cardon montrent dans leurs articles comment l'analyse technique des tissus permet de déterminer ou d'émettre des hypothèses sur leur lieu de fabrication. voir bibliographie</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Pelote-surcot-espagnol-de-la-fin-du-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Martin i Ros, voir bibliographie</p></div>
Une tenue de femme noble 1630
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2018-12-07T11:37:00+00:00
2023-06-01T10:20:06+01:00
Hémiole
Costumes
hollar
noble
soie
XVIIe
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/P1150448-small.JPG" title="P1150448-small.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.P1150448-small_m.jpg" alt="P1150448-small.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Ce costume est une proposition de reconstitution d'une tenue de femme noble dans les années 1630. Cette tenue est inspirée dans sa forme et sa construction par le corsage 1630 conservé au V&A et plusieurs tableaux et gravures d'époque pour l'ensemble.</p>
<p>Ce costume est composé d'une chemise en lin blanc, d'un cul, d'une jupe de dessous en lin doublée de lin, d'un corsage en soie fortement baleiné, d'une jupe assortie en soie doublée de soie, d'un col en lin orné de dentelle.</p>
<p>Des éléments de décoration en soie, dentelle et perles rehaussent cette tenue.</p> <p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/Wenceslas_Hollar_-_Lady_with_ribbon_round_her_waist<strong>State_3_.jpg" title="Wenceslas_Hollar_-_Lady_with_ribbon_round_her_waist</strong>State_3_.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.Wenceslas_Hollar_-_Lady_with_ribbon_round_her_waist__State_3__s.jpg" alt="Wenceslas_Hollar_-_Lady_with_ribbon_round_her_waist__State_3_.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a>
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/Wenceslas_Hollar_-_The_kitchen-maid<strong>State_1_.jpg" title="Wenceslas_Hollar_-_The_kitchen-maid</strong>State_1_.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.Wenceslas_Hollar_-_The_kitchen-maid__State_1__s.jpg" alt="Wenceslas_Hollar_-_The_kitchen-maid__State_1_.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></a></p>
<p>La silhouette générale du costume est typique de cette période : taille haute et marquée avec des basques amples, épaules tombantes, manches bouffantes, le corsage est fermé par un laçage sur le devant qui est caché par une pièce d'estomac amovible tenue par des épingles. Les hanches sont élargies par un cul et la superposition de jupes plissées à la ceinture.</p>
<p>Cette silhouette très caractéristique se retrouve à cette époque dans plusieurs couches de la société comme en témoignent ces gravures de Wenceslaus Hollar, tirée du <em>Ornatus Muliebris Anglicanus</em>, 1640 : <em>la femme au ruban autour de la taille</em> et<em> la fille de cuisine</em>. Bien que les accessoires et décorations sont très différentes on peut noter cette similitude dans la silhouette générale.</p>
<p>La source de base de ce costume est <a href="http://collections.vam.ac.uk/item/O115754/bodice-unknown/" hreflang="en" title="Bodice - V&A">le corsage 1630 conservé au Victoria and Albert Museum, London</a> qui est également présenté en détail dans le livre <a href="https://www.vam.ac.uk/shop/seventeenth-century-women-s-dress-patterns-book-one-108853.html" hreflang="en">Seventeenth-Century Women's Dress Patterns</a><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Une-tenue-de-femme-noble-1630#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> édité par le V&A. Sur le site du V&A vous pourrez consulter les photos en détail, y compris les radiographies réalisées pour voir la structure et les différents matériaux du vêtement.</p>
<p>Le corsage est en satin de soie entaillé, doublé de taffetas de soie et renforcé de toile, de bougran et de baleines.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.2010EB2875_jpg_l_m.jpg" alt="2010EB2875_jpg_l.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
© Victoria and Albert Museum, London.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.2010EB3076_2500_m.jpg" alt="2010EB3076_2500.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
© Victoria and Albert Museum, London.</p>
<p>La radio et la description du vêtement permettent de connaître précisément les zones renforcées ou baleinées. ainsi que l'ordre de construction.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.2012FJ6903_jpg_l_m.jpg" alt="2012FJ6903_jpg_l.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" />
© Victoria and Albert Museum, London.</p>
<p>J'ai essayé de reproduire ce corsage au plus près de ce qu'il était. Si j'ai réalisé quelques coutures à la machine (comme les casiers des baleines) la plus grosse partie du travail s'est faite à la main pour respecter l'ordre et le type de montage.</p>
<p>Le corsage que j'ai réalisé est en taffetas de soie entaillé entièrement doublé de taffetas de soie jaune qui peut se voir à travers les entailles.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/48170814_325851934685708_3674963787292606464_n.jpg" title="48170814_325851934685708_3674963787292606464_n.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.48170814_325851934685708_3674963787292606464_n_m.jpg" alt="48170814_325851934685708_3674963787292606464_n.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a><br />
La pièce de dos du corsage entaillée.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/29683665_2367871076572453_7262978531143143290_n.jpg" title="29683665_2367871076572453_7262978531143143290_n.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.29683665_2367871076572453_7262978531143143290_n_m.jpg" alt="29683665_2367871076572453_7262978531143143290_n.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>La partie haute du corsage (jusqu’à la ligne de taille marquée par le haut des goussets des basques) est renforcé par différentes couche de toile, de bougran et rigidifié par des baleines en osier.
Cette partie haute du corsage est de nouveau doublée par du taffetas de soie jaune pour le cacher à l'intérieur.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/29683987_2367871356572425_6242079596496130642_n.jpg" title="29683987_2367871356572425_6242079596496130642_n.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.29683987_2367871356572425_6242079596496130642_n_m.jpg" alt="29683987_2367871356572425_6242079596496130642_n.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a><br />
Sur cette photo on voit, à gauche le dos dont la doublure intérieure est en train d'être assemblée à la main et à droite la triplure baleinée qui n'a pas encore été recouverte.</p>
<p>Le corsage est fermé sur le devant par un laçage à l'intérieur du vêtement. Ce laçage va de la taille à la poitrine et sera caché par la pièce d'estomac.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/corsage-01.JPG" title="corsage-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.corsage-01_m.jpg" alt="corsage-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>La jupe est en taffetas de soie assorti au corsage. J'ai pris le parti de ne pas l'entailler pour ne pas trop fragiliser la tenue mais il est probable qu'elle aurait dû l'être. Elle est doublée de satin de soie. La jupe est assemblée à une fine ceinture par une série de plis canons. La ceinture se noue par un cordon.</p>
<p>Pour la pièce d'estomac et les décorations, de la tenue, j'ai dû me baser sur des tableaux et gravures. Notamment sur ce portrait d'Amélie de Solms-Braunfels peint part Antoine van Dyck vers 1631-1632.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/1631-1632-amalia-van-solms_med.jpeg" title="1631-1632-amalia-van-solms_med.jpeg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.1631-1632-amalia-van-solms_med_m.jpg" alt="1631-1632-amalia-van-solms_med.jpeg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/P1150541-small.JPG" title="P1150541-small.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.P1150541-small_m.jpg" alt="P1150541-small.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Les fleurs et la ceinture sont en ruban de satin de soie jaune. De la dentelle et des perles complètent la décoration de la pièce d'estomac.</p>
<p>Le col a été réalisé d'après les formes de différents cols conservés et décrits dans <em>Patterns of Fashion 4: The cut and construction of linen shirts, smocks, neckwear, headwear and accessories for men and women c. 1540 - 1660</em> de Janet Arnold. La structure est réalisée en fil de fer recouvert de papier cousue sur une base en lin. J'ai ajouté des bandes de lin décorées de broderies au point de poste au fil de lin tout le long de ces bandes et des ourlets. Enfin, le col est bordé de dentelle.</p>
<p>Pour cette tenue, pas de coiffe mais un rang de perles pour décorer le chignon.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/P1150495-small.JPG" title="P1150495-small.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/1630-femme-noble/.P1150495-small_m.jpg" alt="P1150495-small.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Enfin, la tenue sera complétée ultérieurement par des accessoires brodés comme une bourse, un coussin à épingles ou un étuis à couteau.</p>
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<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Une-tenue-de-femme-noble-1630#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Costigliolo, Luca, 'Slashed satin bodice', in North, Susan and Jenny Tiramani, eds, Seventeenth-Century Women’s Dress Patterns, vol.1, London: V&A Publishing, 2011, pp.70-87 </p></div>
Proposition de reconstitution d'un costume d'aviatrice du début du XXe siècle
urn:md5:adb43c2d364b32305467589bc78ec522
2018-11-01T12:57:00+00:00
2023-04-17T14:35:13+01:00
Hémiole
Costumes
20e siècle
aviation
aviatrice
bloomers
culotte
sport
tenue de sport
XXe siècle
<p>Suite et fin de la série d'articles sur le costume de pionnière de l'aviation pour la pour <a href="http://www.eutrapelia.fr/antoinette.html" hreflang="fr" title="Antoinette, un spectacle de la cie Eutrapelia">la compagnie Eutrapelia</a>.</p>
<p>Dans les articles précédents nous avons vu les recherches effectuées dans le cadre de cette réalisation, nous allons donc, enfin voir la culotte réalisée pour le spectacle. Pour rappel les articles précédents :</p>
<ul>
<li><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Tenue-d-aviatrice-1">Les tenues de sport de la fin du XIXe siècle</a> ;</li>
<li><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Tenue-d-aviatrice-2">Les photographies des tenues d'aviatrices du début du XXe siècle</a>.</li>
<li><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Tenue-d-aviatrice-3">Harriet Quimby et l'image médiatique des pionnières de l'aviation</a>.</li>
</ul> <p>Je cite la description des personnages du spectacle :</p>
<blockquote><p>
Lui : un explorateur rigide, colonial et misogyne, qui cherche un aéroplane et un pilote pour tenter l'exploration aérienne d'une contrée sauvage.</p>
<p>
Elle : une jeune femme libre, rêveuse et optimiste, gérante d'une petite compagnie aérienne et pilote d'un monoplan «Antoinette ».</p></blockquote>
<p><a href="http://www.eutrapelia.fr/antoinette.html" hreflang="fr" title="Antoinette, un spectacle de la cie Eutrapelia">Eutrapelia, Antoinette</a></p>
<p>Assez rapidement, nous avons décidé de nous inspirer en partie de la tenue d'Harriet Quimby pour réaliser non pas une combinaison mais une culotte/jupe convertible. De plus sa tenue nous semblait autoriser des possibilités variées dans le choix du tissu.</p>
<p>Comme je le soulignais dans <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Tenue-d-aviatrice-3">l'article précédent</a>, si l'on sait par un article de presse que la tenue d'Harriet Quimby était convertible, aucune source nous permet de savoir avec précision comment c'était réalisé. Nous avons dont cherché un système en s'inspirant <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Tenue-d-aviatrice-1">des nombreuses photographies et gravures de tenues de sport, de chasse ou de marche que j'ai présenté dans le premier article</a>.</p>
<p>La culotte d'Harriet Quimby présente des boutons sur toute la longueur de la cuisse jusqu'aux genoux. J'ai assez vite pris la décision de partir de ces boutons comme base du système.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/harriet-quimby-03.jpg" title="harriet-quimby-03.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.harriet-quimby-03_m.jpg" alt="harriet-quimby-03.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>De plus sur plusieurs jupes de cette période, on constate que les boutons non utilitaires sont utilisés comme décorations sur toute la longueur des jupes. Il semblait donc crédible de garder ces boutons sur la jupe également. Dans ce cas, on le voit sur cette photo, on peut apercevoir le jupon porté en dessous. L'ourlet a également une forme incurvée qui permet de gérer l'excédent de tissu au niveau des genoux lorsque le vêtement est boutonné en culotte.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/promenade-01.jpg" title="promenade-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/.promenade-01_m.jpg" alt="promenade-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/28942055_10156892690554796_2046915883_o.jpg" title="28942055_10156892690554796_2046915883_o.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/.28942055_10156892690554796_2046915883_o_m.jpg" alt="28942055_10156892690554796_2046915883_o.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a>
D.R. <a href="http://eutrapelia.fr/" hreflang="fr" title="Eutrapelia, spectacles historiques">Eutrapelia spectacles historiques</a>.<br />
Jupe simple et fluide, Les 2 pans de devant se chevauchent pour couvrir les jambes mais on peut voir le jupon en bas. Les boutons sur l'avant de la jupe sont décoratifs dans ce cas.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/28928586_10156892691664796_1285301450_o.jpg" title="28928586_10156892691664796_1285301450_o.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/.28928586_10156892691664796_1285301450_o_m.jpg" alt="28928586_10156892691664796_1285301450_o.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a>
D.R. <a href="http://eutrapelia.fr/" hreflang="fr" title="Eutrapelia, spectacles historiques">Eutrapelia spectacles historiques</a>.<br />
Sur les côtés, des boutons et des brides permettent de resserrer le bas de la culotte sous le genou. Une fois encore, ils sont purement décoratifs sur la jupe.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/23825958_1603538689710712_3130683972221768742_o.jpg" title="23825958_1603538689710712_3130683972221768742_o.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/.23825958_1603538689710712_3130683972221768742_o_m.jpg" alt="23825958_1603538689710712_3130683972221768742_o.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a>
D.R. <a href="http://eutrapelia.fr/" hreflang="fr" title="Eutrapelia, spectacles historiques">Eutrapelia spectacles historiques</a>.<br />
Portée en culotte, les boutons de devant servent à former les 2 jambes de la culotte. Elle arrive alors juste sous les genoux.</p>
<p>La culotte est réalisée dans un drap de laine fine rose. Les boutons en bois émaillés sont décorés de petites fleurs. Ces détails (couleur, boutons) nous ont été inspirés par le soin apporté à la toilette et à son image par Harriet Quimby.</p>
<p>Pour finir, voici une photographie de l'explorateur qui accompagne Antoinette dans ce spectacle et donc j'ai également réalisé la veste et le pantalon.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/23800304_1603538649710716_8420510733080664427_o.jpg" title="23800304_1603538649710716_8420510733080664427_o.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/.23800304_1603538649710716_8420510733080664427_o_m.jpg" alt="23800304_1603538649710716_8420510733080664427_o.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a>
D.R. <a href="http://eutrapelia.fr/" hreflang="fr" title="Eutrapelia, spectacles historiques">Eutrapelia spectacles historiques</a>.<br />
Veste et pantalon en gabardine de coton. D’après des dessins de tenues d'explorateurs du début 20e siècle.</p>
Tenue d'aviatrice : les nouvaux horizons de la féminité - Partie 3
urn:md5:d4b2804141fb3186a91ad34b15228efa
2018-07-30T10:50:00+01:00
2023-04-17T14:35:22+01:00
Hémiole
Costumes
20e siècle
aviation
aviatrice
aviatrices
photographies
pionnières
tenue de sport
XXe siècle
<p>Troisième et dernière partie théorique sur les recherches effectuées pour la réalisation d'une tenue d'aviatrice vers 1910 pour la <a href="http://www.eutrapelia.fr/" hreflang="fr" title="Eutrapelia, spectacles historiques">compagnie Eutrapelia</a>. Après avoir étudié ensemble :</p>
<ul>
<li><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Tenue-d-aviatrice-1">Les tenues de sport de la fin du XIXe siècle</a> ;</li>
<li><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Tenue-d-aviatrice-2">Les photographies des tenues d'aviatrices du début du XXe siècle</a>.</li>
</ul>
<p>Nous allons porter notre attention plus particulièrement sur Harriet Quimby. En effet, lorsque l'on recherche des images de ces pionnières, elle retient rapidement l'attention.</p>
<p>D'abord au regard du nombre de documents, en particulier de photos d'elle, que se soit en civil ou en tenue de pilote.</p>
<p>Mais également, parce que sa médiatisation ainsi que son image révèle une véritable stratégie de gestion de sa célébrité.</p> <h4>Le cas Quimby</h4>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/quimby-moisant-02.jpg" title="quimby-moisant-02.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/quimby-moisant-02.jpg" alt="quimby-moisant-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="quimby-moisant-02.jpg, juil. 2018" /></a>
Harriet quimby et Mathilde Moisant en tenue de jour.</p>
<p>Sur bon nombre de photographies, les mises en scène sont flatteuses et sa tenue frappe instantanément par sa féminité. La tenue est chatoyante, l'étoffe est souple, loin du cuir qui fait ressembler aux hommes.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/harriet-quimby-02.jpg" title="harriet-quimby-02.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.harriet-quimby-02_m.jpg" alt="harriet-quimby-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="harriet-quimby-02.jpg, juil. 2018" /></a>
Cette pose n'a pas grand chose à envier à l'imaginaire plus récent associés aux femmes pilotes ou mécaniciennes. Le rendu brillant et souple de la combinaison accentue la féminité de la tenue.</p>
<p>La culotte bouffante est toujours à cette époque un vêtement marginal. Même la jupe-culotte fait scandale. Pourtant sa tenue, loin de s'aventurer dans la transgression en imitant le costume masculin, met largement son corps en valeur. Il s'agit d'une combinaison en une pièce en satin, doublée de laine à l'intérieur pour l'isolation. La culotte descend aux genoux. Sa poitrine et sa taille sont marquées. Ses bottines lacées ajustées aux chevilles remontent jusqu'aux genoux.</p>
<p>Dans une revue britanique en 1911, il est apporté à l'attention des lectrices que :</p>
<blockquote><p>the suit has an ingenious device which enables it to be converted into a conventional walking skirt. (the car, 4 octobre 1911).</p></blockquote>
<p><em>La tenue a un ingénieux dispositif qui lui permet d'être convertie en une jupe de promenade conventionnelle.</em></p>
<p>Ce n'est pas sans rappeler nos<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Tenue-d-aviatrice-1"> cyclistes de la fin du XIXe siècle</a>, d'ailleurs, Harriet Quimby a participé à la conception de sa tenue :</p>
<blockquote><p>It may seem remarkable but when I began to fly I could not find a regular aviator's suit that would fit me in New York. Finally my tailor helped me design a suit that I hoped would establish a standard for the proper flying costume for women in this country.</p></blockquote>
<p><em>Ça peut sembler incroyable mais quand j'ai commencé à voler, je n'ai pu trouver aucune tenue d'aviateur qui m'irait à New York. Finalement, mon tailleur m'a aidé à dessiner un costume qui, j'espère, créera un standard pour un costume de vol approprié pour les femmes de ce pays.</em></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/harriet-quimby-03.jpg" title="harriet-quimby-03.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.harriet-quimby-03_m.jpg" alt="harriet-quimby-03.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="harriet-quimby-03.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>Sur cette photographie, on distingue une rangée de boutons sur le devant de la jambe qui pourrait permettre la transformation de la culotte en jupe. On peut également voir les bottines lacées très ajustées que porte l'aviatrice.</p>
<p>La couleur décrite pour cette tenue est violette. Il ne semble pas que cette tenue soit faite pour se fondre dans la masse, Harriet Quimby ne cherchait visiblement pas à passer pour un homme dans un monde d'hommes.</p>
<p>Cependant, la tenue de Quimby, même si elle est probablement la plus célèbre de cette époque recèle des zones d'ombres. Concernant sa couleur, on ne possède que les indication laissés par les chroniqueurs de l'époque. La possibilité de transformer la culotte en jupe de promenade, n'a laissé aucune trace si ce n'est la précision dans la presse britannique, aucune photographie ni schéma ne semble permettre de déduire si c'était réellement le cas et quel dispositif était mis en œuvre pour le faire. En outre, il faut prendre garde, car on peut voir plusieurs reproductions (de qualité assez médiocre selon mon avis) dans différents musées de l'aviation, à ma connaissance, la tenue originale d'Harriet Quimby ne nous est pas parvenue.</p>
<h3>Médiatisation et impact</h3>
<p>Les photographies des pionnières de l'aviation, si elles nous renseignent sur leur manière de s'habiller, font partie d'une stratégie de construction de leur image et de leur célébrité. Certaines de ces photographies sont des publicités et sont destinées à la presse. La tenue, fait entièrement partie de cette construction.</p>
<p>Ceci est particulièrement flagrant lorsque l'on s'intéresse aux photographies d'Harriet Quimby.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/harriet-quimby-04.jpg" title="harriet-quimby-04.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/harriet-quimby-04.jpg" alt="harriet-quimby-04.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="harriet-quimby-04.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>Sa couverture médiatique était importante. Par exemple, entre le 1er janvier 1911 et le 31 décembre 1912 (respectivement année de l'obtention de son brevet d'aviatrice et année de sa mort), la recherche « <em>Harriet Quimby</em> » sur le New York times renvoie 34 occurrences. Journaliste elle-même, Harriet Quimby écrivait des articles sur ses expériences de pilote dans différents magazines, dont, par exemple <em>Leslie's Weekly</em>, un magazine illustré (où elle tenait uen rubrique sur la mode) et <em>Good Housekeeping</em> qui, comme son nom le suggère, est un magazine féminin.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/quimby-press-02.jpg" title="quimby-press-02.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.quimby-press-02_m.jpg" alt="quimby-press-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="quimby-press-02.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>Extrait d'un article du <em>Leslie's Weekly</em> rédigé par Harriet Quimby qui y relate son expérience.</p>
<p>Les événements liés à l’aviation, y compris les exploits des pionnières, touchaient ainsi une grande partie de la population bien que le vol en lui même n'était pratiqué que par une toute petite minorité.</p>
<p>En prenant en main leur image médiatique, en fournissant elles-même du contenu sous forme d'articles ou de photographies, elles ont pu avoir un impact non négligeable sur la population féminine de l'époque.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/quimby-moisant-01.jpg" title="quimby-moisant-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.quimby-moisant-01_m.jpg" alt="quimby-moisant-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="quimby-moisant-01.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>Photographie dédicacée destinée à la presse, d'Harriet Quimby et Mathilde Moisant.</p>
<p>Tout comme les inventrices qui ont déposés les brevets des jupes convertibles, les aviatrices ont su s'approprier des vêtements typiquement masculin, les adapter et les transformer. Mais cette appropriation combinée à une véritable stratégie de communication n'a pas empêché certaines d'entre elles d'utiliser leur image féminine y compris dans la conception de leur tenue de vol. Plus que de repousser les frontières du féminin dans l'habillement, elles en ont créé de nouvelles.</p>
<p>A ce titre, ces pionnières de l'aviation ont leur place au sein mouvement de libération du corps des femmes entre les travailleuses et les sportives de la fin du 19e siècle et la première guerre mondiale.</p>
<p><em>A suivre : la conception de la culotte d'aviatrice.</em></p>
Tenue d'aviatrice : les nouvaux horizons de la féminité - Partie 2
urn:md5:4d7b09f139f632a215cf6342c8824a40
2018-07-23T09:53:00+01:00
2023-04-17T14:35:31+01:00
Hémiole
Costumes
20e siècle
aviation
aviatrice
aviatrices
casque
culotte
médias
photographies
pionnières
presse
XXe siècle
<p>Après avoir fait un rapide tour d'horizon des <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Tenue-d-aviatrice-1">tenues féminines liées aux activités physiques et sportives qui ont existé en ce début de XXe siècle</a>, nous allons nous intéresser à l'aviation proprement dite.</p>
<p>L'aviation est une activité qui porte en elle les idées de danger, de vitesse, qui ne sont pas, à l'époque, du tout associé aux activités féminines.</p>
<p>Les principaux problèmes que l'activité pose en terme de tenue sont le froid, le vent, mais aussi la saleté, comme les projection d'huile ou la poussière. Les tenues d'aviations doivent donc à la fois permettre une certaine liberté de mouvements mais aussi avoir de bonnes capacités de protection.</p>
<p>Nous allons brièvement voir comment les hommes ont adapté leur tenue à ces problèmes. Nous détaillerons ensuite les tenues des aviatrices d'après leurs photographies.</p> <h3>La tenue des pionniers de l'aviation</h3>
<p>Les hommes utilisaient les vêtements de travail notamment ceux des mécaniciens.
Les tenues de cuir ont été très vites adoptées. Plus fréquentes dans le vestiaire masculin, imperméables, elles offraient une bonne protection au vent mais aussi une grande durabilité et une facilité d'entretien face aux taches d'huiles ou à la poussière auxquelles les aviateurs étaient fréquemment exposés.</p>
<p>Cependant tous les accessoires liés à l'aviation ne faisaient pas l'unanimité, y compris chez les hommes. Ainsi le magazine <em>aeronotics</em> relevait en 1912 :</p>
<blockquote><p>So far of being a thing of beauty, goggles are surely one of the most hideous adjuncts of modern civilisation. But they are indispensable in aviation at any rate.</p></blockquote>
<p><em>Loin d'être un objet de beauté, les lunettes de protection sont certainement l'un des plus hideux accessoire de la civilisation moderne. Mais dans tous les cas, ils sont indispensables à l'aviation.</em></p>
<p>Si l'accessoire est décrié d'un point de vue esthétique, sa nécessité ne fait aucun doute. Dans le cas des femmes, loin de considérer que les contraintes leur impose des tenues adaptées, la société considère alors que c'est l'activité qui n'est pas adaptée à leur condition féminine.</p>
<h3>Les pionnières</h3>
<p>Voici quelques pionnières de l'aviation, loin d'être une liste exhaustive, je n'ai sélectionné que celles dont nous avions des photographies en tenue datant de la période qui nous intéresse (années 10). Les liens sous leur nom, renvoie à leur notice wikipedia pour celles et ceux qui voudraient approfondir leur biographie.</p>
<ul>
<li><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lisa_Deroche" hreflang="fr">Élise Deroche</a>, première aviatrice brevetée au monde (1910).</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/elise-deroche-01.jpg" title="elise-deroche-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.elise-deroche-01_m.jpg" alt="elise-deroche-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="elise-deroche-01.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/elise-deroche-03.jpg" title="elise-deroche-03.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.elise-deroche-03_m.jpg" alt="elise-deroche-03.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="elise-deroche-03.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>Sur ces photos, Elise Deroche porte un long manteau épais en maille. Les 2 bonnets qu'elle porte semblent également être du tricot. Sur la seconde photo, le bonnet, avec ses rubans est un couvre-chef typiquement féminin.</p>
<ul>
<li><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Marvingt" hreflang="fr">Marie Marvingt</a>, détentrice de plusieurs records et décorations militaires, brevetée en 1910.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/marie-marvingt-03.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.marie-marvingt-03_m.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" title="juil. 2018" /></a></p>
<p>Marie Marvingt porte sur cette photo une épaisse jupe (ou une très ample culotte) dans ce qui semblerait être un drap de laine. Il est difficile d'imaginer qu'elle ait utilisé cette jupe en vol. En revanche, sa veste en cuir ainsi que son bonnet sont probablement des vêtements qu'elle a pu utiliser pour se protéger des éléments. Notez la forme de la tête de manche de la veste en cuir : légèrement ballon, ce qui dénote une coupe de vêtement féminin.</p>
<ul>
<li><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9l%C3%A8ne_Dutrieu" hreflang="fr">Hélène Dutrieux</a>, première pilote d'essai d'avion en France et première femme brevetée en Belgique (1910).</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/helene-dutrieux.jpg" title="helene-dutrieux.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.helene-dutrieux_m.jpg" alt="helene-dutrieux.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="helene-dutrieux.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>Sur cette photographie, il est difficile de déterminer précisément la tenue d'Hélène Dutrieux. Néanmoins, on peut deviner une tenue de type combinaison, probablement en toile. sur ce modèle, le bas du pantalon ne semble pas resserré pour donner l'aspect bouffant des culotte de sport. Sur la tête, elle porte une cagoule qui se rapproche esthétiquement des casques en cuir.</p>
<ul>
<li><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Harriet_Quimby" hreflang="fr">Harriet Quimby</a>, première femme brevetée aux USA (1911)</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/harriet-quimby-05.jpg" title="harriet-quimby-05.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.harriet-quimby-05_m.jpg" alt="harriet-quimby-05.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="harriet-quimby-05.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>Cette photographie n'est pas la plus précise que l'on aie d'Harriet quimby mais nous aurons l'occasion de revenir en détail sur sa tenue. Sur cette photographie, on peut malgré tout distinguer la combinaison en toile souple, les bottines ajustées sur les chevilles et les mollets, ainsi que la cagoule de l'aviatrice.</p>
<ul>
<li><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Matilde_Moisant" hreflang="fr">Mathilde Moisant</a>, deuxième pilote brevetée aux USA (1911).</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/mathilde-moisant-02.jpg" title="mathilde-moisant-02.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.mathilde-moisant-02_m.jpg" alt="mathilde-moisant-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mathilde-moisant-02.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>Cette photographie de Mathilde Moisant représente probablement la tenue la plus évocatrice d'une femme pilote. A l'instar de Quimby, elle porte une combinaison qui met en valeur ses formes (poitrine, taille, hanches), ses chevilles sont soulignées par des bottines lacées qui remontent aux genoux. elle porte également le casque en cuir et les lunettes de protection. (La swastika sur son torse semble être une médaille de protection).</p>
<p>Ce qui est très frappant sur cette image, c'est que quand bien même la tenue de vol est très emblématique du pilotage, avec toute la charge que ça porte (danger, vitesse ...) en aucune façon, la féminité de l'aviatrice n'est gommée.</p>
<ul>
<li><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Hilda_Hewlett" hreflang="en">Hilda Hewlett</a>, première femme brevetée en Angleterre, fondatrice et dirigeante de la fabrique aéronautique <em>Hewlett & Blondeau</em>.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/hilda-hewlett-01.jpg" title="hilda-hewlett-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/hilda-hewlett-01.jpg" alt="hilda-hewlett-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="hilda-hewlett-01.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>Sur cette photo, Hilda Hewlett porte une large culotte ainsi qu'une veste de cuir et une cagoule de toile ou de laine. Dans ce cas, l'aviatrice a composé une tenue reposant uniquement sur l'aspect pratique et et non esthétique.</p>
<h4>Pour résumer</h4>
<p>Comme on peut l'observer sur les photographies, certaines de ces tenues sont assez hétéroclites, faites d'assemblages de différents éléments, parfois surprenants. Ainsi, sont utilisés : tricots, cuir, ou toiles épaisses.</p>
<p>Seules Harriet Quimby et Mathilde Moisant ont une tenue qui dénote une certaine volonté de conserver leur image féminine. Ces deux femmes se connaissaient, elles ont appris à piloter dans la même école d'aviation, ont passé leur brevet à quelques semaines d'intervalle et ont participé ensemble à des compétitions. La pièce principale de leur tenue est une combinaison en une pièce, avec une culotte bouffante et resserrée en bas qui révèle sensiblement leurs formes.</p>
<p>Le casque et les lunettes qui nous semblent typiques aujourd'hui, de la tenue d'un pilote du début du 20e siècle ne sont pas portés systématiquement. Pour se protéger la tête, ces femmes préféraient visiblement porter bonnets ou cagoules. Il semble que ces deux accessoires aient été les plus difficiles à imposer pour les femmes. Si dans l'entre-deux guerres, elles les ont portés sans soulever moqueries ou remarques déplacées, dans les années 30, plusieurs témoignages semblent indiquer que ce fut la dernière marque de la tenue typiquement masculine. En effet, sous le casque et derrière les lunettes, il devient impossible de différencier un homme d'une femme.</p>
<p><em>A suivre : Harriet Quimby, la médiatisation et son impact.</em></p>
Tenue d'aviatrice : les nouvaux horizons de la féminité - Partie 1
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2018-07-13T22:26:00+01:00
2023-04-17T14:35:37+01:00
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XIXe
XXe siècle
<p>Proposition de reconstitution d'une tenue d'aviatrice vers 1910.</p>
<p>Une nouvelle fois, la <a href="http://www.eutrapelia.fr/" hreflang="fr" title="Eutrapelia, spectacles historiques">compagnie Eutrapelia</a> m'a fait l'honneur de me confier la réalisation de certaines pièces de costume pour leur nouveau spectacle : <a href="http://www.eutrapelia.fr/antoinette.html" hreflang="fr" title="Antoinette, un spectacle de la cie Eutrapelia">Antoinette</a>.</p>
<p>La pièce de cet ensemble qui a demandé le plus de recherches a été la culotte d'aviatrice. Je vous propose de détailler ici ces recherches.</p>
<p>La tenue d'une pionnière de l'aviation est particulière dans le sens où, par définition, elle s'inscrit dans un contexte où rien n'est encore standardisé ni uniformisé. Et c'est précisément là que résident à la fois la difficulté et l'intérêt de ce type de recherche.</p>
<p>Pour réaliser ce costume, nous nous sommes basées sur les photographies des tenues des premières aviatrices jusqu'au début de la première guerre mondiale. Cette dernière représentant potentiellement une fracture dans la mode et les mentalités. Les textes et coupures de journaux nous ont également fourni des indications précieuses pour compléter notre approche.</p>
<p>J'ai également été amenée à élargir les recherches sur d'autres types de vêtements féminins liés à des activités marginales (sport, travail), dans le but d'étudier les aménagements spécifiques qui ont souvent été créés et inventés par les femmes elles-mêmes.</p>
<p>J'ai scindé ces recherches en plusieurs parties :</p>
<p>Nous nous intéresserons en premier lieu à ces vêtements spécifiques ou marginaux de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Nous verrons comment les femmes ont adapté leurs tenues pour les nouvelles activités qui se développaient et comment elles ont composé avec une société peu ouverte à ces évolutions.</p>
<p>Nous étudierons ensuite les tenues spécifiques à l'aviation. En évoquant brièvement la manière dont les aviateurs se sont adapté aux contraintes que l'activité imposait et ensuite en étudiant le corpus de photographies d'aviatrices en tenue.</p>
<p>Nous insisterons dans un article sur l'impact et la place des pionnières de l'aviation dans les mouvement de libération du corps des femmes, en étudiant le cas d'Harriet Quimby.</p>
<p>Enfin, un dernier article sera consacré à la réalisation elle-même et aux choix que nous avons été amenées à faire.</p> <h3>Les vêtements utilitaires féminins à la fin du 19e siècle et début du 20e siècle.</h3>
<p>Si des tenues adaptées à la chasse ou à certains travaux physiques existaient depuis plus longtemps, les vêtements rompant plus nettement avec la mode et la silhouette féminine sont apparus au cours du 19e siècle.</p>
<p>Un exemple extrêmement frappant de tenue de travail est celle portée par les femmes travaillant à la surface des exploitations de mines de charbon en Angleterre : les <em>Wigan pit-grow girls</em> qui portaient un pantalon long et droit recouvert d'une épaisse jupe/tablier dans les années 1860. Ces tenues dont l'image a été diffusée dans la société par des cartes postales ou des cartes de visites ont fait scandale dans l'Angleterre victorienne.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/wigan-01.jpg" title="wigan-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/wigan-01.jpg" alt="wigan-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="wigan-01.jpg, juil. 2018" /></a></p>
<p>On peut penser également penser aux premières culottes adaptées à la pratique du sport comme cette tenue de l'équipe de basketball du Smith College du début du 20e siècle :</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/bloomers-04.jpg" title="bloomers-04.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/.bloomers-04_m.jpg" alt="bloomers-04.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="bloomers-04.jpg, fév. 2018" /></a></p>
<p>Ou bien aux tenues adaptées au cyclisme. Pour cette activité, apparut au milieu du 19e siècle, les bloomers, du nom de leur inventrice, culottes bouffantes, d'abord surmontées d'une jupe courte.</p>
<p>Devenues plus populaires à la fin du 19e siècle ces tenues posaient néanmoins un problème aux femmes qui les portaient, en dehors de l'activité sportive elle-même, il restait inconvenant de porter ce qui s'apparente à un pantalon. Les lieux publics leur étaient alors interdits.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/bloomers-05.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/.bloomers-05_m.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" title="janv. 1970" /></a>
La cycliste Marie Tual en 1896.</p>
<p>C'est ainsi que des femmes se mirent à concevoir, dessiner, coudre et même déposer les brevets pour des tenues convertibles : de la culotte à la jupe et de la jupe à la culotte. Ce mouvement d’émancipation et d'appropriation à la fois d'un moyen de déplacement mais aussi de la mode, du savoir-faire et la prise en main de l'élaboration a été étudiée par une équipe d'historiennes, de sociologues et de costumières à travers le projet <a href="http://bikesandbloomers.com/" hreflang="en" title="Bikes & bloomers">bikes & bloomers</a>.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/velo-01.png" title="velo-01.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/.velo-01_m.png" alt="velo-01.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="velo-01.png, fév. 2018" /></a>
Dépôt de brevet d'une culotte de cycliste par Pauline Hercht en 1896.</p>
<p>D'autres tenues adaptées aux activités physiques se développent autour de la jupe culotte. Au début du 20e siècle, elle consiste en un pantalon recouvert d'une jupe, toujours longue, plus ou moins fendue et éventuellement fermée (voire décorée) par des boutons. Les jupes de jour ou de promenade, même lorsqu'elles ne cachent pas une culotte portée en dessous, présentent également de plus en plus souvent des fentes, qui semblent facilité les mouvements.</p>
<p>En voici quelques exemples :</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/patins-01.jpg" title="patins-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/.patins-01_m.jpg" alt="patins-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="patins-01.jpg, fév. 2018" /></a>
Patineuses vers 1911.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/chasse-01.jpg" title="chasse-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/.chasse-01_m.jpg" alt="chasse-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="chasse-01.jpg, fév. 2018" /></a>
Journal des Dames et des Modes, 1912, Costumes Parisiens, no. 22: Costume de chasse.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/courses-01.jpg" title="courses-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/.courses-01_m.jpg" alt="courses-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="courses-01.jpg, fév. 2018" /></a>
Carte postale vers 1912.<br />
<q>La question est posée ? La jupe-culotte présentée à la comédie Française et aux Courses d'Auteuil, a été trouvée ridicule, sera-t-elle malgré cela la mode de demain ? L'ingéniosité des couturiers, la grâce de nos Parisiennes sont bien capable de l'imposer. - « Qui vivra verra. » ND Phot.</q></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/promenade-01.jpg" title="promenade-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/sport/.promenade-01_m.jpg" alt="promenade-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="promenade-01.jpg, fév. 2018" /></a>
Deux femmes, Ohio, 1912.</p>
<p>Mais ces tenues de sports restaient inadéquates pour les conditions extrêmes du vol.</p>
<p>La première photographie de femme dans un avion date de 1908. Il ne s'agit pas d'une femme pilote mais de la première femme passagère d'un avion aux USA.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/edith-berg-03.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.edith-berg-03_m.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></a>
Edith Berg, 7 Octobre 1908.</p>
<p>On le constate, cette tenue est loin de permettre de bouger et pratiquer des activités en toute liberté. L'histoire raconte qu'Edith Berg, assistant à une démonstration de vol au Mans, a improvisé ce système (qui permet d'éviter que le vent s'engouffre dans sa jupe) pour pouvoir voler quelques instant.
La suite de cette histoire, serait que cet événement a inspiré la mode de la jupe entravée (qui porte bien son nom) dont Paul Poiret a revendiqué la paternité.</p>
<p>Entre l'improvisation d'une femme voulant voler et les tenues de soirée de Poiret, la mode de la jupe entravée a, semble-t-il, inspiré quelques plaisanteries, comme sur cette carte postale de 1911.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/jupe-entravee-01.jpg" title="jupe-entravee-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aviatrice/Sources/.jupe-entravee-01_m.jpg" alt="jupe-entravee-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="jupe-entravee-01.jpg, juil. 2018" /></a>
<q>the hobble skirt - « What's that ? It's the speed-limite skirt ! »</q><br />
<em>La jupe entravée - « Qu'est-ce que c'est ? C'est la jupe limitation de vitesse ! »</em></p>
<p>On le voit, l'aviation s’accommode mal d'improvisation et le moindre écart dans l'habillement féminin engendre très vite caricatures et moqueries.</p>
<p><em>A suivre :Les tenues d'aviatrices d'après les photographies d'époque.</em></p>
Saya encordada - tunique espagnole XIIIe siècle
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2017-01-14T17:58:00+00:00
2023-04-17T14:36:22+01:00
Hémiole
Costumes
Cantigas de Santa Maria
Espagne
Fernando de la Cerda
Livre des jeux
saya encordada
soie
XIIIe
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-03_t.jpg" alt="saya-03.JPG" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="saya-03.JPG, janv. 2017" />Dans le cadre d'une proposition de reconstitution d'un costume noble espagnol de la seconde moitié du XIIIe siècle, je vais vous présenter d'abord quelques pièces individuellement. Je réaliserai un article global sur l'ensemble du costume et des choix qui ont été faits ensuite.</p>
<p>La première pièce, très typique et spécifique à l'Espagne de cette période est la <em>saya encordada</em> ou tunique lacée. La saya est un vêtement intermédiaire (cotte, portée sur la chemise et sous le surcot ou le manteau) porté aussi bien par les hommes que par les femmes durant le XIIIe siècle.</p> <h3>Spécificités de la saya encordada</h3>
<h4>Sources</h4>
<p>Plusieurs sources exceptionnelles de saya sont parvenues jusqu'à nous. La première et la plus spectaculaire est la celle de Fernando de la Cerda (1225 - 1275) qui fait partie de l'ensemble des vêtements retrouvés sur la famille royale de Castille e de Léon au monastère de Santa Maria de Las Huelgas à Burgos.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/3.jpg" title="3.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.3_m.jpg" alt="3.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="3.jpg, janv. 2017" /></a>
Saya de Fernando de la Cerda (1255-1275). En brocard, décoré aux armes de Castille et Leon comme l'ensemble de ses vêtements, <a href="http://www.museodeburgos.com/index.php?option=com_content&task=section&id=16&Itemid=149" hreflang="es" title="Museos de Telas Medievales">Museo de Telas Medievales de Burgos</a>.</p>
<p>Autre source importante, dans les manuscrits cette fois, la saya encordada est fréquemment représentée dans le <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Libro_de_los_juegos" hreflang="es" title="Livre des jeux - wikipedia">livre des jeux</a>. Ce manuscrit de la seconde moitié du XIIIe siècle a été composé à la demande du roi de Castille et Leon, Alphonse X de Castille.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/F71R.jpg" title="F71R.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.F71R_m.jpg" alt="F71R.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="F71R.jpg, janv. 2017" /></a>
Livre des jeux ; ms. T.I.6, bibliothèque de l'Escurial (Madrid) ; fol.71r.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/F08R.jpg" title="F08R.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.F08R_m.jpg" alt="F08R.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="F08R.jpg, janv. 2017" /></a>
Livre des jeux ; ms. T.I.6, bibliothèque de l'Escurial (Madrid) ; fol.08r.</p>
<p>On retrouve ce vêtement représenté dans toute l'iconographie espagnole de cette période (Les <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Cantigas_de_Santa_Mar%C3%ADa" hreflang="es">cantigas santa Maria</a>, Les caissons peints de la <a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Catedral_de_Santa_Mar%C3%ADa_de_Teruel" hreflang="es">Cathédrale de Teruel</a>). J'aurai l'occasion de revenir sur ces sources dans les articles à venir sur le reste du costume.</p>
<h4>Description</h4>
<p>La silhouette de la saya est très particulière : d'une longueur aux genoux ou légèrement au dessous, elle est très moulante sur le torse grâce au laçage latéral. Sur la partie <em>jupe</em> elle est évasée et tombe légèrement en plissant un peu, en particulier au niveau des godets.</p>
<p>Le laçage latéral n'est présent que d'un seul côté et la coupe n'est pas faite pour que l'ouverture créée ferme bord à bord. L'ouverture et le lacet descendent assez bas : jusque sur les hanches.</p>
<p>L'ampleur de la partie jupe de la tunique est obtenue par la présence de godets. De chaque côté ainsi que devant et derrière. Ces godets, y compris ceux de devant et derrière sont attachés bas, en dessous de l'ouverture du côté.</p>
<p>Les manches sont ajustées. L'emmanchure emboîtante est de forme carrée avec des angles biens marqués. Elles sont resserrées aux poignets.</p>
<h4>Comparaison</h4>
<p>A l'opposé de <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode française ou anglaise de cette période qui utilise de grandes quantités de tissus pour créer des drapés</a>, cette mode dévoile le corps de deux manières : en étant près du corps (en le moulant fortement grâce au lacet) et en présentant de grandes ouvertures (que se soit par le laçage dans le cas de la saya encordada ou par les ouvertures du surcot que nous verrons plus tard). En cela elle peut se rapprocher, dans l'esprit (si ce n'est dans les formes) de la mode qui fera son apparition au XIVe siècle qui dévoile et crée un corps moulé<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> : des cottes plus courtes, moins amples, proche du corps et présentant des ouvertures qui laissent voir les couches inférieures de vêtements.</p>
<p>Le laçage latéral, lui se rapproche de la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">mode XIIe des cottes lacées</a> dont nous avons quelques traces dans l'iconographie du costume ou dans les textes (romans, lois somptuaires<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>).</p>
<p>Les emmanchures emboîtantes carrées se retrouvent dans certaines pièces orientales (robe maronite trouvée au Liban, même si dans ce cas, l'effet est obtenu par le placement des godets latéraux<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>). Ce système est également probablement à la base du patron des garde-corps à manches plissées occidentaux<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<h4>Par qui est portée la saya encordada ?</h4>
<p>Avec les vêtements retrouvé au monastère de Las Huelgas, nous avons une trace de ce type de vêtement dans une famille royale.</p>
<p>Les représentations nous montre la saya portée par des nobles. Dans le livre des jeux d'Alphonse X notamment, des hommes entourant le roi (vêtu de vêtements plus amples, plus solennels et surtout armoriés) portent fréquemment cette tunique.</p>
<p>On peut relever qu'elle est portée de manière plus ou moins <em>informelle</em> (sans autre vêtement par dessus) ou recouverte d'un surcot et/ou d'un mantel.</p>
<p>La tunique lacée n'est pas le seul type de tunique portée en Espagne à cette époque, y compris chez les nobles. Des tuniques amples sont largement représentées dans les sources dont j'ai parlé plus haut.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/instruments-cantiga50.jpg" title="instruments-cantiga50.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.instruments-cantiga50_m.jpg" alt="instruments-cantiga50.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="instruments-cantiga50.jpg, janv. 2017" /></a>
Sur cette enluminure extraite des Cantigas de Santa Maria<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>, on peut voir des personnages vêtus de l'ensemble tunique lacée et surcot et tunique ample et ce, dans plusieurs groupes de personnages. Si 3 des 4 musiciens portent une saya encordada, l'un d'entre eux a une tunique ample. Dans les personnages assis à gauche portant un bonnet, l'un porte une tunique près du corps tandis que le second non. On peut également noter que le roi portant des vêtements longs et amples, probablement plus conformes à la solennité du rang.</p>
<h3>Réalisation</h3>
<p>La saya est taillée dans un taffetas de soie bleue à rayures tissées<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup>. Elle est doublée de sergé de soie gris. Des godets trapézoïdaux sont ajoutés devant derrière et de chaque côté pour l'ampleur.</p>
<p>Les passementeries, bordures et rubans ont tous été réalisés en soie teintée naturellement<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> et tissés à la main.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/saya-03.JPG" title="saya-03.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-03_m.jpg" alt="saya-03.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="saya-03.JPG, janv. 2017" /></a></p>
<p>Les rayures sont placées toutes dans les même sens (horizontales) y compris sur les manches, comme on peut le remarquer sur les représentations :</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2_m.jpg" alt="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="b16bc22fc04d26d66a7162a167d3ade2.jpg, janv. 2017" /></a>
Joseph d'Arimathie, Bois polychrome, Fondation Francisco Godia, Barcelone ; vers 1300.</p>
<p>En revanche, il n'y a aucune volonté de raccorder les motifs. En effet, avec une largeur de lé de 45cm (ce qui est le cas de ce taffetas) essayer d'être le plus économe en tissu, comme c'était le cas pour des tissus précieux, impose de faire l'impasse sur ce genre de détail. En outre, sur les pièces d'époques conservées, il semble que le raccord des motifs ne faisait pas partie des préoccupations. Les exemples des vêtement royaux espagnols sont justement édifiants à cet égard : la pelote (ou surcot) d’Aliénor de Castille (1202 ? - 1244) présente des bandes horizontales sur le bas qui, si elles sont toutes placées au même endroit, ne raccordent pas. Dans le cas de la saya de Fernando de la Cerda, qui est réalisée dans un tissu armorié, les écus sont même à l'envers sur les godets latéraux. On le constate, le raccord des motifs n'était probablement pas une priorité à cette époque, l'économie de tissu semble avoir primé, y compris sur des vêtements de membres d'une famille royale.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/ajedrez1.png" title="ajedrez1.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/ajedrez1.png" alt="ajedrez1.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="ajedrez1.png, janv. 2017" /></a></p>
<p>Comme on peut le voir sur ce détail, pour souligner la forme des emmanchures, un galon de soie est cousu sur la couture. Un galon identique est utilisé comme parement à l'encolure.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/saya-galon-01.JPG" title="saya-galon-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-galon-01_m.jpg" alt="saya-galon-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="saya-galon-01.JPG, janv. 2017" /></a></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/17152_900.jpg" title="17152_900.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/saya/.17152_900_m.jpg" alt="17152_900.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="17152_900.jpg, janv. 2017" /></a>
Détail du laçage de la tunique d'Aliénor de Castille.</p>
<p>Le lacet, un fin ruban de soie tissé au peigne, est passé dans les brides formées par un galon (en soie, tissé aux tablettes) fixé de point en point tous les 2cm environ. Le laçage se fait en zig-zag.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/saya-lacet-01.JPG" title="saya-lacet-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume-espagnol/photos/.saya-lacet-01_m.jpg" alt="saya-lacet-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="saya-lacet-01.JPG, janv. 2017" /></a></p>
<h3>Bibliographie</h3>
<p>Les "vrais" costumes du XIIIe siècles d'après les découvertes de l'abbaye de Las Huelgas ; Olivier Renaudeau, Histoire médiévale n°59, novembre 2004 ; n°60, décembre 2004.<br />
Vestiduras ricas: el Monasterio de Las Huelgas y su época 1170-1340 ; catalogue de l'exposition "VESTIDURAS RICAS: EL MONASTERIO DE LAS HUELGAS Y SU ÉPOCA 1170-1340" ; Patrimonio natcional ed. ; 2005.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Voir à ce sujet Odile Blanc, Parades et parures : l'invention du corps de mode à la fin du Moyen Age, Gallimard, 1997.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Un article sur le laçage au XIIe siècle est en préparation.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Robe de femme découverte dans la grotte d'Asi-L-Hadat, Nord Liban.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Je n'ai pas rédigé d'article à ce propos, mais vous pouvez retrouver un exemple de <a href="http://www.hemiole.com/index.php?mact=Gallery,me73c8,default,1&me73c8dir=XI-XIII%2Fbourgeois-xiii%2F&me73c8returnid=48&page=48#ae-image-3" hreflang="fr" title="Garde-corps à manches plissées">garde-corps à manches plissées avec quelques sources sur mon site professionnel</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Codex E, MS B.I.2, Bibliothèque de l'Escurial.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] Tissus <a href="http://forweavers.com/" hreflang="fr" title="ForWeavers - Tissus passionnés et passionnants.">ForWeavers</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Saya-encordada-tunique-espagnole-XIIIe-si%C3%A8cle#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Teinture par <a href="http://www.atelierdemicky.com" hreflang="fr" title="L'atelier de Micky - Tissages aux tablettes et teintures végétales">L'atelier de Micky</a>.</p></div>
Coiffes féminines au XIIe siècle : les formes.
urn:md5:d69f2831c936f0a1caf0ab32eae270d0
2016-05-24T10:50:00+01:00
2023-04-17T14:37:01+01:00
Hémiole
Costumes
coiffe
guimpe
XIIe
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/baniere.png" title="baniere.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/.baniere_m.png" alt="baniere.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="baniere.png, mai 2016" /></a></p>
<p>Je vous propose un petit tour d'horizon sur les coiffes au XIIe siècle. Dans ce premier article, nous allons étudier les représentation de coiffes pour en dégager les formes générales ainsi que les fréquences de représentation.</p>
<p>La coiffure ainsi que la coiffe font partie intégrante d'un costume aussi bien masculin que féminin. En effet, la mode ainsi que les usages sociaux concernent aussi bien la manière de coiffer ses cheveux que les accessoires que l'on peut y ajouter.<strong> La coiffe peut être une protection, une contrainte sociale et/ou religieuse, un accessoire de mode.</strong></p>
<p>J'ai étudié un corpus de 2500 représentations (enluminures, statuaires, émaux) pour relever les différents type de coiffes sur les personnages féminins.</p>
<p>J'ai commencé par réaliser une typologie simple pour les différentes coiffes observées. Je n'ai pas essayé de différentier à tous prix les modèles de coiffe sur le moindre petit détail mais plutôt de créer de grandes familles dans le but de proposer des tutoriels sur la manière de les réaliser.</p> <p>Le corpus peut sembler grand mais sur ces 2500 enluminures, toutes ne représentent pas de personnages féminin. Si l'on enlève les personnages trop particuliers pour être pris en compte, le chiffre baisse encore. Voici un petit résumé de la méthode employée :</p>
<ul>
<li>Je n'ai utilisé que des sources françaises ou anglaises (pas de sources espagnoles, ni italienne, ni allemande, ni orientale).</li>
<li>J'ai exclu les représentations de la Vierge ainsi que de toutes les saintes.</li>
<li>J'ai également exclu les personnages fabuleux (sirènes) et les allégories (Église, luxure ...).</li>
<li>Sont également exclues les personnages entièrement ou en partie déshabillés.</li>
</ul>
<p>On le voit, ceci limite déjà beaucoup le nombre de représentations rentrant dans le champ de l'étude.</p>
<p>Un autre biais est apparu pendant mes recherches : lorsque l'on utilise un manuscrit complet représentant de nombreuses scènes, les coiffes sont non seulement similaires mais on peut, sur des enluminure différentes observer le même personnage (Les exemples les plus frappants sont les comédies de Terence, dans le manuscrit de l'Abbaye Saint Albans en Angleterre et celui de Tours : BM Tours ms0924). Cela va créer une augmentation du nombre d’occurrence d'une même coiffe sans que se soit nécessairement représentatif. J'ai donc fait le choix, pour tenter de limiter ce biais, de ne compter qu'une seule fois chaque personnage dans le même manuscrit et de limiter le comptage dans une foule à une occurrence par coiffe. En effet, de la même manière, dans les représentations de foule, les coiffes sont souvent strictement identiques et peuvent parfaitement relever plus de la simplification de la représentation que de la réalité.</p>
<p>Voici les grandes familles de coiffes relevées ainsi que leur fréquence de représentation dans le corpus étudié sur l'ensemble du XIIe siècle :</p>
<ul>
<li>guimpe ovale : 24.5%</li>
<li>voile/guimpe rectangulaire : 20.5%</li>
<li>tête nue : 17%</li>
<li>grand voile drapé : 15.5%</li>
<li>voile et couronne : 5.5%</li>
<li>écharpe/étole : 4.5%</li>
<li>guimpe nouée : 3%</li>
<li>couronne sans voile : 2%</li>
<li>autre : 7.5%</li>
</ul>
<p>La catégorie <q>autre</q> correspond aux représentations où la tête est couverte mais où le détail ne permet pas de déterminer avec certitude le type de coiffe. Je les ai comptabilisées dans le but de comparer la proportion entre les représentations de tête non couverte et de tête couverte.</p>
<p>J'ai finalement regroupé toutes les coiffes à base de voile rectangulaire. Il semble, en effet, que le même voile puisse s'utiliser différemment selon les circonstances. C'est une hypothèse que j'avais déjà évoquée dans mon article sur le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">costume d'une artisan brodeuse</a>.</p>
<p>J'ai volontairement écarté par la suite le cas des coiffes avec couronnes qui me semblaient relever de cas trop particuliers.</p>
<p>J'ai également coupé le siècle en deux. Nous verrons que l'on peut noter des évolutions. Je n'ai pas réduit la fourchette temporelle davantage pour des raison de facilité. Libre à chacun de faire une étude plus poussée sur la période précise qui l'intéresse. Comme toujours, le meilleurs moyen d'arriver à un résultat cohérent en reconstitution est de réaliser ses propres recherches,<strong> mon but étant de proposer un rapide aperçu des sources avant de vous proposer des tutoriels</strong>.</p>
<p>Intéressons-nous de plus près aux coiffes. Voici quelques exemple de représentations de ces types de coiffes :</p>
<h3>Le grand voile drapé</h3>
<p>Le grand voile drapé semble relever autant du manteau que de la coiffe. Très long, au minimum aux fesses, la plupart du temps jusqu'aux genoux, il semble être de forme ronde ou ovale. Il est représenté coloré.</p>
<ul>
<li>6.75% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>22.75% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>15.5% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/grand-voile/Vendome-ms0061-256.jpg" title="Vendome-ms0061-256.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/grand-voile/.Vendome-ms0061-256_m.jpg" alt="Vendome-ms0061-256.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Vendome-ms0061-256.jpg, mai 2016" /></a>
Petrus Lombardus : Sententiae ; Couple ; Vendôme - BM - ms. 0061 - f. 256 ; 1160.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/grand-voile/Moulins-ms0001-288v-04.jpg" title="Moulins-ms0001-288v-04.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/grand-voile/.Moulins-ms0001-288v-04_m.jpg" alt="Moulins-ms0001-288v-04.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Moulins-ms0001-288v-04.jpg, mai 2016" /></a>
Bible de Souvigny ; Guérison de Tobit ; Moulins, Bibl. mun., ms. 0001, f. 288v ; fin XIIe.</p>
<h3>Guimpe ovale</h3>
<p>Il s'agit d'une coiffe qui entoure le visage, couvre la gorge et ne présente pas d'angle sur la ligne d'épaule ni de pan libre.</p>
<ul>
<li>27% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>22.75% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>24,5% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-ovale/Paris-BNF-Latin15675-004.jpg" title="Paris-BNF-Latin15675-004.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-ovale/.Paris-BNF-Latin15675-004_m.jpg" alt="Paris-BNF-Latin15675-004.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Paris-BNF-Latin15675-004.jpg, mai 2016" /></a>
Moralia in Job ; BNF, Lat. 15675 ; 1175.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-ovale/Troyes-ms0028-108v-01.jpg" title="Troyes-ms0028-108v-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-ovale/.Troyes-ms0028-108v-01_m.jpg" alt="Troyes-ms0028-108v-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Troyes-ms0028-108v-01.jpg, mai 2016" /></a>
Bible ; Initiale historiée, Noémi filant ; Troyes - BM - ms. 0028 - fol.108 ; vers 1155-1165.</p>
<h3>Voiles rectangulaires</h3>
<h4>Guimpe drapée</h4>
<p>Un voile porté en guimpe drapée où l'on peut distinguer les angles du voile et où un pan a pu rester libre.</p>
<ul>
<li>33.75% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>9% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>20.5% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-rectangulaire/Tours-ms0924-f16v.jpg" title="Tours-ms0924-f16v.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-rectangulaire/.Tours-ms0924-f16v_m.jpg" alt="Tours-ms0924-f16v.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Tours-ms0924-f16v.jpg, mai 2016" /></a>
Terence, Comédies ;Gnathon, amenant une esclave ; Tours - BM - ms. 0924 - fol.16 ; vers 1100.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-rectangulaire/Dijon-ms0014-158-01.jpg" title="Dijon-ms0014-158-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/voile-rectangulaire/.Dijon-ms0014-158-01_m.jpg" alt="Dijon-ms0014-158-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Dijon-ms0014-158-01.jpg, mai 2016" /></a>
Bible de saint Etienne Harding ; Festin d'Holopherne ; Dijon - BM - ms. 0014 - fol.158 ; vers 1109-1111.</p>
<h4>La guimpe nouée</h4>
<p>La <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee">guimpe nouée est un long voile rectangulaire</a> qui fait plusieurs fois le tour de la tête et passe sous le menton. Elle est fixée par un nœud sur le côté.</p>
<ul>
<li>3% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>3.5% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>3% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p>Sa fréquence augmente à la fin du siècle.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/guimpe-nouee/Le_retour_du_Croise_8866.jpg" title="Le_retour_du_Croise_8866.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/guimpe-nouee/.Le_retour_du_Croise_8866_m.jpg" alt="Le_retour_du_Croise_8866.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Le_retour_du_Croise_8866.jpg, mai 2016" /></a>
Le Retour du Croisé ; 3e quart du XIIe siècle © Musée Lorrain, Nancy.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/guimpe-nouee/man-01.jpg" title="man-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/guimpe-nouee/.man-01_m.jpg" alt="man-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="man-01.jpg, mai 2016" /></a>
Bible de Manerius ; Osée et Gomer ; Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 0009, f. 125v, 1185.</p>
<h4>La guimpe portée en étole</h4>
<p>Long voile rectangulaire, comme la guimpe nouée, il est porté en étole qui fait le tour de la tête et dont les pans semblent se croiser devant la gorge.</p>
<ul>
<li>6.75% des représentations dans la première moitié du XIIe siècle</li>
<li>2% des représentations dans la seconde moitié du XIIe siècle</li>
<li>4.5% sur l'ensemble du siècle.</li>
</ul>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/echarpe/Paris-BNF-Latin16743-036.jpg" title="Paris-BNF-Latin16743-036.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/echarpe/.Paris-BNF-Latin16743-036_m.jpg" alt="Paris-BNF-Latin16743-036.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Paris-BNF-Latin16743-036.jpg, mai 2016" /></a>
Bible ; BNF, MS Lat. 16743 ; fol.36 ; seconde moitié du XIIe siècle.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/echarpe/Paris-BNF-Latin16745-178v.jpg" title="Paris-BNF-Latin16745-178v.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/coiffes-xiie/echarpe/.Paris-BNF-Latin16745-178v_m.jpg" alt="Paris-BNF-Latin16745-178v.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Paris-BNF-Latin16745-178v.jpg, mai 2016" /></a>
Bible ; Judith et Holopherne ; BNF, MS Lat. 16745 ; fol.178 ; seconde moitié du XIIe siècle.</p>
<h3>Conclusions et perspectives de reconstitution</h3>
<p>Cet article n'est qu'un bref aperçu sur le sujet des coiffes au XIIe siècle, mais il permet d'appréhender l'étendue du travail à réaliser pour mieux cerner la question.</p>
<p>En effet, définir des formes générales est une première étape. Les statistiques que j'ai réalisées rapidement pourraient être affinées. Le statut social des personnages portant chaque coiffe doit également être approfondit ainsi que le contexte. Les textes, même s'ils ne nous permettent pas toujours de relier les descriptions aux représentations, sont une aide utile pour comprendre la manière de porter ces coiffes ainsi que leur usage social.</p>
<p>Enfin, même si j'ai tenté de regrouper les coiffes par forme, dans certains cas, il est difficile de déterminer précisément à quel groupe appartient une représentation. De fait, certains de mes choix sont arbitraires et certaines coiffes pourraient être rattachées à d'autres groupe.</p>
<p>J'ai déjà traité de la guimpe nouée dans deux articles (l'un sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee">les sources</a> et l'autre sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Nouer-sa-guimpe">la manière de la mettre</a>) en tentant d'approfondir de la manière décrite plus haut, de nouveaux articles viendront compléter cette série, le premier à venir étant sur la guimpe ovale qui est la coiffe la plus souvent rencontrée dans cette étude.</p>
Un costume de bourgeois 1630 - 1640
urn:md5:e1637ca80ea98d6dd7e69dc8e91ab49c
2016-03-03T18:13:00+00:00
2023-04-17T14:37:16+01:00
Hémiole
Costumes
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/00-portrait-01.JPG" title="00-portrait-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.00-portrait-01_m.jpg" alt="00-portrait-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="00-portrait-01.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p>Ce costume est une proposition de reconstitution de l'habit bourgeois à la fin du règne de Louis XIII. Le costume dans son ensemble est le fruit d'un croisement entre une série de gravures (les gravures d'Abraham Bosse<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> qui a réalisé une série sur la mode) et de vêtements d'époque (pour le relevé des patrons et les techniques de construction).</p>
<p>La tenue est composée d'une chemise en toile de lin blanc, un pourpoint et des haut-de-chausses en drap de laine gris, un manteau en serge de laine noire, des bas en maille de soie, un collet, des manchettes et des canons en toile de lin blanc, des bottes et un chapeau.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/00-portrait-04.jpg" title="00-portrait-04.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.00-portrait-04_m.jpg" alt="00-portrait-04.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="00-portrait-04.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<p>Le costume est peu (voire pas) décoré. En effet, la fin du règne de Louis XIII est marquée par un certain nombre d'édits visant à limiter les excès de la mode. Ainsi, broderies, passementeries et dentelles furent interdits à plusieurs reprises. Il est vraisemblable, étant donné que ces ordonnances étaient répétées régulièrement (1620, 1629, 1633) qu'elles n'étaient guère respectées. Certaines gravures nous montrent ainsi des courtisans arborant des dentelles et des passementeries dans ces mêmes périodes. L'ordonnance du 18 novembre 1633, qui défendait aux sujets <q>de porter sur leur chemise, colets, manchettes, coiffe et sur autre linge aucune découpure et broderie de fil d'or et d'argent, passements, dentelles, points coupés, manufacturés, tant de dedans que dehors le royaume</q> nous a inspiré dans l'élaboration de ce costume.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Voir l'<a href="http://expositions.bnf.fr/bosse/index.htm" hreflang="fr" title="BNF - Abraham Bosse">exposition en ligne consacré à Abraham Bosse sur le site de la BNF</a>.</p></div>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/087.jpg" alt="087.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="087.jpg, oct. 2015" />
Abraham Bosse, Le Courtisan suivant le dernier édit.</p>
<p>On peut s'interroger sur le choix de l'utilisation d'une représentation de courtisan pour illustrer le costume d'un bourgeois.
Cette gravure présente l'avantage d'être très explicite sur le costume porté. Mais concernant la différence de statut, la qualité des tissus, l'usage de dentelles, d'ornements et de passementeries sont ce qui distingue d'après les textes et inventaires, le vêtement du courtisan de celui du bourgeois. Ce <em>courtisans suivant le dernier édit</em> (ayant par conséquent ôté tous les ornements superflus), offre probablement une bonne idée des vêtements d'un bourgeois de cette période. Enfin, sur d'autres gravures de Bosse, comme par exemple celle du cordonnier (ci-dessous), montre ce même type de vêtement chez des travailleurs.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/072.jpg" title="072.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.072_m.jpg" alt="072.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="072.jpg, oct. 2015" /></a>
Les Métiers, v. 1632-1633 : Le Cordonnier ; Eau-forte ; Tours, MBA, 1894-6-10.<br />
Sur cette scène, le cordonnier porte un costume sensiblement identique au courtisan : mis à part les bottes et les canons, le doublet boutonné a une taille très haute et des crevés sur les bras. Il porte également un grand collet non décoré. Son chapeau et son manteau sont posés sur le tabouret à côté de lui.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/00-portrait-05.jpg" title="00-portrait-05.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.00-portrait-05_m.jpg" alt="00-portrait-05.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="00-portrait-05.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<p>Nous allons maintenant nous intéresser à chacune des pièces qui composent ce costume.</p>
<h2>Chemise</h2>
<p>La chemise est réalisée d'après la chemise de Claes Bielkenstierna, 1659, Stockholm.</p>
<p>Il s'agit d'une chemise en lin, très ample et longue, tant au niveau du buste que des manches.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/02-chemise-03.JPG" title="02-chemise-03.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.02-chemise-03_m.jpg" alt="02-chemise-03.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="02-chemise-03.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p>Elle ne présente pas décoration autre que la broderie pour renforcer le bas de l'ouverture du buste. Des séries de petits plis au col, sur l'épaule et aux poignets.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/01-chemise-02.JPG" title="01-chemise-02.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.01-chemise-02_m.jpg" alt="01-chemise-02.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="01-chemise-02.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p>Le col est un simple col droit type officier, les cols apparents étant déjà des pièces indépendantes depuis près un siècle.</p>
<p><ins>Note sur la taille de la chemise</ins> : j'ai d'abord songé à reproduire la chemise à l'identique avec les mêmes dimensions. Mais de cette manière la chemise était immense. J'ai donc décidé de la réduire un peu. Elle reste néanmoins très ample. On peut s'interroger sur l'adéquation entre la taille de la chemise et celle du porteur. Mais la longueur est facilement gérable en repliant les pans de la chemise entre les jambes en une sorte de culotte. Quant à la largeur et la longueur des manches, elles s'expliquent par la mode qui consiste à ménager des ouvertures dans les vêtements par lesquelles la chemise est apparente, nous le verrons avec le pourpoint.</p>
<h2>Pourpoint</h2>
<p>D'après les gravures d'Abraham Bosse.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/04-pourpoint-01.jpg" title="04-pourpoint-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.04-pourpoint-01_m.jpg" alt="04-pourpoint-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="04-pourpoint-01.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<p>Le pourpoint est encore le vêtement de dessus le plus commun à cette époque. Il entamera son déclin vers les années 1660 pour disparaître (au profit du justaucorps) dans les années 1680 marquant la fin de plus de 3 siècles de mode masculine.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/03-pourpoint-021.jpg" title="03-pourpoint-021.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.03-pourpoint-021_m.jpg" alt="03-pourpoint-021.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="03-pourpoint-021.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<p>Le pourpoint est en laine grise doublé de lin sergé. D'après les inventaires le gris devient une couleur de premier plan (avec le noir) pour les vêtements de dessus à partir des années 30 <sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> La taille est très haute sur l'arrière et les côtés et les basques, au nombre de 4, sont séparées et descendent jusqu'aux hanches.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/05-basques-01.jpg" title="05-basques-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.05-basques-01_m.jpg" alt="05-basques-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="05-basques-01.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<p>Ses seules décorations sont des <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Boutons-brodes-sur-ame-en-bois">boutons brodés de laine grise</a>. Ils sont réalisés sur une âme en bois, recouverte de fils de lin et rebrodés de laine au point arrière.</p>
<p>Le pourpoint est renforcé de toile forte sur l'ensemble du buste, et renforcé de nappe de coton aux épaules. Au niveau du ventre, plusieurs épaisseur de toile forte ainsi que de nappe de coton soulignent une silhouette légèrement « ventrue » encore en vogue. Le col n'est pas droit mais orienté vers le cou. Les épaules n'ont pas d'ailettes. En effet, celles-ci ne sont pas systématiquement présentes sur les représentations, notamment sur la gravure du courtisan de Bosse.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/06-detail-manche-01.JPG" title="06-detail-manche-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.06-detail-manche-01_m.jpg" alt="06-detail-manche-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="06-detail-manche-01.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p>Les manches coudées sont largement ouvertes sur l'avant. Les ouvertures sont simplement bordées de boutons brodés d'un côté. Des brides en cordonnet de laine grise tressé à la main permettent de refermer l'ouverture.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/07-detail-manche-02.JPG" title="07-detail-manche-02.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.07-detail-manche-02_m.jpg" alt="07-detail-manche-02.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="07-detail-manche-02.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p>Cependant, il semble que ce type de manche crevée se portait essentiellement ouverte. Non seulement la présence de boutons n'est pas systématique mais cette forme relève plus de la mode de crevés (qui était bien plus extravagante quelques décennies avant) que d'un besoin utilitaire.</p>
<h2>Haut-de-chausses.</h2>
<p>D'après gravure.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/08-culotte-01.jpg" title="08-culotte-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.08-culotte-01_m.jpg" alt="08-culotte-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="08-culotte-01.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<p>Les haut-de-chausses sont confectionnés dans le même drap de laine que le pourpoint et doublée du même sergé de lin. Légèrement bouffants. Une braguette est ménagée et fermée par 6 boutons en laine. Elle se resserre par un cordon au niveau des genoux. Une petite fente d'aisance est ménagée à l'intérieur de la jambe à ce niveau.</p>
<p>Si les haut-de-chausses présentent déjà la ceinture rapportée et la braguette des culottes plus tardives,<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles"> ils sont encore attachés à l'intérieur du pourpoint</a> par des crochets sur les côtés au niveau de la taille.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/10-detail-crochets-03.JPG" title="10-detail-crochets-03.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.10-detail-crochets-03_m.jpg" alt="10-detail-crochets-03.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="10-detail-crochets-03.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/09-detail-crochets-01.JPG" title="09-detail-crochets-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.09-detail-crochets-01_m.jpg" alt="09-detail-crochets-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="09-detail-crochets-01.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<h2>Manteau.</h2>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/11-manteau-03.jpg" title="11-manteau-03.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.11-manteau-03_m.jpg" alt="11-manteau-03.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="11-manteau-03.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<p>Le manteau est une cape en sergé de laine noire coupé en 3/4 de cercle et doté d'un grand col rabattu. Il possède deux cordelettes en soie tressées à la main, de chaque côté au niveau du col, elles sont terminées par un pompon.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/11-manteau-04.jpg" title="11-manteau-04.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.11-manteau-04_m.jpg" alt="11-manteau-04.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="11-manteau-04.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<p>Si l'on peut observer, sur certains ensembles luxueux conservés dans les musées ou sur des portraits, un manteau assortit au reste du costume, nous avons fait le choix de réaliser le manteau dans un autre tissu (serge au lieu du drap) et une autre couleur (noir au lieu du gris).</p>
<p>Au début du XVIIe siècle les manteaux étaient en grande majorité noirs, à la date qui nous intéresse, 50% des manteaux sont encore noirs, vers 1660, le noir tombera en désuétude. Et le serge était plus employé que le drap pour la confection des manteaux. Plus souple, il permet au porteur de faire des effets de drapés<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/11-manteau-01.jpg" title="11-manteau-01.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.11-manteau-01_m.jpg" alt="11-manteau-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="11-manteau-01.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<p>Le manteau se portait aussi bien sur les deux épaules que sur une seule, c'est là qui permettait de faire des effets de drapé.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/11-manteau-02.jpg" title="11-manteau-02.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.11-manteau-02_m.jpg" alt="11-manteau-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="11-manteau-02.jpg, mar. 2016" /></a></p>
<h2>Bas.</h2>
<p>Des bas en maille de soie gris sont portés dans les bottes. Ils montent jusqu'au dessus des genoux passant sous le bas de la culotte.</p>
<h2>Accessoires en toile.</h2>
<p>Les accessoires en lin (collet de toile, canons et manchettes) sont de facture simple. A cette époque, et ce malgré les ordonnances dont nous avons parlé en introduction, certains de ces accessoires sont ornés de dentelles dans la noblesse.</p>
<p>Ici, comme on le voit sur les gravures sélectionnées ou sur certaines pièces, la toile de lin est plus épaisse et les décorations sont inexistantes ou discrètes.</p>
<h3>Col ou collet de toile.</h3>
<p>Il s'agit d'un large col rabattu couvrant les épaules et réalisé pour la technique d'après le col conservé à la fondation coloniale de Williamsburg, daté 1640-1645. Depuis le milieu du XVIe siècle environ, les cols décoratifs sont des pièces de costume à part entière et sont séparés des chemises.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/12-collet-01.JPG" title="12-collet-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.12-collet-01_m.jpg" alt="12-collet-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="12-collet-01.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p>Il est réalisé en fine toile de lin blanc. Les plis sont fixés par de petits points avants invisibles sur l'endroit. Il est fixé par un lacet passé dans des œillets. Deux cordons ornés de pompons en soie à chaque extrémités sont passés dans des brides forment sa seule décoration.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/13-detail-pompons-boutonnieres-01.JPG" title="13-detail-pompons-boutonnieres-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.13-detail-pompons-boutonnieres-01_m.jpg" alt="13-detail-pompons-boutonnieres-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="13-detail-pompons-boutonnieres-01.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<h3>Manchettes</h3>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/14-detail-manchette-01.JPG" title="14-detail-manchette-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.14-detail-manchette-01_m.jpg" alt="14-detail-manchette-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="14-detail-manchette-01.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p>Les manchettes en toile de lin sont réalisées de la même manière que le col à la différence que les plis ne sont pas cousus sur leur longueur mais uniquement fixés à leur base.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/15-manchettes-01.JPG" title="15-manchettes-01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.15-manchettes-01_m.jpg" alt="15-manchettes-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="15-manchettes-01.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p>Elles s'attachent grâce à une cordelette passée dans des œillets.</p>
<h3>Canons.</h3>
<p>Les canons sont réalisés d'après ceux conservés au musée national de Nuremberg datés 1630-1640.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/16-canons-06.JPG" title="16-canons-06.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.16-canons-06_m.jpg" alt="16-canons-06.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="16-canons-06.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<p>Ils sont en toile de lin décorés de bandes du même lin appliquées au point arrière selon un motif en arrêtes de poisson.</p>
<h2>Bottes</h2>
<p>Les bottes en cuir ont été réalisées par<strong> JP Berniot, Au cuir d'antan</strong><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>. A bout carré, comme on les retrouve sur les gravures et les tableaux, elles sont portées avec les éperons qui servent à fixer le papillon sur l'avant.</p>
<p>Certaines gravures montrent ces bottes ainsi que les éperons portés dans des situations quotidiennes :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.203_m.jpg" alt="203.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="203.jpg, oct. 2015" />
Abraham Bosse, Les Graveurs en taille-douce, 1643.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.1280px-Abraham_Bosse__The_Gallery_of_the_Palace_of_Justice__ca._1638_m.jpg" alt="1280px-Abraham_Bosse__The_Gallery_of_the_Palace_of_Justice__ca._1638.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="1280px-Abraham_Bosse__The_Gallery_of_the_Palace_of_Justice__ca._1638.jpg, oct. 2015" />
Abraham Bosse, La Galerie du Palais, v. 1638.</p>
<h2>Chapeau</h2>
<p>Le chapeau en feutre noir, réalisé par <strong>Isabelle Bartoletti</strong><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>, est orné d'une fine passementerie de laine grise tressée à la main et garni de plumes d'autruche. Comme pour le manteau, le choix de la couleur est liée aux inventaires après décès qui indiquent que le noir est la couleur la plus employée pour les chapeaux à cette époque.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/17-chapeau-05.JPG" title="17-chapeau-05.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/bourgeois-1640/.17-chapeau-05_m.jpg" alt="17-chapeau-05.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="17-chapeau-05.JPG, mar. 2016" /></a></p>
<h2>Bibliographie</h2>
<ul>
<li>Janet Arnold, Patterns of fashion 4, The cut and construction of linen shirts, smocks, neckwear, headwears and accessories for men and women ; MacMillan, 2008.<br /></li>
<li>Avril Hart and Susan North, Seventeenth and eighteenth-century fashion in detail,V&A publishing, 2009.<br /></li>
<li>Micheline Baulant, « Jalons pour une histoire du costume commun », Histoire & mesure, XVI - 1/2 | 2001, http://histoiremesure.revues.org/107.<br /></li>
<li>Norah Waugh, The cut of men's clothes 1600-1900, Faber and Faber, 1985.<br /></li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Micheline Baulant, « Jalons pour une histoire du costume commun », Histoire & mesure, XVI - 1/2 | 2001, <a href="http://histoiremesure.revues.org/107" hreflang="fr" title="Jalons pour une histoire du costume commun">http://histoiremesure.revues.org/107</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Voit à ce propos la série de gravures d'Abraham Bosse : Le Jardin de la noblesse française, vers 1629.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] <em>Au cuir d'Antan</em> Berniot Jean-Philippe que vous pouvez contacter par mail à l'adresse cuirdantan à yahoo point fr ou par courrier au <em>5 rue de l'église 03380 Huriel</em></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-bourgeois-1640#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Isabelle Bartoletti que vous pouvez contacter par mail à l'adresse :<em> isabelle point batroletti à orange point fr</em> ou sur Facebook : <a href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008344572752" hreflang="fr" title="Isabelle Bartoletti sur Facebook">Isabelle Bartoletti</a>.</p></div>
De la suspension des chausses masculines (XIIe-XVIIe)
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2016-01-04T12:55:00+00:00
2023-04-17T14:37:27+01:00
Hémiole
Costumes
Aiguillettes
chausses
doublet
haut-de-chausses
pourpoint
XIVe
XVe
XVI
XVIIe
<blockquote><p>(...) lors commencza le monde de attacher les chausses au pourpoint. Et non le pourpoint aux chausses, car c’est chose contre nature (...). <br /></p></blockquote>
<p><em>Gargantua ; François Rabelais ; 1535.</em></p>
<p>Les <strong>chausses</strong> sont le vêtement qui couvre les jambes. D'abord séparées, en suivant l'évolution de la mode, elles seront de plus en plus hautes et couvrantes et elles finiront par être jointes et couvrir l'entre-jambe pour se transformer finalement en culotte au XVIIe siècle. Elles tiennent par suspension en les attachant grâce à des <em>aiguillettes</em> à un autre vêtement.</p>
<p>Je vous propose une petite rétrospective sur l'évolution des systèmes de suspension.</p>
<p>Dans le but de simplifier cet article, je ne vais m'attarder que sur la description des différents systèmes d'attaches des chausses. Il faut garder en mémoire que toute la population n'a pas abandonné d'un coup un système au profit d'un autre. Lorsque l'on parle de l'adoption du doublet au XIVe siècle et de l'impact qu'il aura sur la fixation des chausses, sa diffusion dans l'ensemble de la société prendra près d'un siècle ... plusieurs modes peuvent cohabiter sur une même période il en va de même pour la suspension des chausses.</p>
<p>Ainsi, je n'ai pas tenté de réaliser une chronologie précise de l'apparition ni de l'abandon de chaque système mais de les décrire pour donner les clés d'interprétation, de sorte que, devant une représentation, vous soyez capable de déterminer facilement par quel(s) moyen(s) les chausses peuvent être tenues.</p>
<p>Enfin, bien que la manière d'attacher les chausses ne puisse pas être considérée indépendamment de leur forme, nous n'allons pas approfondir l'évolution de celle-ci.</p> <h2>Définitions</h2>
<p>Le mot chausses (ou <em>chauce</em>) est attesté depuis 1150. Avant, le terme employé est le latin vulgaire <em>calcea</em> (800), féminin tiré du latin <em>calceus</em>, mot désignant une chaussure d'abord portée par les rois et les patriciens, et probablement d'origine étrusque. Calcea a évolué de bonne heure vers le sens de <q>guêtre couvrant à la fois le pied et la jambe</q>, également attesté par l'italien <em>calza</em> et l'espagnol <em>calza</em>, <q>bas</q><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h2>Avant le doublet</h2>
<p>Aux XIIe et XIIIe siècles, les chausses couvrent l'ensemble de la jambe jusqu'à mi-cuisse ou jusqu'en haut de celle-ci.</p>
<p>Tant que la cotte est le vêtement de dessus principal (et même après l'apparition du doublet dans la garde-robe, pour ceux qui portent encore la cotte), les chausses séparées, s'attachent à des cordons fixés au braiel<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Sur cette représentation de paysans portant uniquement leurs braies, on voit que les cordons pendent du braiel. Ils peuvent servir soit pour remonter le bas des braies soit pour attacher les chausses :</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/st-germain.jpg" title="st-germain.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.st-germain_m.jpg" alt="st-germain.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="st-germain.jpg, déc. 2015" /></a>
<a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84704204" hreflang="fr" title="Martyrologe-Obituaire de Saint-germain-des-Près - BNF">Martyrologe-Obituaire de Saint-Germain-des-Prés ; 1250-1290 ; Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 12834 ; fol.64v</a>.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/vdh-01.png" title="vdh-01.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.vdh-01_m.jpg" alt="vdh-01.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="vdh-01.png, déc. 2015" /></a>
<a href="http://classes.bnf.fr/villard/feuillet/" hreflang="fr" title="Le carnet de Villard de Honnecourt">Le carnet de Villard de Honnecourt</a> ; Folio 28 - Lutteurs ; BNF.</p>
<p>Sur ce dessin de Villard de Honnecourt représentant 2 lutteurs, on remarque que le cordon est attaché à une sorte de <em>bouton</em> dans la pointe de la chausse. Ce <em>bouton</em> est probablement une sphère (ou une perle) en bois attachée sur l'arrière de la chausse. Le nœud est réalisé <strong>sur l'endroit</strong> en passant le cordon, autour de la<strong> boule ainsi formée par la sphère et le tissu</strong>. Ce système permet d'éviter de fragiliser la pointe de la chausse en passant le cordon au travers d'un œillet.</p>
<p>Même représentation au XIVe siècle sur une des planches du traité d'anatomie de Guido da Vigevano :</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/Guido_de_Vigevano<strong>miniature_anatomical_figures</strong>1345_Wellcome_M0007587EB.jpg" title="Guido de Vigevano, miniature anatomical figures, 1345"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.Guido_de_Vigevano__miniature_anatomical_figures__1345_Wellcome_M0007587EB_m.jpg" alt="Guido de Vigevano, miniature anatomical figures, 1345" style="display:table; margin:0 auto;" title="Guido de Vigevano, miniature anatomical figures, 1345, déc. 2015" /></a>
Anathomia Designata per Figures ; Guido da Vigevano ; 1345.</p>
<p>Enfin, pour illustrer la persistance de ce système (chausses séparées attachées sur l'avant aux braies), une enluminure datée 1440 représentant St Sébastien :</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/cleeves-01.png" title="cleeves-01.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.cleeves-01_m.jpg" alt="cleeves-01.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="cleeves-01.png, déc. 2015" /></a>
<a href="http://www.themorgan.org/collection/Hours-of-Catherine-of-Cleves" hreflang="en" title="Livre d'heures de catherine de Cleves - The Morgan Library">Livre d'heures de Catherine de Cleves ; MS M.917, pp. 252–253 ; 1440 ; Hollande.</a></p>
<h2>L'apparition du doublet</h2>
<p>Avec la diffusion du doublet au cours du XIVe siècle, l'adoption de vêtements très ajustés et le raccourcissement du vêtement de dessus dans la garde-robe masculine, la forme des chausses va évoluer. En effet, les chausses séparées montant jusqu'en haut des cuisses ont posé un certain nombre de problèmes de pudeur dont le ridicule nous a été transmit par les chroniqueurs de l'époque <sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/Lo_scheggia<strong>desco_col_gioco_del_civettino</strong>1450_ca._01.JPG" title="Lo_scheggia<strong>desco_col_gioco_del_civettino</strong>1450_ca._01.JPG"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.Lo_scheggia__desco_col_gioco_del_civettino__1450_ca._01_m.jpg" alt="Lo_scheggia__desco_col_gioco_del_civettino__1450_ca._01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="Lo_scheggia__desco_col_gioco_del_civettino__1450_ca._01.JPG, déc. 2015" /></a>
Jeu du civettino ; Lo Scheggia ; 1450 ; Palazzo DDavanzati, Florence.</p>
<p>Les chausses vont d'abord se faire plus longues et plus couvrantes tout en restant séparées.</p>
<p>On a la chance d'avoir un exemple exceptionnel de doublet de la fin du XIVe siècle, suffisamment bien conservé pour nous indiquer comment attacher les chausses : des languettes de lin sont cousues à l'intérieur du pourpoint : <q>Les attaches de chausses sont réalisées à partir d'une étoffe de lin en forme de trapèze. Deux languettes de 10 centimètres y sont découpées et retournées sur elles-mêmes pour former un cordon</q><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/cdb-2.jpeg" title="cdb-2.jpeg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.cdb-2_m.jpg" alt="cdb-2.jpeg" style="display:table; margin:0 auto;" title="cdb-2.jpeg, déc. 2015" /></a>
Pourpoint de Charles de Blois, 1364, conservé au Musée des Tissus de Lyon.</p>
<p>Sous le vêtement moulant qu'est le doublet, pas question de nouer les cordons sur une boule rigide. Les languettes sont passée dans des œillets , brodés par paire sur le haut des chausses. On compte 8 attaches qui permettent de fixer les chausses sur tout le tour de la taille. Ce n'est qu'à l'entre-jambe que les chausses ne couvrent pas le porteur.</p>
<h2>Les chausses jointes ou chausses à plain-fond</h2>
<p>Au XVe siècle, le problème d'attentat à la pudeur est (en partie) résolu en cousant les deux jambes ensembles, pour former des <em>chausses jointes</em> ou <em>chausses à plain-fond</em> (ou <em>plein-fond</em> selon la graphie employée).</p>
<p>Les chausses s'attachent alors au pourpoint mais sur le bas des basques<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> grâce à des aiguillettes passées dans des séries d’œillets disposés par 2 sur le bas du doublet et sur le haut des chausses.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/othon.png" title="othon.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.othon_m.jpg" alt="othon.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="othon.png, déc. 2015" /></a>
Dirk Bouts : La justice de l'empereur Otton : Le supplice du comte innocent, détail ; (ca. 1473-1475) ; Musées royaux des beaux art de Belgique, Musée d'art ancien.</p>
<p>Les aiguillettes sont d'abord passées dans les chausses puis dans le doublet. Les chausses sont portées en dessous.</p>
<p>Lorsque les mouvements étaient gênés par ce système contraignant, notamment pour les travaux physiques, certaines aiguillettes voire toutes pouvaient être détachées.</p>
<h2>La renaissance (XVIe et XVIIe siècles)</h2>
<p>Au cours de la renaissance, la forme du pourpoint va souvent changer. Que se soit sur la forme des basques (longues et amples ou absentes. Cousues entre elles ou bien indépendantes) ou sur l'emplacement de la ligne de taille (tantôt placée bas sur le ventre, tantôt placée au dessus des côtes).</p>
<p>Les chausses vont également subir une évolution notable, puisqu'elles vont se séparer en 2 parties : les <em>haut-de-chausses</em><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> et les <em>bas-de-chausses</em> (ou simplement chausses). Ce sont évidemment les haut-de-chausses qui s'attachent au pourpoint.</p>
<p>Leur forme également va varier : d'abord courts et bouffants, puis plus longs et droits jusqu'aux volumineuses rhingraves<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>.</p>
<p>La seule constante dans toutes ces variations, c'est que les haut-de-chausses et le pourpoint continueront à être attachés ensemble jusqu'au moment où les hauts-de-chausses seront remplacés par la <em>culotte</em> à partir de 1670. En ce qui concerne la fixation des haut-de-chausses, on peut dégager plusieurs tendances qui coexistent jusqu'à la fin de l'usage des haut-de-chausses fixés au pourpoint.</p>
<h3>Fixation visible</h3>
<p>Dans la même veine que sur les pourpoint XVe, les pourpoints au début de la renaissance vont avoir un système d'attache traversant sur le doublet. La différence notable est qu'au lieu d'être située sur le bas du pourpoint (et donc le bas des basques) la ligne d’œillets va être placée au niveau de la taille.</p>
<h5>Pourpoint à basques très courtes ou sans basque</h5>
<p>Certains pourpoints du XVIe siècle (du début jusqu'au 3ème tiers) sont dépourvus de basques : ils s'arrêtent à la ligne de taille ou vont présenter une bande sous la ligne de taille juste assez large pour supporter les œillets qui serviront à attacher les chausses.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/cranach.png" title="cranach.png"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.cranach_m.jpg" alt="cranach.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="cranach.png, déc. 2015" /></a>
Le martyr de Ste Catherine, détail, Lucas Cranach l'ancien, 1508.</p>
<h5>Les rubans décoratifs</h5>
<p>On retrouve ce système d’œillets traversant dans les basques longues et détachées les unes des autres des formes caractéristiques du XVIIe siècle.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/2011EV8033_2500.jpg" title="2011EV8033_2500.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.2011EV8033_2500_m.jpg" alt="2011EV8033_2500.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="2011EV8033_2500.jpg, janv. 2016" /></a>
<a href="http://collections.vam.ac.uk/item/O137746/doublet-unknown/" hreflang="en" title="Doublet, V&A">Doublet, 1625, 1630 ; Italie ; V&A.</a>.</p>
<p>Vers la fin du XVIe siècle les aiguillettes deviennent un élément décoratif à part entière jusqu'à la mode consistant à faire de grands nœuds de larges rubans.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/2009BY0321_2500.jpg" title="2009BY0321_2500.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.2009BY0321_2500_m.jpg" alt="2009BY0321_2500.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="2009BY0321_2500.jpg, déc. 2015" /></a>
<a href="http://collections.vam.ac.uk/item/O115878/suit-unknown/" hreflang="en" title="Pourpoint et chausses, V&A">Pourpoint et haut-de-chausses, Angleterre, 1635-1640, V&A.</a></p>
<p>Les rubans se multiplieront comme élément de décoration avec la mode des rhingrave mais ce système a été porté sur des haut-de-chausses droits également. Sur certains pourpoints, les rubans décoratifs ne serviront plus à fixer les chausses et seront attachés à des brides cousues sur l'endroit du vêtement.
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/rubans-03.jpg" title="rubans-03.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/rubans-03.jpg" alt="rubans-03.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="rubans-03.jpg, janv. 2016" /></a>
<a href="http://www.metmuseum.org/collection/the-collection-online/search/83202" hreflang="en" title="Doublet 1580">Doublet en soie ; 1580 ; The Metropolitan Museum of Art</a>.</p>
<h3>La fixation intérieure</h3>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/800px-Charles_IX_par_Clouet_Louvre.jpg" title="800px-Charles_IX_par_Clouet_Louvre.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.800px-Charles_IX_par_Clouet_Louvre_m.jpg" alt="800px-Charles_IX_par_Clouet_Louvre.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="800px-Charles_IX_par_Clouet_Louvre.jpg, déc. 2015" /></a>
Portrait de Charles IX, roi de France (1550-1574) ; François Clouet ; 1566 ; Musée du Louvre.</p>
<p>Sur les pourpoints à basque longues du XVIe siècle, on ne voit souvent aucun système d'attache de l'extérieur. Certains vêtements conservés nous révèlent que les haut-de-chausses n'étaient pas indépendants pour autant, en effet, une ceinture rapportée sur l'intérieur du pourpoint, au niveau de la taille, percée d’œillets, permettait d'attacher les haut-de-chausses avec des aiguillettes.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.sture_m.jpg" alt="sture.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="sture.jpg, déc. 2015" />
Pourpoint de Svante Sture (1567), détail. Janet Arnold Patterns of fashion 3 ; Macmillan ; 1985.<br />
Détail de la bande de lin cousue à l'intérieur du pourpoint sur la ligne de taille avec des œillets brodés par 2.</p>
<p>A partir de 1630, les haut-de-chausses sont quasiment indépendants, comme le seront les culottes de la fin du siècle.</p>
<p>Cependant avec la mode des pourpoints à la ligne de taille très haute et des basques séparées, il faut faire tenir les hauts de chausses bien plus haut que sur les hanches (voire même que la taille naturelle). Des système mélangeant œillets et crochets métalliques permettent de tenir les hauts de chausses sur la ligne de taille du pourpoint. Ces systèmes ne font pas nécessairement tout le tour de la taille. On peut trouver simplement 3 crochets de chaque côté pour maintenir les hauts de chausses à la bonne hauteur.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/2012FE3161_2500.jpg" title="2012FE3161_2500.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.2012FE3161_2500_m.jpg" alt="2012FE3161_2500.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="2012FE3161_2500.jpg, déc. 2015" /></a>
<a href="http://collections.vam.ac.uk/item/O361531/doublet-and-breeches-unknown/" hreflang="en" title="Pourpoint et chausses, V&A">Pourpoint et haut-de-chausses d'enfant, Angleterre, 1640, V&A.</a></p>
<p>A la fin du XVIIe siècle (vers 1680), le costume masculin se composera non plus d'un pourpoint et haut-de-chausses mais d'un <em>justaucorps</em> et d'une <em>culotte</em>. Bien que la culotte semble directement dérivée des haut-de-chausses <sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>, cet ensemble sonne le glas du lien physique entre chausses et pourpoint : la culotte est indépendante.</p>
<h2>Petite curiosité</h2>
<p>Terminons cet article par deux représentations particulières de chausses attachées par dessus le pourpoint.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/8herac15.jpg" title="8herac15.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.8herac15_m.jpg" alt="8herac15.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="8herac15.jpg, janv. 2016" /></a>
Bataille entre Héraclius et Chosroès (détail) ; 1452-66 ; fresque ; Piero della Francesca</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/Visconti-Sforza_tarot_deck._The_Hanged_Man.jpg" title="Visconti-Sforza_tarot_deck._The_Hanged_Man.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chausses/attaches/.Visconti-Sforza_tarot_deck._The_Hanged_Man_m.jpg" alt="Visconti-Sforza_tarot_deck._The_Hanged_Man.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Visconti-Sforza_tarot_deck._The_Hanged_Man.jpg, janv. 2016" /></a>
<a href="http://www.themorgan.org/collection/tarot-cards/the-hanged-man" hreflang="en" title="visconti-sforza Tarot">Le pendu ; Tarot de Visconti-Sforza ; Morgan Library ; 1450–1480.</a></p>
<p>Sur ces deux images du XVe siècle, les personnages représentés sont un infidèle Sassanide<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup> pour la première et le pendu du tarot. Cette manière d'attacher les chausses par dessus le doublet est probablement uniquement symbolique. Est-ce à ça que faisait allusion Rabelais 100 ans plus tard ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Rey, Aain, Dictionnaire historique de la langue française.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] ceinture qui permet de tenir les braies, possiblement en cuir si l'ont s'en tient à la description des fabricants de braiels dans le <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110190t" hreflang="fr" title="Livre des métiers - BNF">Livre des Métiers d'Etienne Boileau</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Newton, Stella Mary, Fashion in the age of the Black Prince, Boydell & Brewer Ltd, 1080.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Schoefer, Marie, Le Pourpoint de Charles de Blois, remarques faites au cours de sa restauration, Histoire et images Médiévales thématique n°6, 2006.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] partie rapportée située sous la ligne de taille.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] Le terme apparaît sous la forme <em>hault de chausses</em> dans le <em>Quart Livre</em> de François Rabelais, 1548 : <q>pour te faire un hault de chausses, & nouvelle braguette</q> et dans ''Les essais, Livre I, chapitre XXXI, des Cannibales, Michel de Montaigne, 1595 : <q>Tout cela ne va pas trop mal : mais quoy, ils ne portent point de haut de chausses</q> (en parlant des sauvages).</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Haut-de-chausses larges et flottantes qui ressemble à une jupe.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] plusieurs inventaires parlent de hauts-de-chausses en forme de culotte, Micheline Baulant, Jalons pour une histoire du costume commun, L'exemple de Meaux (1590-1670), Histoire & mesure, XVI - 1/2, 2001.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/suspension-des-chausses-xii-xviie-siecles#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] La bataille d'Héraclius contre Chrosoès fait partie de la croisade pour la reconquête de la relique de la vraie croix.</p></div>
Une coiffe XIIe et XIIIe : la guimpe nouée.
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2015-04-15T10:21:00+00:00
2023-04-17T14:38:09+00:00
Hémiole
Costumes
coiffe
guimpe
touaille
XIIe
XIIIe
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mi00750b05a_s.jpg" alt="mi00750b05a.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="mi00750b05a.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>La <strong>guimpe</strong> (<em>ginple</em>, <em>gimple</em>) <strong>nouée</strong> (ou <strong>touaille</strong> -<em>toelle</em>-) est une coiffe drapée et entortillée plusieurs fois autour de la tête qui passe sous le menton. Elle est réalisée dans une grande bande de tissu fin. Elle était utilisée par les paysannes et les servantes pour les travaux physiques mais également pour les voyages. On l'observe sur les sources du troisième quart du XIIe siècle au premier quart XIVe.</p>
<p>Si la guimpe désigne, au cours de la période médiévale y compris au XIIIe siècle différents types de coiffes, nous allons nous intéresser à un seul type d'entre elles : la guimpe liée ou nouée.</p>
<p>Cette coiffe est représentée sur des personnages de la fin du XIIe siècle (bible de Manerius) à la mi-XIIIe (vitraux de la cathédrale de Chartres et bible de Maciejowski).</p>
<p>Dans cette première partie, j'évoquerai la coiffe dans les sources, dans une seconde partie, je présenterai ma routine simple qui permet de draper cette coiffe facilement même sans miroir.</p> <p><ins>Guimpe</ins> : de l'allemand <em>wimpel</em> : bande de tissu (aujourd'hui : fanion).</p>
<p><ins>Touaille</ins> : du francique <em>thwahlja</em> serviette.</p>
<p>La lecture des textes des XIIe et XIIIe siècles, nous révèle que la guimpe peut être portée nouée<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Une scène clé du <em>roman de la rose ou de Guillaume de Dole</em> (Jean Renart, 1210) est particulièrement révélatrice car l'auteur change de terme pour désigner la coiffe de l'Héroïne entre le début et la fin de la scène (quelques pages plus loin) :</p>
<p>Liénor, s’apprête à rencontrer le roi afin de laver son honneur et confondre son accusateur. Elle s'habille avec soin dans ce but, la touche finale étant la guimpe nouée et la ceinture :</p>
<blockquote><p>Por sa gorge parembelir<br />
mist un fermail a a chemise,<br />
ouvré par grande maiestrise,<br />
riche d'or et bel de feture,<br />
basset, et plain doi d'overture,<br />
et si que la poitrine blanche<br />
assez plus n'est noif sor branche<br />
li parut, qui mout l'amenda.<br />
Que q'ele se ceint et lia<br />
de sa guimple et de sa ceinture,<br />
dont li ors de la ferreüre<br />
valoit plus de.xx.v. livres,<br />
li vallés, qui n'est fous ne ivres,<br />
ne s'est en nul lieu delaiez.</p></blockquote>
<p>...</p>
<p>Pendant son trajet, elle croise de nombreux badauds éblouis par sa beauté, encore un détail sur sa coiffe qui découvre son visage :</p>
<blockquote><p>Et savez qui mout l'abeli ?<br />
qu'el ot descovert son visage.</p></blockquote>
<p>...</p>
<p>Enfin, la rencontre avec le roi, en ôtant son manteau, elle accroche par erreur sa coiffe dévoilant ainsi sa chevelure et sa coiffure. Ici la coiffe est appelé touaille :</p>
<blockquote><p>Por l'usage, qui tex estoit,<br />
ele prent dou mantel l'atache ;<br />
que qu'el l'oste dou col et sache,<br />
si l'enconbrasi li mantiaus<br />
qu'ele hurte as premiers cretiaus<br />
qu'ele avoit fet en sa touaille.<br /></p></blockquote>
<p>Si dans ce cas, l'emploi du mot <em>touaille</em> est probablement lié au besoin de rime (le vers suivant se termine par <em>ventaille</em>), on ne peut pas s'empêcher de noter le glissement d'un terme à l'autre entre le début et la fin de la scène.</p>
<p>Jean de Joinville, dans ses chroniques, décrit avec un certain dédain pour ceux-ci, la touaille portée par les bédouins, elle est enturbannée et, de la même manière que dans la coiffe qui nous intéresse, un pan passe sous le menton :</p>
<blockquote><p>Presque tuit sont vestu de seurpeliz, aussi comme li prestre; de touailles sont entorteillées leur testes, qui leur vont par desous le menton: dont laides gens et hydeuses sont à regarder, car li chevel des testes et des barbes sont tuit noir.</p></blockquote>
<p>Dans <em>Erec et Enide</em> de Chrétien de Troyes, la guimpe est utilisée pour le voyage car elle permet de se couvrir le visage afin de le protéger des éléments (mais aussi de la vue !) :</p>
<blockquote><p>Et la dame par grant veisdie,<br />
Por ce qu'ele ne voloit mie<br />
Qu'il la coneüst ne veïst,<br />
Aussi con s'ele le feïst<br />
Por le hasle et por la poudriere,<br />
Mist sa guinple devant sa chiere.</p></blockquote>
<p>Dans <em>Le Conte du Graal</em>, Chrétien de Troyes, la guimpe de la jeune fille qui est utilisée pour faire des bandages :</p>
<blockquote><p>Puis n’avroit garde de morir,<br />
ma dameisele, vostre amis,<br />
qui ceste herbe li avroit mis<br />
sor ses plaies et bien liee.<br />
Mes une guinple deliee<br />
por bien lier i covandroit.<br />
— Je vos baillerai orandroit,<br />
fet cele cui il n’est pas grief,<br />
celi meïsmes de mon chief,<br />
qu’autre n’ai ge ci aportee. »<br />
La guinple a de son chief ostee,<br />
qui mout fu deliee et blanche ;<br />
et messire Gauvains la tranche,<br />
qu’ainsi fere li covenoit,<br />
et de l’erbe que il tenoit<br />
sor totes ses plaies li lie,<br />
et la pucele li aïe<br />
au mialz qu’el set et qu’ele puet.</p></blockquote>
<p>Les représentations de l'époque nous renseignent sur ce que peuvent être ces différentes façons de porter la coiffe :</p>
<p>Une représentation intéressante afin de cerner l'usage du port de cette coiffe se trouve dans les <a href="http://www.medievalart.org.uk/chartres/21_pages/Chartres_Bay21_key.htm" hreflang="en" title="Vitraux de la baie illustrant la vie de St Julien l'Hospitalier">vitraux du chœur de la cathédrale de Chartres :</a>.</p>
<p>On peut se référer à Jacques de Voragine dans <em>La Légende Dorée</em> (1266)<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> pour plus de détails sur la légende de St Julien l'Hospitalier.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.st-ju-11_m.jpg" alt="st-ju-11.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="st-ju-11.jpg, déc. 2014" /></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.st-ju-21_m.jpg" alt="st-ju-21.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="st-ju-21.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Sur le vitrail de la Cathédrale de Chartres, la femme de St Julien porte un touret pendant toute la période antérieure à leur fuite. A partir du moment de leur pénitence, elle porte la guimpe nouée.</p>
<p>Le Retour du Croisé, 3e quart du XIIe siècle © Musée Lorrain, Nancy :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.Le_retour_du_croise-Prieure_de_Belval_m.jpg" alt="Le_retour_du_croise-Prieure_de_Belval.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Le_retour_du_croise-Prieure_de_Belval.jpg, déc. 2014" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.Le_retour_du_Croise_8866_m.jpg" alt="Le_retour_du_Croise_8866.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Le_retour_du_Croise_8866.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Bible de Manerius, Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 0009, f. 125v, 1185
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.man-01_m.jpg" alt="man-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="man-01.jpg, déc. 2014" /></p>
<p><a href="http://www.themorgan.org/collection/crusader-bible/1" hreflang="en" title="Bible de Maciejowsky">Maciejowski Bible ; MS M.638 ; France, Paris 1240s</a></p>
<p>-fol 17v : Boaz rencontre Ruth et des fermiers.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mac-f17v_m.jpg" alt="mac-f17v.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mac-f17v.jpg, déc. 2014" />
-fol4r : Rebebeca présente son Fils Jacob à son père.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mac-f4r_m.jpg" alt="mac-f4r.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mac-f4r.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Gustorf, Eglise Ste Marie de l'assomption, choeur, les 3 femmes au tombeau, 13es :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mi00750b06a_m.jpg" alt="mi00750b06a.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mi00750b06a.jpg, déc. 2014" />
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.mi00750b08a_m.jpg" alt="mi00750b08a.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mi00750b08a.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Images de la vie du Christ et des saints ; Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, NAF 16251 :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.ConsulterElementNum_m.jpg" alt="ConsulterElementNum.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ConsulterElementNum.jpg, déc. 2014" /></p>
<p>Une coiffe similaire semble être portée par les femmes dans ce manuscrit du début du XIVe siècle :
« GUILLAUME DE MACHAU(T), Nouviaus dis amoureus ». volume 1 ; Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 22545 ; fol 72r.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/guimpe/.ms-fr-22545_m.jpg" alt="ms-fr-22545.png" style="display:table; margin:0 auto;" title="ms-fr-22545.png, mar. 2015" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Voir à ce sujet l'article sur ma <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">proposition de reconstitution d'un costume de brodeuse fin XIIe siècle</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/13/21-guimpe-nouee#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Il y eut encore un autre saint Julien. Celui-là, qui était de famille noble, se trouvait un jour à la chasse, dans sa jeunesse, et poursuivait un cerf, lorsque soudain le cerf, sur un signe de Dieu, se retourna vers lui et lui dit : « Comment oses-tu me poursuivre, toi qui est destiné à être l’assassin de ton père et de ta mère ? » Et le jeune homme, à ces paroles, fut si épouvanté, que, pour empêcher la prédiction du cerf de se réaliser, il s’éloigna secrètement, traversa d’immenses régions, et parvint enfin dans un royaume où il entra au service du roi. Il se conduisit avec tant d’éclat dans la guerre et dans la paix que le roi le créa chevalier, et lui donna pour femme la veuve d’un très riche seigneur. Cependant, les parents de Julien, désolés de sa disparition, erraient à travers le monde, en quête de leur fils, jusqu’à ce qu’ils arrivèrent, un jour, au château qui était maintenant la demeure de Julien. Mais celui-ci, par hasard, n’était pas au château, et ce fut sa femme qui reçut les deux voyageurs. Et quand ils lui eurent raconté toute leur histoire, elle comprit qu’ils étaient les parents de son mari : car celui-ci, sans doute, lui avait souvent parlé d’eux. Aussi leur fit-elle l’accueil le plus tendre, par amour pour son mari ; et elle les fit coucher dans son propre lit. Le lendemain matin, pendant qu’elle était à l’église, voici que Julien rentra. Il s’approcha du lit pour réveiller sa femme ; et, voyant deux personnes qui dormaient sous les draps, il crut que c’était sa femme avec un amant. Sans rien dire, il tira son épée et tua les deux dormeurs. Puis, sortant de la maison, il rencontra sa femme qui revenait de l’église, et il lui demanda, stupéfait, qui étaient les deux personnes qui dormaient dans son lit. Et sa femme lui répondit : « Ce sont tes parents, qui longtemps t’ont cherché ! Je les ai fait coucher dans notre lit. » Ce qu’entendant, Julien pensa mourir de chagrin. Il fondit en larmes, et dit : « Que vais-je devenir, misérable que je suis ? Ce sont mes chers parents que j’ai tués ! J’ai accompli la prédiction du cerf, pour avoir essayé d’y échapper ! Adieu donc, ma douce petite sœur, car je n’aurai plus de repos jusqu’à ce que je sache que Dieu a agréé mon repentir ! » Mais elle : « Ne crois pas, mon frère bien-aimé, que je te laisse partir sans moi ! De même que j’ai participé à ta joie, je participerai à tes douleurs ! » Ainsi, s’enfuyant ensemble, ils allèrent demeurer au bord d’un grand fleuve dont la traversée était pleine de périls ; et là, tout en faisant pénitence, ils transportaient d’une rive à l’autre ceux qui voulaient traverser le fleuve. Et ils les recueillaient dans un hôpital qu’ils avaient construit. Et, longtemps après, par une nuit glaciale, Julien, qui s’était couché accablé de fatigue, entendit la voix plaintive d’un étranger qui lui demandait de lui faire traverser le fleuve. Aussitôt, se levant, il courut vers l’étranger, à demi mort de froid ; et il l’emporta dans sa maison, et alluma un grand feu pour le réchauffer. Puis, le voyant toujours glacé, il le porta dans son lit et le couvrit avec soin. Or voici que cet étranger, qui était rongé de lèpre et répugnant à voir, se transforma en un ange éclatant de lumière. Et tout en s’élevant dans les airs il dit à son hôte : « Julien, le Seigneur m’a envoyé vers toi pour t’apprendre que ton repentir a été agréé, et que ta femme et toi pourrez bientôt vous reposer en Dieu. » Et l’ange disparut, et, peu de temps après, Julien et sa femme s’endormirent dans le Seigneur, pleins d’aumônes et de bonnes œuvres.</p></div>
Un costume de bourgeoise vers 1490
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2015-03-17T10:03:00+00:00
2023-04-17T14:38:17+01:00
Hémiole
Costumes
chemise
coiffe
cotte
Dürer
gefrens
postiche
XVe
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/.robe-01_s.jpg" alt="robe-01.JPG" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="robe-01.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>Le costume présenté est celui d'une bourgeoise allemande à la fin du XVe siècle d'après un tableau et une gravure d'Albrecht Dürer. Cependant, ce type de vêtement est couramment représenté dans les tableaux et enluminures germanique de la fin du XVe siècle et du début du XVIe siècle.</p> <p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/sources/durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50_.jpg" title="durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50_.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/sources/.durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50__m.jpg" alt="durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50_.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="durer.WomanWithHerhairUp1.1496-98_AD-MGApl50_.jpg, avr. 2013" /></a>
<em>Albrecht Dürer ; Portrait de femme aux cheveux relevés ; 1496-1498 ; Huile sur toile, 56,5 x 42,5 cm. Staatliche Museen zu Berlin, Berlin.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/sources/.Mss.h.h.I.3-f58_m.jpg" alt="Mss.h.h.I.3-f58.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Mss.h.h.I.3-f58.jpg, mar. 2015" />
<em> Amtliche Berner Chronik, vol. 3 ; Bern, Burgerbibliothek, Mss.h.h.I.3 ; fol.58 ; Berne · 1478-1483</em></p>
<h2>Sous vêtements</h2>
<h3>Chemise</h3>
<p>La chemise est réalisé dans une toile de lin fin. Cette chemise, très ample, et largement froncée au col et aux poignets présente déjà une des formes spécifique aux chemises de la renaissance.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/chemise-02.JPG" alt="chemise-02.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="chemise-02.JPG, mar. 2015" /></p>
<h2>Robe</h2>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/robe-02.JPG" alt="robe-02.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="robe-02.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>La cotte est réalisé dans un drap de laine orangé, tissé en sergé 2/2. Elle est réalisée en 2 parties devant et derrière qui s'évasent à partir de la taille. Deux godets devant et derrière ajoute encore de l'ampleur.</p>
<p>Ces deux godets, qui démarrent sous la poitrine sont plissés et renforcés de cordes jusqu'à la taille. La corde permet de conserver le volume des plis et de renforcer cette partie.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/.plis_m.jpg" alt="plis.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="plis.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>La cotte est fermée sur le devant par un lacet en soie<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> passant dans des crochets métalliques<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/.crochets_m.jpg" alt="crochets.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="crochets.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>Le décolleté est très profond et en pointe. Deux boutons<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> en métal sont cousus sur le haut du décolleté et permettent au moyen d'un lacet de le retenir lorsque la cotte n'est pas fermée bord à bord (comme sur bon nombre de représentations de ce genre de cotte).</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/.boutons_m.jpg" alt="boutons.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="boutons.JPG, mar. 2015" /></p>
<p>Les manches ont des emmanchures très serrée. Elles sont fendues sur l'arrière sur presque toute la longueur et une série d’aiguillettes passées dans des œillets permet de les maintenir fermées tout en laissant apparaître les manches amples de la chemise.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/robe-1490/robe-01.JPG" alt="robe-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="robe-01.JPG, mar. 2015" /></p>
<h2>Coiffe et coiffure</h2>
<h3>Coiffure</h3>
<p>La coiffure est réalisée sur une base de tresses remontées de chaque côté sur les oreilles. Sans postiche, cette coiffure est bien moins imposante que celle du tableau de Dürer, mais certaines enluminures nous montrent cette coiffure réalisée sans doutes avec seulement les <em>vrais</em>cheveux.</p>
<p>Pour agrémenter la coiffure, un galon de soie, tissé aux tablettes est ajouté. Ce galon présente une sorte de <em>frange</em> sur l'arrière (portée sur la nuque). Cette coiffure est appelée <em>gefrens</em><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>Un postiche et un voile sont en préparation.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Cordonnet de soie teinté à la garance :<a href="http://www.atelierdemicky.com/index.php" hreflang="fr"> l'Atelier de Micky</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Crochets fabriqués par <a href="http://www.labortemporis.com/">Labor temporis</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Boutons fabriqués par <a href="http://www.labortemporis.com/">Labor temporis</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Un-costume-de-femme-vers-1490#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Ce terme semble être un terme spécifique Allemand du moyen âge, si quelqu'un connait un équivalent français ou une traduction possible, n'hésitez pas à m'en faire part !</p></div>
Le chaperon, de l'utilitaire à la parure
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2015-01-05T17:46:00+00:00
2023-04-17T14:38:27+01:00
Hémiole
Costumes
chaperon
<p>Le chaperon est un élément du costume médiéval largement répandu en reconstitution à la fois pour son côté pratique et son aspect emblématique. Nous allons à travers une brève histoire chronologique de ce vêtement et de ses formes, étudier comment il s'inscrit dans l'histoire de la mode et des usages vestimentaires.</p>
<p>Séparer l'histoire du chaperon, l'évolution de sa forme et de ses usages de sa définition est quasiment impossible.</p>
<p>Remontons à ses origines.</p> <h2>Une capuche, simple élément d'un autre vêtement.</h2>
<p>Le mot <strong>chaperon</strong> vient du bas latin <em>cappa</em>, capuchon.</p>
<p>Le mot chaperon apparaît au cours du 12e siècle (vers 1130 dans le Couronnement de Louis)<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> Il désigne la partie de la chape qui se porte sur la tête (la capuche). A l'origine, le terme ne sert donc qu'à désigner une partie d'un vêtement.</p>
<p>Dans<em> Li proverbes au vilain</em> (1170-1185), recueil de proverbes en langue vernaculaire destiné à l'éducation de l'élite, plusieurs proverbes associent chape et chaperon comme faisant partie d'un ensemble indissociable : <q>Qui a faite la chape il doit faire lou chaperon. ; Mal fait la chape qui ne fait le chaperon.</q>. Au début du XIIIe siècles, des textes littéraires (Robert le Diable, 1200, <q>...cote a caperon, Qui li va outre l'esperon</q>) associent également cotte et chaperon, suggérant ainsi une capuche attachée (cousue) à la cotte, ceci est confirmé par de nombreuses représentations de l'époque où apparaissent les cottes à capuches et autres garde-corps (fig. 3). Le vocabulaire de l'époque utilise également des variations sur ce mot pour désigner des actions : <em>enchaperoné</em> qui désigne le fait de se couvrir la tête afin de dissimuler son visage.</p>
<p>Le fait que le chaperon ne désigne jusqu'au début du XIIIe siècle qu'une partie d'un autre vêtement nous empêche d'utiliser sa mention dans les textes pour dater son apparition en tant que vêtement à part entière. Pour cela, nous devons chercher dans les représentations.</p>
<h2>Le chaperon comme vêtement utilitaire aux formes simples (XIIe – XIIIe siècle)</h2>
<p>Le chaperon tel qu'on le connaît : capuche, séparée à guléron<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> court, n’apparaît dans les représentations du costume qu'à la toute fin du XIIe siècle. Néanmoins il est encore difficile à cette période de le différentier clairement d'une chape courte, le guléron descend encore bas sous les épaules (fig.1).</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig1.jpg" alt="fig1.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig1.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 1 :</strong> Travaux des mois : novembre. Psautier de Fécamp, La Hagues, KB, 76F13, fol. 11v.</em><br />
<em>Sur cette enluminure, comme sur d'autres du même manuscrit, certains paysans portent un vêtement à capuche dont la forme n'est pas clairement définie entre la chape et le chaperon (Des chapes clairement identifiées sont également représentées sur le même manuscrit). Si l'on effectue une comparaison, ces vêtements présentent un guléron long qui descend jusqu'à mi bras alors que ceux représentés au XIIIe siècle, ne dépassent pas des épaules, on peut donc s'interroger sur une possible une parenté entre ces vêtements. Est-ce que la pélerine de la chape se réduit progressivement pour donner naissance au chaperon ? Ou est-ce que le chaperon apparaît en détachant la capuche de l'habit ? On le voit, l'interprétation de ces premières représentations reste délicate.</em></p>
<p>Dans les premiers temps (fin XIIe à première moitié XIIIe siècle), ce vêtement est exclusivement porté par des travailleurs : paysans, ouvriers, tous du sexe masculin. La première représentation de femme portant un chaperon date de la mi-XIIIe dans la bible de Maciejowski (Pierpont Morgan Library). Il s'agit de deux femmes travaillant aux champs (fig. 2).</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig2.jpg" alt="fig2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig2.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 2 :</strong> Femmes aux champs. Pierpont Morgan Library, New York, Ms M. 638 ; Bible de Maciejowski, fol. 17V ; vers 1250.</em><br />
<em>Deux femmes ramassant des gerbes de blé. Les deux portent le chaperon par dessus leur coiffe, une résille pour l'une (Ruth) et une guimpe ou un simple couvre-chef pour l'autre. Le chaperon rouge présente une légère cornette. Elle peut n'être encore que la pointe de la têtière et non une cornette ajoutée. Sur cette même bible, de nombreux chaperons sont représentés sur les hommes, tous travailleurs (bergers, paysans).</em></p>
<p>Les formes observées de ce chaperon utilitaire sont très simple. Le guléron est très court, parfois fendu et/ou boutonné sur l'avant. D'après la classification de Else Østergård<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, ce type de chaperon (type II) à guléron court présente des goussets insérés sur les côtés, goussets dont la hauteur est comprise entre 8 et 15cm. Le guléron ne couvrait pas totalement les épaules, ou du moins n'en dépassait pas, ceci rejoint l'observation des représentations (fig. 3 et 4).</p>
<p>La têtière est de forme simple, probablement carrée et la visagière est suffisamment large pour porter le chaperon sur une coiffe ou un bonnet. Leur principale caractéristique est qu'ils ne présentent pas de cornette, et c'est là, d'après Harmand<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>, l'origine du mot : <q>Il y eut encore des chaperons qui ne possédaient pour toute cornette que la pointe de leurs capuchons. Les premiers chaperons du douzième siècle avaient été de cette sorte. Lorsqu'ils étaient enformés, la pointe du capuchon prenait l'aspect d'une petite corne, d'où le nom de cornette donnée à cette pointe qui fut l'origine de toutes les cornettes de chaperons</q>.</p>
<p>Vers le milieu du XIIIe siècle, le port du chaperon se répand lentement dans toutes les couches de la société. Il devient un vêtement acceptable pour les voyages.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig3.jpg" alt="fig3.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig3.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 3 :</strong> La Vie d’Edouard le confesseur, Matthieu de Paris. 1245-1260 ; Cambridge University Library ; MS Ee.3.59 ; fol. 4v.</em><br />
<em>La reine Emma et ses enfants est reçue par Richard, duc de Normandie.</em><br />
<em>Sur cette image, on voit le duc de Normandie qui porte un chaperon dont le guléron est très court, fendu devant et fermé par un bouton. Il ne semble pas y avoir de cornette. La reine, elle, porte un garde-corps aux manches longues et larges et capuche intégrée. Ce vêtement est observé de manière plus fréquente que le chaperon à cette époque pour la noblesse et en particulier pour les femmes.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig4.jpg" alt="fig4.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig4.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 4 :</strong> Images de la vie du Christ et des saints. Nouvelle acquisition latine 16251. Fol. 69v. St Mathieu.</em><br />
<em>Sur cette enluminure pleine page, on voit St Mathieu, représenté en collecteur d'impôts, portant un chaperon. Celui-ci est toujours à guléron très court, ouvert sur le devant et fermé par une série de boutons.</em></p>
<h2>Le chaperon entre dans la mode : extravagances et splendeurs (1280 - 1430)</h2>
<p>A la fin du XIIIe siècle, le changement s'accélère. Une nouvelle mode apparaît chez la noblesse masculine : porter son chaperon posé sur la tête par la visagière, le guléron roulé en boudin autour du crane. Cette mode va durer jusqu'au milieu du XVe siècle et sera un marqueur social fort dans les représentations. On trouve également des chaperons doublés de vair.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig5.jpg" alt="fig5.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig5.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 5 :</strong> Codex Manesse ; Große Heidelberger Liederhandschrift ; Cod. Pal. Germ. 848 ; Zurick, 1300-1340 ; fol. 13r ; Othon IV de Brandeburg.</em><br />
<em>Sur ce portrait du codex Manesse, on voit un chaperon doublé de vair porté comme un bonnet par le prince. Les musiciens en bas de la scène, portent, quant à eux, des chaperons simples dont on devine que la cornette s'est rallongée depuis le milieu du XIIIe siècle.</em></p>
<p>Le chaperon devient un vêtement que l'on adapte à son statut, que l'on utilise comme marqueur social. Il fait son entrée dans le vestiaire à la mode (fig 10). Mais c'est aux alentours de 1340 que le chaperon fait sa grande révolution. A cette période, où la mode change radicalement, tant dans la coupe des vêtements, que dans leurs matières et leurs couleurs mais aussi dans la superposition et la composition de la garde-robe, le chaperon est désormais un véritable accessoire de mode et toutes les extravagances sont de mise !</p>
<p>C'est chez les jeunes gens à la dernière mode (portant cottehardies, jacques, pourpoints …) qu'il faut chercher la nouveauté. Le roman d'Alexandre, nous montre des chaperons portés dans des situations variées : lors de voyage, parties de chasses, jeux, scènes courtoises (fig. 6). Les formes, les couleurs, les décorations montrent une variété impressionnante : chaperons bicolores ou rayés. La cornette s'allonge progressivement. Des broderies décorent le guléron qui descend jusqu'aux coudes et présente des découpes en lambrequin. Le chaperon se fait parure et ses extravagances attirent le regard.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig6.jpg" alt="fig6.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig6.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 6 :</strong> Guillaume de Machaut, Oeuvres ; Paris, vers 1350-1355 ; BNF fr. 1586, fol. 28v.</em><br />
<em>Sur cette scène courtoise, on remarque que tous les personnages masculins portent le chaperon. Le personnage couronné porte un chaperon de forme simple dont le bord est rehaussé par un galon (ou du moins une décoration contrastante). Les 3 autres personnages, des amants, portent des chaperons à découpes en lambrequins sur le bas du guléron mais aussi autour de la visagière. Les bords sont également ornés de bandes décorées. La différence de forme entre le personnage couronné et les autres est notable car cette mode, des bords déchiquetés (qui s'étendra également aux manches des houppelandes plus tard), adoptée par la jeunesse aristocratique est une forme de transgression<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>).</em></p>
<p>Les chaperons à guléron très long de cette période correspondent au type I définit par Else Østergård : chaperons très couvrants avec un gousset ajouté à l'avant et/ou à l'arrière. La forme de la têtière reste assez simple mais ne semble pas figée : une base carrée dont les côtés sont parfois arrondis. La cornette s'allonge petit à petit. Cependant vers 1340, tous les chaperons ne présentent pas de cornettes excessivement longues, elles varient de 40 à 80cm. Elle est coupée séparément de la têtière et cousue directement dessus. Parfois la têtière présente un départ de cornette intégré (de quelques centimètres) rallongé d'une pièce. Au XIVe siècle, les femmes à la mode portent également le chaperon. En situation de voyage ou de chasse, les femmes noble sont représentées avec un chaperon fermé identique à celui des hommes (fig. 7).</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig7.jpg" alt="fig7.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig7.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 7</strong> : Départ pour la chasse, tablette à écrire, ivoire, milieu du XIVe siècle. Musée du Louvres. RMN.</em><br />
<em>Sur cette tablette, une femme à cheval tenant un faucon porte un chaperon guléron long et fermé. Celui-ci présente également une large décoration (broderies, galon ...) tout le long de la bordure inférieure. Il est semblable aux modèles également observés sur les hommes. Il est probable que dans certaines situations, la mode s'efface et que le port du chaperon conserve l'aspect utilitaire de ses débuts.</em></p>
<p>Mais, toujours vers 1330, on voit apparaître un type de chaperon présentant une ouverture sur l'avant du guléron fermée par une série de boutons (fig. 8).</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig8.jpg" alt="fig8.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig8.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 8</strong> : Boccace, Le Décaméron, Flandres, 1432 ; Paris, BnF, Arsenal, ms. 5070 fol. 215v.</em><br />
<em>Sur cette scène de repas les deux hommes portent leur chaperon en bonnet. Celui de la femme est à boutons, les bords de la visagière sont écartés du visage et forment des oreillettes caractéristiques du chaperon féminin du XVe siècle. Le guléron s'adapte parfaitement à la ligne d'épaules du personnage soulignant la silhouette gracieuse formée par sa robe. Pour permettre au chaperon de bien tenir en place, il est possible d'épingler le guléron sur la robe.</em></p>
<p>Petit à petit, le guléron des chaperons féminin va s'atrophier au niveau de l'ouverture de devant jusqu'à ne plus pouvoir être fermé. Les oreillettes s'élargissent et sont de plus en plus mises en valeur. C'est le modèle qu'Adrien Harmand décrit dans son ouvrage sur le costume de Jeanne d'Arc. Il est largement représenté durant la première moitié du XVe siècle. Les cornettes atteignent des longueurs démesurées pouvant descendre jusqu'à mi-mollets. Ce chaperon semble semble avoir perdu sa fonction première qui est de se protéger du froid. Les deux formes (boutonné et à guléron atrophié) vont coexister toute cette période.</p>
<p>Les classes laborieuses, hommes et femmes, continuent à porter des chaperons à vocation utilitaire, comme on peut l'observer dans les miniatures des marges du psautier de Luttrel. Les pièces archéologiques datées du XIVe et du XVe siècle (Fouilles du Groenland, homme de Bocksten) nous révèlent ces formes simples et pratiques. Certains (notamment ceux dont le guléron couvre largement les épaules) conservent une coupe assez frustre.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig9.jpg" alt="fig9.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig9.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 9 :</strong> Fouilles du Groenland ; Herjolfsnes n°77 ; Musée National du Danemark, Copenhague ; 1390-1490 (datation par radiocarbone).</em><br />
<em>Ce chaperon, classé dans le type II (à guléron court) montre la simplicité des coupes portées par les classes laborieuses à la fin du XIVe siècle et du XVe siècle. La forme de la têtière est à peine arrondie. Le haut de la visagière est légèrement évasé semblant former une petite corne qui permet probablement de la retrousser autour du visage. Les goussets des côtés mesurent 11cm de haut, ce chaperon ne couvrait donc probablement pas entièrement les épaules. La cornette est manquante.</em></p>
<p>Dès 1410, les représentations de chaperons enfilés normalement (en capuche) ne concernent plus que les paysans, serviteurs.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/chaperon/Sources/fig10.jpg" alt="fig10.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fig10.jpg, déc. 2015" />
<em><strong>Figure 10 :</strong> Responses aux questions du roy Charles VI, Pierre le Fruitier dit Salmon, Paris, 1409, fol 19 ; BNF, ms. fr. 23279.</em><br />
<em>Sur cette enluminure, on distingue deux chaperons. L'un porté en bonnet par le roi, le second chaperon est enfilé normalement par un de ses familier. A partir de cette époque, le port normal du chaperon dans les représentations est systématiquement un signe de basse condition sociale. Le chaperon n'est plus en lui même un vêtement de mode acceptable, c'est la manière de le porter qui est devenue un marqueur social. </em></p>
<p>Dans la seconde moitié du XVe siècle, le chaperon est de moins en mois représenté. Il semble tomber progressivement en désuétude, particulièrement chez la noblesse ou la jeunesse aristocratique. S'il a été un vêtement utilitaire pendant trois siècles, sa gloire n'aura duré qu'une centaine d'années.</p>
<p>Néanmoins le chaperon trouvera un nouvel écho dans la culture populaire quelques siècles plus tard grâce au conte bien connu : le petit chaperon rouge, et avec lui, débuteront les errances de représentation et d'interprétation quant à la forme de ce vêtement. Mais ceci est une autre histoire...</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Goddard, Eunice ; Women's costume in french texts of the eleventh and twelfth centuries ; the Johns Hopkins press, 1927.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] voir pour le vocabulaire, mon article : <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/01/04/47-les-mots-du-chaperon">Les mots du chaperon</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Else Østergård, Woven into the Earth ; Aarthus university press, 2004.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Harmand, Adrien ; Jeanne d'Arc, son costume, son armure</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Le-chaperon%2C-de-l-utilitaire-%C3%A0-la-parure#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Blanc, Odile ; Parades et parures, l'invention du corps de mode à la fin du Moyen-âge ; Gallimard, 1997.</p></div>
Un costume de femme de la noblesse vers 1260
urn:md5:f7ff7066600450840ebe9bedb1bc503b
2013-09-23T12:03:00+01:00
2023-04-17T14:39:21+01:00
Hémiole
Costumes
aumônière
broderie
chemise
costumes historique
filet
manteau
robe
résilles à cheveux
surcot
touret
XIIIe
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-01.jpg" title="Froid"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-01_m.jpg" alt="noble-XIII-01.jpg" title="noble-XIII-01.jpg, oct. 2013" /></a></p>
<p>Voici une proposition de reconstitution d'un costume d'une femme de la noblesse du 3ème quart du XIIIe siècle. Il est fortement influencé par la mode germanique.</p>
<p>Sa spécificité est de proposer une robe riche, décorée, conforme à la mode de l'époque tout en conservant une certaine bienséance. En effet, dès que l'on s'attaque au costume de la noblesse, la symbolique et la signification du vêtement gagne encore en importance : on est défini par le costume.</p>
<p>Les détails, tels que les différentes habits qui composent cette robe, ainsi que la coupe des vêtements, les matériaux qui les composent, les décorations, les accessoires, tout doit être pensé en fonction de ce que l'on souhaite montrer de sa personne et de son rang.</p>
<p>N'hésitez pas à vous reporter à mon précédent article pour plus de détails sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode féminine au XIIIe siècle</a>.</p> <p>Le costume est composé :</p>
<ul>
<li>d'une chemise en lin fin et blanc</li>
<li>d'une cotte en soie, largement plissée et brodée aux poignets</li>
<li>d'un surcot de fin sergé de laine</li>
<li>d'un manteau de laine, garni de fourrure au col</li>
<li>d'une coiffe : une résille en soie et un touret</li>
<li>d'une ceinture portée sur la cotte</li>
<li>d'une aumônière brodée</li>
<li>de deux fermaux : l'un en argent fermant l'amigaut de la cotte, le second, émaillé porté sur le surcot pour maintenir le manteau</li>
<li>chausses et chaussures</li>
</ul>
<h2>Vêtements</h2>
<h3>Cotte</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.P1050733_m.jpg" alt="P1050733.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="P1050733.jpg, fév. 2013" />
<em>La cotte en soie verte à chevron.</em></p>
<h4>Tissu</h4>
<p>Le tissu utilisé pour cette cotte est un sergé à chevrons de soie verte. Les tissages de soies en chevrons à cette époque sont appelé <em>drap d'arrest</em> et semblent être utilisés dans la confection de qualité.</p>
<h4>Coupe</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.Gerburg_m.jpg" alt="Gerburg.jpg" title="Gerburg.jpg, mar. 2013" />
<em>Gerburg de Naumbourg, Cathédrale de Naumbourg, Allemagne, 1250 -1260.</em></p>
<p>La coupe est simple. L'ampleur est obtenue, comme pour <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250">la cotte de Ste Claire</a> et <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230">la tunique de Ste Elisabeth</a>, par l'ajout de godets latéraux.</p>
<p>Cependant, comme on peut le remarquer sur ces statues, le godet situé sous les aisselles est largement plissé, sur les trois exemples, les plis sont très réguliers et ordonnés.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.mi12568b05a_m.jpg" alt="mi12568b05a.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mi12568b05a.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Magdebourg, Allemagne, Portail du Paradis, Vierge Sage, mi-13e siècle.</em></p>
<p>Sur la proposition de reconstitution de robe noble présentée ici, j'ai donc réalisé une série de plis canons qui assurent un plissé ordonné à ce godet. En fait, plus que les pans de devant et derrière, c'est lui qui assure l'essentiel de l'ampleur de la robe. En effet, si l'on observe certaines statues de cette période, les plis partant de sous les bras et se prolongeant vers l'avant trahissent une tension résultant de pans de devant de moyenne ampleur et de godet latéraux compensant.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-04.jpg" title="Enfiler le manteau"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-04_m.jpg" alt="noble-XIII-04.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-04.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>Pendant qu'elle enfile son manteau, on peut voir l'ouverture, proche des emmanchures du surcot, ainsi que les plis formés sous les bras pour insérer un godet d'une grande ampleur.</em></p>
<h4>Broderies</h4>
<p>Les poignets de la cotte présentent des bandes brodées.</p>
<p>Ces bandes de décoration s'intègrent dans ce projet car elles permettent de souligner les mains.</p>
<p>Sur certaines enluminures, on peut observer des bandes décorées, dorées aux poignets uniquement :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.blanche-de-castille_m.jpg" alt="blanche-de-castille.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="blanche-de-castille.jpg, fév. 2013" />
<em>Blanche de Castile et le roi Louis IX ; Bible moralisée, Paris 1230 ; Pierpont Morgan Library ; MS M.240 (fol. 8).</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.m729.001v_m.jpg" alt="m729.001v.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="m729.001v.jpg, fév. 2013" />
<em>Bernard V de Montreuil, Yolande de Soissons et leurs enfants ; Psautier Livre d'heures de Yolande de Soissons ; Amiens 1280 ; Pierpont Morgan Library ; MS 729 (fol. I v).</em></p>
<p>Les bandes sont en taffetas de soie, les broderies, sont réalisées au fil de soie brodé au point fendu et ornées de quelques perles de culture.</p>
<p>Le motif floral s'inspire du motif figuré sur ce gisant :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.mi02149d02a_m.jpg" alt="mi02149d02a.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mi02149d02a.jpg, fév. 2013" />
<em>Statue d'Henry II de Luxembourg, 1260, Abbaye de Maria Laach, Allemagne.</em></p>
<p>Si, sur cette statue de la Cathédrale de Naumburg, il semble qu'une bande décorée soit représentée sur l'encolure, j'ai, dans le cadre de ce projet, choisi de ne pas en ajouter au col. En effet, pour ne pas surcharger l'ensemble, le col est simplement agrémenté d'un fermail en argent.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.bamberg_1_m.jpg" alt="bamberg_1.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="bamberg_1.jpg, fév. 2013" />
<em>Ute de Naumburg, Cathédrale de Naumbourg, Allemagne, 1250-1260.</em></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-05.jpg" title="Le cou."><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-05.jpg" alt="noble-XIII-05.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-05.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>Alors qu'elle désigne son cou, les broderies font ressortir la main? Le surcot, lui est orné d'un fermail émaillé.</em></p>
<h3>Surcot</h3>
<p>Un surcot en laine rouge vif est porté par dessus la cotte. Il est réalisé en sergé de laine à motifs losanges.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-08.jpg" title="Ajuster les fourrures."><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-08_m.jpg" alt="noble-XIII-08.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-08.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>Réajuster ses fourrures est l'occasion de montrer l'ensemble der la silhouette et la coupe du surcot.</em></p>
<p>L'emmanchure du surcot est peu ample. Ce type de surcot aux ouvertures des bras serrées sont les plus fréquents à cette période. Sur un dessin de Villard de Honnercourt, on peut observer un surcot ouvert jusqu'à la taille. Il faut cependant noter que le pan de devant est encore très large et bien qu'ouvert assez bas, ce surcot est encore très loin des formes à fenêtres d'enfer.</p>
<p>Pour assurer une grande ampleur au sol, des godets latéraux ont été ajoutés, mais aussi des godets centraux partant de la taille. Des ouvertures sont ménagées sur l'avant du surcot dans une couture afin d'accéder facilement à l'aumônière portée sur la cotte. Ces fentes peuvent également être situées sur le pan de devant<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Coiffe</h3>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-03.jpg" title="Chevelure."><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-03_m.jpg" alt="noble-XIII-03.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-03.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>La coiffe composée d'une résille et d'un touret laisse largement entrevoir la chevelure. Cependant, on peut insister sur celle-ci lorsque l'on se recoiffe.</em></p>
<p>Le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/07/19/31-le-touret-et-la-barbette">touret</a> porté est réalisé en lin blanc. Il s'agit d'un modèle bas et fortement plissé, plus caractéristique des tourets de la seconde moitié du XIIIe siècle.</p>
<p>Résille à cheveux <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/07/12-la-technique-du-filet">en filet</a> de soie agrémenté de grenats, réalisé par Perline.</p>
<h3>Manteau</h3>
<blockquote><p>Et ces comtesses en samiz
et en draz d'or emperials
em pur lor biax cors sanz mantiaus</p></blockquote>
<p><em>Et ces comtesses habillées de samit et de brocart impérial sans manteau pour cacher la beauté de leur corps !</em><br />
<em>Le romande la rose ou de guillaume de Dole, Jean Renart, vers 200-202.</em></p>
<p>Le costume n'est complet que lorsque le manteau est porté. Lors de fêtes, lorsque pour danser, les femmes ôtaient leur manteaux, certains moralistes y voyaient un signe d'invitation à la fornication.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-07.jpg" title="noble-XIII-07.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-07_m.jpg" alt="noble-XIII-07.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-07.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>Pour une promenade dans la plus pure bienséance, le port du manteau est indispensable. On peut néanmoins maintenant un pan remonté d'une main de sorte à dévoiler la silhouette.</em></p>
<p>Le manteau est coupé en forme de trapèze auquel s'ajoute plusieurs pièces triangulaires pour lui donner de l'ampleur, sans être excessive, sa longueur, lorsqu'il est porté lâche aux épaules, laisse une légère traine se former.</p>
<p>Il est réalisé dans un sergé de laine rouge et doublé d'une fine laine blanche en armure toile. La doublure de laine (par rapport au lin), permet d'éviter d'accumuler trop d'humidité par la doublure. De même sur un sol mouillé, étant donné que ce manteau traine par terre, la laine ne se gorgera pas d'eau, contrairement au lin.</p>
<p>Un col de fourrure est rapporté sur l'envers. Si ce type de col rapporté semble fréquent sur les sources germaniques, on en trouve également sur certaines sources françaises :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/d27d01.jpg" alt="d27d01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="d27d01.jpg, fév. 2013" />
<em>Carnets de Villard de Honnecourt ; BNF ; Département des manuscrits, Français 19093, fol 27.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/stjean3-joigny.jpg" alt="stjean3-joigny.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="stjean3-joigny.jpg, fév. 2013" />
<em>Tombeau d'Aélis de Bourgogne, Église Saint-Jean de Joigny, 1260.</em></p>
<p>Le cordon qui maintient le manteau en place est en soie tressée. Il peut être retenu au moyen de la main, mais un fermail émaillé est utilisé afin de le maintenir en place.</p>
<h2>Accessoires</h2>
<h3>Fermaux</h3>
<p>Plutôt que des broderies à l'encolure, un fermail en argent vient clore l'amigaut et sert de décoration pour mettre en valeur le cou.</p>
<p>Un second fermail, émaillé, peut être porté sur le surcot afin d'aider à maintenir le cordon du manteau.</p>
<h3>Aumônière</h3>
<p>Une <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere">aumônière</a> richement <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/03/12/29-bourse-xiiie-en-soie-decoree-d-un-filet-en-or-et-perles">décorée d'or et de perles</a> est accrochée à la ceinture sur la cotte.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.aumioniere_m.jpg" alt="aumioniere.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="aumioniere.jpg, fév. 2013" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Les vêtements des fouilles Herjolfsnes présentent ces fentes pratiquées soit dans une couture, soit au milieu d'un pan.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] C. Casagrande, S. Vecchio ; Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge ; Aubier ; 2003.</p></div>
La bourse ou l'aumônière !
urn:md5:d9cea85805579090b23885cfba5260e0
2013-05-05T10:06:00+01:00
2023-04-17T14:39:56+01:00
Hémiole
Costumes
aumônière
bourse
broderie
sacs
XIIe
XIIIe
<p>En reconstitution, l'aumônière est souvent l'accessoire joli, qui fait envie. Mais on ne sait pas toujours si l'on peut le porter ni comment.</p>
<p>C'est aussi parfois, l'accessoire utile dont nous avons l'impression ne pas pouvoir nous passer pour des raisons autant pratiques qu'anachroniques.</p>
<p>Les questions que l'on me pose régulièrement sur les aumônières sont : <q>Est-ce qu'on a des représentations ?</q> <q>Est-ce qu'elles étaient vraiment portées ?</q> <q>Est-ce que c'était porté par les hommes ?</q></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Ouvrages/.P1050369_m.jpg" alt="P1050369.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="P1050369.JPG, mai 2013" />
<em>Une aumônière en cours de broderie au fil de soie. Accessoire classieux à porter impérativement ?</em></p>
<p>Que faire pour ne pas se tromper d'accessoire ni faire de faute de goût ? Qu'aurait écrit une blogueuse de mode au moyen-âge ?</p>
<p>Plongeons dans l'univers de l'<strong>accessoire</strong> par excellence !</p> <p><em>Aumônière</em> et <em>bourse</em>, deux mots qui semblent désigner des objets différents et qui sont aujourd'hui synonymes. Qu'en est-il ?</p>
<p>Nous allons nous intéresser tour à tour aux textes de l'époque, aux représentations, aux pièces qui nous sont parvenues pour tenter d'en tirer des conclusions sur la manière d'utiliser ses objets dans le cadre de la reconstitution.</p>
<p>Mais d'abord, consultons un bon vieux dictionnaire.</p>
<h2>Définitions</h2>
<p>Dans le dictionnaire historique de la langue française, dirigé par Alain Rey :</p>
<blockquote><p><em>borse</em> vers 1150, puis <em>bourse</em> début XIIIe, est issu du bas latin <em>byrsa</em> <em>bursa</em>, <q>cuir</q> (fin IVe siècle) attesté en latin médiéval au sens métonymique de <em>sac de cuir</em> (vers 750) en particulier <q>sac destiné à recevoir de l'argent</q> (VIIIe - XIe siècles)</p></blockquote>
<blockquote><p><em>aumosniere</em> 1176, a désigné une bourse destinée en principe à l'argent des aumônes, puis un petit sac.</p></blockquote>
<h2>Dans les textes</h2>
<p>Une fois de plus, les textes de l'époque vont nous aider à distinguer les différents accessoires, déterminer la manière de les porter et la symbolique éventuelle qui s'y rapporte.</p>
<h3>Aumônière</h3>
<p>On trouve mention des aumônières essentiellement dans les romans et les textes courtois. Elle sont souvent offertes en gage d'amour.</p>
<p>Dans le lai de Milon, les preuves des origines de l'enfant sont cachées dans une aumônière suspendue à son cou et placée sous les vêtements :</p>
<blockquote><p>Al col li pendirent l'anel<br />
E une aumoniere de seie<br />
Avoec le brief, que nul nel veie ;</p></blockquote>
<p>Lais de marie de France, Milon, vers 96 à 98.</p>
<p>Impossible de ne pas citer le Roman de la Rose ou de Guillaume de Dole, de Jean Renart. Impossible également de citer tous les passages où le mot apparait. En effet, le dénouement de l'intrigue repose sur une aumônière offerte en gage d'amour et portée à même la peau sous la chemise.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>On le voit, l'aumônière peut être portée sous les vêtements, telle un coffre à trésor secrets.</p>
<p>La dimension symbolique de l'aumônière liée à l'amour et au cœur est très forte dans l'escoufle de Jean Renart où cet objet est encore au centre d'une intrigue amoureuse : Aelis donne à son promis, Guillaume, une aumônière contenant un anneau. Un escoufle (un oiseau de proie) s’en empare. Guillaume part à la poursuite de l’oiseau :</p>
<blockquote><p>L'anel mist en une aumosniere<br />
D'un samit vermeil, fin et frois<br />
Ki pent a son tissu d'orfrois<br />
K'ele ot le jor au primes chaint.<br />
La damoisele se deschaint.<br />
S'a l'aumosniere despendue<br />
De la ou ele estoit pendue,<br />
Puis la ratache a une afiche<br />
Quarrée, a pierres, bêle et riche<br />
Dont ele ot son col afichié.<br />
Ele a bien son cuer afichié<br />
Que ses dous amis, s'ele vit,<br />
Avra Panel k'il aine ne vit<br />
Et l'aumosniere tôt ensamble.<br /></p></blockquote>
<p>L'escouffle, Jean Renart.</p>
<p>Dans certains textes l'aumônière est portée à la ceinture, sur la cotte. Elle n'est plus cachée, mais affichée.</p>
<p>Dans cet extrait du Chevalier au Lion, la description de l'habillement d'Yvain se termine par la ceinture et la riche aumônière :</p>
<blockquote><p>Et celle feint qu'elle envoit querre<br />
Monseigneur Yvain en sa terre,<br />
Si le fait chacun jour bangnier,<br />
Et laver, et aplennïer ;<br />
Et avec ci li apareille<br />
Robe d'eskallaste vermeille,<br />
De vair fourree a tout la croie.<br />
N'est riens qu'elle ne li acroie<br />
Que il conviengne a li acesmer :<br />
Fermail d'or a son col fermer,<br />
Ovré a pierres precïeusses<br />
Qui mout font les gens gracïeusez ;<br />
Sainturestë et aumosniere<br />
Qui fu d'une riche segniere.<br /></p></blockquote>
<p>Le chevalier au Lion, Chrétien de Troyes, vers 1881 à 1894.</p>
<p>Dans les descriptions que nous venons de citer, les aumônières semblent toujours confectionnées dans une étoffe précieuse et rehaussée de broderies fines aux motifs à la mode. Mais les romans de l'époque ont tendance à toujours mettre l'accent sur des objets rares et précieux. Qu'en est-il réellement ?</p>
<p>Dans le livre des métiers d'Etienne Boileau, il est question d'aumônières au chapitre des merciers. Si le livre ne nous renseigne pas sur la technique, ses précisions sur les règles à respecter dans la fabrication et la vente nous indiquent quelles sont les caractéristiques importantes de ces aumônières. Ainsi, la qualité de la soie employée semble primordiale : Des soies dans <em>flor</em> ni <em>florin</em> qui désignent les soies de basse qualité réalisées probablement avec les déchets de filature<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. La qualité des matières pour les décorations est également règlementée : ne pas mélanger des fils de coton avec les fils de soie, ne pas utiliser des fils d'or de Lucques.</p>
<p>Ces informations confirment donc les premières observations réalisées dans les romans : les aumônières sont des objets de luxe réalisés dans des matériaux nobles.</p>
<p>Nous venons de le voir, dans les romans courtois, lorsqu'il s'agit de gages d'amours secrète, l'aumônière est portée sous les vêtements. Jean de Meung, dans le Roman de la rose, conseille aux jeunes gens en quête d'amour de la porter devant et bien en vue :</p>
<blockquote><p>E l'aumosniere touteveie<br />
Qu'il rest bien dreiz que l'en la veie<br /></p></blockquote>
<p>Le roman de la rose, Jean de Meung, vers 13563-13564</p>
<h3>Bourse</h3>
<p>La littérature courtoise, prolixe sur les descriptions des vêtements de la noblesse ne mentionne que rarement la présence de bourse.</p>
<p>Dans le roman de la rose ou de Guillaume de Dole, elle est mentionnée lors de la description des badauds qui assistent à l'arrivée en ville de la belle Liénor :</p>
<blockquote><p>L'en porroit les borses couper<br />
a ceuls qui vont emprés musant.<br /></p></blockquote>
<p>Le roman de la rose ou de Guillaume de Dole, Jean Renart, vers 4545-4546</p>
<p>Si l'aumônière est au cœur de l'intrigue du roman, les badauds eux, portent des bourses. Il semble donc qu'il y ait une véritable distinction sociale et symbolique.</p>
<p>Ce sont les fabliaux qui nous permettent de mieux cerner cet objet tant ils nous renseignent sur le quotidien des gens du commun.</p>
<p>Un troubadour, voulant jouer un tour aux prostituées de Provins se déguise en vilain, pour ce faire, parmi tout son attirail, il achète une bourse :</p>
<blockquote><p>Por que mieus samblast vilain.<br />
une borse grante acheta,<br />
Douze deniers dedenz mis a,<br />
Que il n'avoit ne plus ne mains.</p></blockquote>
<p>Boivins de Provins, vers 16 à 19</p>
<p>Danièle-Alexandre Bidon, dans le quotidien au temps des fabliaux évoque un fabliau où l'amant s'enfuit précipitamment de chez sa maitresse et enfile par erreur les braies du mari. Le lendemain, il est bien ennuyé lorsqu'au moment de payer il n'a pas sa bourse accrochée à celles-ci.</p>
<p>Cette anecdote nous donne un renseignement très précieux : la bourse se porte attachée aux braies, sous la cotte et n'est donc pas visible. Nous verrons plus loin qu'effectivement, il existe des représentations, dès le XIIe siècle, de bourses portées aux braies.</p>
<p>Est-ce que cette bourse est fabriquée différemment des aumônières où est-ce une distinction purement littéraire ?</p>
<p>Le livre des métiers, encore une fois, nous révèle de précieuses informations sur les bourses. En effet, un chapitre est dédié au <em>boursiers</em>. Une partie de la règlementation concerne la qualité et le type de cuir à utiliser pour la fabrication des bourses. Petit détail intéressant : les boursiers peuvent œuvrer jour et nuit, à ajouter aux quelques catégories d'artisans autorisés à travailler la nuit.</p>
<p>Durant les XIIe et XIIIe siècle, il semble bien que l'aumônière et la bourse soient bien deux objets distincts : par leur technique et matériaux de fabrication, par leur dimension sociologique et par leur symbolique.</p>
<h3>Une différentiation qui disparaît</h3>
<p>Petit à petit, dans les textes, la distinction entre bourse et aumônière semble s'estomper.</p>
<p>Cette description des archives de Dijon de la fin du moyen-âge parle de <em>bourse de soie</em>:</p>
<blockquote><p>Une tres viez boursse de soie ou il a xiii grilloz dargent.</p></blockquote>
<p>Les grelots étaient utilisés en décors, tels des bijoux mais aussi comme anti-vol sur les bourses.
On a là, une bourse réalisée dans un matériaux précieux et ornés de grelots d'argent : l'aspect purement utilitaire de la bourse s'estompe pour rejoindre la catégorie des accessoires d'apparats. Bourse ou aumônière, ces deux objets tendent à ce confondre.</p>
<p>Au XIVe siècle, dans le Roman de Baudoin de Sebour, le vêtement décrit pour une mariée inclus, parmi des riches soieries et des étoffes d'or, une <q>bourse ovree</q>.</p>
<h3>Mais une distinction symbolique qui reste</h3>
<p>Malgré tout, la différence symbolique entre ce qui est au départ l'aumônière aristocratique et la bourse du vilain transparait dans l'évocation de chacun de ses termes. En effet la référence sexuelle explicite de la <em>bourse</em> semble exister dès le XIIIe siècle et au XIVe siècle où la bourse est souvent assimilée aux scènes d'érotisme ou de luxure.</p>
<p>L'aumônière, elle, bien qu'utilisée de manière civile garde sa dimension spirituelle que se soit dans le domaine religieux ou le domaine laïc.</p>
<p>Certains artefacts aujourd'hui conservés comme reliquaires (nous y reviendrons) ont été auparavant utilisé par des laïcs, suspendue au cou pour transporter des badges de pèlerins ou des reliques<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>De même, si la bourse rempli de nombreuses fonctions, dans le roman de la rose de Guillaume de Lorris, aumônière, ceinture et gants font partie des<q>bel robe et bel garnement</q>. L'aumônière est un accessoire indispensable de l<em>'amant courtois</em>.</p>
<h2>Représentations</h2>
<p>D'après la définition, le terme aumônière apparait dès la fin du XIIe siècle, cependant, et comme souvent à cette période,la comparaison des textes et des images témoigned'un décalage temporel.</p>
<p>Les premières représentations, au XIIe siècle, montrent des personnages en sous-vêtements, des lutteurs la plupart du temps qui ont une <em>bourse</em> attachée aux braies :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.fr00715b10a_m.jpg" alt="fr00715b10a.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fr00715b10a.jpg, mai 2013" />
<em>Deux lutteurs en braies, l'un d'eux porte une bourse attachée au braiel. Abbaye Sainte-Marie de Souillac, XIIe siècle</em></p>
<p>En se référant aux textes étudiés précédemment, on peut déduire qu'il s'agit bien là de la bourse en cuir des vilains.</p>
<p>Il faut attendre le début du XIIIe siècle pour commencer à voir des aumônières portées à la ceinture de manière ostentatoire par des personnages nobles :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.Braunschweig_Brunswick_Heinrich_der_Loewe__Dom_2005__m.jpg" alt="Braunschweig_Brunswick_Heinrich_der_Loewe__Dom_2005_.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Braunschweig_Brunswick_Heinrich_der_Loewe__Dom_2005_.jpg, mai 2013" />
<em>Statue du tombeau d'Henri le Lion dans la cathédrale de Brunsvig (entre 1230 et 1240).</em></p>
<p>Ou sur des scènes particulières comme un mariage :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.00401056_m.jpg" alt="00401056.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="00401056.jpg, mai 2013" />
<em>Scène de mariage, la mariée porte à la ceinture une aumônière. <a href="http://www.bodley.ox.ac.uk/dept/scwmss/wmss/medieval/mss/lat/th/b/004.htm" hreflang="en">MS. Lat. th. b. 4</a>, 1241.</em></p>
<p>AU XIVe siècle, l'aumônière ou la bourse deviennent des objets à part entière de scènes amoureuses : deux amoureux, la femme offre son cœur à son amant tandis que celui-ci lui tend une bourse en retour :
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/roman-alexandre.jpg" title="roman-alexandre.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.roman-alexandre_m.jpg" alt="roman-alexandre.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="roman-alexandre.jpg, mai 2013" /></a>
<em>Marge, <a href="http://image.ox.ac.uk/show-all-openings?collection=bodleian&manuscript=msbodl264" hreflang="en">Roman d'Alexandre</a>, Bodleian Library, MS. Bodl. 264, fol. 59v.</em></p>
<p>Dans les œuvres religieuses, les représentations de bourses peuvent avoir plusieurs fonctions.</p>
<p>Judas et ses 30 deniers peut être représenté avec une grande bourse apparente.</p>
<p>L'avarice peut avoir comme attribut une ou plusieurs bourses, parfois démesurément grandes. Dans le manuscrit latin 15158, daté de 1289, présentant la <em>psychomachie</em> de Prudence, poème allégorique sur le combat des vices et des vertus, les bourses sont un outil d'identification de l'avarice :
<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/avarice-ramassant-le-butin.jpg" title="avarice-ramassant-le-butin.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.avarice-ramassant-le-butin_m.jpg" alt="avarice-ramassant-le-butin.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="avarice-ramassant-le-butin.jpg, mai 2013" /></a>
<em>Avarice, flanquée de ses nombreuses bourses ramasse le butin. BNF, Latin 15158, fol. 50</em></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/avarice-vertu.jpg" title="avarice-vertu.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.avarice-vertu_m.jpg" alt="avarice-vertu.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="avarice-vertu.jpg, mai 2013" /></a>
<em>Avarice déguisée en Vertu. Ici, plus de bourse, elle arbore un manteau doublé de fourrure et un fermail richement ouvragé. BNF, Latin 15158, fol. 52v.</em></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/avarice-deguisee-vertus.jpg" title="avarice-deguisee-vertus.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.avarice-deguisee-vertus_m.jpg" alt="avarice-deguisee-vertus.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="avarice-deguisee-vertus.jpg, mai 2013" /></a>
<em>En haut, Avarice, toujours déguisée, abuse les Vertus. On distingue sa bourse à demi-caché sous sa cotte. BNF, Latin 15158, fol. 53v.</em></p>
<p>On le voit, l’Église et les moralistes peuvent utiliser un objet du quotidien comme symbole négatif. Ceci implique, non que les bourses n'étaient pas utilisées, mais qu'il faut se renseigner avant de chercher à reproduire un personnage portant plusieurs bourses à la ceinture ou une bourse qui semble beaucoup plus grosse que celles qui ont été retrouvées.</p>
<h2>Artefacts</h2>
<p>Beaucoup d'aumônières brodées nous sont parvenues. Elle sont très finement ouvragées. Ces aumônières ont pour la plupart été conservées car elles servaient de sac à relique. La question de leur utilisation <em>civile</em> peut donc se poser.</p>
<p>Dans le roman de la rose ou de Guillaume de Dole, Liénor et sa mère expliquent qu'elles brodent et tissent pour offrir de beaux objets aux paroisses, notamment à celle qui sont les plus démunies. Il semble donc établi que certaines de ces aumônières richement ouvragées ont été dès le départ destinées à servir de reliquaire.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/aumoniere_1180.JPG" alt="aumoniere_1180.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="aumoniere_1180.JPG, mai 2013" />
<em>Aumônière en soie, fin XIIe conservée à Chelles.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.bourse_XIIeme_trsor_cathedrale_d_auxere__m.jpg" alt="bourse_XIIeme_trsor_cathedrale_d_auxere_.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Aumônière XIIe du trésor de la Cathédrale de Sens, mai 2013" />
<em>Aumônière brodée du trésor de la cathédrale Saint-Etienne de Sens.</em></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/6_sens<strong>Moyen_.jpg" title="6_sens</strong>Moyen_.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.6_sens__Moyen__m.jpg" alt="6_sens__Moyen_.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="6_sens__Moyen_.jpg, mai 2013" /></a>
<em>Photographie couleur de l'aumônière de Sens. Crédit photo : Tina Anderlini</em></p>
<p>Cependant, beaucoup de ces aumônières présentent des motifs laïcs, emprunts de la culture courtoise. Ces aumônières peuvent avoir été léguées à des églises après une première vie <em>civile</em>.</p>
<p>Le premier artefact de bourse que nous connaissons est datée du XIIIe siècle. C'est un simple sac de cuir muni de cordons de serrage.</p>
<p>Plus tard les bourses en cuir vont présenter des formes et des structures plus complexes avec l'apparition de poches et de compartiments. Ces bourses ou escarcelles datées des XIVe et XVe siècles sont bien documentées. Certaines formes vont se différencier selon le sexe.</p>
<h2>Conclusions et perspectives de reconstitution</h2>
<p>L'aumônière et la bourse sont, à l'origine, deux objets bien distincts : dans leur fabrication, leur utilité, leur symbolique. Mais tous deux ont une existence tangible et une utilisation bien réelle.</p>
<p>L'aumônière a bel et bien été portée dès le début par la noblesse, que se soit en gage d'amour, comme accessoire de mode richement ouvragé. Elle peut également être un véritable objet spirituel, qu'il soit laïc ou religieux.</p>
<p>La bourse semble être un objet utilitaire sans grande fonction sociale.</p>
<p>Il importe donc de choisir avec précaution l'objet que l'on souhaite utiliser en reconstitution, selon le contexte, le personnage reconstitué.</p>
<p>L'aumônière, si l'on n'a pas de représentation avant le second quart du XIIIe siècle, se porte sur les vêtements pour afficher sa richesse, son élégance. On peut également la porter sous les vêtements, comme cache secrète ou pour des raisons spirituelles. Quoi qu'il en soit, c'est un objet de luxe, ouvragé : c'est un marqueur social fort.</p>
<p>La bourse de cuir est fréquemment portée sous les vêtements, ou du moins sous les vêtements de dessus, à l’abri des regards, en sécurité. Peu à peu elle s'affiche, se décore (grelots pompons ...). Mais elle reste un accessoire utilitaire avant tout.</p>
<p>De même que lorsque les deux termes semblent désigner indifféremment les mêmes objets, le choix du mot, on l'a vu, n'est pas du tout anodin.</p>
<p>Pour finir, quelques illustrations de ces objets utilisés dans le cadre de la reconstitution :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.P1050733_m.jpg" alt="P1050733.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="P1050733.jpg, fév. 2013" />
<em>Femme de la noblesse vers 1250 portant l'<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/03/12/29-bourse-xiiie-en-soie-decoree-d-un-filet-en-or-et-perles">aumônière brodée de soie et d'or</a> devant elle de manière bien visible</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Accessoires/Commerce/.bourse-01_m.jpg" alt="bourse-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="bourse-01.JPG, janv. 2013" />
<em><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/10/12/39-un-atelier-de-brodeurs-vers-1200-les-outils">Artisan brodeur</a> en train de ranger sa bourse de cuir.</em></p>
<h2>Bibliographie</h2>
<p>Burns E. J. Sea of silk, A textile Geography of Women's Work in Medieval French Literature, PennPress, 2009.</p>
<p>Bidon D.A., Lorcin M.T. Le quotidien au temps des fabliaux, Ed. Picard, 2003.</p>
<p>Bartholeyns G., L'enjeu du vêtement au moyen-âge : de l’anthropologie ordinaire à la raison sociale (XIIIe-XIVe siècles), Le corps et sa parure, Sismel ed. 2007.</p>
<p>Vandeuren-David C., La problématique de la distinction sociale à travers la parure à Dijon (XIVe XVe siècle), Le corps et sa parure, Sismel ed. 2007.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Accusée à tort par le Sénéchal de ne plus être vierge, Liénor décide de démasquer l’imposteur : elle lui fait envoyer, de la part d’une femme que le sénéchal a naguère courtisée en vain, une aumônière contenant un anneau, une broche et une ceinture ; puis se rend à la cour de l’empereur, prétend que le sénéchal l’a violée et lui a volé les objets qu’elle lui a fait remettre. Le sénéchal jure n’avoir jamais vu cette jeune fille et c'est lorsqu'elle demande à ce que ses vêtements lui soient ôtés pour vérifier s'il porte bien les objets volés que le sénéchal est démasqué et l'honneur de Liénor retrouvé.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Voir la section sur les soies de basse qualité dans l'article sur la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250">robe de fausse courtisane vers 1250</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Brian Spencer, pilgrim souvenirs and secular badges : Medieval finds from excavations in London, vol.7, London Stationery Office, 1998.</p></div>
Un costume de "fausse" courtisane vers 1250
urn:md5:1f188a9a7930e8a820b927b63f350272
2013-02-07T15:21:00+00:00
2023-04-17T14:40:04+00:00
Hémiole
Costumes
broderie
coiffe
cotte
Maciejowski
Ste Claire
touret
XIIIe
<p>Le costume présenté, daté vers 1250 est une proposition de reconstitution d'une <em>imitation</em> de costume noble. Le <em>courtisan</em> à cette époque est une personne évoluant dans la cour, il n'a pas le sens péjoratif que nous pouvons lui donner aujourd'hui. Il s'agit donc d'un costume de <em>fausse</em> courtisane dans la mesure où il s'agit d'une tentative de montrer par une richesse démesurée un rang supérieur dans la société.</p>
<p>En effet, la grande ampleur de la cotte, sa traine et ses décorations en font un vêtement plutôt exceptionnel. Cependant, le tissu et certaines matières utilisées (perles en nacre et non perles naturelles) montrent que la réalisation est au dessus des moyens réels du porteur.</p>
<p>Très fort marqueur social, le costume pouvait en effet essayer de faire passer son porteur pour plus riche qu'il n'était (et cette tendance a largement perduré au cours des siècles, bien au delà du Moyen-âge) c'est à ce genre de comportement que nous devons beaucoup de lois somptuaires : règlements qui déterminent ce qu'il est bienséant de porter selon son rang, sa richesse. Si les questions de morale liées au costume nous sont parvenus et que la bataille des représentations semble avoir été gagnée par ces moralistes, le fait que certaines garde-robes aient contenu plus que nécessaire semble indéniable. Les plus difficile lorsque l'on tente de proposer une reconstitution est de déterminer dans quelle mesure le vêtement ne respectait pas les codes et où précisément se situaient les infractions.</p>
<p>La pièce principale de ce costume, la cotte a été réalisée d'après la tunique de Ste Claire dans une approche d'étude et de compréhension des artefacts qui nous sont parvenus.</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/courtisane/.coud_m.jpg" alt="coud.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="coud.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Tenue portée lors de la reconstitution de la bataille de Muret</em></p>
<h2>Tunique de Ste Claire</h2>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/courtisane/sources/.ste-claire-autel_m.jpg" alt="ste-claire-autel.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ste-claire-autel.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Panneau peint représentant Ste Claire, daté de 1280.</em></p>
<p>La tunique est réalisée d'après les relevés de la tunique de Ste Claire. Conservée à Assise, cette tunique est réalisée dans une laine brune. C'est la robe d'une clarisse, ordre <em>pauvre</em> fondé par Ste Claire. Cependant Ste Claire était issue de famille noble. Par sa forme, sa tunique ample te longue reste conforme aux canons de l'époque et aux représentations. Elle est donc intéressante dans l'étude des attributs qui rendent un costume non conforme à son rang.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/sources/xti_0838p.jpg" alt="xti_0838p.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="xti_0838p.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Tunique et manteau de Ste Claire conservés à Assise.</em></p>
<h3>Tissu</h3>
<p>La cotte est réalisée dans une soie de très basse qualité et doublée de lin. La robe est réalisée selon les canons de mode les plus élégants mais dans un tissu qui laisse apparaître une richesse moindre.</p>
<p>La question de la présence de soieries de basse qualité, notamment fabriquée avec les déchets des cocons, en occident est récurrente. Voici un petit point sur les références que j'ai pu réunir à ce sujet :</p>
<p>La première mention de soie tissée à partir de déchets de filature est byzantine et date du Xe (un texte décrivant le détail du trousseau d'une jeune femme modeste) elle se nomme <em>koukoularikon</em>.</p>
<p>Avant le XIIIe siècle, les soieries étaient importées. Mais, loin de se limiter aux étoffes les plus chères, le commerce de la soie était très répandu et très lucratif. En effet, facile à transporter (ça ne casse pas), les auteurs ayant étudié ces échanges laissent entendre que les chargements contenaient plusieurs qualités de soies ainsi que de la soie brute (elle était filée et tissée en France avant d'y être cultivée).<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>Au XIIIe siècle, la fabrication de la soie s'implante en occident. D'abord en Italie et en Espagne puis assez rapidement dans le sud de la France. Il semblerait qu'à cette période, le Languedoc soit spécialisé dans la production de soieries de moindre qualité<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Une relique datée du XIIIe siècle, provenant de Comps-sur Artuby (Var) est une étoffe tissée avec les déchets des cocons de soie<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Pour conclure à partir de ces exemples de fragments de soie tissée à partir de déchets, la dispersion dans le temps (10eme au 14eme), les régions (Byzance, Venise, Provence, Anatolie) et des milieux sociaux et culturel différents tendraient à prouver que les soies de second choix sont assez largement diffusées.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></p>
<h3>Coupe</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/sources/macie-01.jpg" alt="macie-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="macie-01.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Bible de Maciejowki, f. 29R : David ramène la tête de Goliath est accueilli par des femmes chantant.</em></p>
<p>La cotte a été taillée d'après le relevé de la tunique de Ste Claire <a href="http://www.personal.utulsa.edu/~marc-carlson/cloth/clara.htm" hreflang="en" title="Relevé de la tunique de Ste Claire">proposé par Marc Carlson</a>. Il s'agit d'une robe, très longue, ample et présentant 6 godets latéraux (3 de chaque coté) :</p>
<ul>
<li>le premier partant de l'épaule sur l'arrière de la robe,</li>
<li>le deuxième s'insérant sous le gousset de la manche,</li>
<li>le troisième devant démarre sous l'emmanchure.</li>
</ul>
<p>Les godets latéraux sont cousus de sorte à projeter le volume et l'ampleur vers l'arrière : droit fil contre biais, le biais étant toujours cousu vers l'arrière du vêtement. Tout comme sur la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230">tunique de Ste Élisabeth</a>, aucun godet central n'est présent. Cependant, avec 6 godets latéraux, l'ampleur est largement suffisante.</p>
<p>Conformément à certaines représentation (voir bible de Maciejowski) la cotte présente une traine de 60cm environ sur l'arrière. Elle est le reflet de la mode de l'époque qui affiche sa richesse au travers des grandes quantités de tissu nécessaire à la réalisation d'une pièce de vêtement. Cette extravagance est fortement dénoncée et sera bien souvent règlementée au travers des lois somptuaires.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup></p>
<p>L'encolure est ronde, sans amigaut.</p>
<p>Les manches sont évasée à l'emmanchure et très resserrées aux poignets : il faut les coudre directement sur la personne pour pouvoir les refermer. Cette particularité des robes du XIIIe siècle nous est parvenue au travers de textes littéraires. On observe cependant des boutons aux poignets sur certaines représentations.</p>
<p>Le patron des manches en 4 parties est très économique en tissu : une parie pour le corps principal, qui se resserre aux poignets, deux triangles ajoutés en haut de la manche pour donner son ampleur à l'emmanchure et se termine sous le coude pour y donner l'aisance. Un petit gousset s'insérant dans un des godet latéral permet, non pas d'augmenter l'aisance comme sur certains modèles (celle-ci n'en n'a pas besoin), mais de <em>gommer</em> la jonction manche-corps : la manche s'insère ainsi dans le corps de la robe sans démarcation nette.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/deff.jpg" alt="deff.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="deff.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Cotte portée pour jouer de la musique : on observe que la manche s'intègre au corps sans démarcation nette. Techniquement, la manche s'insère au niveau de la ceinture.</em></p>
<h3>Décorations</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/broderie.jpg" alt="broderie.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="broderie.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Détail des broderies : les bandes de taffetas sont appliquée sur la robe au point de boulogne réalisé en soie blanche.</em></p>
<p>Des bandes brodées sont ajoutées à l'encolure et aux poignets. Ces bandes sont en taffetas de soie brodé de soie et de perles en nacre.</p>
<p>Ces broderies peuvent sembler excessives pour la période, l'iconographie du costume féminin au milieu du XIIIe siècle n'en montrant que très rarement. L'usage de broderies voyantes est même moqué dans certaines textes<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup>. Cependant, des représentations<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> nous laissent deviner quelques décorations sur les vêtements de la noblesse, mais uniquement aux poignets. L'ajout d'une bande brodée à l'encolure témoigne ici de la volonté d'afficher plus de richesse que les codes en vigueurs ne le suppose. Quoi qu'il en soit le choix de l'emplacement de ces bandes brodées : aux poignets et au col est fait dans le but de souligner et mettent en valeur deux éléments de la féminité et de la sexualisation du costume XIIIe féminin : les mains et le cou.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/Robe-temp/finition-bas-temp-01.JPG" alt="finition-bas-temp-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="finition-bas-temp-01.JPG, janv. 2013" />
<em>Bas de la robe : le cordon tissé à même se positionne sur la tranche de la robe réalisant la jointure entre le dessus et la doublure.</em></p>
<p>Les ourlets de la cotte sont remplacés par un cordon de soie tissé à même. Ce type de finition, très fréquent sur les vêtements de l'époque ajoute une touche décorative ainsi qu'une finition très propre à l'ensemble : le bas n'est ni alourdi ni épaissi par un ourlet cousu.</p>
<h2>Coiffe</h2>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/07/19/31-le-touret-et-la-barbette">La coiffe est un touret en lin</a>. Assez bas et sans plis, il est porté sur une simple tresse. Le touret se porte de différente manières à l'époque. Si le touret en lui même est un marqueur social, la manière de le porter l'est également. La barbette (bande de tissu passant sous le menton) il est probablement une coquetterie de femme cherchant à masquer les marques de l'âge (double menton ...), de même qu'un bonnet blanc plus covrant peut être porté sur une chevelure grisonnante.</p>
<p>Le touret est une coiffe noble ou riche. L'exemple illustrant le mieux ceci est la vie de <a href="http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/vitrail_vie_st_julien_hospitalier/index.htm" hreflang="fr" title="Vitraux de Chartres : la vie de St Julien l'Hospitalier">St Julien l'Hospitalier sur les vitraux de la Cathédrale de Chartres</a> : D'extraction noble, la mère puis la femme de St Julien portent le touret, jusqu'à ce qu'il fasse pénitence, vœux de pauvreté, sa femme porte alors une guimpe.</p>
<p>Ici, il est porté sur cheveux tressés. En effet sur les scènes de fêtes et de musique, les femmes (probablement jeunes) représentées sont <em>coiffées</em> mais la chevelure n'est pas dissimulée.</p>
<h2>Conclusion et perspectives</h2>
<p>Si, dans le texte du conte moral Helmbrecht le fermier, le costume décrit est décoré de manière quasi invraisemblable :</p>
<blockquote><p>Jamais sur une caboche paysanne on ne vit coiffure plus riche que celle d'Helmbrecht. Près de l'oreille droite du rustre, était brodé sur le bonnet le siège subi par Troie quand le téméraire Pâris eut ravi l'épouse des Grecs. <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/..." title="...">...</a> et devant, sur les épaules, on y voyait une danse de broderie de soie brillante. Et ailleurs encore une floraison d'alouettes et d'éperviers d'or <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/..." title="...">...</a>.</p></blockquote>
<p>il ne faut pour autant pas prendre cette description au pied de la lettre. On le voit, loin de proposer un vêtement tout à fait excentrique et très éloigné des représentations qui nous sont parvenues, c'est dans les détails (emplacement, nature des décorations, qualité du tissu) qu'il faut chercher les marques sociales du vêtement et leurs transgressions.</p>
<p>Ce costume est à mettre en perspective avec un autre costume mi-XIIIe, de la noblesse, respectant les codes qui sera présenté ultérieurement. Enfin, pour compléter cette série de costumes féminins du XIIIe siècle n’hésitez à lire l'article sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode féminine au XIIIe siècle</a>, qui propose un tour d'horizon de la mode et les difficultés à proposer des reconstitution cohérentes et complète de costumes.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] David Jacoby, Silk economoics and Cross-cultural Artistic Interaction : Byzantium, the Muslim World, and the Christian West, 2004, Dumbarton Oaks Papers 58, pp. 197-240.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] S. Desrosiers ; Draps d'Areste (II). Extension de la classification, comparaisons et lieux de fabrication ; Techniques & culture, juil.-déc. 1999, 34 : Soieries médiévales.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] D. Cardon ; Silk for saint Andrew : newly discovered relic wrappings from mountain churches in the south of France ; Textilien aus Archäologie und Geschichte , pp. 209-213 ; 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] D. Jacoby ; voir ci-dessus.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] S. G. Heller ; Sumptuary Legislation in France, Languedoc and Italy. </p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] par exemple dans Helmbrecht le fermier, conte moral ; G. Bartholeyns ; L'enjeu du vêtement au Moyen âge ; Le corps et sa parure ; SISMEL - EDIZIONI DEL GALLUZO ; 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] La statue en pied polychrome d'Ute de Ballenstedt, Cathédrale de Naumburg ou le portrait de Bernard V de Moreuil dans le livre d'heures de Yolande de Soisson ; The Pierpont Morgan Library, ms. 729, fol. I v. ou encore le portrait de Blanche de Castille dans la bible moalisée, The pierpont Morgan Library, MS M.240 (fol. 8)</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] C. Casagrande, S. Vecchio ; Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge ; Aubier ; 2003.</p></div>
La mode féminine au XIIIe siècle : aperçu et perspectives de reconstitution
urn:md5:8f575a036f16f43b594eb444b725a0a8
2012-12-29T15:23:00+00:00
2023-04-17T14:40:12+00:00
Hémiole
Costumes
aumônière
coiffe
costumes historique
cotte
Maciejowski
manteau
surcot
touret
XIIIe
<p>Entre l'excentricité de la mode du XIIe siècle fortement influencée par l'orient et Byzance et la révolution de la mode au XIVe siècle qui dévoile de multiples façons un corps modelé<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, le XIIIe siècle est souvent considéré comme une période de non mode. Une période où la parure serait absente des considérations de la haute société. C'est dû en grande partie au règne de Louis IX, St Louis, réputé pieux et austère (ceci au travers des témoignages de ses contemporains<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>) et l'on obtient le parfait cocktail pour une méconnaissance de la mode et des usages vestimentaires.</p>
<p>Alors le XIIIe siècle, règne du sac à navets ou de l'élégance ? Au delà de cette question de <em>look</em>, ce sujet nous amène également à nous interroger sur la démarche de reconstitution du costume au XIIIe siècle.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Odile Blanc ; Parades et parures, L'invention du corps de mode à la fin du Moyen Age ; Gallimard ; 1997.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Voir le témoignage de Jean de Joinville lors de la pentecôte à Corbeil.</p></div>
<p>Si réaliser, proposer ou reconstituer un costume d'une période donnée n'est pas faire ou écrire l'histoire du costume (puisque l'on se place dans le cas particulier, que le costume se veuille représentatif ou non), il faut néanmoins connaître un minimum cette histoire et au delà des formes et des silhouettes du costume, comprendre les usages et la sociologie du vêtement<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h2>Contexte économique, social, historique et politique</h2>
<p>Nous n'allons pas ré-écrire l'histoire du XIIIe siècle. Le XIIIe siècle est souvent considéré comme une période stable et florissante du Moyen Age. Citons le développement des cathédrales, des universités, des villes nouvelles. On pourrait s'attendre en parallèle à une explosion vestimentaire, une transposition dans la mode de cet <em>âge d'or</em>. Ce n'est pourtant pas ce qui saute aux yeux dans les représentations du vêtement.</p>
<h3>Et le textile dans tout ça ?</h3>
<p>La fin du XIIe siècle a vu une première révolution industrielle<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Le textile a même fait sa révolution vers 1165. La draperie (tissu de laine) a connu un essor à cette période et constitue toujours le textile le plus utilisé à cette période<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Les tissus luxueux, comme les soieries, sont importées massivement, du moyen-orient, mais également d'Italie et d'Espagne qui développent les ateliers copiant les techniques orientales. On retrouve ces tissus dans les foires de Champagne.
Le travail de la soie fait également ses premiers pas en France. La sériciculture apparait au XIIIe siècle en Ardèche et des ateliers de tissages sont implantés dans le Languedoc (Montpellier et Alès).<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></p>
<h2>Observations : l'iconographie du costume féminin</h2>
<h3>L'enluminure</h3>
<p>Les enluminures nous apportent une vision très uniforme de la mode de la haute société du XIIIe siècle, que l'on observe les costumes de l'inévitable bible dite de Maciejowski ou d'autres manuscrits (Vie de St Louis ...), se sont des cottes amples et longues, unies sans décorations apparentes hormis des liserés blanc, parfois interprétés comme des broderies ou des signes de doublures, mais qui ne sont probablement que des rehauts de peinture.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/abigail-1.jpg" alt="abigail-1.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="abigail-1.jpg, fév. 2013" />
<em>Bible de Maciejowski. The Pierpont Morgan Library MS M.638 fol. 33v. Abigaëlle rencontre David.</em></p>
<p>La première chose que l'on remarque sur cette enluminure, c'est la silhouette du personnage : allongée, elle n'est interrompue que par les plis formés à la taille et l'amas de tissu (la traine) qui repose sur le sol.</p>
<p>La seconde chose notable est la quasi absence de décorations : au plus un fermail pour orner la cotte, une ceinture longue, une aumônière et le double cordon qui maintient le manteau.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/liseres.jpg" alt="liseres.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="liseres.jpg, fév. 2013" />
<em>Bible de Maciejowski. The Pierpont Morgan Library MS M.638 fol.13v. Compagnes de la fille de Jephté. On note des liserés blancs le long des encolures et des poignets.</em></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/27.jpg" title="27.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/.27_m.jpg" alt="27.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="27.jpg, janv. 2013" /></a>
<em>Carnets de Villard de Honnecourt, MS. 19093 Français, BNF.</em></p>
<p>Sur ce dessin, c'est la quantité de plis qui ressort : chaque pièce de la <em>robe</em> en présente de nombreux, des manches au manteau, tout semble plissé, fluide. Encore une fois, aux pieds, un lourd amas de tissu ancre la silhouette.</p>
<h3>La statuaire</h3>
<p>La statuaire de l'époque nous propose une autre vision, en 3 dimensions cette fois bien qu'il nous manque encore une information primordiale dans la plupart des cas : la couleur. Cependant, ces représentations nous offrent une bonne vision des plis, des volumes et des drapés.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/.ThreeWiseVirginsMagdeburg_m.jpg" alt="ThreeWiseVirginsMagdeburg.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ThreeWiseVirginsMagdeburg.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Magdeburg : les vierges sages.</em></p>
<p>Les vierges sages nous montrent en 3 dimensions ces même silhouettes épurée. La quantité de plis, loin de masquer le corps l'habille et le met en valeur : la poitrine ainsi que les hanches sont soulignés par les plis.
La décoration est encore ici cantonnée aux accessoires : fermaux, ceintures, attaches de manteau. Néanmoins, les statues de la même région ayant conservé leur polychromie nous offrent un spectacle bien moins austère : couleurs vives et contrastées.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/reglindis-01.jpg" alt="reglindis-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="reglindis-01.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Naumburg, Reglindis.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/.Tentateur_et_vierge_folles_m.jpg" alt="Tentateur_et_vierge_folles.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Tentateur_et_vierge_folles.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Strasbourg, Tentateur et vierges folles.</em></p>
<p>Ici, les vierges folles montrent des corps déhanchés, presque dévoilé et ce, malgré les cottes amples et plissées. La fluidité des vêtements accentue cette mise en scène que l'on retrouve décrite chez certains moralistes critiquant la gestuelle des femmes cherchant à séduire<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<h3>Conclusions provisoires</h3>
<p>On l'a vu, loin de créer une masse informe les représentation du costume féminin du XIIIe siècle nous montrent une silhouette fluide et dynamique. Si le corps en lui même n'est pas mis en valeur de manière évidente (le corps n'est pas moulé, n'est pas formé par ces vêtements), on note malgré tout une mise en scène corporelle faisant appel à un certain sens esthétique. La robe du XIIIe siècle ne relève ni d'une non-mode, ni d'un vêtement qui cache le corps : elle dévoile subtilement une silhouette en mettant en valeur quelques éléments essentiels et bien choisis de la féminité.</p>
<h2>Informations complémentaires apportées par les textes</h2>
<p>Les textes de l'époque peuvent renseigner à divers degrés sur la mode de l'époque. Si, dans la discipline de l'histoire du vêtement, les inventaires règnent en maître, les autres formes de textes nous offrent des renseignements tout à fait appréciable lorsqu'il s'agit de proposer des re-créations de costumes historiques. Ces genres littéraires sont les romans et chroniques, les textes des moralistes et les lois somptuaires.</p>
<h3>Les romans</h3>
<blockquote><p>Un roman courtois au XIIe siècle était, dans une certaine mesure, une chronique de mode ; on attendait de lui la description de robes de grand luxe et de chefs-d'œuvre de haute couture.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup></p></blockquote>
<p>On le comprend facilement, les romans et les chroniques nous offrent une vision très <em>idéalisée</em> du costume. Si l'on regarde de près les romans et poèmes de l'époque, la plupart des protagonistes portent sur eux l'équivalent de plusieurs cadeaux diplomatiques ! Samit et brocard semblent être la norme. Bien entendu, on ne peut en tirer aucune conclusion généraliste, cependant, ces textes nous renseignent sur ce qui fait la mode à un instant.</p>
<p>Par exemple, dans les textes du XIIe siècle, la coupe du vêtement est mise à l'honneur<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> alors qu'au XIIIe les romans mettent en avant la qualité et la quantité de tissu utilisé pour leur confection<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>. De cette comparaison on peut déduire que la mode <em>informe</em> du XIIIe siècle est plus liée à une mode consistant à se parer de la plus grande quantité de tissu de qualité possible plutôt qu'à une <em>non mode</em> qui consisterait à cacher son corps.</p>
<p>Ce fait semble être confirmé part l'étude de certaines lois somptuaires.</p>
<h3>Les lois somptuaires</h3>
<p>Là encore, ces textes sont difficiles à utiliser dans le cadre d'une étude généraliste du fait de leur très forte localisation (Ces lois sont généralement applicable à une ville seulement). Cependant, elles peuvent nous aiguiller de plusieurs manières :</p>
<p>D'une part en nous indiquant encore une fois, où se situe l'objet de mode. Une étude sur les lois somptuaires<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup>, met en lumière que, contrairement aux lois somptuaires européennes plus tardives qui s'intéressent au type de vêtement, ces lois déterminent essentiellement la quantité de tissus pour un vêtement ainsi que le coût des tissus que les personnes de différents statuts peuvent porter.</p>
<p>D'autre part, en mettant en lumière des détails vestimentaires qui échappent par leur taille aux représentations (usage de perles dans les décorations, par exemple).</p>
<h3>Les moralistes</h3>
<p>Les textes des moralistes et les prédications peuvent renseigner sur l'usage et la mode d'un moment. Ces textes, de par leur vocation, ont parfois tendance à l'exagération (voir les critiques sur les traines exagérées qui nettoient les ordures). Mais ils mettent en lumière ce que les représentations gardent dans l'ombre (nous verrons plus loin des exemples concret de cette distorsion).</p>
<h2>Apport de l'archéologie</h2>
<p>Des vêtements datés du XIIIe siècle nous sont parvenus. Ils sont généralement plus instructifs d'un point de vue technique que d'un point de vue de l'histoire de la mode. En effet, leur nombre ne permet pas de tirer de grandes conclusions mais peut permettre de valider une théorie ou d'affiner la connaissance technique. D'un point de vue de la reconstitution, ils sont donc très précieux puisque nous pourront ré-utiliser les informations fournies de manière pratique.</p>
<p>Les vêtements retrouvés nous offrent un aperçu de la technique des tailleurs : comment étaient-ils coupés ? Comment étaient-ils assemblés ? De là, nous pouvons déduire la mécanique du vêtement : comment réaliser un drapé à la fois fluide et structuré ? La tunique de Ste Claire nous renseigne<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-10" id="rev-wiki-footnote-10">10</a>]</sup>.</p>
<p>Mais on peut également affiner des points de détails grâce à la connaissance de ces vêtements. Revenons sur les liserés blancs observés sur les enluminures. Il s'agit très vraisemblablement technique de peintre pour rehausser le dessin. Cependant, on note sur les vêtements conservés plusieurs types de finitions. Les ourlets peuvent être cousus sur l'endroit, ils peuvent être réalisés avec des points de couture décoratifs (couchure, points avant ...) ou même remplacés par des galons tissés à même<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-11" id="rev-wiki-footnote-11">11</a>]</sup>. Bien que les liserés observés sur les enluminures ne doivent pas être <em>surinterprétés</em>, il est possible de faire un vêtement qui en présentent d'après des sources fiables et non interprétables, il ne s'agit pas alors de reproduire fidèlement une observation faite à partir d'une peinture mais d'appliquer les techniques de finition attestées par l'archéologie.</p>
<h2>Exemples concrets</h2>
<p>J'ai choisi d'illustrer ce bref aperçu de la mode féminine au XIIIe siècle par deux exemples concrets des limites auxquelles nous sommes confrontés. Ces faits de mode qui nous ont été transmis au travers de témoignages écrits mais nous ne disposons pas, à ma connaissance de représentation. Comment les interpréter ? Faut-il les intégrer dans une démarche de reconstitution ?</p>
<h3>Guimpes safranées</h3>
<p>Plusieurs témoignages évoquent les <em>guimpes safranées</em>. Nous allons revenir dessus, mais tout d'abord intéressons-nous à ce que ce terme désigne.</p>
<p>La guimpe est une coiffe féminine entourant le visage, elle couvre généralement le cou et le menton. Le safran, est une épice importée du Moyen-Orient qui peut être utilisée en teinture. Elle donne un jaune <em>safran</em>, c'est une teinture fort chère qui connaîtra des imitations moins onéreuse.</p>
<p>Une <em>guimpe safranée</em> serait donc une coiffe entourant le visage teinte en jaune. Les représentations de coiffes féminines (de guimpes en particulier) sont blanches à cette époque. Où sont donc les <em>guimpes safranées</em> ?</p>
<p>Deux types de textes mentionnent cette mode :</p>
<p>Le premier est le dit du mercier (v.15) qui, au milieu d'une énumération de tout un tas d'accessoires destinés à la parure féminine :</p>
<blockquote><p>J'ai les guimples ensaffrenees</p></blockquote>
<p>Le second est le <em>sermon sur les vierges</em> d'Etienne Langton qui critique les femmes qui s’enorgueillissent de leur voile teint au safran alors que celui-ci leur a été donné en signe de péché.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-12" id="rev-wiki-footnote-12">12</a>]</sup></p>
<p>La nature différente de ces deux témoignages nous donne une bonne idée des forces qui s'opposaient en ce qui concerne la mode et la parure. En outre, le fait que ces deux textes soient de nature si opposée nous donne une certaine confirmation de l’existence de ces guimpes colorée qu'il eut été difficile de cerner avec une source d'une seule nature. Accessoire pour coquette sur l'étal du mercier qui en fait <em>l'article</em> et accessoire d'orgueil indigne de se retrouver dans un lieu de culte pour le sermonneur. On comprends mieux alors, pourquoi les manuscrits ne nous montrent pas ces voiles colorés !</p>
<p>La question demeure : peut-on reproduire cet accessoire, qui n'est jamais représenté ? Techniquement : oui. Nous savons quelle est la forme de cet accessoire et nous connaissons la technique de teinture. Il est donc possible de re-créer ce vêtement de manière crédible. Nous nous serons, dans ce cas éloigné des représentations habituelles et il sera difficile de justifier par l'image, comme nous le faisons souvent, cette particularité.</p>
<h3>Décolletés</h3>
<p>Le deuxième exemple que j'ai choisi pour illustrer ces limites est celui du décolleté. Les représentations de robes découvrant le cou et la gorge ne datent que du deuxième tiers du XIVe siècle. Cependant, les premières mentions de cette mode sont plus anciens.</p>
<p>Ainsi, vers, 1270, dans le célèbre <em>Roman de la rose</em>, Jean de Meung décrit le décolleté comme une des armes féminines dans les stratégies de séductions :</p>
<p>(v.13313 à v.133218)</p>
<blockquote><p>S'ele a beau col e gorge blanche,<br />
Gart que cil qui sa robe trenche<br />
Si tres bien la li escolete<br />
Que la char pere blanche e nete<br />
Demi pié darriers e devant,<br />
S'en iert assez plus decevant.<br /></p></blockquote>
<p>Bien sûr le texte de Jeand de Meung est à la fois grivois et misogyne mais il a également une vocation encyclopédique sur l'art de la séduction<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-13" id="rev-wiki-footnote-13">13</a>]</sup>. De fait, il est difficile de classer cette évocation du décolleté dans un contexte social bien identifié. Comment toucher la réalité de ce décolleté ?</p>
<p>60 ans écoulés entre ce texte et es premières représentations. 60 ans et une révolution dans la mode.</p>
<p>Même question que précédemment : peut-on reproduire cette mode même sans représentation ? A moins de le réaliser au hasard ou de se baser sur des représentations de robes d'une époque où elles sont radicalement différentes, la réponse est non. Dans ce cas, la limite qui s'impose à une réalisation est bien celle de la représentation.</p>
<h2>Conclusion</h2>
<blockquote><p>C'est dire si un vêtement, dès lors qu'il n'est plus porté ni pris en charge par un discours, autrement dit objet d'une représentation, cesse de
signifier autre chose qu'une pièce d'étoffe dont seule l'analyse technique, en effet, peut rendre compte. Ce constat devrait nous amener à
réfléchir, d'une part, sur notre actuelle manie de la reconstitution, qu'elle opère dans la muséologie comme dans le cinéma, dont l'efficacité est
pour le moins problématique.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-14" id="rev-wiki-footnote-14">14</a>]</sup></p></blockquote>
<p>Difficile de trouver la solution pour évoquer de manière crédible la mode de cette époque. Comme nous l'avons vu, au delà de la codification, les représentations à notre disposition semblent réellement souffrir d'une forte censure et certains détails sont donc hors de portée d'une évocation sérieuse.</p>
<p>Pour autant, dans le cadre de l’évocation de la vie au XIIIe et, qu'elle opère dans la muséologie ou dans le spectacle, il faut continuer à chercher des solutions crédibles et améliorer le rendu des costumes de cette période. Ceci ne peut se faire que dans le cadre d'une démarche rigoureuse, qui ne se laisse pas piéger par les diverses illusions citées par Odile blanc dans son article<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-15" id="rev-wiki-footnote-15">15</a>]</sup> :<br />
L'illusion descriptive, l'illusion nominale, l'illusion narrative, l’illusion figurative et l'illusion matérielle.</p>
<p>Il est d'autant plus important de ne pas s'en tenir à la première impression que nous laissent les représentations. Loin de l'effet <em>sac à navet</em> qui consisterait en une absence totale de sens esthétique, l'élégance des drapés demande une fine analyse et un travail minutieux de confection<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-16" id="rev-wiki-footnote-16">16</a>]</sup> ainsi que le choix de matières adaptées.</p>
<p>Il faut cependant garder à l'esprit que certaines subtilités et certains usages nous resteront inconnus jusqu'à de nouvelles découvertes. Proposer un vêtement d'après les textes sans avoir une seule représentation de ce qu'ils décrivent est un exercice très délicat et dont le résultat semble trop hasardeux pour pouvoir être validé dans le cadre d'une démarche sérieuse. Il faut donc se résoudre à cette vision parcellaire que nous avons et que nous rendons au travers de nos évocations, en gardant à l'esprit que oui, peut être nous contentons-nous de proposer de l'évocation de <em>grenouilles de bénitier</em>.</p>
<h2>Pour aller plus loin</h2>
<p>Je citerai quelques uns de mes travaux de reconstitutions qui ont amené à cette réflexion généraliste et qui illustrent chacun à leur manière une des particularité soulevée ici :</p>
<ul>
<li>Le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230">costume de paysanne d'après la tunique de Ste Élisabeth de Thuringe</a>.</li>
<li>Le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250">costume de courtisane d'après la tunique de Ste Claire d'Assise</a></li>
<li>Le costume noble d'influence germanique (à paraître).</li>
</ul>
<p>Enfin, je voudrai citer un très beau travail sur le costume XIIIe, loin des clichés : celui d'<a href="http://www.apud-angeron.de/html/frameset.html" hreflang="de">apud angeron 1250</a> qui a publié un article sur l'une de leur réalisation (costume d'une comtesse rhénane vers 1250) dans le magasine <a href="http://www.histoire-images-medievales.com/" hreflang="fr">Histoire et Images médiévales</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Rolland Barthes ; Histoire et sociologie du Vêtement ; Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 12e année, N. 3, 1957. pp. 430-441.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Jean Gimpel ; La révolution industrielle au Moyen Age ; Seuil ; 1975</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Dominique Cardon ; La draperie au Moyen Age, Essor d'une grande industrie Européenne ; CNRS éditions ; 1998.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Sophie Desrosiers ; Draps d'Areste (II). Extension de la classification, comparaisons et lieux de fabrication ; Soieries médiévales</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] C. Casagrande, S. Vecchio ; Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge ; Aubier ; 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] J. Frappier, Étude sur Yvain ou le chevalier au lion de Chrétien de Troyes, Paris, SEDES, 1969</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Christina Frieder Waugh, « Well-cut through the body : » fitted clothing in twelth-century Europe, DRESS, 1999, vol 26</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] Sarah-Grace Heller ; Fashion in medieval France ; D. S. Brewer, Cambridge ; 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] Sarah-Grace Heller ; Sumptuary Legislation in France, Languedoc and Italy.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-10" id="wiki-footnote-10">10</a>] Voir l'article sur<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250"> le costume d'une fausse courtisane vers 1250</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-11" id="wiki-footnote-11">11</a>] Else Østergaard ; Woven into the earth ; Aarhus University Press ; 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-12" id="wiki-footnote-12">12</a>] Frédérique Lachaud ; La critique du vêtement et du soin des apparences dans quelques œuvres religieuses, morales et politiques, XIIe-XIVe siècles, Le corps et sa parure ; SISMEL - EDIZIONI DEL GALLUZO ; 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-13" id="wiki-footnote-13">13</a>] Nathalie Coilly, Marie-Hélène Tesnière (dir) ; Le Roman de la rose, l'art d'aimer au Moyen Age ; BNF ; 2012.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-14" id="wiki-footnote-14">14</a>] Odile Blanc ; Histoire du costume : l'objet introuvable ; Médiévales, N°29, 1995. pp. 65-82.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-15" id="wiki-footnote-15">15</a>] voir ci-dessus</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-16" id="wiki-footnote-16">16</a>] « Belles robes et beaux garnements améliorent considérablement un homme, aussi dois-tu confier ta garde-robe à un tailleur qui sache couper, qui fasse des coutures bien situées, et manches seyantes et élégantes. » Guillaume de Lorris</p></div>
Un costume de paysanne vers 1230
urn:md5:83e2ca966a497be614e0c04e37ffc97a
2012-12-21T17:07:00+00:00
2023-04-17T14:40:26+00:00
Hémiole
Costumes
chaperon
cotte
guimpe
Ste Élisabeth de Thuringe
XIIIe
<p>Ce costume est un costume de paysanne de la première moitié du XIIIe siècle. Simple et fonctionnel, il est composé des pièces de vêtement habituelles : chemise de corps en lin, cotte, chausses, ceinture tissée, guimpe et chaperon en laine. Un grand soin a été apporté dans le choix des matériaux tout en respectant une certaine sobriété. Seuls quelques éléments fonctionnels ressortent et font office de décorations.</p>
<p>Dans le cadre de l'étude des artefacts du XIIIe siècle, la cotte est une tentative de reproduction de la tunique de Ste Élisabeth de Thuringe.</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/paysanne-1230/file.jpg" alt="file.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="file.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Simple et fonctionnel, costume porté lors de la <a href="http://www.muret1213.org/" hreflang="fr">reconstitution de la bataille de Muret</a>.</em></p>
<h2>La cotte</h2>
<p>La cotte est en tissu de laine très fine.</p>
<h3>Patron</h3>
<p>C'est une tentative de reproduction de la tunique de Ste Élisabeth de Thuringe. Cependant, <a href="http://togs-from-bogs.blogspot.fr/2008/12/medieval-togs-st-elisabeths-dress.html" hreflang="en">la tunique, conservée comme relique reste difficile à interpréter</a> : en effet les manches courtes et l'ouverture en biais sur l'avant (comme celle des caftans orientaux) ne correspondent à rien de connu dans l'iconographie du costume de cette époque. En outre, comme souvent pour les reliques, certaines parties ont été découpées, nous privant ainsi d'informations. Une manche ainsi qu'une partie du devant du corsage sont manquants. Difficile d'extrapoler la réalité de cette ouverture frontale ainsi. Une reproduction telle qu'elle nous est parvenue ne correspondrait en rien au vêtement d'origine. Les bordures contrastées en lin sont également des ajouts ultérieurs pour sécuriser le tissu.</p>
<p><a href="http://www.personal.utulsa.edu/~marc-carlson/cloth/elizabeth.htm" hreflang="en">Marc Carlson en propose un patron extrapolé</a>. Mais celui-ci pose également quelques problèmes : notamment cette ouverture en biais au col.</p>
<p>Pour essayer de proposer une reconstitution crédible, j'ai donc décidé de respecter les techniques de coutures observées sur la relique et de garder l'essentiel des pièces du patron de Marc Carslon. Cependant, j'ai extrapolé vers une forme cohérente avec les observations du costumes féminins début XIIIe : robe longue et ample, col rond sans amigaut, manches longues et resserrées aux poignets.</p>
<p>La particularité de cette cotte (que l'on retrouve sur celle de Ste Claire<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>) c'est qu'elle ne présente pas de godet partant de la taille sur le devant et le dos. Ces godets, bien souvent utilisés pour ajouter de l'ampleur aux robes, sont présent sur nombre d'artefacts des XIIe siècles et XIVe siècles (que se soient les tuniques masculine de <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/12/04/42-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeur-vers-1200">Moselund</a> ou <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/10/08/44-les-dessous-d-une-cotte">kraguelund</a>, ou certaines cotte féminines plus anciennes comme la <a href="http://www.personal.utulsa.edu/~marc-carlson/cloth/herjol38.html" hreflang="en">tunique Norlund n°38</a><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>). Néanmoins, certaines statues du XIIIe siècle montrent la pointe de ce godet sur le devant au niveau de la taille.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup></p>
<p>Dans ce cas, c'est uniquement grâce aux godets sur les côtés que la cotte peut avoir l'ampleur nécessaire. Le patron proposé par Marc Carlson en ajoute 2 de chaque côté. L'un part de dessous l'emmanchure et l'autre forme une pointe qui s'insère dans la couture de la manche.</p>
<p>C'est l'autre particularité de la mode à cette période : les godets d'aisance démarrent généralement bien au dessus de la ligne de taille contrairement à ce qui se faisait au début du XIIe siècle et ce qui se fera ensuite au XIVe. Ceci permet d'obtenir les drapés si caractéristiques de la silhouette du XIIIe siècle.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/paysanne-1230/fileuse-01.jpg" alt="" /><br />
<em>Le godet de côté remonte en pointe jusque dans la couture d'assemblage de la manche. Ce godet s’élargit fortement pour donner son ampleur à la robe. On peut observer dès la ligne de taille que le godet ajoute l'essentiel de l'ampleur. Un second godet est présent sur l'arrière de celui-ci et accentue cet effet.</em></p>
<h3>Assemblage</h3>
<p>L'assemblage est entièrement réalisé à la main au fil de lin blanc.</p>
<p>Le choix du fil de lin blanc pour les assemblages n'est pas évident à établir de manière certaine. Quand ils ne sont pas désintégrés les fils de couture sont souvent teintés avec temps par le contact avec le vêtements et/ou le milieu de conservation. En ce qui concerne la tunique de Ste Élisabeth, elle est cousue de fil blanc, si l'on peut dire.</p>
<p>Cependant, il ne faut probablement pas généraliser cette pratique. En effet, les fouilles du Groenland, ont révélés des coutures au fil de laine teintés de la même couleur que les vêtements. Cependant, ces fils ne sont pas tirés de la trame ou de la chaine du tissu, comme certains semblent le penser, mais filés spécifiquement dans ce but. Car contrairement aux fils du tissage, ils présentent un filage (retors) différent plus solide pour résister aux contraintes spécifiques à la couture.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></p>
<p>La couture utilisée sur la tunique de Ste Élisabeth est un assemblage un peu spécial que l'on retrouve également sur certaines pièces issues des fouilles de Londres<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>. Le type d'assemblage est similaire à celui utilisé pour pieds des chausses. Il a l'avantage d'être très économique et très plat : sur les chausses mais aussi sur les épaules ou les emmanchures qui souffrent parfois de trop grandes sur-épaisseurs, on ne le sent pratiquement pas.</p>
<p>Les deux parties à assembler sont posées endroit contre envers avec un recouvrement de 5mm. On coud alors à points glissés de chaque côté du vêtement (un passage sur l'endroit et un autre sur l'envers). Ce point, réalisé sur les bords francs, doit servir en même temps d'assemblage et de surfilage.</p>
<p>Avec cet assemblage, le fil de couture est visible des 2 côtés du vêtement (sur l'endroit et sur l'envers). Sur la tunique de Ste Élisabeth, l'endroit ne présente qu'une ligne d’assemblage (celle réalisée sur l'endroit), la seconde (réalisée sur l'envers), suffisamment fine est absorbée par l'épaisseur de l'étoffe. Sur ma robe, la laine était tellement fine, qu'il m'était impossible de réaliser la seconde couture (l'assemblage réalisé sur l'envers) de manière invisible : même en ne prenant qu'un seul fil de tissage mon fil de couture apparaissait sur l'endroit !</p>
<h3>Décorations</h3>
<p>Comme je l'indiquais, cette robe simple ne présente pas de décorations, cependant j'ai choisi de donner une forme décorative aux ourlets conformément à ce qui est fréquemment retrouvés sur les artefacts (la pièce originale n'ayant plus d'ourlet conservé) :</p>
<p>Repliés sur l'endroit du vêtement, ils sont cousus par un point de couchure réalisé en laine blanche. L'ourlet est également maintenu par une série de petits points avants en laine.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/paysanne-1230/chaperon%20%282%29.jpg" alt="chaperon (2).jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="chaperon (2).jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Prête à sortir. On voit sur cette image les godets soulignés par la ligne d'assemblage au fil de lin blanc qui plongent vers l'avant et l'arrière. La ceinture fait plisser naturellement toute l'ampleur au niveau de la taille. La ligne de couchure réalisée en laine blanche pour coudre l'ourlet ressort fortement comme simple et unique décoration de la robe.</em></p>
<h2>La coiffe</h2>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/paysanne-1230/sources/femme-st-julien.png" alt="" /><br />
<em>La guimpe drapée et nouée est très représentée sur les personnages pauvres (servantes, paysannes) et/ou humbles (pèlerins) des XIIe et XIIIe siècles. Pour exemple ce détail du vitrail représentant la vie de St Julien l'hospitalier (vitrail du chœur de la cathédrale de Chartres). Sur l'ensemble du vitrail, on remarque que sa femme porte le touret et, dès lors qu'ils font vœux de pauvreté, elle porte cette guimpe nouée.</em></p>
<p>La coiffe est une guimpe en laine drapée.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/paysanne-1230/guimpe.jpg" alt="guimpe.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="guimpe.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>La guimpe est une coiffe qui couvre la tête et le menton. Celle-ci est réalisée dans une seule bande d'étamine de laine. Elle mesure 250cm par 50cm et est passée plusieurs fois autour de la tête afin de couvrir les cheveux et le menton. Le pan libre est noué ou glissé sur le côté. En laissant l'autre pan de la coiffe sur la nuque on peut également la protéger du soleil ou du froid.</em></p>
<h2>Chaperon</h2>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/paysanne-1230/sources/fig2.jpg" alt="" /><br />
<em>Femmes aux champs. Pierpont Morgan Library, New York, Ms M. 638 ; Bible de Maciejowski, fol. 17V ; vers 1250. Cette illustration est la première représentation de femmes portant un chaperon. Les deux portent le chaperon par dessus leur coiffe, une résille pour l'une (Ruth) et une guimpe ou un simple couvre-chef pour l'autre. Le chaperon rouge présente une légère cornette. Elle peut n'être encore que la pointe de la têtière et non une cornette ajoutée.</em></p>
<p>Pour sortir un <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/01/04/47-les-mots-du-chaperon">chaperon simple</a> peut compléter cette tenue : en laine doublé de lin. De forme rectangulaire, il ne présente pas de cornette ajoutée conformément aux chaperons de cette période et le guléron est ouvert sur le devant pour ménager un peu d'ampleur.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/paysanne-1230/chaperon.jpg" alt="chaperon.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="chaperon.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Le chaperon en laine brune doublé de lin blanc a une forme carrée dont une des pointes forme la cornette. Pas d'appendice ajouté sur ce modèle. Le guléron est très court et ne couvre pas totalement les épaules.</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Tunique de Ste Claire qui a également été reproduite et fera l'objet d'un article ultérieur</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <a href="http://www.hemiole.com/index.php?mact=Costumes,mf1ab5,default,1&mf1ab5what=vetement_dessus&mf1ab5alias=Robe-XIVe-de-femme&mf1ab5returnid=74&page=74" hreflang="fr">Voir cette reproduction</a></p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Notamment les statues de la cathédrale de Magdebourg en Allemagne, qui présentent des godets frontaux qui semblent plissés.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Else Ostergard, Medieval Garments Reconstructed: Norse Clothing Patterns, Aarhus University Press, 2011.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Crowfoot, Pritchard, Staniland, Textiles And Clothing, c.1150-c.1450: Medieval Finds from Excavations in London, The Boydell Press.</p></div>
Proposition de reconstitution d'un costume de brodeur vers 1200
urn:md5:b1296ed4c70faf3ceaaad132e2d22669
2010-12-04T13:36:00+00:00
2023-04-17T14:40:51+00:00
Hémiole
Costumes
artisans
Atelier de brodeurs
brodeur
brodeuse
Kragelund
Moselund
<p>Dans le cadre de l'atelier de brodeurs, voici le costume de l'artisan <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?tag/brodeur">brodeur</a>. J'ai déjà évoqué brièvement le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?tag/artisans">contexte économique et social de ces [artisans</a> dans l'article consacré au <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">costume de brodeuse</a>. Il s'agit donc du costume de son époux.</p>
<p>La cotte que nous avons choisi de faire est une reproduction de la tunique dite de Moselund (datée c14 1050-1155). Nous avons décidé de la décorer de broderie en s'inspirant des enluminures de la fin du XIIe siècle (Bible de Manerius). Les accessoires (chapeau, ceinture), de part leur facture, dénotent un statut aisé.</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Brodeurs/Brodeur/brodeur-02.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Crédit photo : Yann Kervran.</em><br />
<em>Le brodeur rentre chez lui, ramenant quelques beaux écheveaux de laine colorée pour la broderie et dans sa toile, bien protégé, un coupon de fine laine bleue.</em></p>
<p>La cotte est une reproduction de la <a href="http://www.personal.utulsa.edu/~marc-carlson/cloth/moselund.html" hreflang="en">tunique de Moselund</a>. La tunique dite de Moselund a été retrouvée près de Viborg sur un homme. Elle a été datée au C14 entre 1050 et 1155. C'est une tunique en sergé 2/1 de laine brune. Elle est fendue devant et derrière pour faciliter la monte à cheval.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/12/04/42-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeur-vers-1200#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>La particularité de cette tunique est la modernité de sa coupe. En effet, on considère généralement que la <em>coupe</em> n'est pas encore une discipline à cette époque pourtant cette cotte présente des emmanchures arrondies et une couture d'assemblage des manches sur l'arrière d'une étonnante modernité. En effet, on peut rapprocher cette coupe particulière des grandes assiettes qui feront leur apparition au cours du XIVe siècle mais aussi de la manche de Bussy St Martin (datée XIIe ou XIIIe siècle). La grande différence avec les <em>coupes arrondies</em> plus tardives c'est que dans le cas de la tunique Moselund, les manches présentent un arrondi alors que le buste, lui reste coupé de façon plus géométrique.</p>
<p>La cotte est réalisé en sergé de laine bleue. Les coutures et assemblages sont les mêmes que ceux utilisés pour la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/10/08/44-les-dessous-d-une-cotte">reconstitution de la tunique de Kragelund.</a></p>
<p>Elle n'est pas fendue mais les triangles devant, derrière et de chaque côté lui assure une grande ampleur, qui permet de monter à cheval sans gène.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Brodeurs/Brodeur/brodeur-poire.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Crédit photo : Yann Kervran.</em><br />
<em>A son aise dans sa cotte amble, il peut à loisir apprécier une poire bien mûre tout juste cueillie.</em></p>
<p>Le chapeau à bord enroulé est en feutre rouge vif.</p>
<p>Les triangles des côtés partent des épaules sur l'arrière de la cotte et de dessous les aisselles. Ceci offre un grand confort au niveau des épaules.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Brodeurs/Brodeur/brodeur-dos.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Crédit photo : Yann Kervran.</em><br />
<em>Penché sur son ouvrage, il profite de l'aisance apportée par le triangle du dos qui démarre à l'épaule et sur le côté sous sous aisselle.</em></p>
<p>Les godets de devant et derrière sont plissés sur leur pointe.</p>
<p>L'encolure est ornée d'une large applique de laine brodée aux fils de laine. Les points utilisés sont le point fendu, le point de chainette et le point de boulogne. La forme de l'applique de broderie est tirée des décorations visibles sur la Bible de Manerius (Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 0009) :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Brodeurs/Brodeur/C020536.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /><br />
<em>Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 0009 274v</em></p>
<p>L'amigaut (fente verticale de l'encolure) est maintenu par un fermail annulaire en cuivre.
Des fausses lettres ornent le fermail. On a retrouvé (fouilles de Londres) des fermaux, datés des XIIe et XIIIe siècles présentant de telles inscriptions incompréhensibles. Il s'agit probablement d'imitations (réalisée par et/ou à destination d'illettrés) inspirées des pièces plus ouvragées, souvent en argent, en or ou en cuivre doré où l'on retrouve de véritables inscriptions.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/12/04/42-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeur-vers-1200#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Brodeurs/Brodeur/encolure.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Crédit photo : Yann Kervran.</em><br />
<em>Broderies : Callixte</em><br />
<em>L'encolure est ornée d'une large bande brodée de motifs géométriques.</em></p>
<p>De fins galons de laine blanche ont été tissés à même la bordure de l'encolure et des poignets en lieu et place d'un ourlet.</p>
<p>La ceinture est en laine, tissée aux cartons selon la technique du double-face qui permet de réaliser une grande variété de motifs : ici, des lions, des fleurs de lys et des motifs à 4 losanges.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Brodeurs/Brodeur/ceinture.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Crédit photo : Yann Kervran.</em><br />
<em>La ceinture tissée est fermée grâce à une boucle en laiton. On peut voir également les trois plis cousus comme sur la tunique de Moselund.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Brodeurs/Brodeur/lion.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Brodeurs/Brodeur/lys.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Brodeurs/Brodeur/motif-01.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Crédit photo : Yann Kervran.</em><br />
<em>Détail des motifs de la ceinture.</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/12/04/42-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeur-vers-1200#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Else Ostergard, Woven into the earth, Aarhus University Press.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/12/04/42-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeur-vers-1200#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] G. Egan, F. Pritchard, Dress Accessories, Boydel Press, p. 248-249.</p></div>
Les dessous d'une cotte
urn:md5:21615e06c55ef5c052d313eeeeded1b1
2010-10-08T16:48:00+00:00
2023-04-17T14:41:05+00:00
Hémiole
Costumes
Kragelund
XIIe
XIIIe
<p>Reproduction de la tunique de Kragelund (datée au carbone14 1045~1155)</p>
<p>La tunique dite de Kragelund est une cotte d'apparence simple dont la forme peut être rapprochée de certaines représentations de cottes des XIIe et XIIIe siècles.</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/kragelund/02.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>La coupe de la cotte est simple, cependant la couture et les assemblages présentent quelques subtilités intéressantes à reproduire. Ceci nous rappelle que derrière les vêtements médiévaux, il y a toujours un vrai savoir-faire.</p>
<p>L'une des particularité technique de cette cotte est la coupe en 3 parties des manches, qui va créer un peu d'embu au niveau des coudes et apporter de l'aisance.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/kragelund/coude.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Manche de la tunique : on devine le triangle d'aisance de la manche dans lequel vient se loger le coude plié.</em></p>
<p>Else Østergaard l'étudie dans Woven into the earth (2004), j'ai essayé de la reproduire assez fidèlement à 2 exceptions près :</p>
<ul>
<li>L'encolure que j'ai laissée ronde.</li>
<li>L'orientation des goussets des manches. Sur certains croquis, il semble que les goussets d'aisance qui se situent au niveau du coude sont placés <a href="http://www.personal.utulsa.edu/~marc-carlson/cloth/kraglund.html" hreflang="en">à l'avant des manches</a>, <a href="http://www.forest.gen.nz/Medieval/articles/garments/Kragelund/Kragelund.html" hreflang="en">sur d'autres à l'arrière</a>. Sur les photos de la cotte (qui a été remontée, faut-il le préciser) les goussets ont été placés sur l'avant également. Après hésitations et plusieurs essayages, je les ai placés à l'arrière. Cette solution, qui me paraissait plus logique (le gousset sert à donner un peu d'ampleur au coude) semblait également plus confortable pour le porteur.</li>
</ul>
<p>La tunique originale est réalisée dans un sergé 2/1 en laine chaine marron-grise, trame blanche. Je l'ai réalisée en <a href="https://www.naturtuche.de/product_info.php?info=p229_walnut-shell-brown-Wool--light-weight-.html" hreflang="en">sergé de laine marron</a>.</p>
<p>Elle est donnée pour un homme d'une stature de 190cm, j'ai reproduit chacune des mesures en réduisant proportionnellement pour un homme de 180cm (à qui elle était destinée).
La tunique a 4 triangles qui partent de la taille (devant, derrière et sur les côtés). Chaque triangle est plissé au niveau en sa pointe.
Les triangles de devant sont en deux parties (Lorsque l'on évite la gaspillage de tissus au moment de la coupe, on a toujours au moins un triangle en deux parties).
Les dernières études semblent indiquer que la tunique a une particularité que j'ai reproduite ici et que l'on voit rarement (difficile à déceler sur des enluminures) elle n'est fendue que devant.</p>
<p>Pour aller plus loin : <a href="http://1186-583.org/article.php3?id_article=121" hreflang="fr">une autre reproduction de la tunique dite de Kragelund réalisée par Per Braz</a>.</p>
<p>Voici pour une fois, l'envers de la tunique, les points et les assemblages utilisés. Chaque assemblage est fait avec un point particulier répondant à des contraintes spécifiques. Ainsi l'emmanchure sera réalisée avec un point solide, tel autre avec un point plus discret ou tel autre avec une couture plus rapide à réaliser si la solidité n'est pas la priorité.</p>
<p><strong>Ce petit tour d'horizon n'a pas vocation à être une explication technique, mais simplement à montrer la variété du travail de couture.</strong></p>
<p>Le point arrière est souvent utilisé pour les assemblages.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/kragelund/arriere.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>La solidité de la couture rabattue est utilisée pour les emmanchures.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/kragelund/emmanchures.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>A gauche : le point glissé invisible pour rabattre les valeurs de couture, en haut à droite, la couture terminée sur l'envers, et en dessous, la couture d'emmanchure sur l'endroit.</em></p>
<p>Pour les grandes longueurs, par exemple les assemblages des triangles en deux parties, qui nécessites moins de solidité et qui ont besoin d'être très plates, les valeurs de coutures sont rabattues des deux côtés de l'assemblage.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/kragelund/couture-plate.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>Valeurs de coutures rabattues de part et d'autre de l'assemblage sur l'envers et l'endroit.</em></p>
<p>J'utilise également cette finition sur les manches pour éviter les sur-épaisseurs :
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/kragelund/manche-envers.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>La souplesse du point avant est utilisée pour les plis cousus en haut des triangles.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/kragelund/plis.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Les triangles ne sont pas assemblés aux pans devant et derrière au point arrière mais avec une couture spécifique également utilisée pour insérer les gousset d'aisance aux chaperons.
<img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/kragelund/assemb-triangles.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" />
<em>A gauche : la couture d'assemblage des triangles sur l'envers ; à droite : sur l'endroit, la couture au point glissé ; en bas : vue de l'assemblage.</em></p>