Reconstitutions - Mot-clé - touretDémarche de reconstitition. Costume, broderie et parfois cuisine historiques2024-02-02T14:55:05+00:00Hémioleurn:md5:6f3e735670d65f09902a5655522d87c3DotclearL'usage de décors brodés dans l'habillement - introduction.urn:md5:2acec8da944d8586aaab6d9591db8acc2017-08-02T15:22:00+00:002023-04-17T14:35:56+00:00HémioleBroderieAtelier de brodeursaumônièrebroderiecoiffecouchurecouvrechiefFernando de la CerdaHerjolfnesSte Élisabeth de ThuringetouretXIIeXIIIeXIVe<p>Nous avons vu <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/Broderies-%3A-points-utilis%C3%A9s">quelques points de broderie de l'époque</a>|, des<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/11/20/37-a-vos-marques-prets-brodez"> techniques appliquées à la broderie</a>, <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">les costumes</a> des <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/12/04/42-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeur-vers-1200">artisans</a> et <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/10/12/39-un-atelier-de-brodeurs-vers-1200-les-outils">les outils</a>.</p>
<p>La question de l'existence de la broderie n'est évidemment pas sujette à caution, il faut néanmoins s'intéresser <strong>aux usages de ces broderies</strong> : <em>Par qui</em> ? <em>Pour quoi ?</em> sont-elles utilisées. Est-ce que tous les décors brodés sont utilisés de la même manière ?</p>
<p>Ce premier article est une introduction aux différents usages des décors brodés au Moyen-âge dans l'habillement. J'ai écarté le mobilier (civil et liturgique) car la longueur de l'article me semblait déjà suffisante. En outre, je m'accorderai ainsi une pause pour me permettre de traiter ces usages de manière plus approfondie plus tard. Cet article était déjà en préparation depuis plusieurs années, le couper me permet d'enfin le publier sans pour autant en bâcler tout un pan.</p>
<p>Dans les articles à venir également, je vous présenterai quelques exemples de broderies (parfois terminées, parfois <em>en cours</em>) que nous réalisons dans le cadre de l'atelier de brodeurs. Nous évoquerons alors plus en détail les sources, les techniques et les matériaux.</p>
<p>Si <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?pages/Un-atelier-de-brodeurs-vers-1200">l'atelier de brodeurs</a> et les brodeurs eux-mêmes sont fixés dans une aire spatio-temporelle, les ouvrages proposés sont d'origine plus étendue. En effet, la variété des styles de broderies, des écoles, nous semblait aussi primordiale à évoquer pour illustrer la richesse de l'art de la broderie au Moyen-age et, à titre personnel, passionnant à découvrir et approfondir. Nous nous intéresserons donc aux broderies occidentales du XIIe au XIVe siècles !</p> <h2>Introduction : les décors brodés comme marqueur social et symbolique</h2>
<h3>Marqueur social</h3>
<p>A une époque où la <strong>pusillanimité</strong> (où <em>la timidité excessive</em>, que nous appellerions <em>fausse-modestie</em> aujourd'hui) fait partie des précurseurs de nos péchés capitaux aux côtés de l’orgueil (<em>la superbe</em>)<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, s'habiller et se parer conformément à son rang est une question débattue à la fois par les moralistes et par les législateurs. Au cours du XIIIe siècle, le prix et la nature des étoffes, les matières que chacun peut porter selon son rang sera légiféré, au travers de différentes <em>lois somptuaires</em><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Les décorations des vêtements sont, entre autre, un marqueur fort de l'appartenance sociale.</p>
<h3>Des motifs religieux ?</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Sources broderies/.rogerII_s.jpg" alt="rogerII.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="rogerII.jpg, mai 2015" />
<em>Manteau de cérémonie de Roger II de Sicile vers 1130.</em></p>
<p>Les motifs des décors apportés sur les vêtements et le mobilier répondent également à des habitudes. Si des broderies aux motifs religieux nous sont parvenues en très grand nombre, c'est que le mobilier religieux et les trésors ecclésiastiques ont bénéficié d'une meilleure conservation. D.A. Bidon<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, nous apporte des éclairages sur l'usage des motifs des décors laïcs et religieux.</p>
<p>En effet, les décorations des vêtements mais aussi des maisons et mobiliers des laïcs ne semblent que peu imprégnés de scènes religieuses. Ce n'est, semble-t-il, pas au travers de l'art et du décors que la religion imprégnait le quotidien. Les vêtements laïcs ne sont pas décorés de motifs religieux (mis à part quelques boucles ou fermaux gravés de l'inscription <q>Ave Maria</q> <sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>) et les tissus d’ameublement ne le sont que très rarement et encore, uniquement dans les demeures les plus riches (bien que les scènes profanes : chasse, scènes courtoises, aient eues plus de succès, y compris dans les châteaux.)</p>
<p>Entrent dans cette catégorie, certains vêtement royaux ou impériaux. En effet, les insignes royaux sont tout aussi chargés de symbolique que ceux de la liturgie. On peut le constater en partie dans le vocabulaire qui ne semble pas différencier certains ornements royaux des vêtement sacerdotaux (pour la dalmatique, par exemple). Dans ce cas, le vêtement du pouvoir est un vêtement dont la symbolique<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> est aussi chargée que celui du culte.</p>
<h3>Armoiries</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/atelier/Sources broderies/.fortz_s.jpg" alt="fortz.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="fortz.jpg, mai 2015" />
<em>Fragment de broderie héraldique anglaise aux armes de Guillaume de Fortz (décédé en 1260) et de sa seconde femme Isabelle (mariée en 1248). Kay Staniland, Les brodeurs, ed. Brepols, 1992.</em></p>
<p>Avec le développement de l'héraldique, la broderie de blasons se développe peu à peu. Si l'on pense aux cotte d'armes, les aumônières aux motifs héraldiques existent aussi. Elles permettent d'afficher les armoiries de sa maison (exemple l’aumônière XIIIe aux armes de Castille) mais aussi, plus tard, symbole d'union : lors d'un mariage, une aumônière avec les armes des deux familles peut être brodée (Par exemple, l'aumônière aux armes de Guillaume de Fortz et de sa femme Isabelle -mi-XIIIe).</p>
<p>Les vêtements de la famille royale espagnole, retrouvés à Burgos, (nous reviendrons dessus) sont en partie décorés avec les armoiries, mais là encore, il est probable que ces décors soient réservés à un usage purement solennel.</p>
<h2>Usages des broderies</h2>
<h3>Vêtements</h3>
<h4>Broderie directe et coutures décoratives</h4>
<p>Nombreux artefacts conservés ou exhumés lors de fouilles archéologiques, présentent des coutures de finition décoratives. La couture décorative, si elle n'est pas le fruit du travail d'un artisan brodeur est sans doute la principale source de décorations directe sur les vêtements. Selon la technique utilisée (point de boulogne par exemple) elle ne demande pas plus de ressources ni de temps qu'un simple ourlet.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Costume-artisan-1185/robe-orange/.encolure-02_s.jpg" alt="encolure-02.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="encolure-02.jpg, janv. 2013" />
<em>Exemple de reconstitution de coutures décoratives d'après les fouilles du Groenland. Une <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/02/09/26-une-robe-d-artisan-fin-xiie">robe d'artisan au XIIe siècle</a> réalisée en 2008.</em></p>
<p>Les vêtements retrouvés sur le site de Herofjnes<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> présentent ce genre de coutures : ourlets réalisés sur l'endroit du vêtement et fixés avec des rangés de points avant. La tunique de Ste Élisabeth de Hongrie présente un point de feston en lieu et place de l'ourlet<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/cale/.bonnetbrigitte3_m.jpg" alt="bonnetbrigitte3.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="bonnetbrigitte3.jpg, août 2017" />
<em>Bonnet de Ste Brigitte</em></p>
<p>Autre type de couture décoratives que l'on retrouve au moyen-âge sur les coiffes : les broderies ajourées. Un exemple de pièce parvenue jusqu'à nous est la <a href="http://www.medievalsilkwork.com/2008/11/womens-caps.html" hreflang="en" title="Ste Brigitta Coiff">coiffe de Ste Brigitte étudiée en 2008 par Isis Sturtewagen</a>, si elle est datée entre le 13e et le 16e siècle (!) elle correspond en forme aux représentations de coiffe simple que l'ont peut retrouver aux XIIIe et XIVe siècles. Mais d'autres sources viennent confirmer le fait que ce type de coiffe et de couture décorative a pu exister assez tôt, comme sur cette enluminure où le bonnet du baigneur semble avoir une couture décorative en <em>croix</em> en son centre.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/cale/.cale-10_m.jpg" alt="cale-10.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="cale-10.jpg, août 2017" />
<em>De arte venandi cum avibus. 1232 - 1266, Pal.lat.1071</em></p>
<h4>Vêtements brodés directement</h4>
<p>En dehors des coutures décoratives, il n'existe pas de trace de vêtements brodés directement de motifs ou de frises simples. Si les représentations de vêtements décorés sont difficile à interpréter en raison du manque d'information (polychromie sur les sculptures) ou de l'échelle de représentation (miniatures enluminées qui imposent de recourir à des raccourcis graphiques), il ne semble pas non plus que les décorations directes soient très présentes, en général, se sont des bandes de décoration qui semblent appliquées et, une fois encore, leur nature reste sujette à interprétation. On peut l'expliquer de plusieurs façons (qui ne s'excluent pas mutuellement).</p>
<p>La première, comme je tente de le rappeler à travers mes articles, si la broderie peut sembler très présente, elle est réservée à une élite (sociale et financière). Les vêtements ainsi que les matériaux ont des coûts très élevés.
La seconde, qui en découle en partie (mais pas seulement), c'est qu'un vêtement brodé directement est plus fragile et s'entretient moins facilement. Il est également moins durable. A une époque où les vêtements faisaient naturellement partie des héritages, on imagine difficilement jeter une cotte ou un manteau encore en bon état parce que la broderie est abîmée. Les solutions à ce problème sont de deux ordre : soit les vêtements ne sont pas décorés, soit les décorations sont amovibles.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Broderie/Sources/.0xC95FED06E45A6A539A55C4942C50FDC3_m.jpg" alt="0xC95FED06E45A6A539A55C4942C50FDC3.jpeg" style="display:table; margin:0 auto;" title="0xC95FED06E45A6A539A55C4942C50FDC3.jpeg, août 2017" />
<em><a href="http://www.mak.at/jart/prj3/mak-resp/main.jart?rel=en&reserve-mode=active&content-id=1343388632776&article_id=1339957565197&media_id=1342703965567&menu-id=1343388632776" hreflang="en" title="Vêtements de Göss, MAK">Vêtements de Göss, cape, 1260, Musée Autrichien des arts appliqués, Vienne</a>.</em></p>
<p>Néanmoins, des vêtements brodés directement nous sont parvenus. Se sont des pièces exceptionnelles et conservées à ce titre, il faut y voir un usage qui l'est tout autant : vêtements d'apparat que se soit dans le cadre liturgique ou royal (on en revient au manteau de Roger II roi de Sicile cité plus haut, ou le manteau impérial d'Otton IV). Un autre exemple exceptionnel est l'ensemble des vêtements dits de Göss conservés au Museum fur Angewandte Kunst, à Vienne.</p>
<h4>Appliques de galons et décors brodés</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/Broderie/Sources/.Adlerdalmatika_01_small_m.jpg" alt="Adlerdalmatika_01_small.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Adlerdalmatika_01_small.jpg, août 2017" />
''Dalmatique aux aigles, regalia du St Empire Germanique, 1350.<br />
<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3AAdlerdalmatika_01.jpg" hreflang="en">Photo: Andreas Praefcke, via Wikimedia Commons.</a></p>
<p>Des médaillons brodés et appliqué se retrouvent essentiellement dans des contextes solennels (religieux, royaux, impériaux), comme par exemple sur la <em>Dalmatique aux aigles</em> (insigne du Saint Empire romain).</p>
<p>Des galons peuvent être appliqués sur certaines parties des vêtements des nobles. En se basant sur l'iconographie du costume il est difficile de déterminer la technique de fabrication de ces galons mais on peut supposer que certaines puissent être brodés. J'ai discuté de l'opportunité de réaliser de tels galons dans mon article sur le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260">costume noble au XIIIe</a>, les romans et autres textes littéraires médiévaux nous indiquent que des bandes d'orfrois pouvaient être appliquée sur les tenues les plus riches. Ces indications doivent toujours être remises dans le contexte de la production littéraire, en effet, comme je le notais dans mon article sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode féminine au XIIIe siècle</a>, <q>Un roman courtois au XIIe siècle était, dans une certaine mesure, une chronique de mode ; on attendait de lui la description de robes de grand luxe et de chefs-d'œuvre de haute couture.</q><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup></p>
<h3>Accessoires</h3>
<h4>Aumônières</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/aumoniere_1180.JPG" alt="aumoniere_1180.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="aumoniere_1180.JPG, mai 2013" />
<em>Aumônière en soie, fin XIIe conservée à Chelles.</em></p>
<p>Les aumônières, objet du quotidien chargé de sens, peuvent être brodées. Les exemples ne manquent pas, à ce sujet, je vous propose de vous reporter à mon <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere">article sur les aumônières</a>.</p>
<h4>Ceintures</h4>
<p>Si la plupart des ceintures précieuses qui nous sont parvenue sont plutôt décorée grâce à des techniques de tissages à carte sophistiquées ou des appliques de joaillerie, la ceinture semble faire partie des accessoires qui peuvent être brodés. Dans <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2009/12/07/38-proposition-de-reconstitution-d-un-costume-de-brodeuse-vers-1200">mon article sur le costume de brodeuse fin XIIe</a>, je citais <em>le roman de la rose ou de Guillaume de Dole</em> :</p>
<blockquote><p>Savez vous de quele feture
Cele ceinture estoit ouvrée ?
El estoit de fin or broudée
a poissonez et a oisiaus.</p></blockquote>
<p>Le roman de la rose, Jean Renart, 1210</p>
<p>On peut s'interroger sur la réalité qui se cache derrière le mot <em>broudée</em> dans cet extrait du Roman de la rose ou de Guillaume de Dole.</p>
<p>En effet, est-ce que coudre des appliques sur une ceinture tissée peut être qualifié de broderie ?</p>
<p>Est-ce que la technique de brochage en tissage à carte peut être assimilé ou désigné poétiquement par ce terme ? Dans cette <a href="https://mickytissages.wordpress.com/2014/02/09/un-defi-broche-a-brocade-challenge/" hreflang="fr" title="Galon broché -L'atelier de Micky">reconstitution de galon, Micky a réalisé un motif de petits oiseaux</a>. Le <a href="https://mickytissages.wordpress.com/2016/02/13/tuto-video-le-tissage-aux-tablettes-broche/" hreflang="fr" title="Vidéo de tissage broché - L'atelier de Micky">va et viens du fil broché</a> peut ressembler à du point compté en broderie ?</p>
<p>Un autre exemple de ceinture brodée est la ceinture de Ferdinand de la Cerda. En soie tissée, elle est richement brodée de perles qui forment des motifs héraldiques.</p>
<h4>Chapeau, bonnets, cales</h4>
<p>Outre les bonnets masculins ou féminins que nous avons évoqué plus haut qui nous offrent de magnifiques exemples de coutures décoratives, la décoration des couvre-chef fait une fois partie de ces exemples difficiles à appréhender. En effet, les coiffes décorées qui nous sont parvenues sont celles de la famille royale espagnole avec la coiffe de l'infante de Castille et le chapeau de Ferdinand de la Cerda :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/aumoniere-bourses/.4_m.jpg" alt="4.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="4.jpg, août 2017" />
<a href="http://www.museodeburgos.com/index.php?option=com_content&task=section&id=16&Itemid=149" hreflang="es">Bonnet de Fernando de la Cerda (1255-1275). Brodé de perles aux armes de Castille et Leon comme l'ensemble de ses vêtements, Museo de Telas Medievales de Burgos.</a></p>
<p>On le voit encore une fois, il s'agit d'une pièce entièrement brodée aux motifs symboliques. Difficile d'en tirer une généralité sur la décoration des coiffes car c'est justement sur l'<strong>extravagance</strong> de son chapeau que se concentrent le pire des moqueries dans Helmbrecht le fermier.</p>
<p>Dans les représentations, en dehors des frontels richement décorés de pièces d’orfèvrerie, le retable de l'Enfance du Christ de la chapelle de la Vierge de la Basilique de St Denis, présente une <a href="http://damesihame.canalblog.com/archives/2015/07/08/32329516.html" hreflang="fr" title="Touret d'après le retable de St Denis">femme au touret dont on peut deviner une trace de décoration en polychromie</a>. Ici encore, difficile de trancher sur la réalité matérielle qui se cache derrière cette sculpture, mais on devine encore une fois qu'il nous manque des informations pour tirer des conclusions définitives. S'il semble que les broderies de la coiffe de Ferdinand de la Cerda sont réservé à une élite et un usage solennel (ce qui est probablement l'erreur d'Helmbrecht), il ne faut probablement pas l'interpréter <q>l'idéal de simplicité</q><sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup> comme une absence de décorations ou de broderies.</p>
<h2>Conclusion et perspectives de reconstitution</h2>
<p>Ce tour d'horizon est volontairement (une fois de plus) assez généraliste et les exemples que j'ai utilisés s'étendent sur 3 siècles et presque toute l'Europe ! Mais si, dans une optique plus fine de reconstitution, il faut prêter attention aux variations parfois subtiles, aux changements de mode, les grandes lignes dégagées ici me semblent toujours valables. Les décors brodés (mais pas uniquement) sont des marqueurs fort. A la fois économique, sociaux et symboliques.</p>
<p>Toutefois, comme souvent pour cette période, la documentation sur les catégories sociales intermédiaires nous fait cruellement défaut et les artefacts conservés souffrent probablement d'un grand biais de conservation. On l'a vu à plusieurs occasions, on peut se trouver face à des problèmes d'interprétation.</p>
<p><em>Est-ce que la ceinture brodée de la belle Liénor est un indice suffisant pour proposer des ceintures brodées pour la haute société en dehors de la famille royale espagnole ?</em></p>
<p><em>Est-ce qu'il faut impérativement bannir la broderie des bonnets et autres coiffes sous peine d'être la cible de moqueries comme Helmbrecht le fermier ou la mesure et la conformité aux usages de son rang permettent de s'autoriser à décorer son couvre-chef ?</em></p>
<p>Plutôt que d’énoncer des règles strictes d'usage, je préfère laisser à chacun le soin de se forger son opinion éclairée sur ce qu'il est raisonnable ou non de réaliser.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Carla Casagrande, Silvana Vecchio. Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge. Aubier, 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Heller, Sarah-Grace. Fashion of medieval France. Boydell & Brewer, Cambridge. 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Alexandre-Bidon, Danièle. Une foi en deux ou trois dimensions ? Images et objets du faire croire à l'usage des laïcs. Annales. Histoire, Sciences Sociales, Année 1998, Volume 53,</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Egan G., Pritchard F. ; Dress Accessories ; Boydel Press. p.255</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Alcamo, Jean-Claude. Le manteau de Roger II roi de Sicile, Réinterprétation de la symbolique de l'image. Histoire et Images Médiévales n°42. Février - Mars 2012.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] Ostergard, Else. Woven into the earth.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Anderlini, Tina. Le costume médiéval au XIIIe siècle, Heimdal.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] J. Frappier, Étude sur Yvain ou le chevalier au lion de Chrétien de Troyes, Paris, SEDES, 1969</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/02/12/48-l-usage-de-decors-brodes-aux-xiie-et-xiiie-siecles#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] Expression de Gil Bartholeyns dans : Bartholeyns G., L'enjeu du vêtement au Moyen-âge ; Le corps et sa parure, 2007.</p></div>
Un costume de femme de la noblesse vers 1260urn:md5:f7ff7066600450840ebe9bedb1bc503b2013-09-23T12:03:00+01:002023-04-17T14:39:21+01:00HémioleCostumesaumônièrebroderiechemisecostumes historiquefiletmanteauroberésilles à cheveuxsurcottouretXIIIe<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-01.jpg" title="Froid"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-01_m.jpg" alt="noble-XIII-01.jpg" title="noble-XIII-01.jpg, oct. 2013" /></a></p>
<p>Voici une proposition de reconstitution d'un costume d'une femme de la noblesse du 3ème quart du XIIIe siècle. Il est fortement influencé par la mode germanique.</p>
<p>Sa spécificité est de proposer une robe riche, décorée, conforme à la mode de l'époque tout en conservant une certaine bienséance. En effet, dès que l'on s'attaque au costume de la noblesse, la symbolique et la signification du vêtement gagne encore en importance : on est défini par le costume.</p>
<p>Les détails, tels que les différentes habits qui composent cette robe, ainsi que la coupe des vêtements, les matériaux qui les composent, les décorations, les accessoires, tout doit être pensé en fonction de ce que l'on souhaite montrer de sa personne et de son rang.</p>
<p>N'hésitez pas à vous reporter à mon précédent article pour plus de détails sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode féminine au XIIIe siècle</a>.</p> <p>Le costume est composé :</p>
<ul>
<li>d'une chemise en lin fin et blanc</li>
<li>d'une cotte en soie, largement plissée et brodée aux poignets</li>
<li>d'un surcot de fin sergé de laine</li>
<li>d'un manteau de laine, garni de fourrure au col</li>
<li>d'une coiffe : une résille en soie et un touret</li>
<li>d'une ceinture portée sur la cotte</li>
<li>d'une aumônière brodée</li>
<li>de deux fermaux : l'un en argent fermant l'amigaut de la cotte, le second, émaillé porté sur le surcot pour maintenir le manteau</li>
<li>chausses et chaussures</li>
</ul>
<h2>Vêtements</h2>
<h3>Cotte</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.P1050733_m.jpg" alt="P1050733.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="P1050733.jpg, fév. 2013" />
<em>La cotte en soie verte à chevron.</em></p>
<h4>Tissu</h4>
<p>Le tissu utilisé pour cette cotte est un sergé à chevrons de soie verte. Les tissages de soies en chevrons à cette époque sont appelé <em>drap d'arrest</em> et semblent être utilisés dans la confection de qualité.</p>
<h4>Coupe</h4>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.Gerburg_m.jpg" alt="Gerburg.jpg" title="Gerburg.jpg, mar. 2013" />
<em>Gerburg de Naumbourg, Cathédrale de Naumbourg, Allemagne, 1250 -1260.</em></p>
<p>La coupe est simple. L'ampleur est obtenue, comme pour <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250">la cotte de Ste Claire</a> et <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230">la tunique de Ste Elisabeth</a>, par l'ajout de godets latéraux.</p>
<p>Cependant, comme on peut le remarquer sur ces statues, le godet situé sous les aisselles est largement plissé, sur les trois exemples, les plis sont très réguliers et ordonnés.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.mi12568b05a_m.jpg" alt="mi12568b05a.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mi12568b05a.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Magdebourg, Allemagne, Portail du Paradis, Vierge Sage, mi-13e siècle.</em></p>
<p>Sur la proposition de reconstitution de robe noble présentée ici, j'ai donc réalisé une série de plis canons qui assurent un plissé ordonné à ce godet. En fait, plus que les pans de devant et derrière, c'est lui qui assure l'essentiel de l'ampleur de la robe. En effet, si l'on observe certaines statues de cette période, les plis partant de sous les bras et se prolongeant vers l'avant trahissent une tension résultant de pans de devant de moyenne ampleur et de godet latéraux compensant.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-04.jpg" title="Enfiler le manteau"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-04_m.jpg" alt="noble-XIII-04.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-04.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>Pendant qu'elle enfile son manteau, on peut voir l'ouverture, proche des emmanchures du surcot, ainsi que les plis formés sous les bras pour insérer un godet d'une grande ampleur.</em></p>
<h4>Broderies</h4>
<p>Les poignets de la cotte présentent des bandes brodées.</p>
<p>Ces bandes de décoration s'intègrent dans ce projet car elles permettent de souligner les mains.</p>
<p>Sur certaines enluminures, on peut observer des bandes décorées, dorées aux poignets uniquement :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.blanche-de-castille_m.jpg" alt="blanche-de-castille.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="blanche-de-castille.jpg, fév. 2013" />
<em>Blanche de Castile et le roi Louis IX ; Bible moralisée, Paris 1230 ; Pierpont Morgan Library ; MS M.240 (fol. 8).</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.m729.001v_m.jpg" alt="m729.001v.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="m729.001v.jpg, fév. 2013" />
<em>Bernard V de Montreuil, Yolande de Soissons et leurs enfants ; Psautier Livre d'heures de Yolande de Soissons ; Amiens 1280 ; Pierpont Morgan Library ; MS 729 (fol. I v).</em></p>
<p>Les bandes sont en taffetas de soie, les broderies, sont réalisées au fil de soie brodé au point fendu et ornées de quelques perles de culture.</p>
<p>Le motif floral s'inspire du motif figuré sur ce gisant :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.mi02149d02a_m.jpg" alt="mi02149d02a.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="mi02149d02a.jpg, fév. 2013" />
<em>Statue d'Henry II de Luxembourg, 1260, Abbaye de Maria Laach, Allemagne.</em></p>
<p>Si, sur cette statue de la Cathédrale de Naumburg, il semble qu'une bande décorée soit représentée sur l'encolure, j'ai, dans le cadre de ce projet, choisi de ne pas en ajouter au col. En effet, pour ne pas surcharger l'ensemble, le col est simplement agrémenté d'un fermail en argent.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/.bamberg_1_m.jpg" alt="bamberg_1.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="bamberg_1.jpg, fév. 2013" />
<em>Ute de Naumburg, Cathédrale de Naumbourg, Allemagne, 1250-1260.</em></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-05.jpg" title="Le cou."><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-05.jpg" alt="noble-XIII-05.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-05.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>Alors qu'elle désigne son cou, les broderies font ressortir la main? Le surcot, lui est orné d'un fermail émaillé.</em></p>
<h3>Surcot</h3>
<p>Un surcot en laine rouge vif est porté par dessus la cotte. Il est réalisé en sergé de laine à motifs losanges.</p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-08.jpg" title="Ajuster les fourrures."><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-08_m.jpg" alt="noble-XIII-08.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-08.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>Réajuster ses fourrures est l'occasion de montrer l'ensemble der la silhouette et la coupe du surcot.</em></p>
<p>L'emmanchure du surcot est peu ample. Ce type de surcot aux ouvertures des bras serrées sont les plus fréquents à cette période. Sur un dessin de Villard de Honnercourt, on peut observer un surcot ouvert jusqu'à la taille. Il faut cependant noter que le pan de devant est encore très large et bien qu'ouvert assez bas, ce surcot est encore très loin des formes à fenêtres d'enfer.</p>
<p>Pour assurer une grande ampleur au sol, des godets latéraux ont été ajoutés, mais aussi des godets centraux partant de la taille. Des ouvertures sont ménagées sur l'avant du surcot dans une couture afin d'accéder facilement à l'aumônière portée sur la cotte. Ces fentes peuvent également être situées sur le pan de devant<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h3>Coiffe</h3>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-03.jpg" title="Chevelure."><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-03_m.jpg" alt="noble-XIII-03.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-03.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>La coiffe composée d'une résille et d'un touret laisse largement entrevoir la chevelure. Cependant, on peut insister sur celle-ci lorsque l'on se recoiffe.</em></p>
<p>Le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/07/19/31-le-touret-et-la-barbette">touret</a> porté est réalisé en lin blanc. Il s'agit d'un modèle bas et fortement plissé, plus caractéristique des tourets de la seconde moitié du XIIIe siècle.</p>
<p>Résille à cheveux <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2007/04/07/12-la-technique-du-filet">en filet</a> de soie agrémenté de grenats, réalisé par Perline.</p>
<h3>Manteau</h3>
<blockquote><p>Et ces comtesses en samiz
et en draz d'or emperials
em pur lor biax cors sanz mantiaus</p></blockquote>
<p><em>Et ces comtesses habillées de samit et de brocart impérial sans manteau pour cacher la beauté de leur corps !</em><br />
<em>Le romande la rose ou de guillaume de Dole, Jean Renart, vers 200-202.</em></p>
<p>Le costume n'est complet que lorsque le manteau est porté. Lors de fêtes, lorsque pour danser, les femmes ôtaient leur manteaux, certains moralistes y voyaient un signe d'invitation à la fornication.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/noble-XIII-07.jpg" title="noble-XIII-07.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.noble-XIII-07_m.jpg" alt="noble-XIII-07.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="noble-XIII-07.jpg, oct. 2013" /></a>
<em>Pour une promenade dans la plus pure bienséance, le port du manteau est indispensable. On peut néanmoins maintenant un pan remonté d'une main de sorte à dévoiler la silhouette.</em></p>
<p>Le manteau est coupé en forme de trapèze auquel s'ajoute plusieurs pièces triangulaires pour lui donner de l'ampleur, sans être excessive, sa longueur, lorsqu'il est porté lâche aux épaules, laisse une légère traine se former.</p>
<p>Il est réalisé dans un sergé de laine rouge et doublé d'une fine laine blanche en armure toile. La doublure de laine (par rapport au lin), permet d'éviter d'accumuler trop d'humidité par la doublure. De même sur un sol mouillé, étant donné que ce manteau traine par terre, la laine ne se gorgera pas d'eau, contrairement au lin.</p>
<p>Un col de fourrure est rapporté sur l'envers. Si ce type de col rapporté semble fréquent sur les sources germaniques, on en trouve également sur certaines sources françaises :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/d27d01.jpg" alt="d27d01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="d27d01.jpg, fév. 2013" />
<em>Carnets de Villard de Honnecourt ; BNF ; Département des manuscrits, Français 19093, fol 27.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/sources/stjean3-joigny.jpg" alt="stjean3-joigny.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="stjean3-joigny.jpg, fév. 2013" />
<em>Tombeau d'Aélis de Bourgogne, Église Saint-Jean de Joigny, 1260.</em></p>
<p>Le cordon qui maintient le manteau en place est en soie tressée. Il peut être retenu au moyen de la main, mais un fermail émaillé est utilisé afin de le maintenir en place.</p>
<h2>Accessoires</h2>
<h3>Fermaux</h3>
<p>Plutôt que des broderies à l'encolure, un fermail en argent vient clore l'amigaut et sert de décoration pour mettre en valeur le cou.</p>
<p>Un second fermail, émaillé, peut être porté sur le surcot afin d'aider à maintenir le cordon du manteau.</p>
<h3>Aumônière</h3>
<p>Une <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/La-bourse-ou-l-aumoniere">aumônière</a> richement <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/03/12/29-bourse-xiiie-en-soie-decoree-d-un-filet-en-or-et-perles">décorée d'or et de perles</a> est accrochée à la ceinture sur la cotte.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/nobl-1250/.aumioniere_m.jpg" alt="aumioniere.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="aumioniere.jpg, fév. 2013" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Les vêtements des fouilles Herjolfsnes présentent ces fentes pratiquées soit dans une couture, soit au milieu d'un pan.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/02/05/Un-costume-de-femme-de-la-noblesse-vers-1260#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] C. Casagrande, S. Vecchio ; Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge ; Aubier ; 2003.</p></div>
Un costume de "fausse" courtisane vers 1250urn:md5:1f188a9a7930e8a820b927b63f3502722013-02-07T15:21:00+00:002023-04-17T14:40:04+00:00HémioleCostumesbroderiecoiffecotteMaciejowskiSte ClairetouretXIIIe<p>Le costume présenté, daté vers 1250 est une proposition de reconstitution d'une <em>imitation</em> de costume noble. Le <em>courtisan</em> à cette époque est une personne évoluant dans la cour, il n'a pas le sens péjoratif que nous pouvons lui donner aujourd'hui. Il s'agit donc d'un costume de <em>fausse</em> courtisane dans la mesure où il s'agit d'une tentative de montrer par une richesse démesurée un rang supérieur dans la société.</p>
<p>En effet, la grande ampleur de la cotte, sa traine et ses décorations en font un vêtement plutôt exceptionnel. Cependant, le tissu et certaines matières utilisées (perles en nacre et non perles naturelles) montrent que la réalisation est au dessus des moyens réels du porteur.</p>
<p>Très fort marqueur social, le costume pouvait en effet essayer de faire passer son porteur pour plus riche qu'il n'était (et cette tendance a largement perduré au cours des siècles, bien au delà du Moyen-âge) c'est à ce genre de comportement que nous devons beaucoup de lois somptuaires : règlements qui déterminent ce qu'il est bienséant de porter selon son rang, sa richesse. Si les questions de morale liées au costume nous sont parvenus et que la bataille des représentations semble avoir été gagnée par ces moralistes, le fait que certaines garde-robes aient contenu plus que nécessaire semble indéniable. Les plus difficile lorsque l'on tente de proposer une reconstitution est de déterminer dans quelle mesure le vêtement ne respectait pas les codes et où précisément se situaient les infractions.</p>
<p>La pièce principale de ce costume, la cotte a été réalisée d'après la tunique de Ste Claire dans une approche d'étude et de compréhension des artefacts qui nous sont parvenus.</p> <p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/courtisane/.coud_m.jpg" alt="coud.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="coud.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Tenue portée lors de la reconstitution de la bataille de Muret</em></p>
<h2>Tunique de Ste Claire</h2>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/courtisane/sources/.ste-claire-autel_m.jpg" alt="ste-claire-autel.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ste-claire-autel.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Panneau peint représentant Ste Claire, daté de 1280.</em></p>
<p>La tunique est réalisée d'après les relevés de la tunique de Ste Claire. Conservée à Assise, cette tunique est réalisée dans une laine brune. C'est la robe d'une clarisse, ordre <em>pauvre</em> fondé par Ste Claire. Cependant Ste Claire était issue de famille noble. Par sa forme, sa tunique ample te longue reste conforme aux canons de l'époque et aux représentations. Elle est donc intéressante dans l'étude des attributs qui rendent un costume non conforme à son rang.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/sources/xti_0838p.jpg" alt="xti_0838p.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="xti_0838p.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Tunique et manteau de Ste Claire conservés à Assise.</em></p>
<h3>Tissu</h3>
<p>La cotte est réalisée dans une soie de très basse qualité et doublée de lin. La robe est réalisée selon les canons de mode les plus élégants mais dans un tissu qui laisse apparaître une richesse moindre.</p>
<p>La question de la présence de soieries de basse qualité, notamment fabriquée avec les déchets des cocons, en occident est récurrente. Voici un petit point sur les références que j'ai pu réunir à ce sujet :</p>
<p>La première mention de soie tissée à partir de déchets de filature est byzantine et date du Xe (un texte décrivant le détail du trousseau d'une jeune femme modeste) elle se nomme <em>koukoularikon</em>.</p>
<p>Avant le XIIIe siècle, les soieries étaient importées. Mais, loin de se limiter aux étoffes les plus chères, le commerce de la soie était très répandu et très lucratif. En effet, facile à transporter (ça ne casse pas), les auteurs ayant étudié ces échanges laissent entendre que les chargements contenaient plusieurs qualités de soies ainsi que de la soie brute (elle était filée et tissée en France avant d'y être cultivée).<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>Au XIIIe siècle, la fabrication de la soie s'implante en occident. D'abord en Italie et en Espagne puis assez rapidement dans le sud de la France. Il semblerait qu'à cette période, le Languedoc soit spécialisé dans la production de soieries de moindre qualité<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Une relique datée du XIIIe siècle, provenant de Comps-sur Artuby (Var) est une étoffe tissée avec les déchets des cocons de soie<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Pour conclure à partir de ces exemples de fragments de soie tissée à partir de déchets, la dispersion dans le temps (10eme au 14eme), les régions (Byzance, Venise, Provence, Anatolie) et des milieux sociaux et culturel différents tendraient à prouver que les soies de second choix sont assez largement diffusées.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></p>
<h3>Coupe</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/sources/macie-01.jpg" alt="macie-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="macie-01.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Bible de Maciejowki, f. 29R : David ramène la tête de Goliath est accueilli par des femmes chantant.</em></p>
<p>La cotte a été taillée d'après le relevé de la tunique de Ste Claire <a href="http://www.personal.utulsa.edu/~marc-carlson/cloth/clara.htm" hreflang="en" title="Relevé de la tunique de Ste Claire">proposé par Marc Carlson</a>. Il s'agit d'une robe, très longue, ample et présentant 6 godets latéraux (3 de chaque coté) :</p>
<ul>
<li>le premier partant de l'épaule sur l'arrière de la robe,</li>
<li>le deuxième s'insérant sous le gousset de la manche,</li>
<li>le troisième devant démarre sous l'emmanchure.</li>
</ul>
<p>Les godets latéraux sont cousus de sorte à projeter le volume et l'ampleur vers l'arrière : droit fil contre biais, le biais étant toujours cousu vers l'arrière du vêtement. Tout comme sur la <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230">tunique de Ste Élisabeth</a>, aucun godet central n'est présent. Cependant, avec 6 godets latéraux, l'ampleur est largement suffisante.</p>
<p>Conformément à certaines représentation (voir bible de Maciejowski) la cotte présente une traine de 60cm environ sur l'arrière. Elle est le reflet de la mode de l'époque qui affiche sa richesse au travers des grandes quantités de tissu nécessaire à la réalisation d'une pièce de vêtement. Cette extravagance est fortement dénoncée et sera bien souvent règlementée au travers des lois somptuaires.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup></p>
<p>L'encolure est ronde, sans amigaut.</p>
<p>Les manches sont évasée à l'emmanchure et très resserrées aux poignets : il faut les coudre directement sur la personne pour pouvoir les refermer. Cette particularité des robes du XIIIe siècle nous est parvenue au travers de textes littéraires. On observe cependant des boutons aux poignets sur certaines représentations.</p>
<p>Le patron des manches en 4 parties est très économique en tissu : une parie pour le corps principal, qui se resserre aux poignets, deux triangles ajoutés en haut de la manche pour donner son ampleur à l'emmanchure et se termine sous le coude pour y donner l'aisance. Un petit gousset s'insérant dans un des godet latéral permet, non pas d'augmenter l'aisance comme sur certains modèles (celle-ci n'en n'a pas besoin), mais de <em>gommer</em> la jonction manche-corps : la manche s'insère ainsi dans le corps de la robe sans démarcation nette.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/deff.jpg" alt="deff.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="deff.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Cotte portée pour jouer de la musique : on observe que la manche s'intègre au corps sans démarcation nette. Techniquement, la manche s'insère au niveau de la ceinture.</em></p>
<h3>Décorations</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/courtisane/broderie.jpg" alt="broderie.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="broderie.jpg, janv. 2013" /><br />
<em>Détail des broderies : les bandes de taffetas sont appliquée sur la robe au point de boulogne réalisé en soie blanche.</em></p>
<p>Des bandes brodées sont ajoutées à l'encolure et aux poignets. Ces bandes sont en taffetas de soie brodé de soie et de perles en nacre.</p>
<p>Ces broderies peuvent sembler excessives pour la période, l'iconographie du costume féminin au milieu du XIIIe siècle n'en montrant que très rarement. L'usage de broderies voyantes est même moqué dans certaines textes<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup>. Cependant, des représentations<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> nous laissent deviner quelques décorations sur les vêtements de la noblesse, mais uniquement aux poignets. L'ajout d'une bande brodée à l'encolure témoigne ici de la volonté d'afficher plus de richesse que les codes en vigueurs ne le suppose. Quoi qu'il en soit le choix de l'emplacement de ces bandes brodées : aux poignets et au col est fait dans le but de souligner et mettent en valeur deux éléments de la féminité et de la sexualisation du costume XIIIe féminin : les mains et le cou.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume%20XIIIe%20riche/Robe-temp/finition-bas-temp-01.JPG" alt="finition-bas-temp-01.JPG" style="display:table; margin:0 auto;" title="finition-bas-temp-01.JPG, janv. 2013" />
<em>Bas de la robe : le cordon tissé à même se positionne sur la tranche de la robe réalisant la jointure entre le dessus et la doublure.</em></p>
<p>Les ourlets de la cotte sont remplacés par un cordon de soie tissé à même. Ce type de finition, très fréquent sur les vêtements de l'époque ajoute une touche décorative ainsi qu'une finition très propre à l'ensemble : le bas n'est ni alourdi ni épaissi par un ourlet cousu.</p>
<h2>Coiffe</h2>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/07/19/31-le-touret-et-la-barbette">La coiffe est un touret en lin</a>. Assez bas et sans plis, il est porté sur une simple tresse. Le touret se porte de différente manières à l'époque. Si le touret en lui même est un marqueur social, la manière de le porter l'est également. La barbette (bande de tissu passant sous le menton) il est probablement une coquetterie de femme cherchant à masquer les marques de l'âge (double menton ...), de même qu'un bonnet blanc plus covrant peut être porté sur une chevelure grisonnante.</p>
<p>Le touret est une coiffe noble ou riche. L'exemple illustrant le mieux ceci est la vie de <a href="http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/vitrail_vie_st_julien_hospitalier/index.htm" hreflang="fr" title="Vitraux de Chartres : la vie de St Julien l'Hospitalier">St Julien l'Hospitalier sur les vitraux de la Cathédrale de Chartres</a> : D'extraction noble, la mère puis la femme de St Julien portent le touret, jusqu'à ce qu'il fasse pénitence, vœux de pauvreté, sa femme porte alors une guimpe.</p>
<p>Ici, il est porté sur cheveux tressés. En effet sur les scènes de fêtes et de musique, les femmes (probablement jeunes) représentées sont <em>coiffées</em> mais la chevelure n'est pas dissimulée.</p>
<h2>Conclusion et perspectives</h2>
<p>Si, dans le texte du conte moral Helmbrecht le fermier, le costume décrit est décoré de manière quasi invraisemblable :</p>
<blockquote><p>Jamais sur une caboche paysanne on ne vit coiffure plus riche que celle d'Helmbrecht. Près de l'oreille droite du rustre, était brodé sur le bonnet le siège subi par Troie quand le téméraire Pâris eut ravi l'épouse des Grecs. <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/..." title="...">...</a> et devant, sur les épaules, on y voyait une danse de broderie de soie brillante. Et ailleurs encore une floraison d'alouettes et d'éperviers d'or <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/..." title="...">...</a>.</p></blockquote>
<p>il ne faut pour autant pas prendre cette description au pied de la lettre. On le voit, loin de proposer un vêtement tout à fait excentrique et très éloigné des représentations qui nous sont parvenues, c'est dans les détails (emplacement, nature des décorations, qualité du tissu) qu'il faut chercher les marques sociales du vêtement et leurs transgressions.</p>
<p>Ce costume est à mettre en perspective avec un autre costume mi-XIIIe, de la noblesse, respectant les codes qui sera présenté ultérieurement. Enfin, pour compléter cette série de costumes féminins du XIIIe siècle n’hésitez à lire l'article sur <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle">la mode féminine au XIIIe siècle</a>, qui propose un tour d'horizon de la mode et les difficultés à proposer des reconstitution cohérentes et complète de costumes.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] David Jacoby, Silk economoics and Cross-cultural Artistic Interaction : Byzantium, the Muslim World, and the Christian West, 2004, Dumbarton Oaks Papers 58, pp. 197-240.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] S. Desrosiers ; Draps d'Areste (II). Extension de la classification, comparaisons et lieux de fabrication ; Techniques & culture, juil.-déc. 1999, 34 : Soieries médiévales.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] D. Cardon ; Silk for saint Andrew : newly discovered relic wrappings from mountain churches in the south of France ; Textilien aus Archäologie und Geschichte , pp. 209-213 ; 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] D. Jacoby ; voir ci-dessus.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] S. G. Heller ; Sumptuary Legislation in France, Languedoc and Italy. </p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] par exemple dans Helmbrecht le fermier, conte moral ; G. Bartholeyns ; L'enjeu du vêtement au Moyen âge ; Le corps et sa parure ; SISMEL - EDIZIONI DEL GALLUZO ; 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] La statue en pied polychrome d'Ute de Ballenstedt, Cathédrale de Naumburg ou le portrait de Bernard V de Moreuil dans le livre d'heures de Yolande de Soisson ; The Pierpont Morgan Library, ms. 729, fol. I v. ou encore le portrait de Blanche de Castille dans la bible moalisée, The pierpont Morgan Library, MS M.240 (fol. 8)</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] C. Casagrande, S. Vecchio ; Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge ; Aubier ; 2003.</p></div>
La mode féminine au XIIIe siècle : aperçu et perspectives de reconstitutionurn:md5:8f575a036f16f43b594eb444b725a0a82012-12-29T15:23:00+00:002023-04-17T14:40:12+00:00HémioleCostumesaumônièrecoiffecostumes historiquecotteMaciejowskimanteausurcottouretXIIIe<p>Entre l'excentricité de la mode du XIIe siècle fortement influencée par l'orient et Byzance et la révolution de la mode au XIVe siècle qui dévoile de multiples façons un corps modelé<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, le XIIIe siècle est souvent considéré comme une période de non mode. Une période où la parure serait absente des considérations de la haute société. C'est dû en grande partie au règne de Louis IX, St Louis, réputé pieux et austère (ceci au travers des témoignages de ses contemporains<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>) et l'on obtient le parfait cocktail pour une méconnaissance de la mode et des usages vestimentaires.</p>
<p>Alors le XIIIe siècle, règne du sac à navets ou de l'élégance ? Au delà de cette question de <em>look</em>, ce sujet nous amène également à nous interroger sur la démarche de reconstitution du costume au XIIIe siècle.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Odile Blanc ; Parades et parures, L'invention du corps de mode à la fin du Moyen Age ; Gallimard ; 1997.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Voir le témoignage de Jean de Joinville lors de la pentecôte à Corbeil.</p></div>
<p>Si réaliser, proposer ou reconstituer un costume d'une période donnée n'est pas faire ou écrire l'histoire du costume (puisque l'on se place dans le cas particulier, que le costume se veuille représentatif ou non), il faut néanmoins connaître un minimum cette histoire et au delà des formes et des silhouettes du costume, comprendre les usages et la sociologie du vêtement<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<h2>Contexte économique, social, historique et politique</h2>
<p>Nous n'allons pas ré-écrire l'histoire du XIIIe siècle. Le XIIIe siècle est souvent considéré comme une période stable et florissante du Moyen Age. Citons le développement des cathédrales, des universités, des villes nouvelles. On pourrait s'attendre en parallèle à une explosion vestimentaire, une transposition dans la mode de cet <em>âge d'or</em>. Ce n'est pourtant pas ce qui saute aux yeux dans les représentations du vêtement.</p>
<h3>Et le textile dans tout ça ?</h3>
<p>La fin du XIIe siècle a vu une première révolution industrielle<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Le textile a même fait sa révolution vers 1165. La draperie (tissu de laine) a connu un essor à cette période et constitue toujours le textile le plus utilisé à cette période<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Les tissus luxueux, comme les soieries, sont importées massivement, du moyen-orient, mais également d'Italie et d'Espagne qui développent les ateliers copiant les techniques orientales. On retrouve ces tissus dans les foires de Champagne.
Le travail de la soie fait également ses premiers pas en France. La sériciculture apparait au XIIIe siècle en Ardèche et des ateliers de tissages sont implantés dans le Languedoc (Montpellier et Alès).<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></p>
<h2>Observations : l'iconographie du costume féminin</h2>
<h3>L'enluminure</h3>
<p>Les enluminures nous apportent une vision très uniforme de la mode de la haute société du XIIIe siècle, que l'on observe les costumes de l'inévitable bible dite de Maciejowski ou d'autres manuscrits (Vie de St Louis ...), se sont des cottes amples et longues, unies sans décorations apparentes hormis des liserés blanc, parfois interprétés comme des broderies ou des signes de doublures, mais qui ne sont probablement que des rehauts de peinture.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/abigail-1.jpg" alt="abigail-1.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="abigail-1.jpg, fév. 2013" />
<em>Bible de Maciejowski. The Pierpont Morgan Library MS M.638 fol. 33v. Abigaëlle rencontre David.</em></p>
<p>La première chose que l'on remarque sur cette enluminure, c'est la silhouette du personnage : allongée, elle n'est interrompue que par les plis formés à la taille et l'amas de tissu (la traine) qui repose sur le sol.</p>
<p>La seconde chose notable est la quasi absence de décorations : au plus un fermail pour orner la cotte, une ceinture longue, une aumônière et le double cordon qui maintient le manteau.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/liseres.jpg" alt="liseres.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="liseres.jpg, fév. 2013" />
<em>Bible de Maciejowski. The Pierpont Morgan Library MS M.638 fol.13v. Compagnes de la fille de Jephté. On note des liserés blancs le long des encolures et des poignets.</em></p>
<p><a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/27.jpg" title="27.jpg"><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/.27_m.jpg" alt="27.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="27.jpg, janv. 2013" /></a>
<em>Carnets de Villard de Honnecourt, MS. 19093 Français, BNF.</em></p>
<p>Sur ce dessin, c'est la quantité de plis qui ressort : chaque pièce de la <em>robe</em> en présente de nombreux, des manches au manteau, tout semble plissé, fluide. Encore une fois, aux pieds, un lourd amas de tissu ancre la silhouette.</p>
<h3>La statuaire</h3>
<p>La statuaire de l'époque nous propose une autre vision, en 3 dimensions cette fois bien qu'il nous manque encore une information primordiale dans la plupart des cas : la couleur. Cependant, ces représentations nous offrent une bonne vision des plis, des volumes et des drapés.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/.ThreeWiseVirginsMagdeburg_m.jpg" alt="ThreeWiseVirginsMagdeburg.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ThreeWiseVirginsMagdeburg.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Magdeburg : les vierges sages.</em></p>
<p>Les vierges sages nous montrent en 3 dimensions ces même silhouettes épurée. La quantité de plis, loin de masquer le corps l'habille et le met en valeur : la poitrine ainsi que les hanches sont soulignés par les plis.
La décoration est encore ici cantonnée aux accessoires : fermaux, ceintures, attaches de manteau. Néanmoins, les statues de la même région ayant conservé leur polychromie nous offrent un spectacle bien moins austère : couleurs vives et contrastées.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/reglindis-01.jpg" alt="reglindis-01.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="reglindis-01.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Naumburg, Reglindis.</em></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/la_mode_au_XIIIe/.Tentateur_et_vierge_folles_m.jpg" alt="Tentateur_et_vierge_folles.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Tentateur_et_vierge_folles.jpg, fév. 2013" />
<em>Cathédrale de Strasbourg, Tentateur et vierges folles.</em></p>
<p>Ici, les vierges folles montrent des corps déhanchés, presque dévoilé et ce, malgré les cottes amples et plissées. La fluidité des vêtements accentue cette mise en scène que l'on retrouve décrite chez certains moralistes critiquant la gestuelle des femmes cherchant à séduire<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>.</p>
<h3>Conclusions provisoires</h3>
<p>On l'a vu, loin de créer une masse informe les représentation du costume féminin du XIIIe siècle nous montrent une silhouette fluide et dynamique. Si le corps en lui même n'est pas mis en valeur de manière évidente (le corps n'est pas moulé, n'est pas formé par ces vêtements), on note malgré tout une mise en scène corporelle faisant appel à un certain sens esthétique. La robe du XIIIe siècle ne relève ni d'une non-mode, ni d'un vêtement qui cache le corps : elle dévoile subtilement une silhouette en mettant en valeur quelques éléments essentiels et bien choisis de la féminité.</p>
<h2>Informations complémentaires apportées par les textes</h2>
<p>Les textes de l'époque peuvent renseigner à divers degrés sur la mode de l'époque. Si, dans la discipline de l'histoire du vêtement, les inventaires règnent en maître, les autres formes de textes nous offrent des renseignements tout à fait appréciable lorsqu'il s'agit de proposer des re-créations de costumes historiques. Ces genres littéraires sont les romans et chroniques, les textes des moralistes et les lois somptuaires.</p>
<h3>Les romans</h3>
<blockquote><p>Un roman courtois au XIIe siècle était, dans une certaine mesure, une chronique de mode ; on attendait de lui la description de robes de grand luxe et de chefs-d'œuvre de haute couture.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup></p></blockquote>
<p>On le comprend facilement, les romans et les chroniques nous offrent une vision très <em>idéalisée</em> du costume. Si l'on regarde de près les romans et poèmes de l'époque, la plupart des protagonistes portent sur eux l'équivalent de plusieurs cadeaux diplomatiques ! Samit et brocard semblent être la norme. Bien entendu, on ne peut en tirer aucune conclusion généraliste, cependant, ces textes nous renseignent sur ce qui fait la mode à un instant.</p>
<p>Par exemple, dans les textes du XIIe siècle, la coupe du vêtement est mise à l'honneur<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> alors qu'au XIIIe les romans mettent en avant la qualité et la quantité de tissu utilisé pour leur confection<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>. De cette comparaison on peut déduire que la mode <em>informe</em> du XIIIe siècle est plus liée à une mode consistant à se parer de la plus grande quantité de tissu de qualité possible plutôt qu'à une <em>non mode</em> qui consisterait à cacher son corps.</p>
<p>Ce fait semble être confirmé part l'étude de certaines lois somptuaires.</p>
<h3>Les lois somptuaires</h3>
<p>Là encore, ces textes sont difficiles à utiliser dans le cadre d'une étude généraliste du fait de leur très forte localisation (Ces lois sont généralement applicable à une ville seulement). Cependant, elles peuvent nous aiguiller de plusieurs manières :</p>
<p>D'une part en nous indiquant encore une fois, où se situe l'objet de mode. Une étude sur les lois somptuaires<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup>, met en lumière que, contrairement aux lois somptuaires européennes plus tardives qui s'intéressent au type de vêtement, ces lois déterminent essentiellement la quantité de tissus pour un vêtement ainsi que le coût des tissus que les personnes de différents statuts peuvent porter.</p>
<p>D'autre part, en mettant en lumière des détails vestimentaires qui échappent par leur taille aux représentations (usage de perles dans les décorations, par exemple).</p>
<h3>Les moralistes</h3>
<p>Les textes des moralistes et les prédications peuvent renseigner sur l'usage et la mode d'un moment. Ces textes, de par leur vocation, ont parfois tendance à l'exagération (voir les critiques sur les traines exagérées qui nettoient les ordures). Mais ils mettent en lumière ce que les représentations gardent dans l'ombre (nous verrons plus loin des exemples concret de cette distorsion).</p>
<h2>Apport de l'archéologie</h2>
<p>Des vêtements datés du XIIIe siècle nous sont parvenus. Ils sont généralement plus instructifs d'un point de vue technique que d'un point de vue de l'histoire de la mode. En effet, leur nombre ne permet pas de tirer de grandes conclusions mais peut permettre de valider une théorie ou d'affiner la connaissance technique. D'un point de vue de la reconstitution, ils sont donc très précieux puisque nous pourront ré-utiliser les informations fournies de manière pratique.</p>
<p>Les vêtements retrouvés nous offrent un aperçu de la technique des tailleurs : comment étaient-ils coupés ? Comment étaient-ils assemblés ? De là, nous pouvons déduire la mécanique du vêtement : comment réaliser un drapé à la fois fluide et structuré ? La tunique de Ste Claire nous renseigne<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-10" id="rev-wiki-footnote-10">10</a>]</sup>.</p>
<p>Mais on peut également affiner des points de détails grâce à la connaissance de ces vêtements. Revenons sur les liserés blancs observés sur les enluminures. Il s'agit très vraisemblablement technique de peintre pour rehausser le dessin. Cependant, on note sur les vêtements conservés plusieurs types de finitions. Les ourlets peuvent être cousus sur l'endroit, ils peuvent être réalisés avec des points de couture décoratifs (couchure, points avant ...) ou même remplacés par des galons tissés à même<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-11" id="rev-wiki-footnote-11">11</a>]</sup>. Bien que les liserés observés sur les enluminures ne doivent pas être <em>surinterprétés</em>, il est possible de faire un vêtement qui en présentent d'après des sources fiables et non interprétables, il ne s'agit pas alors de reproduire fidèlement une observation faite à partir d'une peinture mais d'appliquer les techniques de finition attestées par l'archéologie.</p>
<h2>Exemples concrets</h2>
<p>J'ai choisi d'illustrer ce bref aperçu de la mode féminine au XIIIe siècle par deux exemples concrets des limites auxquelles nous sommes confrontés. Ces faits de mode qui nous ont été transmis au travers de témoignages écrits mais nous ne disposons pas, à ma connaissance de représentation. Comment les interpréter ? Faut-il les intégrer dans une démarche de reconstitution ?</p>
<h3>Guimpes safranées</h3>
<p>Plusieurs témoignages évoquent les <em>guimpes safranées</em>. Nous allons revenir dessus, mais tout d'abord intéressons-nous à ce que ce terme désigne.</p>
<p>La guimpe est une coiffe féminine entourant le visage, elle couvre généralement le cou et le menton. Le safran, est une épice importée du Moyen-Orient qui peut être utilisée en teinture. Elle donne un jaune <em>safran</em>, c'est une teinture fort chère qui connaîtra des imitations moins onéreuse.</p>
<p>Une <em>guimpe safranée</em> serait donc une coiffe entourant le visage teinte en jaune. Les représentations de coiffes féminines (de guimpes en particulier) sont blanches à cette époque. Où sont donc les <em>guimpes safranées</em> ?</p>
<p>Deux types de textes mentionnent cette mode :</p>
<p>Le premier est le dit du mercier (v.15) qui, au milieu d'une énumération de tout un tas d'accessoires destinés à la parure féminine :</p>
<blockquote><p>J'ai les guimples ensaffrenees</p></blockquote>
<p>Le second est le <em>sermon sur les vierges</em> d'Etienne Langton qui critique les femmes qui s’enorgueillissent de leur voile teint au safran alors que celui-ci leur a été donné en signe de péché.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-12" id="rev-wiki-footnote-12">12</a>]</sup></p>
<p>La nature différente de ces deux témoignages nous donne une bonne idée des forces qui s'opposaient en ce qui concerne la mode et la parure. En outre, le fait que ces deux textes soient de nature si opposée nous donne une certaine confirmation de l’existence de ces guimpes colorée qu'il eut été difficile de cerner avec une source d'une seule nature. Accessoire pour coquette sur l'étal du mercier qui en fait <em>l'article</em> et accessoire d'orgueil indigne de se retrouver dans un lieu de culte pour le sermonneur. On comprends mieux alors, pourquoi les manuscrits ne nous montrent pas ces voiles colorés !</p>
<p>La question demeure : peut-on reproduire cet accessoire, qui n'est jamais représenté ? Techniquement : oui. Nous savons quelle est la forme de cet accessoire et nous connaissons la technique de teinture. Il est donc possible de re-créer ce vêtement de manière crédible. Nous nous serons, dans ce cas éloigné des représentations habituelles et il sera difficile de justifier par l'image, comme nous le faisons souvent, cette particularité.</p>
<h3>Décolletés</h3>
<p>Le deuxième exemple que j'ai choisi pour illustrer ces limites est celui du décolleté. Les représentations de robes découvrant le cou et la gorge ne datent que du deuxième tiers du XIVe siècle. Cependant, les premières mentions de cette mode sont plus anciens.</p>
<p>Ainsi, vers, 1270, dans le célèbre <em>Roman de la rose</em>, Jean de Meung décrit le décolleté comme une des armes féminines dans les stratégies de séductions :</p>
<p>(v.13313 à v.133218)</p>
<blockquote><p>S'ele a beau col e gorge blanche,<br />
Gart que cil qui sa robe trenche<br />
Si tres bien la li escolete<br />
Que la char pere blanche e nete<br />
Demi pié darriers e devant,<br />
S'en iert assez plus decevant.<br /></p></blockquote>
<p>Bien sûr le texte de Jeand de Meung est à la fois grivois et misogyne mais il a également une vocation encyclopédique sur l'art de la séduction<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-13" id="rev-wiki-footnote-13">13</a>]</sup>. De fait, il est difficile de classer cette évocation du décolleté dans un contexte social bien identifié. Comment toucher la réalité de ce décolleté ?</p>
<p>60 ans écoulés entre ce texte et es premières représentations. 60 ans et une révolution dans la mode.</p>
<p>Même question que précédemment : peut-on reproduire cette mode même sans représentation ? A moins de le réaliser au hasard ou de se baser sur des représentations de robes d'une époque où elles sont radicalement différentes, la réponse est non. Dans ce cas, la limite qui s'impose à une réalisation est bien celle de la représentation.</p>
<h2>Conclusion</h2>
<blockquote><p>C'est dire si un vêtement, dès lors qu'il n'est plus porté ni pris en charge par un discours, autrement dit objet d'une représentation, cesse de
signifier autre chose qu'une pièce d'étoffe dont seule l'analyse technique, en effet, peut rendre compte. Ce constat devrait nous amener à
réfléchir, d'une part, sur notre actuelle manie de la reconstitution, qu'elle opère dans la muséologie comme dans le cinéma, dont l'efficacité est
pour le moins problématique.<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-14" id="rev-wiki-footnote-14">14</a>]</sup></p></blockquote>
<p>Difficile de trouver la solution pour évoquer de manière crédible la mode de cette époque. Comme nous l'avons vu, au delà de la codification, les représentations à notre disposition semblent réellement souffrir d'une forte censure et certains détails sont donc hors de portée d'une évocation sérieuse.</p>
<p>Pour autant, dans le cadre de l’évocation de la vie au XIIIe et, qu'elle opère dans la muséologie ou dans le spectacle, il faut continuer à chercher des solutions crédibles et améliorer le rendu des costumes de cette période. Ceci ne peut se faire que dans le cadre d'une démarche rigoureuse, qui ne se laisse pas piéger par les diverses illusions citées par Odile blanc dans son article<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-15" id="rev-wiki-footnote-15">15</a>]</sup> :<br />
L'illusion descriptive, l'illusion nominale, l'illusion narrative, l’illusion figurative et l'illusion matérielle.</p>
<p>Il est d'autant plus important de ne pas s'en tenir à la première impression que nous laissent les représentations. Loin de l'effet <em>sac à navet</em> qui consisterait en une absence totale de sens esthétique, l'élégance des drapés demande une fine analyse et un travail minutieux de confection<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#wiki-footnote-16" id="rev-wiki-footnote-16">16</a>]</sup> ainsi que le choix de matières adaptées.</p>
<p>Il faut cependant garder à l'esprit que certaines subtilités et certains usages nous resteront inconnus jusqu'à de nouvelles découvertes. Proposer un vêtement d'après les textes sans avoir une seule représentation de ce qu'ils décrivent est un exercice très délicat et dont le résultat semble trop hasardeux pour pouvoir être validé dans le cadre d'une démarche sérieuse. Il faut donc se résoudre à cette vision parcellaire que nous avons et que nous rendons au travers de nos évocations, en gardant à l'esprit que oui, peut être nous contentons-nous de proposer de l'évocation de <em>grenouilles de bénitier</em>.</p>
<h2>Pour aller plus loin</h2>
<p>Je citerai quelques uns de mes travaux de reconstitutions qui ont amené à cette réflexion généraliste et qui illustrent chacun à leur manière une des particularité soulevée ici :</p>
<ul>
<li>Le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/21/52-un-costume-de-paysanne-vers-1230">costume de paysanne d'après la tunique de Ste Élisabeth de Thuringe</a>.</li>
<li>Le <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250">costume de courtisane d'après la tunique de Ste Claire d'Assise</a></li>
<li>Le costume noble d'influence germanique (à paraître).</li>
</ul>
<p>Enfin, je voudrai citer un très beau travail sur le costume XIIIe, loin des clichés : celui d'<a href="http://www.apud-angeron.de/html/frameset.html" hreflang="de">apud angeron 1250</a> qui a publié un article sur l'une de leur réalisation (costume d'une comtesse rhénane vers 1250) dans le magasine <a href="http://www.histoire-images-medievales.com/" hreflang="fr">Histoire et Images médiévales</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Rolland Barthes ; Histoire et sociologie du Vêtement ; Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 12e année, N. 3, 1957. pp. 430-441.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Jean Gimpel ; La révolution industrielle au Moyen Age ; Seuil ; 1975</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Dominique Cardon ; La draperie au Moyen Age, Essor d'une grande industrie Européenne ; CNRS éditions ; 1998.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Sophie Desrosiers ; Draps d'Areste (II). Extension de la classification, comparaisons et lieux de fabrication ; Soieries médiévales</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] C. Casagrande, S. Vecchio ; Histoire des péchés capitaux au Moyen-âge ; Aubier ; 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] J. Frappier, Étude sur Yvain ou le chevalier au lion de Chrétien de Troyes, Paris, SEDES, 1969</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Christina Frieder Waugh, « Well-cut through the body : » fitted clothing in twelth-century Europe, DRESS, 1999, vol 26</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] Sarah-Grace Heller ; Fashion in medieval France ; D. S. Brewer, Cambridge ; 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] Sarah-Grace Heller ; Sumptuary Legislation in France, Languedoc and Italy.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-10" id="wiki-footnote-10">10</a>] Voir l'article sur<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2013/01/05/53-un-costume-de-fausse-courtisane-vers-1250"> le costume d'une fausse courtisane vers 1250</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-11" id="wiki-footnote-11">11</a>] Else Østergaard ; Woven into the earth ; Aarhus University Press ; 2003.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-12" id="wiki-footnote-12">12</a>] Frédérique Lachaud ; La critique du vêtement et du soin des apparences dans quelques œuvres religieuses, morales et politiques, XIIe-XIVe siècles, Le corps et sa parure ; SISMEL - EDIZIONI DEL GALLUZO ; 2007.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-13" id="wiki-footnote-13">13</a>] Nathalie Coilly, Marie-Hélène Tesnière (dir) ; Le Roman de la rose, l'art d'aimer au Moyen Age ; BNF ; 2012.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-14" id="wiki-footnote-14">14</a>] Odile Blanc ; Histoire du costume : l'objet introuvable ; Médiévales, N°29, 1995. pp. 65-82.</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-15" id="wiki-footnote-15">15</a>] voir ci-dessus</p>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2012/12/29/51-la-mode-feminine-au-xiiie-siecle#rev-wiki-footnote-16" id="wiki-footnote-16">16</a>] « Belles robes et beaux garnements améliorent considérablement un homme, aussi dois-tu confier ta garde-robe à un tailleur qui sache couper, qui fasse des coutures bien situées, et manches seyantes et élégantes. » Guillaume de Lorris</p></div>
Le touret et la barbetteurn:md5:7b84d71d9652a2f0816b2a3dec09a7072008-07-19T15:30:00+00:002023-04-17T14:41:48+00:00HémioleCostumescoiffeMaciejowskitouretXIIIe<p>Le touret est la coiffe emblématique de la noblesse au XIIIe siècle. Mais il est un peu comme l'objet de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Zizi" hreflang="fr">l'une des chansons les plus connues de Pierre Peret</a>, il y en a des tas dans des styles assez différents, et portés de manière variable : <q>des hauts, des droits, des évasés, des plissés, des bas, des gaufrés ...</q></p>
<p>Je me suis arrêtée sur un modèles mi-XIIIe qui corresponde à ce que l'on peut voir dans la bible de Maciejowsky, puisque c'est le point de départ de mon futur costume mi-XIIIe : un touret peu haut, évasé en son sommet avec des plis. Porté avec une barbette, c'est à dire une bande de tissus qui passe sous le menton.</p>
<p>A partir de là, on peut le porter simplement avec les cheveux tressés, ou les cheveux retenus en chignon sur la nuque grâce à un filet ou bien une coiffe couvrante.</p> <h3>Le touret</h3>
<p>Il est réalisé en soie blanche.</p>
<p>Pour le patron, j'ai d'abord essayé de reproduire celui proposé dans le <em>medieval tailor assistant</em>. J'y ai cependant apporté quelques modifications.</p>
<p><strong>Un touret en deux parties.</strong></p>
<p>Le touret est composé de deux bandes : celle qui ceint le front et tient l'ensemble et la partie haute qui s'évase vers le haut.</p>
<p>La première bande est taillée dans le droit fil à la dimension du tour de tête (plus les valeur de couture). Elle fait 4 cm de large, valeurs de couture comprises, pour une largeur finale de 1cm (la bande sera pliée en 4). Elle est cousue en rond.</p>
<p>La seconde bande est taillée dans le biais. Sa longueur est supérieure à la première (de l'ordre de 5 ou 6cm), ceci lui permettra de créer un effet d'évasement lorsque les deux bandes seront cousues. Dans mon cas, elle fait 10 cm de large, valeurs de couture (1cm) comprises, et sera pliée en 2. Elle est également cousue en rond.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/coupe-touret.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>La bande du dessous est donc pliée en 4 : par le milieu puis en rabattant 1 cm de de chaque côté, et la bande du haut, une fois pliée en 2 viendra se loger au milieu.</p>
<p>Le dessin représente en coupe l'assemblage final du touret : la bande du dessous pliée en 4, dans laquelle s'insère la bande du haut pliée en 2.</p>
<p>L'assemblage des deux bandes est un peu délicat : les deux bandes ne faisant pas la même taille, il faut pourtant bien les coudre ensemble.</p>
<p><strong>Solution pour l'effet évasé</strong></p>
<p>Deux solutions s'offrent alors pour régler ce problème : soit coudre en place des petites plis sur la bande du haut, soit <strong>utiliser l'embu</strong> (c'est à dire coudre le surplus de tissus sans faire de plis). C'est cette dernière solution que j'ai utilisée car l'embu me permet d'obtenir l'effet évasé vers le haut que l'on observe sur certaines sources. En outre, cette technique est connue est utilisée dans d'autres vêtements (manches de la tunique <a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2010/10/08/44-les-dessous-d-une-cotte">Kragelun</a>).</p>
<p>Pour ceci j'ai épinglé la partie haute sur la partie basse par <em>dichotomie</em> c'est à dire en épinglant à chaque fois par le milieu des 2 bandes, puis le milieu de chaque bande sur chaque section créée précédemment, puis le milieu ... jusqu'à obtenir des sections suffisamment petites pour coudre les bandes sans faire de plis.</p>
<p>L'assemblage est réalisé en deux fois :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/couture-touret.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<ul>
<li>La bande du bas est dépliée et collée bord à bord avec la bande du haut pliée en deux. On coud ainsi les deux bandes au point arrière à 1cmdu bord. Cette couture, une fois la bande du dessous repliée (sur la couture), sera invisible et permettra d'avoir une face de la coiffe très propre de l'extérieur. Cette couture est présentée sur le dessin.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une fois la bande du bas repliée selon la couture précédente, selon la pliure du milieu (qui sera le bas de la coiffe) et rentrée de 1cm sur l'intérieur de la coiffe, on peut la coudre sur la bande du dessus au point glissé de manière invisible.</li>
</ul>
<p>Cette photographie représente la vue de l'intérieur de la coiffe, avec, souligné en rouge la couture au point arrière et en bleu, le point glissé.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/coutures-dos.JPG" alt="" /></p>
<p>Si on regarde l'extérieur de la coiffe, aucune couture n'est visible :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/devant-01.JPG" alt="" /></p>
<h3>La mentonnière ou barbette</h3>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/barbette-platte.JPG" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>J'ai choisi de réaliser une barbette large et non pas une simple bande fine.</p>
<p>Je l'ai donc réalisée sur la base d'un cale étroit en deux parties, cousu sur le sommet du crâne et au niveau du menton.</p>
<p>Pour ménager suffisamment d'ampleur pour passer la tête, en lieu et place d'un épinglage sur le dessus du crane (difficile à réaliser compte-tenu de la largeur de la barbette sur le crâne qui aurait nécessité l'emploi de plusieurs épingles et aurait pu créer de gros plis ou des interstices qui baillent), j'ai taillé la barbette dans le biais du tissus.</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/mentonniere.JPG" alt="" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Pour la mise en place de la barbette, je crée artificiellement un plis parallèle à sa bordure pour recréer l'effet que l'on observe sur certaines sources. Ce plis ne nécessite pas d'être épinglé, car en pliant la mentonnière en 3, j'assure son maintient. Cependant, cet effet peut tout aussi bien être obtenu en réalisant une barbette en deux parties, certaines statues, plus détaillées iraient dans ce sens en représentant des plis dans différents sens pour la barbette<sup>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/07/19/31-le-touret-et-la-barbette#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Et voici la coiffe :</p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/face-01.JPG" alt="" /></p>
<p><img src="https://www.hemiole.com/reconstitution/public/images/costume XIIIe riche/coiffe/profil-01.JPG" alt="" /></p>
<p>Les plis sur le dessus du crâne peuvent être résorbés en prenant plus de soin à la mise en place de la barbette.</p>
<p>La coiffe peut être complétée par un filet pour tenir les cheveux en chignon, ou bien même par un voile posé par dessus le touret. Ces deux possibilités seront réalisées ultérieurement.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://www.hemiole.com/reconstitution/index.php?post/2008/07/19/31-le-touret-et-la-barbette#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Notamment la tête de femme conservée au mussée du Louvre datée du milieu du XIIIe et originaire de champagne.</p></div>