Costume XVe

L'idée de base était de réaliser une tenue XVe simple pour aller jouer un peu avec les amis XVemistes, et, pourquoi pas faire un peu de prosélytisme pour le XIIe, qui sait ?

Allez, avouons-le, c'était aussi pour faire un peu d'espionnage industriel aux médiévales de Crevecoeur-en-Auge ! Du coup, même si j'ai essayé de respecter un peu un cahier des charges sur l'époque, le type de personnage pour lequel je souhaitais réaliser ce costume ... je suis restée sur quelque chose d'un peu passe-partout, rien de bien original, mais bon, peut-on être à chaque fois exceptionnel ?

Les sources

Après un rapide tour de l'iconographie XVe, j'ai opté pour un modèle de robe ajusté lacée devant, à manches courtes (donc, effectivement : rien de super original !). On trouve ce genre de modèle assez fréquemment tout au long du XVe siècle :

Dans ce manuscrit daté de 1456 :

Ou encore dans celui-ci, daté 1473 :

L'étude plus détaillée des primitifs flamands (notamment les tableaux de Rogier van der Weyden) m'a également permis de me faire une idée de la construction et des détails de la robe que je voulais réaliser.

Costume XVe : cotte, coiffe, tablier

Le patron

Pareil que pour le modèle : simplicité avant tout ! Après avoir cherché ce qui pouvait se faire, robe à quatre pans, à six pans avec découpe princesse, couture à la taille, ou non ... J'ai opté pour le modèle à quatre pans ajustés, sans couture à la taille avec des godets triangulaires pour l'aisance[1] on peut trouver de nombreuses références sur cette construction sur le site de Marie-Chantal Cadieux.

Comme je voulais utiliser un coupon de laine verte que j'avais déjà, la taille du dit coupon m'a imposé des contraintes au niveau de la construction : les quatre pans ne pouvaient s'évaser à partir de la taille sans quoi je n'avais pas assez de longueur pour faire ma cotte. C'est ce qui m'a décidé à faire les godets. J'avais, à l'origine prévu d'en faire quatre également (devant, derrière et des deux côtés) mais après avoir cousu ceux des côtés et celui de derrière, l'ampleur me paraissait suffisante et je ne souhaitais pas avoir trop de plis sur l'avant. A la réflexion, j'aurai pu ajouter un godet légèrement plus étroit.

Quelle finition pour l'encolure ?

Pour la finition de l'encolure et de l'ouverture frontale, j'ai choisi de faire une parmenture pour les raisons suivantes :

Rogier van der Weyden, Descente de croix, détail

Se sont certains tableaux des primitifs flamands qui m'ont orientés vers la parmenture : en effet comme on distingue bien les détails des coutures, je trouvais que, la couture qui bordait l'encolure et / ou l'ouverture du laçage était assez espacée du bord (4 à 6 cm à vue de nez, même si je n'ai absolument pas le compas dans l'œil).

Rogier van der Weyden, Les sept sacrements, détail

Je me suis donc dit que, pour obtenir une bordure propre sur des courbes, un ourlet de cette largeur me semblait peu probable, de même qu'un biais ou une bande taillée dans le droit-fil ... d'où la parmenture[2].

Voici le résultat :

Détail de la parmenture

J'avais également envisagé la solution de réaliser la finition en tissant la bordure aux tablettes directement sur le tissus mais je n'avais pas suffisamment étudié cette technique pour m'y lancer (une prochaine fois peut être).

Les œillets pour passer le cordon de laçage sont cousus. Le cordon a été réalisé à la lucette avec de la laine rouge teintée à la garance.

La coiffe

Heures de Charles d’Angoulême, Tours vers 1482-1485, BNF, Manuscrits latins 1173, fol 5 v°-6

En plus du chaperon que j'avais réalisé l'hiver dernier, j'ai réalisé une petite coiffe simple en lin blanc. Le modèle que j'ai tenté de reproduire est assez fréquent, m'a séduit par son côté pratique : avoir une visière en cas de soleil !

Sur le modèle que j'ai réalisé, j'ai donc volontairement augmenté la taille du rabat de la coiffe pour une plus grande protection[3]

Le tablier

Pour pouvoir travailler sereinement, j'ai réalisé un tablier tout simple dans un vieux drap de lin bien épais.

Le modèle est basé sur certaines iconographie XVe (souvent fin XVe) qui montrent un angle sur le côté, j'avais envie de voir comment rendre cet effet.

Pour obtenir ce résultat, j'ai simplement utilisé, pour la ceinture, une bande de lin rapportée que je n'ai pas cousu sur la totalité du bord : de chaque côté du tablier, le lien s'arrête à environ 15cm du bord du tablier. L'angle supérieur du tablier retombe alors naturellement par rapport à la ceinture. L'avantage de ce système est qu'il est naturellement couvrant lorsque l'on est assis ou accroupi.

L'aumônière

La petite aumônière a été réalisée en toile de laine que j'ai tissée avec un métier à grille. La qualité du tissage est assez médiocre mais reflète bien mes compétences en la matière. Mais au final, l'aumônière a un aspect relativement correct, rustique mais correct.

Le patron de l'aumônière est (encore !) très classique : carré, avec 3 pompons en bas, les cordons, ont été réalisés à la lucette avec de la laine teintée à la garance.

Laine teintée à l'anthémis utilisée pour l'aumônière

J'ai réaliser la teinture de l'aumônière avec l'anthemis tinctoria[4] en mordançant simultanément à l'alun. J'ai utilisé de la laine teintée de la même manière pour réaliser les pompons.


Et voici ma récolte automnale d'anthémis !

Notes

[1] et oui, je n'ai pas pris l'option princesse !

[2] parmenture réalisée dans la même laine que la robe, ce que je ne referai pas si j'ai 48 œillets à coudre ensuite.

[3] oui, mes yeux craignent beaucoup le soleil, je dois bien trouver des subterfuges pour pouvoir renoncer aux lunettes de soleils !

[4] également appelé œil de bœuf ou camomille des teinturiers

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