Le touret et la barbette

Le touret est la coiffe emblématique de la noblesse au XIIIe siècle. Mais il est un peu comme l'objet de l'une des chansons les plus connues de Pierre Peret, il y en a des tas dans des styles assez différents, et portés de manière variable : des hauts, des droits, des évasés, des plissés, des bas, des gaufrés ...

Je me suis arrêtée sur un modèles mi-XIIIe qui corresponde à ce que l'on peut voir dans la bible de Maciejowsky, puisque c'est le point de départ de mon futur costume mi-XIIIe : un touret peu haut, évasé en son sommet avec des plis. Porté avec une barbette, c'est à dire une bande de tissus qui passe sous le menton.

A partir de là, on peut le porter simplement avec les cheveux tressés, ou les cheveux retenus en chignon sur la nuque grâce à un filet ou bien une coiffe couvrante.

Le touret

Il est réalisé en soie blanche.

Pour le patron, j'ai d'abord essayé de reproduire celui proposé dans le medieval tailor assistant. J'y ai cependant apporté quelques modifications.

Un touret en deux parties.

Le touret est composé de deux bandes : celle qui ceint le front et tient l'ensemble et la partie haute qui s'évase vers le haut.

La première bande est taillée dans le droit fil à la dimension du tour de tête (plus les valeur de couture). Elle fait 4 cm de large, valeurs de couture comprises, pour une largeur finale de 1cm (la bande sera pliée en 4). Elle est cousue en rond.

La seconde bande est taillée dans le biais. Sa longueur est supérieure à la première (de l'ordre de 5 ou 6cm), ceci lui permettra de créer un effet d'évasement lorsque les deux bandes seront cousues. Dans mon cas, elle fait 10 cm de large, valeurs de couture (1cm) comprises, et sera pliée en 2. Elle est également cousue en rond.

La bande du dessous est donc pliée en 4 : par le milieu puis en rabattant 1 cm de de chaque côté, et la bande du haut, une fois pliée en 2 viendra se loger au milieu.

Le dessin représente en coupe l'assemblage final du touret : la bande du dessous pliée en 4, dans laquelle s'insère la bande du haut pliée en 2.

L'assemblage des deux bandes est un peu délicat : les deux bandes ne faisant pas la même taille, il faut pourtant bien les coudre ensemble.

Solution pour l'effet évasé

Deux solutions s'offrent alors pour régler ce problème : soit coudre en place des petites plis sur la bande du haut, soit utiliser l'embu (c'est à dire coudre le surplus de tissus sans faire de plis). C'est cette dernière solution que j'ai utilisée car l'embu me permet d'obtenir l'effet évasé vers le haut que l'on observe sur certaines sources. En outre, cette technique est connue est utilisée dans d'autres vêtements (manches de la tunique Kragelun).

Pour ceci j'ai épinglé la partie haute sur la partie basse par dichotomie c'est à dire en épinglant à chaque fois par le milieu des 2 bandes, puis le milieu de chaque bande sur chaque section créée précédemment, puis le milieu ... jusqu'à obtenir des sections suffisamment petites pour coudre les bandes sans faire de plis.

L'assemblage est réalisé en deux fois :

  • La bande du bas est dépliée et collée bord à bord avec la bande du haut pliée en deux. On coud ainsi les deux bandes au point arrière à 1cmdu bord. Cette couture, une fois la bande du dessous repliée (sur la couture), sera invisible et permettra d'avoir une face de la coiffe très propre de l'extérieur. Cette couture est présentée sur le dessin.
  • Une fois la bande du bas repliée selon la couture précédente, selon la pliure du milieu (qui sera le bas de la coiffe) et rentrée de 1cm sur l'intérieur de la coiffe, on peut la coudre sur la bande du dessus au point glissé de manière invisible.

Cette photographie représente la vue de l'intérieur de la coiffe, avec, souligné en rouge la couture au point arrière et en bleu, le point glissé.

Si on regarde l'extérieur de la coiffe, aucune couture n'est visible :

La mentonnière ou barbette

J'ai choisi de réaliser une barbette large et non pas une simple bande fine.

Je l'ai donc réalisée sur la base d'un cale étroit en deux parties, cousu sur le sommet du crâne et au niveau du menton.

Pour ménager suffisamment d'ampleur pour passer la tête, en lieu et place d'un épinglage sur le dessus du crane (difficile à réaliser compte-tenu de la largeur de la barbette sur le crâne qui aurait nécessité l'emploi de plusieurs épingles et aurait pu créer de gros plis ou des interstices qui baillent), j'ai taillé la barbette dans le biais du tissus.

Pour la mise en place de la barbette, je crée artificiellement un plis parallèle à sa bordure pour recréer l'effet que l'on observe sur certaines sources. Ce plis ne nécessite pas d'être épinglé, car en pliant la mentonnière en 3, j'assure son maintient. Cependant, cet effet peut tout aussi bien être obtenu en réalisant une barbette en deux parties, certaines statues, plus détaillées iraient dans ce sens en représentant des plis dans différents sens pour la barbette[1].

Et voici la coiffe :

Les plis sur le dessus du crâne peuvent être résorbés en prenant plus de soin à la mise en place de la barbette.

La coiffe peut être complétée par un filet pour tenir les cheveux en chignon, ou bien même par un voile posé par dessus le touret. Ces deux possibilités seront réalisées ultérieurement.

Note

[1] Notamment la tête de femme conservée au mussée du Louvre datée du milieu du XIIIe et originaire de champagne.

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