Les mots du chaperon

Le chaperon qui fait son apparition au XIIe siècle pour devenir un véritable accessoire de mode aux XIVe et XVe siècle varie fortement dans sa forme et ses caractéristiques principales durant toute cette période.

Mais avant de vouloir faire une histoire de la mode du chaperon, il semble nécessaire (comme pour tout sujet) de définir les mots qui permettront de décrire ce vêtement. La littérature à ce sujet existe mais on oublie parfois de s'y référer.

Voici donc les mots du chaperon, une radiographie en 3D de ce couvre-chef !

Une suite à cet article, sur l'histoire du chaperon est paru dans le magasine Moyen âge n°89.

Les mots : définition des différents élément caractérisant le chaperon

Cornette, visagière, guleron, goule, têtière

Pour résumer, Elena Rozoumniak décrit le chaperon comme suit :

Le chaperon est composé de plusieurs parties qui reçoivent chacune un nom : la pointe du chaperon s'appelle cornette, son ouverture visagière et son encolure goulée (ou guleron).


Les termes permettant de décrire un chaperon

Adrien Harmand utilise également ces termes et évoque également la têtière : partie principale du chaperon et les oreillettes : côtés en pointe de la visagière lorsque le chaperon est ouvert sur l'avant (voir plus bas, visagière et guleron).

Le cas du Liripipe, liripipion, liripide.

Le terme anglais pour désigner la cornette est liripipe. Le mot est souvent employé en français pour désigner la cornette, avec différentes orthographes, formes: liripide, liripipion, liripipe ... mais la littérature en français sur le costume médiéval semble utiliser exclusivement le mot cornette. Alors le liripipe, un faux ami ?

Les types : variation des formes.

La cornette

À l'origine de la cornette il n'y en a pas ! D'après Adrien Harmand voici l'origine de ce terme :

Il y eut encore des chaperons qui ne possédaient pour toute cornette que la pointe de leurs capuchons. Les premiers chaperons du douzième siècle avaient été de cette sorte. Lorsqu'ils étaient enformés, la pointe du capuchon prenait l'aspect d'une petite corne, d'où le nom de cornette donnée à cette pointe qui fut l'origine de toutes les cornettes de chaperons.

On trouve effectivement des chaperons sans cornettes qui présentent une petite pointe vers l'arrière : pointe formée par l'angle de la têtière.


Chaperon XIIIe sans cornette ajoutée. On note la petite corne qui se forme en hauteur. La visagière large est repliée. Le guleron est fendu sur l'avant.

Les cornettes des chaperons retrouvés au Groenland mesurent entre 40 et 87cm pour ceux qui l'on conservée. Elles sont coupées séparément et cousues, parfois à la base de la têtière, parfois à quelques centimètres, un départ de cornette étant coupé d'une pièce avec la têtière.


Chaperon XIVe à longue cornette ajoutée, passée dans la ceinture lorsque le chaperon est porté autour du cou. Un large gousset est ajouté sur l'arrière pour donner l'aisance.

La visagière

La visagière est également un élément qui varie selon la mode et la façon de porter le chaperon. Les visagières des chaperons fermés peuvent être amples ou serrées sur le visage.

La visagière ample permet de plier les rabats de différentes façons autour du visage et également de passer la tête dans le chaperon tout ne se décoiffant pas (pour une femme portant coiffe sous le chaperon, le passage de la capuche peut être extrêmement pénible si le chaperon est trop serré).

Une visagière resserrée offre une meilleure protection au froid, de plus, lorsque la mode sera de porter le chaperon en bonnet pour les hommes, il deviendra nécessaire que la visagière soit suffisamment petite pour tenir sur le haut du crâne.

Les visagières des chaperons ouverts (qu'on trouve au XIVe et au XVe siècles) peuvent présenter de très grands rabats plus ou moins rigides qui forment ce qu'Harmand appelle des oreillettes autour du visage.

Le guleron

L'ensemble de ces chaperons présentent un ou plusieurs goussets d'aisance situés devant, devant et derrière ou de chaque côté. Ces goussets permettent d'ajouter de l'aisance tout en économisant le tissu (ce qui est généralement le but d'insérer un gousset).

Else Østergård distingue 2 types de chaperons :

  • Le premier type a un guleron large et long très couvrant (with shoulder capes). Les chaperons de ce groupe ont un guleron assez simple avec un simple gousset ajouté devant ou derrière.


Chaperon XIVe à guleron couvrant avec goussets ajoutés devant et derrière.

  • Le second type a un guleron plus court, ne dépassant pas les épaules. Les goussets sont insérés sur les côtés pour ajoutés de l'ampleur mais ces goussets ont des hauteurs comprises entre 8 et 15cm, ce qui tendrait à montrer que le guleron ne couvrait probablement pas totalement les épaules.


Chaperon XIIIe à goussets ajoutés sur les côtés. Le guleron ne couvre pas les épaules en totalité.

Un autre type de guleron est identifiable lorsque l'on regarde l'iconographie du chaperon : les chaperons ouvert sur le devant. Bien que plutôt féminins, ces chaperons s'observent sur les hommes dans les enluminures du XIVe siècle. Il en existe 2 types :

  • Le premier sont des chaperons qui se ferment grâce à des boutons et des boutonnières ou des brides selon le cas.


Chaperon féminin XIVe à guleron ouvert se fermant par une série de boutons en tissu. Les oreillettes formées par la visagière laissent voir la doublure de couleur contrastante.

  • Le second, très ouvert est le chaperon féminin typique du XVe siècle qu'il est impossible de fermer sur le devant.


Chaperon féminin XVe ouvert sur le devant. Les oreillettes sont très prononcées sur ce modèle qui ne se ferme pas.

A certaines époques le guleron peut présenter des décorations importantes : broderies, découpes en lambrequin ds formes et de longueurs variées.

La têtière

Pour déterminer les différentes formes que peut prendre la têtière il faut se plonger dans les chaperons retrouvés au Groenland qui nous offre un corpus de 4 chaperons du type 1 et 10 chaperons du type 2 (suffisamment préservés pour nous donner une idée de leur forme, il existe en effet plusieurs chaperons enregistrés lors des fouilles initiales qui sont perdus ou trop abimés pour être étudiés.)

Les formes sont très variées : l'arrière de la têtière pouvant être coupé droit, former un angle vers l'arrière ou même vers l'avant, enfin, un chaperon présente une têtière légèrement arrondie.

Conclusion et perspectives

Cet article n'a que la prétention de résumer et poser les bases de la description d'un vêtement d'après la littérature sur le sujet.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter mon article paru dans la revue Moyen âge n°89 : le chaperon de l'utilitaire à la parure.

Maintenant la description des chaperons n'a plus de secret pour vous !

Bibliographie

Adrien Harmand, Jeanne d'Arc, son costume, son armure ; Paris, E. Leroux, 1929.
Consultez le chapitre consacré au chaperon sur le site du Rozier des guerres.
Else Østergård, Woven into the Earth ; Aarthus university press, 2004
Elena Rozoumniak, Le vêtement et la coiffure dans les romans français des XIIIe et XIVe siècles : étude de lexicologie, de critique littéraire et d'histoire des sensibilités médiévales ; thèse de doctorat UNIVERSITÉ PARIS IV – SORBONNE.

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