Ce type de point est fréquemment utilisé dans des styles de broderie différent à différentes époques. Chez les anglo-saxons, les points bouclés sont utilisés fréquemment dans la décoration de vêtements, que se soit pour créer des coutures décoratives ou renforcer des zones bien précises. Alexandra Makin propose l'hypothèse qu'ils étaient utilisés pour leur dimension symbolique, ajoutant une composante magique au vêtement[1].
Mais au delà de la symbolique, les points bouclés forment des lignes très utilisées pour leur aspect esthétique, ajoutant texture et volume à la broderie.
Aujourd'hui, je vous propose de découvrir différentes manières dont ils sont utilisés à la Renaissance.
Le motif floral de cette coiffe est brodé au point de chaînette et la couture décorative brodée est également brodée avec un point d'échelle.
Ces points bouclés sont très présents dans les ouvrages de broderie noire libre (c'est à dire broderie qui n'est pas réalisée à points comptés comme la broderie noire contemporaine).
Dans cet exemple typique de broderie noire, les tiges sont brodées avec un point d'échelle tressée et un fil plus épais (qu'on identifie sur l'envers de la broderie) et créent un fort relief qui structure tout le design.
Il existe au 17e siècle, des ouvrages en broderie noire qui utilisent les motifs géométriques à points comptés pour le remplissage, comme on le pratique encore aujourd'hui. Mais dans ces ouvrages de la renaissance, d'autres points de broderie libre sont utilisés. En particulier les points bouclés qui apportent non seulement du relief mais une grande intensité dans le noir.
Sur cette broderie, 2 techniques de broderie noire sont mélangées : les décors géométriques pour le remplissage qui rappellent le blackwork contemporain. Les tiges et contours avec des points de broderie libre, dont des points tressés qui créent du relief.
Pour 17e siècle, en particulier, on connait de nombreuses broderie où les points bouclés ou tressés sont utilisés avec du fil d'or.
Ici, on a un très bel exemple de broderie noire avec un remplissage avec des motifs géométriques comme dans le blackwork contemporain et des détails sont brodés au fil d'or pour rehausser le motif et donner du relief.
Dans mon article sur le fil d'or, j'expliquais qu'il était utilisé quasiment exclusivement avec des points de couchure pour éviter de l'abîmer, mais qu'il subsistait quelques exemples d'autres utilisations.
Même si le fil d'or est très fragile, de manière assez contre-intuitive, broder des points bouclés avec s'avère plutôt plus facile. La régularité de ce type de point de broderie ne dépend pas uniquement de la régularité avec laquelle on pique dans le tissu (l'espacement et la longueur de chaque point de broderie) mais également de la tension que l'on applique sur le fil de broderie. Si on tire trop fort sur le fil lorsque l'on forme une boucle, on risque de réduire la largeurs des points.
C'est là que broder ces points avec un fil de type filé or[2] moins souple et moins mou semble faciliter la tâche.
Sur cette broderie, les éléments du décors sont brodés avec des points variés typiques du 17e siècle : points de filets tressés et les tiges au fil d'or au point d'échelle tressée qui créent le relief fort.
Ici le fil d'or brodé avec des points tressés variés ajoute des détails au motif principal.
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Vous pouvez apprendre à broder des points tressés avec mon kit de broderie noire renaissance L'ouroboros.
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Notes
[1] Lester-Makin, A. (2017), ‘Looped Stitch: the travels and development of an embroidery stitch’, in The Daily Lives of the Anglo-Saxons, Essays in Anglo- Saxon Studies 8, Medieval and Renaissance Texts and Studies 519 (Tempe: Arizona Center for Medieval and Renaissance Studies), pp. 119-136.
[2] Attention cependant les fils métallisés que l'on trouve le plus fréquemment en mercerie traditionnelle sont beaucoup plus mous et n'apporteront pas ce confort supplémentaire.